FILLATRE Jean, Robert, Paul

FILLATRE Jean, Robert, Paul // Naissance : 11-8-1924 à Argentan (Orne) ; Domicile : Argentan Orne () ; Repression : Tué en action le 18-8-1944 à Alençon (Orne) ; Décédé

Jean Fillâtre est le fils d’Émile, Louis Fillâtre, employé aux chemins de fer, et de Célina, Marguerite, Marie Leriche, sans profession. Célibataire, ouvrier spécialisé, il est domicilié à Argentan au 40 rue du Croissant en 1944. Après avoir tenté, en vain, de rejoindre l’Afrique pour s’engager dans les armées alliées, il entre en résistance en octobre 1943 au sein de l’Armée secrète dans le secteur d’Argentan. Il est placé sous le commandement d’André Mazeline qui devient, en mars 1944, l’adjoint de Daniel Desmeulles , chef départemental de l’organisation. Membre de l’OCM, Jean Fillâtre échappe à la vague d’arrestations qui frappe l’état-major argentanais du mouvement entre le 13 et le 17 mai 1944.

Pris au dépourvu par l’interpellation de leurs chefs, Jean Fillâtre et d’autres jeunes résistants d’Argentan parmi lesquels André Vimal du Bouchet , Pierre Jacquot , Maurice Bizet, Albert et André Pillou, Louis Bernard, Alfred Pommier et Roger Rycroft, décident de rejoindre le mouvement Vengeance du colonel de Pelet et s’annexent au groupe de Courtomer (Orne). Les jeunes hommes prennent une part active aux actions de sabotage et de harcèlement contre les troupes occupantes après le débarquement des Alliés en Normandie et participent activement à la libération du secteur début août 1944. Le 17 août, Jean Fillâtre et ses camarades participent à une patrouille sous les ordres de Jean Lincker comme le raconte ce dernier : « Vers 16 heures, un paysan vint nous prévenir que trois boches ivres venaient de quitter sa ferme à un km de là. Je commandais immédiatement un groupe pour les faire prisonniers. Il se composait de Pierre Jacquot, André Vimal du Bouchet, Jean Fillâtre, Alfred Pommier, Roger Rycroft, André Pillou, tous du groupe d'Argentan et de moi-même. Nous étions armés de mitraillettes et de revolvers. Arrivés à la gare de Moulins, j'aperçus quelques boches armés de fusils, je disposais alors mes hommes de chaque côté de la route par moitié et nous avançâmes à leur rencontre. Environ à 150 mètres d’eux, nous nous vîmes en présence d'un groupe de 15 à 18 boches, armés de mitrailleuses et mitraillettes, commandés par un officier. Notre présence ayant été remarquée, je commandais le feu à l'instant précis où les boches nous tiraient dessus. Au bout d'un quart d'heure environ alors que l'officier allemand avait été tué, Pierre Jacquot tomba le premier avec une rafale de mitrailleuse dans le ventre puis André Vimal du Bouchet qui était devant moi reçut une balle en pleine tête, à la même seconde, j’eus le bras fracassé par une balle et mon camarade Jean Fillâtre qui se trouvait derrière moi reçut une balle en pleine poitrine. […] Me rendant compte que la bataille était inégale, je donnais l'ordre de repli. Jean Fillâtre blessé à la poitrine put se relever avec des camarades non atteints ». Conduit chez un garde-barrière puis à Moulins-la-Marche, Jean Fillâtre est ensuite emmené à la clinique Saint-Joseph à Alençon où il décède de ses blessures à 2 heures du matin le 18 août.

Son nom figure sur les monuments aux morts de Moulins-la-Marche et d’Argentan ainsi que sur la plaque commémorative 1939-1945 située dans le cimetière d’Argentan. Une stèle a été apposée au carrefour de Bonsmoulins en l’honneur de Jean Fillâtre, Pierre Jacquot et d’André Vimal du Bouchet sur laquelle on peut lire : « Ici tombèrent pour la France le 17 août 1944 - les Camarades F.F.I. - Les Résistants à leurs Camarades ». En août 1946, le conseil municipal décide de donner le nom de Jean Fillâtre à une rue d’Argentan.

Sources : SHD-Caen : 21 P 184444 ; SHD-Vincennes : 16 P 223958 ; EC (Argentan) ; C. Geslain, A. Jidouard, Histoire d’une ville : Argentan de 1939 à 1945, p.206 et 215 ; AERI, La Résistance dans l’Orne, cédérom ; memorialgenweb.org

Sébastien Beuchet