LEFEBVRE Roger, Alexandre

LEFEBVRE Roger, Alexandre // Naissance : 28-3-1909 à Le Neubourg (Eure) ; Domicile : Ecardenville-sur-Eure Eure () ; Repression : Déporté le 15-7-1944 à  ; 5-12-1944 à Neuengamme (Allemagne) ; Décédé

Eugène Lefebvre, 24 ans, boulanger, et Marguerite Jeanne Duhamel, lingère, 26 ans, se sont mariés à Rouen le 3 novembre 1908. Un an plus tard, naît leurs fils, Roger. Orphelin suite au décès de son père, tué à l’ennemi le 9 juillet 1916 à Biaches (Somme), le jeune garçon est désormais pupille de la Nation. À l’âge adulte, il épouse Yvonne Pérelle le 24 septembre 1932 à Verneuil-sur-Avre (Eure). Le couple a cinq enfants : deux à Ailly : Mireille en 1933, et René en 1936, les trois autres à Écardenville : André en 1937, Robert en 1938, et Marie Anne, durant l’Occupation, en 1942. Il est instituteur et secrétaire de mairie à Écardenville-sur-Eure.

L’enseignant, qui n’avait pas été épargné par les affres de la Grande guerre, endure en 1940 de nouveaux drames ; au cours de l’exode de 1940, deux de ses enfants succombent à leurs blessures, probablement lors de mitraillages.

Membre des corps francs Turma Vengeance depuis janvier 1943, Roger Lefevbre est chef de secteur et, à ce titre, organise un service de renseignement militaire sur les bases de la Luftwaffe qui dispose de nombreux terrains d’aviation dans le département. Il participe aussi à l’évasion de prisonniers et aviateurs alliés, tout en fabriquant des faux papiers, grâce aux tampons dont il dispose comme secrétaire de mairie. Le résistant est arrêté le 22 mai 1944 à son domicile, en même temps que la plupart des membres de son groupe, parmi lesquels plusieurs chefs de secteur : Louis Maury , l’abbé Eliot  ou Jules Overlack . D’abord emprisonné à Évreux, le détenu est transféré le 7 juin au camp de rassemblement de Compiègne-Royallieu (mle 40 136) et de là déporté le 15 juillet, pour le camp de concentration de Neuengamme où il arrive le 17 et reçoit le matricule 37 347. Comme plusieurs de ses camarades, le déporté est ensuite affecté à Farge. Aux dires de son camarade, Louis Maury, «  il était extrêmement habile dans l’art de déjouer les kapos nazis » et il aurait saboté du matériel au cours de corvées dans le port de Hambourg. Revenu à Neuengamme, il y meurt d’épidémie et d’épuisement le 5 décembre 1944.

Sa mémoire est particulièrement présente dans sa ville. Son nom est inscrit sur le monument aux morts d’Écardenville-sur-Eure et sur une plaque apposée à la mairie : « À la mémoire de Roger Lefebvre instituteur Membre du Réseau de Résistance Vengeance Déporté Mort pour la France à Neuengamme le 5 décembre 1944 ». Une rue du village porte aussi son patronyme.

Sources : SHD-Caen : 21P474627, Ne 10/4, Mémorial de Neuengamme-Amicale de Neuengamme ; AD27 : 88W13 ; J. Papp, Mémoires de la Seconde Guerre mondiale dans l’Eure, p. 20, 246 ; chantran.vengeance.free.fr

Bernard Bodinier