QUERET Victor, Eugène

QUERET Victor, Eugène // Naissance : 28-1-1917 à Paris (Seine) ; Domicile : Dinard  Ille-et-Vilaine () ; Repression : Déporté le 23-4-1941 à  ;  ; Rescapé Lüttringhausen Allemagne

Victor Quéret, marin de la Royale, est démobilisé depuis Toulon en novembre 1940 et regagne Dinard où il réside chez ses parents, 44 rue de la Gare. Il est contacté à la fin du mois de janvier 1941 par Henri Bleuven, garde maritime, pour rejoindre un groupe d’élèves pilotes de Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord) décidés à rejoindre les Forces françaises libres en Angleterre sous la conduite du sergent-chef Jean Dorange . Pour ce faire, ils viennent d’acquérir un bateau : le Buhara, cotre de neuf mètres, désarmé au fond de la baie de la Fresnaye. Victor Quéret, dont le frère Maurice  a décidé de l’accompagner, prend en charge la révision du moteur.

Le 12 février 1941 vers 20h30, par une « nuit longue », ils sont 15 à embarquer (dont deux Dinardais supplémentaires : René Lebreton  et Emmanuel Chevalier ). Du fait de plusieurs avaries, le Buhara prend du retard et est arraisonné le 13 à 11 heures du matin par un patrouilleur allemand. L’équipage a pu passer par-dessus bord armes et documents. Conduits à la prison maritime de Cherbourg après une étape par Guernesey, les passagers sont interrogés les premières nuits par l’Abwehr puis transférés le 3 mars à la prison de Saint-Lô. Leur procès se déroule du 19 au 20 mars devant le tribunal militaire de la Feldkommandantur 722 pour « intelligence avec l’ennemi ». Il se conclut par la condamnation à mort de Dorange  et de Pierre Devouassoud , considérés comme les « âmes du projet », la détention à perpétuité en Allemagne pour les autres participants, à l’exception du jeune Maurice Quéret . Le 12 avril 1941 au petit matin, leurs deux camarades sont fusillés à Montebourg (Manche).

Victor Quéret est déporté avec le reste du groupe le 23 avril, d’abord à la prison de Düsseldorf-Derendorf puis le 14 mai à la Zuchthaus de Remscheid-Lüttringhausen. Auteur de « La glorieuse aventure du Buhara », il est transféré en France du 23 février au 20 avril 1942 pour être interrogé à Saint-Lô sur la diffusion de ce texte. Libéré le 15 avril 1945 par l’US Army, Victor Quéret est rapatrié le 7 mai 1945 via le centre de Jeumont. Il est décédé le 20 juin 1967 à Saint-Georges-des-Groseillers (Orne), à l’âge de 50 ans.

Son nom figure, avec celui de ses camarades, sur le monument à la mémoire des Évadés de France sur la pointe de l’Isle à Saint-Cast-le-Guildo (Côtes-d’Armor) ainsi que sur la plaque apposée à Port-Nieux à Plévenon (Côtes-d’Armor) pour le 60e anniversaire du départ.

Sources : Arolsen ; Landesarchiv de Rhénanie du Nord-Westphalie, Gerichte rep. 174, Nr. 10 ; SHD-Caen : 21P649644 ; SHD-Vincennes : GR16P495130, GR28P8629 ; EC (Paris 10e)

Isabelle Neuschwander