PROTAS Hasa, Bounia

PROTAS Hasa, Bounia // Naissance : 6-2-1894 à Swerjna  (Russie) ; Domicile : Cherbourg  Manche () ; Repression : Déportée le 20-11-1943 à  ;  ; Assassinée

Hasa Protas est la fille de Mowsche Protas et de Léa Tsipkine. Elle quitte vraisemblablement sa Russie natale peu avant que n’éclate la Première Guerre mondiale. La jeune femme rencontre Hersen Zuker , originaire de Roumanie, qu’elle épouse le 13 juin 1916 à la mairie du 9e arrondissement de Paris, où le couple réside 55 rue du Faubourg Poissonnière. Elle donne naissance à quatre enfants : Maurice né le 6 février 1915, Georges né le 14 septembre 1916, Simone  née le 15 juillet 1922 et Odette  née le 22 juillet 1929, tous à Paris. En 1925, Hasa et son mari obtiennent la nationalité française.

En 1938, les époux Zuker partent s’établir avec leurs enfants à Cherbourg, au n° 16 de la rue Tour Carrée où ils tiennent une boutique de fourrure. Les deux fils aînés sont mobilisés en 1939. Début 1941, avec la mise en œuvre des mesures antisémites par le gouvernement de Vichy et l’occupant allemand, les Zuker sont contraints de fermer leur magasin. Hasa, son mari et ses deux filles décident alors de quitter Cherbourg pour rejoindre la ferme de Germaine Belair à Emondeville, au village de la Fontainerie, près de Montebourg, avec Madeleine Galanter  et son fils Robert . En raison de leur nationalité française, ils échappent aux premières arrestations. Mais, dans la matinée du 22 octobre 1943, Hasa Protas est interpellée à la ferme par la Feldgendarmerie de Valognes, en compagnie de son mari Hersen , de sa fille Simone , de Madeleine  et Robert Galanter  tandis que des militaires allemands vont chercher sa petite Odette , âgée de 14 ans, dans sa salle de classe à Emondeville.

Les six prisonniers sont détenus pendant une semaine à Saint-Lô où ils retrouvent d’autres Cherbourgeois, Isaac Löbel , sa femme Blima  et leur fille Madeleine , également arrêtés dans le cadre de cette 3e rafle organisée contre les Juifs de la Manche. Ils sont tous conduits le 29 octobre au camp de Drancy où Hasa est enregistrée sous le matricule 7 327. Le 20 novembre 1943, c’est à bord du convoi n°62 composé de 1 200 Juifs qu’elle est déportée avec son mari et ses deux filles à Auschwitz. Les Löbel montent également dans ce train ainsi qu’Alfred Lévi  de Montebourg et Gaston Woelffling  de Tessy-sur-Vire. Les membres de la famille Zuker sont dirigés dès leur arrivée à Auschwitz vers une installation de gazage, le tribunal civil de Cherbourg fixant en 1955 leur date de décès au 25 novembre 1943.

Le nom d’Hasa Zuker est inscrit sur le monument pour les victimes manchoises de la répression nazie de Saint-Lô. Il est aussi présent à Cherbourg sur le monument aux morts de la commune et sur le Mémorial des victimes manchoises de la Shoah. Il est enfin gravé sur le Mur des noms du Mémorial de la Shoah à Paris (4e).

Sources : SHD-Caen : 21P552635 ; AD50 : Les Juifs de la Manche sous l’Occupation, 1940-1944 (exposition, en ligne) ; EC (Paris 9e) ; stevemorse.org ; memorialdelashoah.org ; memorialgenweb.org

Anne-Sophie Rigot