La Gazette de Renaudot

De Londres, le 2 Iuin 1689.

Le 27 du mois dernier, le Prince d’Orange revint de Portsmouth : où il estoit allé visiter la flote, qui n’estoitencore que de dix-neuf vaisseaux. On a contremandé tous les vaisseaux destinez pour escorter les navires marchands : et avec quelques autres qu’on a équipez, on a mis en mer vne escadre de douze vaisseaux de guerre pour aller joindre la flotte. Le Vice-Amiral Herbert est venu en cette ville : et . Vn Gentilhomme est venu icy, faire des plaintes contre le Curé de S. André de Cardiff au pays de Galles, de ce que non seulement, il avoit refusé de prier pour le Prince et la Princesse d’Orange : mais encore de ce qu’estant monté au clocher, il avoit tiré sur ceux qui publioient leur proclamation. Le mesme jour 27, on lut vn Bill dans la Chambre des Communes, pour établir dans toute l’Angleterre, vne mesure vniforme pour les grains et pour le sel. Ensüite, on examina quelques clauses de l’Acte touchant la taxe par teste. Le 28, on lut vn Bill touchant les milices : et il fut résolu que la quatriéme partie de celles de tout le Royaume, qu’on fait monter à cent mille hommes, marcheroit cet Esté, vers l’Oüest et vers le Nord, à la réserve des milices de cette ville, pour défendre les Provinces qui y sont sitüées : et que le Prince d’Orange en pourroit nommer les officiers. Cette derniére clause pourra exciter du trouble, à cause qu’il prive les Gouverneurs des Provinces du droit qu’ils ont toûjours en de commander les milices. La Chambre se tourna en Committé pour examiner l’Acte d’amnistie : et conclut qu’on en excepteroit encore ceux qui ont conseillé de remettre les Chartes entre les mains du Roy , pour les supprimer, et ceux qu’on accuse d’avoir empesché la liberté des élections en faisant promettre de consentir à la suppression des loix pénales et du Test , ou par d’autres pratiques. On conclut aussi que tous ceux qui ont conseillé aux deux derniers Roys de ne point convoquer de Parlement, ou qui ont eu part à la déclaration du feu Roy pour casser le Parlement d’Oxford, seront pareillement exceptez de l’amnistie : quoy que cette declaration ait esté approuvée par tout le Royaume, à cause des desseinscriminels de la pluspart des membres de ce Parlement. Le lendemain, on eut avis de Bristol que le 27, trois vaisseaux chargez et prests à partir pour la Virginie, avoient esté brûlez dans le port, avec cinq maisons. Le Prince d’Orange a nommé cinq Commissaires qui sont le Maréchal de Schomberg , le Comte de Devonshire , Mylord de la Mére, Mylord Mordant et le sieur Wharton pour visiter et reformer les troupes, à cause qu’il ne peut prendre aucune confiance aux anciennes troupes Angloises. Le mesme jour, on publia vne proclamation portant défenses d’apporter en Angleterre aucunes denrées ny manufactures de France. Le 31, la Chambre ordonna que le Ieudy suivant, le Committé feroit son rapport touchant les personnes qui ont accepté des dispenses du Roy de la Grande Bretagne , de préter les serments accoustumez. On lut pour la seconde fois, le Bill pour régler les milices du Royaume : et il fut ordonné qu’il seroit examiné par des Commissaires. La Chambre ordonna que les Chartes de la Compagnie des Indes Orientales seroient examinées par vn Committé, sur ce que divers particuliers s’en plaignent et prétendent que ce commerce doit estre libre à tout le monde. Elle résolut aussi que les Iuges de paix mettront incessamment en execution l’Acte pour éloigner les Catholiques à dix milles de cette ville. Les Seigneurs ayant demandé vne conférence à la Chambre-Basse, à cause des changements qu’elle a faits à l’ Acte pour la tolérance des Nonconformistes, les Députez de la Chambre ont expliqué les raisons qui l’avoient obligée à faire ces changements. Il y a eu vne autre conférence touchant quelques changements que les Seigneurs ont faits à l’Acte pour la levée de la taxe par teste dans tout le Royaume. La Chambre-Basse a chargé le Chevalier Banks d’examiner les fonds que le Roy de la Grande Bretagne avoit acquis dans les Compagnies des Indes Orientales, de Guinée et de la Baye de Hudson, lors qu’il estoit encore Duc d’York. Le Chevalier Iean Fenwick et Mylord Montgommery , dont tout le crime est d’estre demeurez fidelles à Sa Majesté , ayant esté pris dans le Nord d’Angleterre ont esté mis à la Tour. Le dernier jour du terme, le sieur Pen, le Chevalier Roger l’Estrange, quelques Seigneurs Catholiques et d’autres prisonniers présentérent requeste à la Cour du Banc du Roy pour estre élargis : et personne ne s’estant présenté pour s’y opposer, ils furent mis en liberté. Les Lords Tyveot et Fanshaw, le Chevalier Iean Peter et le sieur Scamore ont esté privez de leurs charges de Commissaires des Appels dont ils avoient esté pourvûs depuis peu. La compagnie des Armuriers de cette ville a présenté requeste pour demander qu’il fût défendu d’apporter en Angleterre, des armes fabriquées dans les Païs estrangers.