De Naples, le 5 Octobre 1683.
On mande de Sicile qu’vn
orage y a désolé toute la campagne
: ayant déraciné jusqu’aux arbres d’vne grosseur et hauteur extraordinaire, et rüiné la plus grande partie des biens de la terre. Nous avons aussi eu avis de toutes les Provinces de ce Royaume que la récolte des vins y sera fort médiocre à cause de la
grande sécheresse
qui a duré pendant les mois d’Aoust et de Septembre. Les derniéres lettres de l’Abruzze portent que les
Bandits s’estoient retirez dans les montagnes
: mais plusieurs troupes de ces voleurs continüent leurs courses dans la Basilicate, et ravagent tout ce pays. Le
Mont Vésuve jette encore jour et nuit, des flammes et des cendres
avec des brüits soûterrains qui causent vne
extréme épouvante
dans les lieux du voisinage. On remarque que l’
embrasement qui arriva en 1631
, n’eut point des süites si longues ni si fâcheuses : et on craint que les vapeurs ensoufrées qui sortent de cette montagne avec des cendres ardentes, ne nüisent beaucoup aux vendanges. Le vaisseau de l’armée d’Espagne, qui estoit retourné à Cadiz, pour s’y radouber, se remit à la voile le 1r du mois de Septembre : et il est arrivé depuis trois jours, en ce port d’où il ira joindre l’armée.