De Hambourg, le 20 Iuin 1689.
Le 13 de ce mois, les Princes de Lunebourg s’assemblerent à Zell avec leurs Ministres, ceux de Suede, du
Duc de Holstein-Gottorp
, et le sieur Heemskerke Envoyé des Estats Generaux, chargé d’vn pouvoir spécial du
Prince d’Orange
. On y proposa le projet du traité dressé par les Ministres Mediateurs pour terminer les differents du
Roy
de Danemark
avec le
Duc de Holstein-Gottorp
. Il fut resolu que celuy cy se relâcheroit sur le dedommagement qu’il demandoit pour les non-joüissances : qu’il s’engageroit à ne point bâtir de forteresse plus pres que deux lieuës de celles de Danemark : et qu’il ne pourroit entrer en aucune ligue offensive contre
Sa Majesté Danoise
: mais seulement en des alliances défensives. Ce projet fut signé par tous les Ministres de l’Assemblée : et ils convinrent que si
le Roy de Danemark
, et le
Duc de Holstein
ne l’acceptoient dans le 30 de ce mois, ils agiroient tous contre celuy qui le refuseroit. Ces menaces n’ont pas empesché les Ministres de
S.M. Danoise
de declarer qu’ils ne pouvoient accepter les conditions de ce traité : et depuis ce temps là, les troupes Danoises se sont avancées entre Irzehoë et Pineberg sous le commandement du Duc de Holstein-Ploen. La flote du
Roy de Danemark
forte de plus de trente vaisseaux de guerre et de quelques frégates s’est mise en mer, partagée en trois escadres, qui sont vers l’isle de Bornholm.
Les quinze cents Irlandois que
le Prince d’Orange
a fait embarquer par force et qui font tout le secours qu’il a jusqu’à present envoyé à
l’Empereur
continüent de refuser à le servir et tout autre Prince engagé dans des interests contraires à ceux du
Roy de la Grande Bretagne
. Plus de mille, ayant il y a quelques jours, dans le temps de la marée basse, se jetterent hors des vaisseaux et se retirerent la pluspart dans le Holstein.
Les Impériaux ont envoyé des troupes apres eux : et en ont pris quelques vns qu’ils ont traité avec la derniere barbarie, sans les pouvoir obliger à s’engager au service de
l’Empereur
. Quelques vns ont mieux armé demeurer deux jours sans manger que de recevoir la subsistance que les Commissaires Imperiaux leur offroient. Ils ont fait de sanglants reproches à quelques Officiers de leur nation qui les vouloient obliger à obéïr : et ils ont enfin, declaré qu’ils souffriroient plûtost les dernieres extremitez que de servir ceux qui employoient toutes leurs forces en faveur d’vn vsurpateur. Mais qu’ils estoient prests de repandre leur sang pour rétablir
leur Roy légitime
, ou au moins pour le vanger de ceux qui par des veuës particuliéres, ont abandonné si lâchement les interests de la Religion et ceux des testes Couronnées.