La langue tchèque dans le creuset de l’Unité des Frères
Résumé
L’Unité des Frères exerce une influence importante pour la constitution des cultures d’Europe centrale en cultivant la langue tchèque, par la collecte et le rangement des archives, par la rédaction de chroniques et d’histoires collectives. Elle défend un projet véritablement national et une conception de la société héritée de Petr Chelčický, un rapport original à un christianisme populaire et une ambition culturelle slave, dans un monde catholique et germanique, qui cherche, depuis Jan Blahoslav à faire surgir du particularisme régional une dimension universelle. Elle réclame l’héritage spirituelle de Jan Hus en œuvrant à la réforme de l’humanité. Sa théologie s’articule autour du concept de la cultura, qui suppose une bonne intelligence du culte : l’Écriture et sa propagation deviennent une préoccupation centrale des communautés, qui acquièrent des presses pour la diffuser des commentaires exégétiques et des œuvres à caractère scientifique. La lecture devient une ascèse indispensable au maintien de l’âme.
Abstract
The Unitas Fratrum influences the formation of Central European cultures through the care given to the Czech language, the collection and storage of archives, the writing of chronicles and collective histories. It defends a truly national project of society inherited from Petr Chelčický, an original meaning of a popular Christianity and a Slavic cultural ambition, in a Catholic and Germanic world. It seeks, starting from Jan Blahoslav, to bring out of regional particularism a universal dimension. It claims the spiritual legacy of Jan Hus by working for the reform of humanity. Its theology revolves around the concept of cultura, which assumes a good understanding of worship: Scriptures and its propagation become a central concern of communities, which acquire presses to distribute exegetical commentaries and scientific works. Reading becomes an essential asceticism for the health of the soul.
Table des matières
Texte intégral
1L’Unité des Frères (Jednota bratrská = Unitas Fratrum) est une communauté fondée en 1457 par le Frère Řehoř Krejčí (1420-1474). Cette assemblée, déçue par l’utraquisme de Jan Rokycana (1397-1471), se distingue du radicalisme taborite et rejette définitivement le catholicisme romain. Son influence est importante pour la constitution des cultures d’Europe centrale du fait qu’elle accorde une attention toute particulière à la langue tchèque, par la collecte et le rangement des archives, par la rédaction de chroniques et d’histoires collectives. Elle défend, à travers un projet véritablement national, une vision particulière de la société héritée de Petr Chelčický (1390-1460), un rapport original à un christianisme populaire et une ambition culturelle slave, dans un monde catholique et germanique, qui cherche, depuis Jan Blahoslav (1523-1565) à faire surgir du particularisme régional une dimension universelle.
2Sous le règne de l’empereur Charles IV (1355-1378), Prague est élevée comme capitale du Saint-Empire romain germanique et son université établie par la bulle du pape Clément VI du 26 janvier 1347 vient concurrencer les universités de Bologne, de Paris, de Cambridge, d’Oxford. L’archevêque Ernest de Pardubice (1297-1364) installe le clergé au cœur des enseignements. L’université est alors divisée entre les « nations » bavaroise, tchèque, saxonne et polonaise. La scolastique et le thomisme y sont introduits bousculant en partie le réalisme platonisant et augustinien qui s’est répandu par la mystique populaire1, inspirée par le culte marial2. Jan Hus, doyen et recteur, issu et proche du peuple, traduit en tchèque le Trialogus (1383) de John Wyclif3. La question de la langue découle d’un souci d’identification : l’hébreu et le grec renvoyant à des cultures trop éloignées, la Vulgate de Saint Jérôme en latin permet d’assurer l’unité de l’Église et de la cultura latina dont toute la chrétienté en devient l’héritière directe.
3Comment, dans le bassin latin du Saint Empire romain germanique, la langue devient-elle le terreau de la formation d’une identité ? En effet, la linguistique relève d’un enjeu théologico-politique, dans lequel la langue sacrée, le latin, normée et réfléchie s’oppose à la plupart des langues profanes et vernaculaires dans lesquels s’expriment aisément les hérésies. Aussi la langue n’est-elle pas l’espace dans lequel la poétique vient à se politiser ? Il s’agit plus précisément de comprendre comment les pays de la couronne tchèque, la Bohême, la Moravie et la Silésie, sont-ils devenus le lieu d’embrasement d’un éveil identitaire de consciences religieuses fondé par la légitimité d’une expression libre et spontanée ? L’historiographie tchèque souffre d’une double récupération4 : d’abord le conflit qui oppose, au moment du Renouveau national, les catholiques plutôt conservateurs aux partisans du protestantisme favorables à l’Indépendance, ensuite la montée du socialisme puis le stalinisme qui considèrent le hussitisme et la Réforme comme les prémisses du communisme, à la suite de la réinterprétation de la figure de Thomas Müntzer et la Guerre des paysans (1524-1526) par Friedrich Engels (1820-1895)5. Cette idéologisation se poursuit encore jusqu’à nos jours, notamment par l’opposition entre les baroques catholique et protestant et leurs rhétoriques respectives6.
4L’Unité des Frères revendique maintenir et prolonger l’héritage spirituel de Jan Hus (1371-1415) et se donne pour mission d’œuvrer à la réforme de l’humanité. Sa théologie s’articule autour du concept de la cultura, qui suppose une bonne intelligence d’un culte à la liturgie moins cadrée et de langue vernaculaire. L’Écriture et sa propagation deviennent une préoccupation centrale des communautés, qui acquièrent des presses pour la diffuser ainsi que des commentaires et des œuvres à caractère scientifique. Peu à peu de grandes bibliothèques se constituent, alors que la lecture devient une ascèse indispensable à toute hygiène de vie. Le dernier et le plus illustre de ses représentants, le philosophe et pédagogue Jan Amos Comenius (1592-1670), rédige même un ouvrage apologétique consacré aux livres et aux rôles politique, social, philosophique et religieux qui leur incombent dans la marche du monde.
Le réformisme tchèque : vers une prédication laïque et vernaculaire
5L’Unité des Frères accorde une place importante à l’histoire de l’Église et aux chroniques paroissiales. Les pasteurs et séniors de chaque communauté consacrent une partie de leurs tâches à la rédaction des mémoires de leur paroisse. Il s’agit de poursuivre une tradition qu’elle considère comme ininterrompue depuis la prédication de Jésus et les Actes des apôtres. Aussi O původce a příčinách Jednoty Bratrské i knĕžství a řadu, kteréhož se v ní užívá [De l’origine et des causes de l’Unité des Frères et du ministère et de l’ordre qui s’y pratiquent] (1547) de Jan Blahoslav ou Summa historie o protivenstvích církve české, hned od počátku jejiho na víru křesťanskou obrácení, to jest od léta 894. až do léta 1632 [Somme historique des persécutions de l’Église tchèque, immédiatement après sa conversion à la foi chrétienne de 894 à l’An de grâce 1632] (1645) de Jan Amos Comenius n’hésitent pas à s’approprier de grandes figures populaires de catholiques, les présentant comme les précurseurs et fondateurs spirituels de leur mouvement.
6Le sermon tchèque s’est développé d’une part autour du discours mystique, d’autre part dans la lignée de toute une tradition homilétique remontant à Augustin d’Hippone et perpétuée à travers saint Bonaventure, saint Dominique et saint François d’Assise. La singularité de cette théologie pastorale consiste à allier au kérygme l’urgence eschatologique, à engager la piété dans un projet social et à employer un langage pragmatique pour exprimer les mystères de la foi. Le grand mérite du réformisme tchèque est d’avoir su conjuguer toutes ces orientations dans un discours cohérent et accessible à tous7. De grandes figures nationales comme Jan Milíč de Kroměříže (1325-1374) et Tomáš de Štítné (1325-1409) ouvrent la voie vers la fusion d’une foi à une appartenance régionale et un idiome.
7Jan Milíč de Kroměříže surgit du cœur du peuple8. Il arrive tardivement au sacerdoce et demeure tout au long de sa vie sans titre ni prébende, ni qualification d’aucune sorte. Bien que lui-même soit soumis à l’Église catholique, il est sans conteste le premier père de la Réforme tchèque : toutes les idées chères à Jan Hus et au hussitisme, à l’Unité des Frères et aux utraquistes, se trouvent déjà en germe dans sa théologie pastorale9. Son absence de carrière et d’ambition est comblée par la ferveur de sa vocation et de son dévouement. Ne fréquentant aucune univer sité, il n’obtient aucun grade académique. Fonctionnaire subalterne auprès du margrave d’Olomouc, il est promu secrétaire à la cour impériale de Charles IV. Il y occupe successivement les fonctions de responsable des registres (1358-1360), de correcteur (1360) et de notaire (1360-62). Il lui arrive même d’accompagner l’empereur dans ses déplacements en Allemagne. Modeste et consciencieux, sans aspirer à de grands rôles dans l’administration, il postule, avec l’appui du souverain, pour l’obtention d’un canonicat, puis brigue le titre de sacristain de l’Église Saint-Guy et de custode du tombeau de saint Venceslas, ce qui le contraint, à un âge déjà avancé, à se faire ordonner. Il inaugure tout une tradition populaire dans laquelle la langue devient la richesse d’un peuple.
8La lecture de la Bible et des Pères, la prédication qu’il suit de Konrád Waldhauser (1326-1369), un moine autrichien appelé par la tête de l’Église de Bohême, la fréquentation de Cola di Rienzo (1313-1354) et de Francesco Pétrarque (1304-1374) qui visitent Prague et dont les œuvres circulent en ville, l’incitent à renoncer à son canonicat et à ses autres dignités. Après une longue retraite, il retourne à Prague, en tant que prédicateur en langue tchèque10, à Saint-Nicolas dans la basse ville puis à Saint-Gilles dans la vieille ville. La rudesse de son accent amuse ses auditeurs, mais il persévère et parvient à réunir des assemblées de plus en plus nombreuses et enthousiastes. Il prêche deux fois par jour et, après la mort de Konrád Waldhauser, jusqu’à quatre ou cinq fois les jours de fête, pendant une heure, deux ou trois heures d’affilée ; le Vendredi Saint, il prêche toute la journée. Ses sermons sont en tchèque, en allemand et en latin. L’absence de titre universitaire n’attire pas l’attention des autres prélats sur sa pratique car ils le considèrent comme un illuminé s’adressant au petit peuple peu instruit et effrayé par l’imminence de la fin du monde.
9En revanche, Tomáš de Štítné (1331/33-1409), laïc, marié, père de cinq enfants, suscite davantage la polémique par l’abondance de sa littérature spirituelle11. Il passe deux ans à Prague, où il fréquente les cercles universitaires, mais n’y acquiert ni grade ni diplôme. Il se forme par une vaste lecture, la fréquentation d’hommes cultivés et l’assistance aux sermons de Jan Milíč. Auteur d’une œuvre considérable12, il se distingue des théologiens de sa génération par son choix délibéré de s’exprimer principalement en tchèque. En cela il participe déjà à la délatinisation et déclericalisation de la culture : il représente cette hérésie savante qui abat les cloisons séparant la culture des laïcs de celle des clercs. L’opposition qu’il rencontre ne vient pas du clergé, mais plutôt de l’université qui lui reproche, n’étant pas prêtre, d’écrire sur des sujets spirituels en langue vulgaire. Cette option est d’autant plus remarquable que l’Imitation de Jésus-Christ de Thomas a Kempis, l’expression la plus accomplie de la devotio moderna, vient d’être écrite en latin13. Il se justifie en rappelant que Paul prêchait en araméen aux Juifs et en grec aux païens. Aussi n’a-t-il aucune raison solide de ne pas sermonner les Tchèques dans leur idiome maternel. Sa principale originalité réside dans le fait de considérer la contemplation moins comme une spéculation que comme une réforme du cœur et de la vie pratique.
10Tomáš sécularise la foi en désacralisant le latin, par la composition d’œuvres de piété en tchèque, l’élargissement du ministère aux laïcs et l’éveil en chacun d’une vocation chrétienne. Dieu se trouve soudain à la portée du plus simple ; du coup, la hiérarchie, céleste ou temporelle, s’en retrouve réduite. En fait, il exprime ce que de nombreux clercs de l’époque n’osent dire ouvertement14. Bien que leur propagation soit restée limitée, ses écrits forment une étape décisive pour l’avènement de Jan Hus.
11Tomáš travaille sans relâche sur une œuvre qui fait œuvre d’indépendance, en refusant toute allégeance à une autorité autre que celle venant du Ciel. En effet, il est remarquable de rencontrer un laïc écrire sur des sujets éminemment théologiques, témoignant déjà de l’universalisme du sacerdoce. Il entame sa carrière littéraire en tant que promoteur du grand courant mystique du siècle qui l’a précédé15. Après avoir participé à la composition de Život Krista Pána [La Vie du Seigneur Jésus], il se met à traduire les textes les plus célèbres16. Ainsi Orloj věčné moudrosti [L’Horloge de la sagesse éternelle] d’Heinrich Suso (1300-1366) connaît deux traductions, l’une intégrale et l’autre partielle. Il propose également une version du De doctrina sive praeparatione cordis du cistercien Gerardi Leoniensis, Gérard de Liège, O připravení srdce. Enfin il traduit le commentaire symbolique du jeu d’échec du dominicain Jacob de Cessolis, Knížka o hře šachové [Le Livre du jeu d’échec]17. La traduction l’incite alors à écrire pour l’instruction de ses fils et de sa fille Řečí běsedy (1390) [Conversations]18, en adoptant la forme d’un dialogue entre un père et ses enfants. Il y résume l’essentiel de l’enseignement de la philosophie chrétienne. Il compose par la suite des discours pour les jours dominicaux et de fête, de brefs traités sur la foi, l’espérance et la charité, la virginité, le mariage et le veuvage, les devoirs des chefs de famille, des maîtresses de maison et des employés, manifestant un vif intérêt pour la place de la femme dans la société, son rôle et ses fonctions. La simplicité de ses propos consacrés à une pragmatique foncièrement sociale et pastorale brise la gangue des concepts et des formules scolastiques. Il use d’un langage concret, traite de la vie quotidienne et s’adresse aux paysans, aux artisans, aux commerçants, aux médecins, sur un pied d’égalité.
12Ses traités sociaux se distinguent par leur pleine orthodoxie. Ils ne visent aucun projet de réforme sociale explicite, mais cherchent à dispenser de nombreux conseils permettant de concilier une vie familiale et professionnelle avec les exigences de la foi chrétienne. Ses écrits proposent essentiellement une réflexion cherchant à ancrer la pratique religieuse dans les activités quotidiennes des laïcs. Même si son œuvre ne connaît qu’un rayonnement relativement restreint, elle inaugure néanmoins une théologie orientée sur une systématique ni théorétique ni spéculative. Son œuvre apporte une conclusion à toute la théologie scolastique du XIIIe siècle19, à savoir au conflit entre les franciscains, d’inspiration augustinienne, et les dominicains, d’obédience aristotélicienne. Elle contribue résolument à l’émergence d’une mystique pragmatique et plébéienne20. Tomáš est inspiré par Berthold of Moosburg, l’école de Saint-Victor, Robert Holkot et Saint Bonaventure. Toutefois le lieu duquel il parle, en tant que simple laïc, et le ton et les images qu’il emploie teintent son discours d’un séduisant réalisme.
13Il partage le sentiment, rare pour l’époque, que tous les hommes méritent un accès libre au savoir. En ce sens, la théologie, en tant que connaissance de la vérité de la foi catholique, concerne tous les chrétiens et la bonne nouvelle doit être dispensée dans une langue partagée et comprise de tous.
Saint Paul écrivait aux Juifs en hébreux et aux Grecs en grec, à chacun dans un discours qui leur était compréhensible, pourquoi alors moi craindrai-je écrire aux Tchèques, à mes compatriotes, en tchèque ? J’écrirai en tchèque parce que je suis un Tchèque et que Dieu aime autant le Tchèque que le Latiniste [...]. Les Latinistes détruisent les livres tchèques, y compris les bons, voulant ainsi les seuls à être considérés comme sages [...]. Ainsi mes enfants, j’espère que vous lirez dans ces livres, je suppose tous, quand ils les recevront en mains [...]. Qu’on les lise dans les seigneuries, dans les églises, – dans les champs et dans les tables-rondes [...]. Lisez-les tout particulièrement les jours de fête à la maison dans les villages, quand il n’y a ni sermon ni vêpres21.
14Ce texte, introductif aux Řečí běsedy [Conférences], forme un manifeste théologico-politique visant à populariser le savoir détenu par le clergé et à fonder une pratique religieuse laïque. La langue, à cette époque, n’est pas conçue en tant qu’expression d’une spécificité régionale ou nationale mais d’un ordre social, le latin étant la langue exclusive des clercs. L’injonction, faite de lire dans les châteaux et dans les églises, s’adresse autant aux serfs qu’à leur seigneur et témoigne d’un véritable désir de séculariser la question religieuse et d’affermir un sentiment national encore assez confus22.
15La lutte qui s’est engagée entre réaliste et nominaliste est pourtant décisive pour toute la période réformiste tchèque et a conduit naturellement au clivage théologique de la Réforme. Néanmoins les conceptions de la prédication en ont ressenti les turbulences, et la pratique hussite de la Parole de Dieu, fondamentale pour toute la théologie pragmatique de l’Unitas Fratrum, en est une des conséquences indirectes.
16L’homélie réformiste tchèque de Tomáš de Štítné, fidèle au réalisme, intègre les enseignements novateurs du nominalisme, privilégiant la predicatio verbi sur tous les sacrements : le passage du réalisme au nominalisme s’accompagne d’un passage de la sensibilité visuelle à une sensibilité auditive. La parole prend alors le pas sur la vue. Cependant nous n’avons pas encore une théologie réformée, car la parole reste l’expression de la loi. Telle est la différence entre la Réforme et le réformisme ou pré-Réforme.
17En conférant à ses discours l’aspect d’une prédication, Tomáš s’inscrit dans une tradition littéraire qui considère le sermon comme un genre établi. Par cette caractéristique formelle, son œuvre se rapproche du Libro de Buen Amor de l’archiprêtre de Hita, le poète espagnol Juan Ruíz de Alarcón (1581-1639). Leurs écrits partagent la même ambiguïté en ce qui concerne l’intention de l’auteur. Ces deux œuvres sont des discours religieux écrits par des laïcs sous la forme plus ou moins évidente du sermon. Du moins, elles contiennent tous les éléments nécessaires à une bonne prédication : une source textuelle comme un péricope ou un article de foi, une exégèse mystico-christique, le ton de l’édification et les arguments de la dénonciation des abus sociaux et moraux d’une société à la dérive. Chez Tomáš, le postille, recueil de textes (rzecz) proches du sermon, fonctionne toutefois de manière relativement cohérente en ce qui concerne sa progression thématique. Il semble maintenir une certaine unité de thèmes récurrents, en rapport avec le calendrier liturgique et le jour du saint. La formulation extérieure de chaque discours répond à la pratique scolastique qui hiérarchise idées, arguments et illustrations, mais l’étude du contenu révèle que l’auteur s’écarte de la démonstration purement scolastique. Là où les reportationes rapportent ce qui constitue un discours oral, le discours (rzecz) de Tomáš témoigne davantage d’une conscience littéraire : il pense dans une langue écrite, dont il soigne le style et les effets. Avec Tomáš, le sermon devient œuvre littéraire.
Jan Hus et l’institution de la langue tchèque
18Le réformisme tchèque ouvre la voie à une pratique du kérygme résolument engagée dans un discours social et mystique23. Le ministère de Jan Hus et son destin tragique rompt définitivement tout espoir de réconciliation avec le catholicisme romain. En effet, il s’agit d’une figure emblématique qui constitue une étape de la mythologie essentielle à la maturation de l’identité tchèque24. Au-delà d’une image du prophète, le réformateur tchèque fait preuve d’originalité, conscient de sa destinée à la fois tragique et fondatrice d’un mouvement qui le dépasse25. À ce titre, Comenius fixe au chapitre VIII de sa Historia persecutionum ecclesiae bohemicae (1648) le martyre de Jan Hus et Jérôme de Prague comme la rupture fondatrice et légitime d’avec Rome. C’est pourquoi, leurs héritiers spirituels, les Frères tchèques, de Petr Chelčický à Jan Amos Comenius, considèrent leurs écrits comme une source canonique26. Dès le XVIe siècle, chez Théodore Agrippa d’Aubigné, Guillaume de Salluste Du Bartas, Jean Crespin et Michel Eyguem de Montaigne, Jan Hus figure dans le panthéon de la Réforme en tant qu’intermédiaire entre Jésus et Martin Luther27.
19Jan Hus commence à prêcher dès 1400, après son ordination. À cette époque, il est déjà maître dans les arts libéraux. En 1401, il est nommé doyen de la faculté des arts. Il tente alors de trouver un compromis entre les exigences de sa fonction au sein d’une hiérarchie ecclésiastique et universitaire et son désir d’améliorer le sort de la classe la plus humble, dont il est lui-même issu. Il trouve dans l’exercice homilétique le moyen de se rapprocher du peuple. La chaire devient ainsi le lieu qui lui permet de s’adresser sans intermédiaire à l’ensemble de la nation.
20Avant l’arrivée de Jan Hus, la prédication ne déborde pas les limites fixées par l’Écriture, car le projet homilétique n’a d’autre visée que pédagogique, à savoir l’inculcation des principales idées chrétiennes et l’exhortation des fidèles à une vie chrétienne.
21Même si, avant Jan Hus, de nombreux sermonnaires voient le jour, en particulier dans la littérature franciscaine, afin de servir de manuel pratique pour l’élaboration des prédications, contenant des exposés de l’Écriture (výklady), ils sont toujours suivis de leçons sur la foi. Il est néanmoins surprenant de rencontrer, dans les ordres aux marges de l’hérésie, un véritable souci de développer des instruments didactiques pour l’enseignement homilétique28. Jan Hus est le premier à prendre conscience que la prédication est destinée à remplir une fonction supérieure à celle d’une aide ou d’un enseignement. Cette prédication en langue vernaculaire met en avant l’importance de la langue (du λογόϛ), chemin de sanctification menant à la grâce de Dieu comme dans le Prologue de l’Évangile de Jean.
22Son œuvre homilétique inscrit résolument Jan Hus dans ce mouvement de réforme ecclésiale et sociale amorcée par Jan Milíč de Kroměříže29. Fondée sur la compassion envers les plus humbles, elle invite à partager la douleur et les privations du peuple, rejetant ainsi l’attitude des professeurs d’université qui prônent la retraite du monde. Toute activité artistique doit tendre vers un but concret et s’inscrire dans un projet utilitaire. « La littérature se met au service de la quête spirituelle et éthique. »30 Jan Hus est capable de traiter des questions les plus ardues avec clarté et dans un langage accessible à tous, loin des disputes casuistiques de la scolastique. Il est très apprécié du peuple qui dispose désormais d’un lieu où recevoir une instruction religieuse dans sa langue maternelle.
23Une seconde institution trouve une nouvelle vitalité : l’école pour prédicateurs fondée par Jan Milíč à côté de sa maison de Jérusalem, puis fermée à sa mort. Les premiers prédicateurs y sont Jan Protiva de Nové Vsi (†1430), le moine Jan Štěkna, qui devient professeur de théologie à Cracovie en 1409, et Štěpán de Kolino (†1406), qui reprend la gérance de la chapelle. À partir de 1402, Jan Hus y est nommé vicaire en charge de la prédication par l’archidiacre de Boleslav.
24Il prêche alors dans la Chapelle de Bethléem qui peut contenir jusqu’à trois mille auditeurs. Ses prêches sont publiés tous les ans en latin. Le postille tend à devenir un genre spécifique de la littérature slave occidentale, « genre développé en Bohême ainsi que dans plusieurs pays d’Europe centrale […], recueils de réflexions de textes des Écritures saintes, suivis de méditations spirituelles et morales (post illa verba – c’est-à-dire après un extrait cité de la Bible) »31. Le souci sotériologique est au cœur de la prédication hussite et perdure tout au long du hussitisme en se combinant à l’eschatologie d’essence réformiste tchèque32 qui caractérise la période de la Guerre de Trente Ans : « afin que ceux qui liront ou écouteront soient sauvés »33.
25La Parole devient la voie du salut des hommes, seul moyen de préparer le Royaume des Cieux : la communication est efficace à la seule condition d’être compréhensible et comprise par tous, d’où le souci de former les esprits des chrétiens à maîtriser un vocabulaire suffisamment riche pour saisir les subtilités du réel34. Son ambition didactique permet à Prague d’assister à ses sermons à l’attention de toutes les classes sociales. L’educatio christiana est l’un des devoirs du ministère, qui va de pair avec l’apologétique et la proclamation de l’Évangile35. La foi s’élève à la connaissance, certes exotérique, supposant des capacités intellectuelles : l’anamnèse des péricopes et l’interprétation de la lecture par l’analogie et l’allégorie. Sous sa direction, la Chapelle devient une véritable tribune et l’une des plus vastes infrastructures d’enseignement ouverte au peuple. Jan Hus y prêche pendant dix ans. Ses sermons forment des postilles, traçant une continuité thématique. Les sermons tchèques emplissent le lieu de culte d’une foule composite, alors que ses prêches latins s’adressent davantage à un auditoire plus restreint et plus cultivé. Il manie une langue pleine de vie, riche d’exemples tirés du quotidien. Son latin est entrelacé d’expressions tchèques. Lorsqu’il prêche en tchèque, il s’autorise des interférences en latin. En fait, le phénomène de diglossie est assez fréquent parmi les prédicateurs du Moyen Âge. La répartition des langues, tchèque et latine, dépend soit de la valeur des arguments, plus ou moins spécieux, soit de la culture d’origine des illustrations, cléricale et biblique, ou populaire et anecdotique. Il joue sur la force rhétorique en alternant ainsi les langues. Le prédicateur populaire tourne parfois en ridicule le sermon scolastique et nominaliste. Le réalisme vient se fondre dans un discours de masse sociale36 et condamne aussi un bilinguisme sauvage et mal maîtrisé en prônant en priorité l’emploi de la langue nationale.
26Avec Jérôme de Prague (1367-1416) qui l’accompagne jusqu’au bûcher à Constance, il est le chef de file des partisans bohémiens de Wyclif qui militent pour une modification des statuts de l’université en faveur du droit de vote de la nation bohémienne, à laquelle appartiennent également les Allemands et les Slaves des autres pays de la couronne de Bohême37. Par le décret de Kutná Hora du 18 janvier 1409, Venceslas IV accorde trois voix à la nation bohémienne organisée dorénavant sur une base linguistique, au prétexte que la natio Teutonica ne possède aucun droit à considérer la Bohême comme sa patrie, tandis que la natio Bohemica est légitime héritière du royaume (eiusdem regni iusta heres)38. La faculté de droit et les Allemands de Bohême accueillent sans objection cette évolution de l’université de Prague vers une université nationale. Il s’exprime aussi bien en tchèque qu’en latin et en allemand. Le décret de Kutná Hora marque la reconnaissance du tchèque comme langue et identité nationales. L’empereur Venceslas s’y révèle intransigeant sur la question de la suprématie de la nation tchèque sur son territoire39. Le concept de nation (národ), défendu par l’empereur romain germanique, ne possède pas encore son sens moderne. Il désigne une population qui se caractérise par son espace et son idiome, mais qui n’est pas encore considérée comme un peuple autonome. En établissant la nation tchèque dans son droit, le souverain incline néanmoins sa politique vers un sentiment d’appartenance linguistique et territoriale. Même si la question “nationale” revêt à cette époque une acuité exceptionnelle et temporaire40. À l’université, son engagement en faveur d’un enseignement en langue tchèque suscite la haine du corps professoral et des étudiants germaniques41.
27Jan Hus enseigne la rhétorique à l’université42. L’Exercicium rhetorice témoigne de son travail d’enseignant et de prédicateur43. L’activité savante de Jan Hus est des plus brillantes. Son commentaire tchèque du Cantique des cantiques, intitulé Výklad piesniček Šalomúnových [Commentaire des cantiques de Salomon] (1412-1414), est remarquable44 : il s’agit d’un commentaire linéaire, avec une traduction de chaque verset adaptée à la réalité et à la sensibilité de son temps, et une explication tant poétique que mystique.
28Disposant de tous les instruments et manuels de son temps, il travaille les textes à partir de la Vulgate, qu’il traduit lui-même en tchèque et auxquels il ajoute ses propres rectifications. Très souvent, il s’appuie sur les Pères et se réfère à leurs propres lectures. Dans ses sermons, il n’hésite pas à employer, outre l’étymologisme populaire rapprochant certains mots par la sonorité de leur racine, l’association de certains textes saints avec des proverbes et des sentences populaires, voire des anecdotes historiques parfois peu vérifiées. Il fait également preuve d’humour, n’hésitant pas à recourir aux caricatures et anecdotes amusantes, et à employer des figures vivantes comme les allitérations, les assonances, les rimes, ou ironiser à force de prétéritions, d’amplifications, d’euphémismes.
29Il accorde un soin particulier à ce que sa lectio divina soit la plus accessible possible, circonstanciée et répondant aux préoccupations de ses auditeurs, en l’illustrant toujours par des images empruntées à la vie quotidienne et des histoires locales, tout en faisant usage d’une langue simple, compréhensible même aux moins cultivés des auditeurs. Cet effort d’actualité permet de concilier une lecture spirituelle avec une interprétation sociale du texte biblique, ce qui constitue, par la suite, une des caractéristiques de la prédication de l’Unité des Frères. La dichotomie matière/esprit est, en fait, abolie, puisque l’affranchissement de l’une implique celui de l’autre, tandis que l’oppression sociale et économique conduit à une répression spirituelle45. En cela, sa prédication ouvre une nouvelle période dans l’histoire littéraire tchèque.
30La vérité est le principe essentiel dans la théologie de Jan Hus. Le concept évolue au cours de ses écrits et englobe une vaste palette de significations. Il n’en demeure pas moins que la vérité sert toujours d’articulation entre la justice divine et la justification humaine46. « Pravda vitěží », Veritas vincit, est le mot d’ordre que la République tchèque adopte en 1920 d’une lettre de Jan Hus envoyé de Constance en 1413. Cette vérité est l’expression de la liberté. L’amour de la liberté relève du plaisir de discourir sans harnais47 : Jan Hus est un plébéien de la bourgeoisie montante48 qui s’inspire de thèmes et d’images wyclifiennes pour prêcher dans une langue vernaculaire vivante. Il invective la foule, joue sur les mots et colporte des anecdotes qui marquent les esprits49. De plus, il compose des chants tchèques dans cette nouvelle tendance qui se généralise à l’ensemble de la chrétienté. Le chant spirituel sert de propédeutique à une écoute intelligente et à une réception plus efficace de la Parole de Dieu. Il est une docile initiation à la prière du cœur, conduit à une expérimentation du divin et à une manifestation joyeuse de la foi : il déploie beaucoup d’énergie à expliquer chaque hymne et à en inculquer parfaitement la mélodie, suscitant ainsi une communauté de chœur50. La question hymnologique occupe une place centrale dans la tradition liturgique de toute la Réforme tchèque. Il faut remonter à Jan Hus pour trouver l’origine même de sa conception dans l’Unitas Fratrum51. Jan Blahoslav comme Jan Amos Comenius composent des recueils de chants, s’inscrivant ainsi dans cette même tradition hussite, qui conçoit la liturgie non plus comme un morcellement de rites disparates, mais comme une harmonie, dont chaque moment possède une signification intrinsèque, entrant en résonnance avec ce qui suit ou ce qui précède52. En fait, la liturgie trouve déjà son expression la plus moderne dans cette tradition : une prédication devient effective lorsqu’elle détermine et est elle-même déterminée par les sacrements qu’elle annonce, par les lectures qui la précèdent et orientent son esprit, et les chants qui forment l’ossature de l’office, lui donnent vie et mouvement. La messe est conçue comme une totalité, constituée d’une série d’éléments interdépendants.
31Le développement de l’hymnologie en langue tchèque implique celui de la langue. Il exprime déjà un certain désir de participation intelligente à la pratique religieuse et annonce une déprofessionalisation du sacerdoce et la traduction de la liturgie avec ses lectures en langue vulgaire53.
32La langue est l’espace actuel dans lequel le divin peut émerger. Aussi établit-il les premières règles syntaxiques du tchèque après avoir établi un abécédaire introduisant les premiers signes diacritiques sur le fonds du latin pour distinguer les consonnes chuintantes et les mouillées et la longueur des voyelles. Ce souci pédagogique se retrouve sur les murs de la chapelle de Bethléem où il fait inscrire les cantiques, le Pater Noster et le Credo.
Pour une culture de la langue : de Petr Chelčický à Jan Blahoslav
33Le fondateur de l’Unitas Fratrum, Petr Chelčický (1390-1460), est un personnage élevé en mythe54. Affranchi de la culture médiévale et sensibilisé aux problèmes sociaux par une vie passée à la campagne, il aborde les questions philosophiques et théologiques avec une fraîcheur et une nouveauté remarquables. Autodidacte, il possède néanmoins une solide connaissance de la Bible et des textes écrits ou traduits en tchèque. Son grand modèle d’inspiration reste, sans contexte, Tomáš de Štítné, alors que ses émotions et ses sentiments l’apparentent plutôt aux Vaudois55. Au commencement des guerres hussites, il voyage à Prague (1419-1420) et y rencontre les maîtres de l’université : Jacobellus Wenceslai de Mies (1373-1429) l’initie aux œuvres de John Wyclif et de Jan Hus. Par la suite, il fait connaissance de Jan Rokycana (1397-1471)56 et des prêtres radicaux taborites57.
34L’intégralité de son œuvre littéraire traite des questions religieuses et sociales, sans reconnaître une dichotomie entre sacré et profane58. Ainsi, il discute des sacrements et de leur efficacité, tout en se référant à la théologie eucharistique de John Wyclif, sans reconnaître aucune autorité particulière aux prêtres et à l’ordination, qui serait supérieure à celle de la communauté des baptisés59. Ses réflexions profondes et pertinentes dépassent de loin les connaissances d’un simple laïc, amateur de théologie, mais prouvent avec quel éclat un autodidacte, sans avoir fréquenté les bancs de l’université ni être initié au latin, est parvenu à une pleine maturité philosophique par ses propres moyens, en des temps où la connaissance est un luxe réservé en priorité aux clercs60. Avec Petr Chelčický, la théologie s’ouvre au monde séculier et fait du ministère doctoral une expérience universelle. Peu à peu un cercle composé de disciples et d’auditeurs cultivés s’assemble autour de lui. Il ouvre ainsi une nouvelle voie entre l’utraquisme et le radicalisme hussite61. Il s’agit d’une communauté de fidèles, les Frères de Chelčický, dont la structure et le fonctionnement ne constituent aucune assemblée de type sectaire. Le frère Řehoř, apparenté à l’archevêque Jan Rokycana et élevé dans l’utraquisme, fonde sur le radicalisme intellectuel de Petr Chelčický l’Église de l’Unité des Frères.
35Son activité littéraire s’amorce avec de petits traités tchèques, qui condamnent l’emploi de toute violence physique au service de la foi : O boji duchovním (1421) [Du combat spirituel]. Il maintient que le pouvoir des « sans pouvoir » est bien supérieur à toute forme de défense, même s’il conduit au martyre62. Dans le traité intitulé O církvi svaté (après 1421) [De la sainte Église], il développe une ecclésiologie où l’Église est conçue comme un corps unique pourvu de nombreux membres tous égaux entre eux et gouvernés par une seule tête – le Christ. Il y critique le pouvoir temporel que l’Église s’est octroyé, alors qu’elle devait être l’assemblée des élus (sbor vyvolených k spasení). Il dénonce le paganisme au fondement de la société médiévale qui partage l’humanité en trois ordres, les seigneurs, le clergé et les serfs, et revendique l’égalité entre tous les hommes dans son fameux discours, O trojím lidu řeč (v. 1425) [Des trois ordres]. L’utopie consistant à voir une chrétienté où toute classe serait bannie fait de lui un des précurseurs du « communisme »63 taborite. Le concept de société égalitaire n’est pourtant pas tant un résidu d’une influence vaudoise que les traces de l’enseignement de John Wyclif64.
36L’évolution de sa pensée systématique est accompagnée par de nombreux recueils de sermons et de postilles qui témoignent de son approfondissement et de ses doutes. Postila: kniha výkladuov spasitedlných [Postille : Le livre des exposés salutaires] (v. 1435 mais imprimé en 1522)65 est un ouvrage essentiel dans l’histoire littéraire et religieuse de la Bohême : ces textes ne se présentent plus comme des discours (řečí) religieux d’un laïc à l’attention d’un cercle d’intimes, à l’instar des écrits de Tomáš de Štitné. Il s’agit explicitement d’un postille (postila) composé de sermons (kázaní) prêchés et rédigés par un laïc. En ce sens Petr Chelčický est un “anarchiste” avant l’heure.
37Son œuvre la plus accomplie et qui représente un monument pour la littérature tchèque, par la maîtrise de la langue et la richesse stylistique, s’intitule Siet viery pravé [Filet de la foi vraie], composé après 1440 et imprimé en 1521. Par la métaphore du filet (siet), il désigne l’Église véritable et invisible qui retire de la mer (le monde matériel et païen) les poissons (les vrais chrétiens élus)66. Il utilise les métaphores médiévales et plus particulièrement la légende des deux baleines que sont le Pape et l’Empereur67. D’abord il démontre l’incompatibilité entre le pouvoir séculier et l’Église dans l’enseignement chrétien. Puis il dénonce les contradictions des autorités temporelles en matière spirituelle et chrétienne. Dans son analyse de la situation de la société médiévale, il s’engage du côté des serfs et du petit peuple agricole. C’est justement le peuple qui est théophore et non les ordres dirigeants68. Sa critique concerne également la bourgeoisie montante, dont l’activité mercantile la plonge davantage dans le péché : le bourgeois est par essence la plus vile des créatures ; la ville, son habitat, est perçue comme une source de pourriture et de chute. Le travail physique de l’ouvrier agricole garantie la salubrité de la société et le salut de ses membres. La ville est corrompue et corrompt tout ; elle est le fief de l’usure et du commerce, le temple de Mamon ; elle étouffe les langues vernaculaires des petits peuples, nourries des coutumes et traditions de la terre, par la promotion d’une langue commune essentiellement utilitariste, l’allemand pour le commerce et le latin pour le savoir.
38L’œuvre littéraire de Chelčický est des plus admirables. Ses écrits, dont ses postilles, servent de modèles pour les générations de pasteurs. Il s’inspire directement du Postille de Jan Hus69. Il révèle une piété humaniste de la Renaissance. Il maîtrise la langue tchèque pleinement et n’hésite pas à innover les métaphores, à construire des phrases complexes, à travailler tant sur la sonorité des mots, sur le phrasé du texte, sa rythmique, que sur ses images70. Pourtant, à aucun moment, les artifices ne se dévoilent. Sa langue est aussi spontanée que sa révolte. Ses idées sont formulées dans une élégance et une noblesse de cœur toute inspirée.
39Du vivant de Petr Chelčický, quelques fidèles se sont regroupés autour de lui, séduits par sa piété, sa douceur et le charme de ses discours. Les Amis de Chelčický fuient autant que possible les discussions dogmatiques et accordent davantage d’importance à la pureté des mœurs et à la sincérité de la foi qu’aux cérémonies extérieures et aux symboles. Ils condamnaient le vice, surtout chez les prêtres, et, sans rompre avec l’Utraquisme officiel. Comenius y puise la substance de son pacifisme71. Lorsque le frère Grégoire fonde en 1457 l’Unité des frères dans le village de Kunvald au pied des monts d’Orlice, il absorbe les membres de Chelčický et la théologie de leur maître spirituel72.
40Dans cette tradition accordant à la langue une dimension théophorique et permettant de faire germer du culte chrétien toute une culture tchèque fondée sur le travail du corps comme condition de formation d’un intellect sain libéré des tergiversations de la scolastique latine, la figure de Jan Blahoslav (1523-1571) est essentielle. Né dans une famille bourgeoise aisée, il est élevé par des pasteurs, des frères qui devinent en lui de grandes capacités intellectuelles73. Sur leur instance, il entame en 1543 une éducation humaniste à l’école latine de Goldberg en Silésie, dirigée par le grand pédagogue Walentin Trotzendorf (1490-1556). À partir de 1544, il poursuit ses études à Wittenberg où il fait la connaissance de Philipp Melanchthon et de Martin Luther. Il complète sa formation par de brefs séjours à Königsberg, où il rencontre Andreas Osiander (1498-1552), et en 1549 à Bâle, en compagnie de Jan Rokyta (†1591), prêtre de l’Unité en Pologne, grand défenseur du protestantisme entre les orthodoxes. Il rentre au pays à l’âge de vingt-sept ans, muni de solides connaissances en théologie, musique, poésie et littérature classique. Après une courte formation pastorale à l’école de Jrostějov, il est ordonné prêtre et se voit confier la charge des archives de l’Unité à Mladá Boleslav, sous la direction de l’évêque Jan Černý (1500-1565). Il profite de l’occasion qui lui est donnée d’être au cœur de la mémoire de l’Église pour rédiger un premier ouvrage consacré aux origines de l’Unité et de ses règlements, O původu Jednoty bratrské a řádu v ní (1547), panorama historique riche en portraits psychologiques des principaux intervenants de la Réforme tchèque. Ce premier ouvrage l’introduit dans la tradition des grands historiographes de l’Église74, genre littéraire hérité des chroniqueurs hussites, dont les principaux représentants sont des évêques comme Luc de Prague (1460-1528), Jan Černý (1500-1565), Matěj Červenka (1521-1569) jusqu’à Jan Amos Komenský, dit Comenius (1592-1670).
41Dès 1557, il est nommé évêque et « scribe », autrement dit historiographe et archiviste de l’Unité75. Son travail de chroniqueur aux archives est immense et fondamental pour la connaissance de l’histoire du protestantisme tchèque. Il a notamment légué à la postérité trois œuvres majeures, sources d’enseignement et d’information inépuisables : Sbírka paměti historických [Recueil de mémoires historiques], Akta Jednoty bratrské [Les Actes de l’Unité des Frères] et Vyznamní apologie její [Leurs célèbres apologies]. Par cela, il accomplit le devoir de mémoire qui découle précisément de l’institution de la Sainte Cène. Tout chrétien est un porteur de mémoires et ses actions s’inscrivent dans la chaîne des commémorations remontant au Christ. Aussi la langue devient le réceptacle de cette mémoire, calice rassemblant les fruits de la terre, du blé et du raisin : elle concentre la mémoire des générations et les mots et expressions, qui la nourrissent, définissent son identité. Elle manifeste l’être social par excellence : par la parole tout homme révèle son ontologie. Cette approche théorique de la langue se réalise concrètement dans les activités relevant du ministère, comme la rédaction et conservation des archives et la traduction, permettant d’enrichir l’être ecclésial par l’appropriation et l’adaptation de la parole des autres.
42Toute l’activité de Blahoslav est inspirée d’un profond amour pour sa langue maternelle. Il fonde à Ivančice une école supérieure et une imprimerie, plus tard transférées à Kralice, en Moravie76. Cet amour l’engage à traduire le Nový Zákon [Nouveau Testament], œuvre aussi remarquable quant à la pureté et la précision de son expression que du point de vue scientifique. Il travaille sur le texte grec tout en consultant les traductions en latin et commentaires de son époque. Afin d’éclairer ce travail de traduction, il compose Gramatika česká [la Grammaire tchèque] (1571), traité dans lequel il révèle la pureté et la justesse de la langue, proscrit les latinismes, hellénismes et germanismes qui l’encombrent, et dénonce les expressions étrangères à la mentalité slave. Dans une première partie il rassemble les connaissances héritées de la première grammaire tchèque du prêtre utraquiste Beneš Optáta de Telč (1480-1559), et des pasteurs de l’Unité Petr Gzell (†1564) et Václav Philomathes (1480/90-1532) de 153377. Il apparaît un savant humaniste, digne successeur d’Érasme de Rotterdam et d’une sensibilité esthétique très sûr. Il s’occupe plus de phraséologie et de syntaxe que de morphologie et de phonétique, car la structure de la langue est plus stable et unificatrice que les diverses réalisations dialectales. La question linguistique est essentielle à ses yeux pour la cohésion de son Église et de son indépendance. À ce niveau, il milite pour un rassemblement de la culture et de la confession. Il poursuit ainsi tout une tradition de grammairien philologue et pédagogue au sein de l’Unité, allant de Daniel Adam de Veleslavín (1546-1599), auteur d’un dictionnaire latin-tchèque-allemand, jusqu’à Jan Amos Comenius.
43Cet investissement de la culture dans la religion est une conséquence directe de la laïcisation du discours théologique. Le religieux, en devenant accessible aux masses, s’ajoute à la culture, et, en retour, la religion absorbe la culture ouvrant ses portes à la démocratisation et gratuité de son enseignement : chaque Frère lit la Bible et sait écrire sa propre langue par devoir chrétien. De la sorte, l’Unité des Frères porte une partie de la culture des peuples tchèque et slovaque.
44Jan Blahoslav est conscient que la langue est un organisme vivant qui peut s’enrichir de néologismes, puisés de préférence dans les idiomes slaves avoisinants, pourvu que l’usage y consente. C’est d’après le bon usage qu’il en vient à formuler des règles grammaticales. La théorie est subordonnée à la praxis de la langue. Son objectif consiste à donner au lecteur les moyens de s’exprimer et d’écrire en tchèque avec les usages et les manières qui conviennent. La question de l’élocution qui se pose dans les Vady kazatelů [Des défauts des prédicateurs], s’avère caduque, puisqu’il s’agit dorénavant de construire une langue écrite.
45L’esthétique, la sémantique et la praxis littéraires sont soumises au principe d’usage, ce qui montre que la conception critique et littéraire de Jan Blahoslav est fondée sur une approche empirique des faits littéraires. Le rôle de la pragmatique dans la réflexion et la vie intellectuelle est un trait cultivé dans toute la tradition des Frères. La dernière partie du traité propose une théorie de la traduction. Cette traductologie ne se présente pas comme une théorie artistique, mais plutôt comme une branche de la linguistique. De ce fait, l’expérience prime sur la théorie, comme le corps incline l’esprit. Seul l’exercice constant de la traduction permet d’affiner son style et d’améliorer ses connaissances linguistiques.
46Jan Blahoslav est devenu une icône dans l’Unité en ce qu’il incarne l’accomplissement idéal de l’Humanisme. Il a définitivement sorti son Église de la période médiévale et mis un terme aux tergiversations qui la séparaient en deux camps, l’un prônant l’investissement de la communauté dans le monde par une instruction approfondie et minutieuse, l’autre, plus conservateur et fidèle aux principes de Petr Chelčický, refusant la modernité et défendant un retour à la simplicité évangélique.
47Sa traduction du Nouveau Testament inspirée par celle de Théodore de Bèze (1519-1605), bien que la seizième en langue tchèque, obtient un tel succès que les Frères décident d’offrir à leurs fidèles tout le texte de la Bible. Jan Blahoslav fonde une école de jeunes exégètes hébraïsants. Le premier rédacteur de cette traduction biblique, Ondřej Štepán décède prématurément en 1577 et la direction est confiée à son élève Isaias Cæpola, alias Isaias Cibulka (1550-1582), également formé à Wittenberg, puis à Jan Æneas de Boleslav (†1594). Parmi ses collaborateurs, on compte des poètes, des hymnologues, des philologues. Élèves et continuateurs des travaux de leur maître, protégés et financés par Jan de Žerotín aîné, ils transportent à Kralice, l’un des domaines de ce dernier, l’imprimerie d’Ivančice. Commence en 1579 la publication de la célèbre Bible de Kralice, dont le Nouveau Testament de Jan Blahoslav, légèrement modifié, forme en 1593 le sixième volume. La traduction est établie sur le texte de la Polyglotte Royale, éditée par des théologiens néerlandais et espagnols de 1569 à 1572. Parallèlement, les rédacteurs consultent des traductions grecques et latines, ainsi que les paraphrases chaldéennes et syriennes. Leur érudition critique se manifeste surtout dans les notes marginales. Il s’agit d’une œuvre classique : les rédacteurs en font une image de l’état moral de l’Unité. Professant toujours que l’Écriture demeure accessible aux plus humbles, ils évitent le danger d’un style artificiel et restent dans la plus pure tradition de la langue parlée, sans toutefois jamais introduire dans l’Écriture Sainte de vulgarité.
48L’émotion est une dimension essentielle de la vie religieuse : le discours conduit à l’empathie, inhérente à toute communion spirituelle. La communication réelle est justement le dépassement de la compréhension seulement rationnelle et vise le partage de l’intuition. La foi, se vivant comme imitatio Christi, suppose une communion des sentiments avec Dieu. La langue n’est que le médium visible d’un phénomène invisible. Aussi prière et sermon sont deux étapes intimement liées.
Linguistique et théologie chez Comenius
49Philosophe et pédagogue tchèque, Jan Amos Comenius (1592-1670) est le dernier évêque de l’Unité des Frères78. Son destin incarne dès le XIXe siècle celui de la nation tchèque puis de la Tchécoslovaquie et il est célébré comme le « père et instituteur »79, au point qu’une science lui est consacrée (la coméniologie) et qu’un programme d’échange de formations de l’Union européen porte son nom depuis 2002.
50L’enfant, spolié de son héritage par des tuteurs malhonnêtes, abandonne provisoirement les études et travaille pour gagner sa vie. À l’âge de seize ans, il reprend des études secondaires à l’école latine de Přerov. Il garde de ces trois années un souvenir douloureux qui le conduit à porter ses efforts sur une meilleure organisation de l’enseignement. En 1611, il est envoyé à l’École supérieure d’Herborn, dans le duché de Nassau, où il poursuit des études supérieures en théologie. Après l’obtention du grade de docteur, il visite les universités d’Amsterdam, puis d’Heidelberg.
51Il rentre à pied à Přerov, où l’Église lui confie la direction d’une école, pour laquelle il rédige en 1616 une grammaire facilitée (Grammaticæ facilioris praecepta). La bonne acquisition des langues est essentielle car la prédication de l’évangile nécessite une excellente communication, conditio sine qua non de toute communio efficace. Ordonné, l’église lui confie en 1618 la cure et l’école de Fulnek, l’un des foyers les plus actifs de la communauté morave80. Jeune pasteur fraîchement sorti de l’université, il y rédige un manuel d’homilétique afin de faciliter la composition de sermons, si essentiels dans une liturgie centrée sur la proclamation de la Parole de Dieu. Trois ans plus tard, les troupes espagnoles de la Contre-Réforme envahissent la province : sa bibliothèque et ses manuscrits sont alors détruits et lui-même ne doit son salut qu’à la fuite.
52La langue est indispensable au fonctionnement de toute communauté humaine. Elle est l’héritage et la manifestation de la sagesse populaire. Dans Moudrost starých Čechů (1620-1630) [La Sagesse des anciens Tchèques], il montre précisément comment la langue transporte le génie d’une nation par l’intermédiaire de ses étymologies, de ses expressions idiomatiques, de ses dictons et de ses proverbes. Si Jan Hus recourt aisément à des étymologies farfelues dans ses sermons, Comenius, plus rigoureux, sait vraiment que la langue produit la pensée et non l’inverse : il rappelle que le verbe déponent latin loqueri, « parler », est formellement un passif qui met l’emphase sur le fait que chaque locuteur est apparemment dépendant des règles syntaxiques et des usages de la langue. Aussi la langue est la propriété du peuple et enrichir la langue revient à enrichir une nation. Cette richesse relève de la spiritualité : la langue, en tant que don de Dieu, est le lieu dans lequel l’âme et l’intelligence sont amenées à se développer. C’est pourquoi il insiste sur la nécessité d’enrichir le vocabulaire des petits-enfants dès la maternelle dans Informatorium školy mateřské (1632). Par conséquent, il est indispensable pour bien former un esprit humain d’enseigner correctement les langues et cela à l’aide de tous les outils appropriés : les dictionnaires, les grammaires et les manuels scolaires.
53En 1631, il publie la Janua linguarum reserata, nouvelle méthode pour une étude linguistique rapide et facile81. L’ouvrage est traduit en douze langues européennes et plusieurs langues orientales ; la première traduction française date de 1642. L’auteur acquiert une telle renommée dans le monde scientifique que Samuel Hartlib (1600-1662), soutenu par le prédicateur écossais John Dury (1599-1680), obtient du Parlement anglais l’autorisation de le faire venir en Angleterre pour y créer un Collège des sciences universelles82. Comenius arrive à Londres en 1641, mais les événements politiques du moment ne permettent pas au Long Parliament de réaliser ce projet83. Aussi accepte-t-il la proposition de Louis de Geer (1587-1652), qui l’appelle à Norrköping en Suède pour réformer le système de l’enseignement du royaume. Le Cardinal duc de Richelieu (1585-1642) lui fait aussi parvenir une invitation par l’intermédiaire de son secrétaire, Antoine Rossignol des Roches (†1683). Ne pouvant se déplacer, Comenius dépêche à Paris l’un de ses disciples, Joachim Hübner, qui trouve le Premier ministre de Louis XIII sur son lit de mort. Il ne parvient à discuter des principes pansophiques qu’avec Marin Mersenne (1588-1648) et Jean Doujat (1609-1688). Il demeure au service de la reine Christine de Suède jusqu’en juin 1648, travaillant à la réforme des écoles et multipliant les écrits pédagogiques. Dès la première année de son séjour, il publie entre autres son Pansophiæ diatyposis (1641)84, introduction remarquée à ce qui aurait dû faire l’œuvre de sa vie : la Pansophia.
54En mars 1650, il accepte la mission de réformer les écoles de Hongrie85. Il rédige un règlement pour la nouvelle école modèle dès l’année suivante, sous le titre Schola pansofica, hoc est, universalis sapientiae officina. Cet ouvrage est suivi, en 1654, de Schola ludus seu encyclopaedia viva, œuvre dans laquelle il prône, comme dans sa Didactica magna86, que le jeu possède une dimension didactique qui mérite d’être mieux exploitée dans le cadre d’une pédagogie raisonnée. Aussi incite-t-il les élèves à jouer la comédie et compose des pièces de théâtre aux visées pédagogique et édificatrice.
55Son activité pédagogique lui permet d’assembler une bibliothèque très importante pour l’époque, plusieurs fois détruite. Il accorde un soin particulier au livre qui assure à ses yeux la liberté de penser. Aussi consacre-t-il un ouvrage très technique à l’imprimerie et à la typographie, compte tenu qu’il a en charge les presses de sa communauté87. Le livre est un instrument précieux au bon entretien de l’âme : « Libros esse super aurum et argentum sapientiae studioso diligendos. »88 Aussi tout chrétien soucieux de se nourrir de la sagesse divine possède une bibliothèque d’ouvrages car l’intelligence est un don divin qu’il doit nécessairement cultiver. Autrement la bibliothèque scolaire doit rester accessible à tous, enfants et adultes, notamment aux plus pauvres, afin qu’on puisse toujours y accéder car le savoir doit être dispensé sans mesure. Il compose lui-même presqu’une centaine d’ouvrages en latin, tchèque, polonais, allemand, hongrois et néerlandais sur des sujets très variés comme la physique, l’astronomie, la poésie tchèque, les proverbes régionaux, l’histoire de l’Église, des manuels de langue et de piété, la première encyclopédie illustrée intitulée Orbis Pictus (1658) et rapidement imitée…Il les illustre également.
56À la même époque, il compose son projet de réforme de l’entendement et de la société, publié que partiellement en 1666 à Amsterdam, De rerum humanarum emendatione consultatio catholica89. Dans cette œuvre d’exception, il préconise le rapprochement, par voie d’une coopération étroite, de tous les États européens et, lorsque cette union sera solidement établie, de tous les pays du monde. Même s’il faut que tous prennent part à l’œuvre commune, aucun peuple ne doit être exclu des délibérations, au cours desquelles l’abstention serait interdite. Persuadé de vivre la fin des temps, motivé par une théologie de la Réforme à l’eschatologie prégnante, il œuvre pour un irénisme universel dans un monde ravagé par les guerres de religions. La plupart des lettres adressées aux grands de ce monde, notamment à Louis XIV et au pape Alexandre VII, restent sans réponse.
57L’apport étroit de l’exégèse à la prédication constitue le fer de lance de la théologie systématique protestante et la distingue de l’homilétique catholique, moins rigoureuse en ce qui concerne l’Écriture et plus appliquée en ce qui touche la tradition. Cette approche se fonde sur les instruments de la rhétorique, une des disciplines du Trivium90. Toutefois les arts du langage se situent dans le monde artificiel (Mundus artificialis) comme reflet de monde des idées (Mundus spiritualis) : la séduction de la parole ne doit pas obscurcir le discernement de l’esprit. Son importance se retrouve dans deux ouvrages dont les visées didactiques diffèrent sensiblement. Zpráva a Naučení o kazatelství (1620-1621)91 est un manuel de prédication qui s’adresse en priorité aux futurs ministres du culte et prédicateurs ; la troisième partie des Eruditionis scholasticæ (1650-1652 Sárospatak), l’Eruditionis scholasticæ pars tertia, Atrium rerum et linguarum ornamento exhibens (1652) est un manuel scolaire destiné à la troisième classe de l’école latine et consacré à l’enseignement de la stylistique.
58La rhétorique est un ars bene dicendi : « Eleganter loqui est ita loqui, ut suaviter audiaris ; quam artem vocant rhetoricam. »92. Les anciens rassemblent sous cette appellation les différents préceptes relatifs à la composition comme au style. Ce métalangage comporte plusieurs pratiques, présentes simultanément ou successivement selon les époques : une technique, un enseignement, une science, une éthique ainsi que des pratiques sociale et ludique. Si Aristote est redécouvert à la Renaissance, Cicéron et Quintilien sont des références incontournables depuis le bas Moyen Âge. La rhétorique revêt au XVIIe siècle l’aspect d’un enjeu religieux et politique dans l’affrontement entre protestants et catholiques. Elle devient une arme de persuasion qu’il faut apprendre à manier. L’éloquence est un art oratoire que les protestants emploient aisément dans la prédication en référence aux prophètes de l’Ancien testament et aux apôtres de l’Église primitives, alors que, dans le catholicisme, la rhétorique tend à persuader et convaincre, en recourant aux artifices littéraires. Il convient néanmoins de dépasser l’antagonisme trop simpliste des confessions. Deux grands types de rhétoriques correspondent, à quelques variantes près, aux confessions catholique et protestante se partageant l’Occident chrétien : une rhétorique traditionnelle héritée de l’aristotélisme cicéronien, encore fortement tributaire de la scolastique pratiquée et cultivée dans les milieux jésuites et piaristes, et une rhétorique ramiste versant davantage dans une stylistique, qui a les faveurs de la Réforme.
59Avec la Réforme, la théologie s’affirme de manière radicale comme une théologie de la parole et il s’en faut de peu que la prédication ne devienne « prédiction ». Martin Luther (1483-1546) lui-même fait du Trivium – grammaire, rhétorique et dialectique rénovées – la base des études théologiques. La tradition rhétorique dispense à la théologie et à l’exégèse non seulement un enseignement à but pratique pour l’exercice cultivé et efficace de la parole, mais inculque également les principales catégories de leur réflexion sur la communication du salut, qu’il s’agisse de l’herméneutique biblique, de la doctrine de la foi ou des genres dont relève l’expression des vérités théologiques93. À l’université d’Herborn, les professeurs se sont donc ralliés à la réforme philippo-ramiste et la rhétorique qu’ils y dispensent imprègne fortement la conception linguistique de Jan Amos Comenius94.
60Deux attributs distinguent l’homme de l’animal : la raison et la parole95. Or l’une ne saurait fonctionner sans l’autre. La connaissance du monde et l’action passent nécessairement par la maîtrise du langage. C’est pourquoi il faut développer chez le petit enfant le désir et l’effort de s’exprimer correctement et avec précision. De même que le travail manuel doit s’acquérir dès l’enfance, le maniement de la grammaire, de la rhétorique et de la poésie sont au programme des écoles maternelles96.
61La rhetorica, la grammatica, l’oratoria, la polyglottia ou la steganolalia constituent autant d’arts linguistiques97 offerts par Dieu pour mieux Le louer : « Dominus dedit mihi Lingvam mercedem meam, ipsâ laudabo eum (inquit Syr 51,30). »98 Aussi, Art et Enseignement de la prédication dépasse largement le cadre de la seule prédication, puisqu’il propose une méthode d’analyse textuelle et exégétique fondée sur l’outil rhétorique99. L’Écriture y est en effet abordée en tant que matière textuelle exigeant un travail préalable pour pouvoir en récolter la substance. En fin de compte, le travail exégétique préparatoire du prédicateur apparaît comme une véritable analyse, tandis que l’ornementation de son discours se trouve reléguée en dernière position, comme conclusion et mise en forme des résultats obtenus.
62À la différence de la rhétorique catholique, la conception qui prévaut dans l’Unité est fondamentalement pragmatique. L’urgence d’accomplir parfaitement la mission pastorale justifie le recours à une pratique linguistique à visée persuasive. Ce souci d’application, qui précède toute théorisation, est présenté dès la fondation de l’Unité des Frères. Le formidable développement des cantionnaires100, très prisés dans le peuple, s’accompagne d’un engouement pour les postilles, recueils de sermons ordonnés souvent selon le calendrier liturgique.
63Comenius veut doter sa communauté d’une méthode permettant à la fois d’optimiser l’analyse des textes bibliques et de parfaire la composition des discours religieux. La rhétorique cherche à articuler l’exégèse et l’homélie, la réception de la Parole de Dieu et la transmission de son kérygme. En cela, le bene loqui s’inscrit entre un bene cogitare et un bene operari. De ce fait, il formule les premières bases d’une traductologie soucieuse d’établir les ponts entre les langues de la révélation et le tchèque101.
64La dimension hédoniste d’une littérature conçue par Horace comme docere – movere – delectare n’est pas envisagée, car Comenius ne se concentre que sur le docere. Son œuvre littéraire adopte une perspective didactique, y compris ses poèmes et ses chants. Toute production, tout ouvrage, tout travail répondent à des exigences d’édification et d’éducation.
65Cette manière de situer la parole à la frontière de l’intelligence et de l’action est développée dans le second chapitre du Triertium Catholicum, où la Grammatica s’inscrit à l’intersection de la Logica et de la Pragmatica102. Comenius part toujours de l’idée pour aboutir à l’acte : la pensée doit trouver sa juste formulation avant de songer à son efficacité. De là découle la triade hiérarchique : Logique – Grammaire (et Rhétorique) – Pragmatique.
66De cette façon, la linguistique est instrumentalisée. Le sermo est défini comme Cogitationum, à Mente ad Mentem fluentium imago, certis expressa figuris. Il s’agit de l’idée centrale du traité : il existe un parallélisme entre la connaissance, la parole et l’action. Or, toute la question linguistique jaillit du rapport entre la pensée et le réel.
res mentis speculo exceptæ dant cogitationem :
cogitatio externis sonis rem figurans dat sermonem ;
cogitatio et sermo in opus transiens iterum fit res ;
et sic redit in principium suun ens seu Esse, unde tanquam è fonte suo per cogitationum, sermonum operationumquie rivos effluxerat103.
67Cette représentation du rapport de la pensée, de l’action et de la parole au réel se trouve à la base de son ontologie. Elle manifeste une approche originale du rapport de l’homme à la nature et de la créature à la création104. Comenius commente le schéma en insistant sur l’efficacité de son système :
Tu proinde, homo, quicquid rerum vides, audis, tangis, agis, disce tu intelligere, tum effari, tum agere.
Et quicquid intelligis, disce tum eloqui, tum agere.
Et quicquid loqueris, disce simul intelligere et agere.
Ut semper et ubique res visæ, auditæ, gustatæ, tactæ vel actæ par intellectum et sermonem veniant in opera ;
Atque tum eris sapiens105.
68La logique, la grammaire et la pragmatique forment une triade indispensable à la formation de toute représentation. La logique consiste à bien penser son objet, la grammaire à l’exprimer et la pragmatique à en user. C’est pourquoi la parole n’est jamais gratuite : elle répond toujours à un processus cognitif et vise une action.
69La linguistique dans le cadre de la prédication exprime une pensée dialectique portée par le discours grammatical en vue d’une action à accomplir. Telle est la constante particularité de l’homilétique protestante106. La finalité du discours réside bien dans la transmission d’un savoir, tout comme la pensée cherche le discernement, et l’action, l’efficacité. La pensée, la parole et l’action ont donc des objectifs précis : la transmission (discere), l’enseignement (docere) et l’efficacité (efficere). Ils sont atteints à condition que l’exercice de la logique soit réalisé par un esprit sain (mens sana), celui de la grammaire par une langue saine (lingva sana) et celui de la pragmatique par un agent rationnel (agens rationale).
70L’instrumentalisation de la rhétorique dans l’Unité ouvre de nouvelles perspectives textuelles. Loin d’être un assèchement, elle revitalise la lectio divina et rénove le discours spirituel. Elle impose, d’une part, un modèle qui se veut exégétique et, d’autre part, élargit la gamme subjective sur laquelle le prédicateur est en mesure d’opérer. Ce paradoxe est au cœur du sermon coménien. La rhétorique devient un mode opérateur essentiel pour une prédication efficace.
71S’inscrivant dans la continuité du réformisme tchèque, l’Unité des Frères liant étroitement l’engagement social à la foi religieuse réussit à transmuter la particularité de leur pitié en un modèle culturel ouvert à l’universalité107 : tous les hommes trouvent leur salut dans l’accord de la foi et de la science par l’intermédiaire de la langue, medium par lequel l’âme s’élève du réel au monde des Idées. Le chrétien germe du sol car il est fils d’Adam mais sa vie l’oriente vers le ciel, car sa mère, Ève, est la vie. La voix articulée transforme la matière afin d’en extraire l’essence nécessaire à oindre l’esprit de l’homme afin de le purifier.
72L’alchimie du verbe agit ainsi sur chaque locuteur et ce qu’il entend, tout comme ce qu’il dit, relève de son salut. Le langage, par la prédication, devient performatif, à l’image de la puissance créative de Dieu qui découle de son Verbe. Aussi toute Parole est une voie qui mène à la paix. Même si la violence est efficace à courte durée, la Parole finit toujours par s’imposer à longue échéance et la vérité finit toujours par vaincre. Aussi la langue par ses réalisations orale et écrite sert-elle d’abord à l’édification de Dieu puis au salut de l’âme de chacune de ses créatures.
Notes
1 Počatky staročeské mystiky [Le Début de la mystique des anciens Tchèques], eds. A. Grund, B. Havránek, K. Hrdina, B. Ryba, Praha, Matice česká/Orbis, 1948.
2 František Urban, Mariologické a mariánské inspirace v českém středověku : Mariologie Arnošta z Pardubic, Jana z Jenštejna, Jana Husa a Jana Rokycany [Inspiration mariologique et marianiste dans le moyen-âge tchèque : la mariologie de Mariologie d’Ernest de Pardubic, de Jan de Jenštejn, de Jan Hus et de Jan Rokycana], Olomouc, Univerzita Palackého v Olomouci, 2016.
3 John Wyclif, Trialogus, trad. Stephen E. Lahey, Cambridge, Cambridge University Press, 2012.
4 Joseph-Emmanuel Danho, L’Héritage hussite du nationalisme et du communisme tchèques depuis le XVe siècle : analyse de la relecture contemporaine d'un mouvement religieux, social et politique moderne en Mitteleuropa, mémoire de master 2, dir. Astrid von Busekist, Paris, Institut d’Études politiques, 2020. Réécriture de l’histoire en Europe centrale et orientale après 1989, éds. Stanisław Fiszer/Antoine Nivière, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 2017. Between Lipany and White Mountain: essays in Late Medieval and Early Modern Bohemian History in modern Czech scholarship, eds. James R. Palmitessa/Barbara Day/Christopher Hopkinson, Leiden, Brill, 2017 (Studies in Central European Histories, 68). Scholars of Bohemia: Czech and Czechoslovak history studies, éds. Jaroslav Pánek/Svatava Raková/Václava Horčaková, Praha, Institute of History, 2005. Enjeux de l’histoire en Europe centrale, éds. Marie-Élizabeth Ducreux/Antoine Marès, Paris, L’Harmattan, 2002 (Aujourd’hui l’Europe). Les Historiens des pays successeurs sur l’Autriche-Hongrie : historiographies autrichienne, tchèque, hongroise, historiens transylvains roumains, éd. Jacques Droz, Mont Saint-Aignan, Université de Rouen, 1984 (Autriaca, 18). Richard Georg Plaschka, Von Palacký bis Pekář : Geschichtwissenschaft und Nationalbewusstsein bei den Tschechen, Graz, H. Böhlaus, 1955.
5 Friedrich Engels, Der deutsche Bauernkrieg, Hamburg, 1850.
6 Svorad Zavarský/Lucy R. Nicholas/Andrea Riedl, Themes of polemical theology accross Early Modern literary genres, Cambridge, Cambridge Scholars, 2016.
7 Daniel S. Larangé, La Parole de Dieu en Bohême et Moravie : la tradition de la prédication dans l’Unité des Frères de Jan Hus à Jan Amos Comenius, Paris, L’Harmattan, 2008 (Religions _ spiritualité).
8 František Loskot, Milič z Kroměříže: otec české Reformace [Milič de Kroměříž: père de la Réforme tchèque], Praha, Volná myšlenka, 1911. Jaroslav Kadlec, Jan Milíč z Kromeřiže, in : Bohemia Sancta: životopis českých světců a přátel Božích [Bohemia Sancta: biographie des saints et amis tchèque de Dieu], Praha, Česká katolická charita, 1989, p. 183-190. Jakub S. Trojan, Jan Milíč z Kroměříže, Křesťanská Revue, n°69, cahier 3, 2002, p. 66-68.
9 Vilém Herold / Milan Mráz, Jan Milíč z Kroměříže a husítské revoluční myšlení [Jan Milíč de Kroměříž et la pensée révolutionnaire hussite], Filosofický Časopis, n°2, 1974, p. 765-785.
10 Michál Flegl, Miličův pobyt v Horsovskem Týně [Milič de Kroměříž à Horsovský Týn], Křesťanská Revue, n°48, 1981, p. 173-175.
11 Ignace Jan Hanuš, Rozbor filosofie Tomáše ze Štítného dle rukopisu “Řečí besedních” [Analyse de la philosophie de Thomas de Štítné d’après le manuscrit intitulé „Řečí besedních“], Praha, František Řivnáč, 1852. Josef Durdík, Toma ze Štítného, praotce filozofie české [Tomáš de Štítné, ancêtre de la philosophie tchèque], Praha, 1879. Jan Gebauer, O životě a spisích Tomáše z Štítného [De la vie et des écrits de Tomáš de Štítné], Praha, Česká Akademia Věd a Umění, 1923. Karel Juda, Tomáš ze Štítného, Praha, F. Topič, 1925. Josef Jančík, Tomáš ze Štítného učitel života [Thomáš de Štítné un maître de vie], Brno, Akord, 1940.
12 Jaroslav V. Polc, Duchovní proudy v Čechách ve 14. století [Les mouvements spirituels dans la Bohême du XIVe siècle], in: Jan Hus na přelomu tisíciletí. Mezinárodní rozprava o českém reformátoru 15. století a o jeho recepci na prahu třetího milénia. Papežská lateránská univerzita Řím, 15.-18.prosince 1999 [Jan Hus au tournant du millénaire. Conférence internationale sur la Réforme du XVe siècle et sa réception au seuil du troisième millénaire à l’Université pontificale de Rome du 15 au 18 décembre 1999], Ústí nad Labem, Albis international, 2001, p. 59-70.
13 Manfred Gerwing, Die böhmische Reformbewegung und die niederländische Devotio moderna: ein Vergleich, in: Westmitteleuropa – Ostmitteleuropa: Vergleiche und Beziehungen. Festschrift für Ferdinand Seibt zum 65. Geburtstag, hrsg. Winfried Eberhard, Hans Lemberg, Heinz-Dieter Heimann _ Robert Luft, München, R. Oldenbourg, 1992, p. 125-142. Cebus C. de Bruin, De bakermat van de Moderne Devotie: „Deventer of Praag?“, in: De Nederlanden in de late Middeleeuwen, éds. Dick E.H. de Boer _ Jannis W. Marsilje, Utrecht, Aula, 1987, p. 80-82. Johanna Girke-Schreiber, Die böhmische Devotio moderna, in: Bohemia Sacra: das Christentum in Böhmen 973-1973, hrsg. Ferdinand Seibt, Düsseldorf, L. Schwann, 1974, p. 81-91. František M. Bartoš, Hus, lolardství a devotio moderna v bojí o národní bibli [Jan Hus, le lollardisme et la devotio moderna dans le combat pour une Bible nationale], in: Ze Zápasů české reformace [De l’héritage de la Réforme tchèque], Praha, Kalich, 1959, p. 37-45.
14 Jaroslav Čechura, K některým aspektům státní ideologie a sekularizačních idejí v předhusitských Čechách [Quelques aspects de l’idéologie de l’État et des idées de sécularisation dans la Bohême préhussite], ČNM, n°155, 1986, p. 29-36.
15 Jana Grollová, Memento mori středověkých reformních postil: obraz života a smrti v písemné tradici středověkého kazatelství [Le Memento mori dans les postilles réformistes médivales: l’image de la vie et de la mort dans la tradition écrite de la prédication médiévale], Ostrava, Ostravská univerzita Filozofická fakulta, 2017. Pavlína Rychterová, Die Offenbarungen der heiligen Brigitta von Schweden eine Untersuchung zur alttschechischen Übersetzung des Thomas von Štítné (um 1330 - um 1409), Köln, Böhlau, 2004. Jaroslav Kolár, Český Život sv. Alžběty Durynské a Tomáš ze Štítného [La Vie tchèque de sainte Élisabeth Durynska et de Thomas de Štítné], MHB, n°4, 1995, p. 221-232.
16 Tomáš ze Štítného, Barlaam a Josafat [Barlaam et Josephat], Praha, Orbis, 1946. Josef Straka, Přeložil vskutku legendu o Barlaamovi a Josafatovi Tomáš ze Štítného? [Thomas de Štítné a-t-il bien traduit un extrait de la légende de Barlaam et Joséphat ?], Z kralické tvrze, n°18, 1992, p. 4-19.
17 Tomáš ze Štítného, Knížky o hře šachové a jiné [Tomáš de Štítné, les livrets sur le jeu d’échec et autres], ed. František Šimek, Praha, Státní nakl. krásné literatury, hudby a umení, 1956.
18 Tomáš ze Štítného, Řeči besední [Conférences], ed. Milada Nedvědová, Praha, Academia, 1992.
19 Tomáše ze Štitného: sborník vyšehradský [Tomáš de Štitné: recueil de Vyšehrad], ed. František Ryšánek, Praha, ČSAV, 1960.
20 Joseph Bernhart, Die philosophische Mystik des Mittelalters von ihren antiken Ursprungen bis zur Renaissance, München, E. Reinhardt, 1922.
21 Ignace Jan Hanuš, Rozbor filosofie Tomáše ze Štítného dle rukopisu „Řečí besedních“, op. cit., p. 14.
22 Vittorio Coletti, L’Éloquence de la chaire : victoires et défaites du latin entre Moyen Âge et Renaissance, trad. Silvano Serventi, Paris, Le Cerf, 1987.
23 Václav Flajšhans, Prameny kázání Husových [Les sources des sermons de Jan Hus], LF 66 (1939), p. 397-405.
24 Eva Doležalová, Hus – husitství – tradice – Praha : od reality k mýtu a zpátky [Hus – le hussitisme – la tradition – Prague : de la réalité au mythe et vice-versa], Praha, Historický ústav Akademie věd ČR, 2020.
25 Pavel Soukup, Jan Hus: the life and death of a preacher, West Lafayette, Purdue University Press, 2020. Pavel Soukup, Jan Hus: Prediger – Reformator – Märtyrer, Stuttgart, W. Kohlhammer, 2014. Eva Kantůrková, Jan Hus : příspěvek k národní identite [Jan Hus : contribution à une identité nationale], Praha, Hynek, 2000.
26 Craig D. Atwood, The Theology of the Czech Brethren from Hus to Comenius, University Park (Penn.), The Pennsylvania University Press, 2009, p. 49-75. Peter Brock, The Political and Social Doctrines of the Unity of Czech Bethren in fifteenth and early sixteenth Centuries, Wiesbaden, Otto Harrassowitz, 1958.
27 Franz Machilek, Jan Hus (um 1372-1415): Prediger, Theologe, Reformator, Aschendorffsche Verlag, 2019. Renée Joyal, Jan Hus : un visionnaire au coeur de la Bohême médiévale, Montréal, Del Busso, 2018.
28 Gioachino Volpe, Movimenti religiosi e sette ereticali nella società medievale italiana, Firenze, Sansoni, 1928.
29 Rudolf Horský, Kazatelské a pastýřské dílo M. Jana Husi [L’œuvre pastorale et les prêches de Me Jan Hus], in: Hus stále živý [Jan Hus toujours vivant], Praha, Blahoslav, 1965, p. 45-68.
30 Hana Voisine-Jechova, Histoire de la littérature tchèque, Paris, Fayard, 2001, p. 88.
31 Hana Voisine-Jechova, Histoire de la littérature tchèque, op. cit., p. 23.
32 Jana Nechutová, Eschatologie in Böhmen vor Hus, in: Eschatologie und Hussitismus, Praha, Historický ústav AV ČR 1996, p. 61-72.
33 Jan Hus, Česká Postilla [Postille tchèque], Praha, Academia, p. 12.
34 Petr Hrachovec, Gerd Schwerhoff, Winfried Müller, Martina Schattkowsky, Reformation als Kommunikationsprozess. Die böhmischen Kronländer und Sachsen, Cologne, Bohlau, 2020.
35 Radim Palouš, Čas výchovy [Temps d’éducation], Praha, SPN, 1991, p. 63-68.
36 Reginald Robert Betts, The Influence of Realist Philosophy on Jan Hus and his Predecessors in Bohemia, SEER 29 (1950), p. 402-419.
37 František M. Bartoš, Z dějin Karlovy university v době husitské [De l’histoire de l’université du temps de l’hussitisme], JSH, n°40, 1971, p. 54-63, 115-122.
38 Martin Nodl, Das Kuttenberger Dekret von 1409: von der Eintracht zum Konflikt der Prager Universitätsnationen, Köln, Böhlau, 2017. Zdeněk Fiala, « O vzniku Dekretu kutnohorského » [De l’apparition du Décret de Kutná Hora], in: Dekret kutnohorský a jeho místo v dějinách [Le Décret de Kutná Hora et sa place dans l’histoire], AUC – Phil. et Hist., n°2, 1959, p. 21-39..
39 Albert Pražák, Národ se bránil: obrany národa a jazyka českého od nejstarších dob po přítomnost [La Nation se défendait : défenses de la nation et de la langue depuis les temps les plus réculés], Praha, Sfinx/Bohumil Janda, 1945, p. 22-23. Cette étude permet aussi de condamner l’agression nazie ert l’envahissement de la Tchécoslovaquie par l’armée allemande en 1938.
40 Paul Roubiczek/Joseph Kalmer, Jean Hus, guerrier de Dieu, Neuchâtel/Paris, Delachaux _ Niestlé, 1951, p. 94.
41 Carl Adolf Constantin Höfler, Magister Johannes Hus und der Abzug der deutschen Professoren und Studenten aus Prag, 1409 (1864), Valduz in Lichtenstein, Sändig/Wohlwend, 1994. František M. Bartoš, Hus jako student a profesor Karlovy university [Hus, étudiant et professeur à l’université Chales], AUC Phil. et Hist., n°2, 1958, p. 9-26.
42 Evžen Stein, M. Jan Hus jako universitní rektor a profesor [Me Jan Hus recteur et professeur d’université], Praha, Jan Laichter, 1948, p. 9sqq. František M Bartoš, M. Jan Hus jako universitní rektor Karlovy university [Jan Hus recteur de l’Université Charles], Publikace, n°7, 1936.
43 Frantíšek M. Bartoš, Po stopách Husovy retoriky [Sur les traces de la rhétorique de Jan Hus], Jihočeský Sborník, n°9, 1936. Josef Vilíkovský, O domněle Husově retorice [À propos des prétendues rhétoriques de Jan Hus], Bratislava, 1932.
44 Jan Hus, Dobné spisy české [Écrits mineurs tchèques], in: Opera omnia – IV, Praha, Academia, 1985, p. 51-131.
45 František Šmahel, Ideál spravedlivého řádu a sociální harmonie v díle mistra Jana Husa [L’idéal d’un ordre juste et d’une harmonie sociale dans l’œuvre de Jan Hus], in: Traditio et cultus: miscellanea historica bohemica Miloslao Vlk, archiepiscopo Pragensi, ab eius collegis amicisque ad annum sexagesimum dedicate, Praha, Univerzita Karlova/Karolinum, 1993, p. 63-71.
46 Jiří Kejř, Z počátků české reformace [Des débuts de la Réforme tchèque], Brno, L. Marek, 2006, p. 95-110.
47 Milan Machovec, Husovo učení a význám v tradici českého národa [L’Enseignement de Jan Hus et sa signification pour la nation tchèque], Praha, Československé akademie věd, 1953, p. 144.
48 Robert Kalivoda, Husitské myšlení, Praha, Filosofia, 1997, p. 28-73.
49 Amedeo Molnár, « Il “linguaggio plebeo” nella teologia del Hus: un eretico? Un martire? », La Nazione, Firenze 30.10.1979.
50 Jan Kouba, Jan Hus und das geistliche Lied: ein Literaturbericht, Jahrbuch für Liturgik und Hymnologie, n°14, 1969, p. 190-196.
51 Zdeněk Nejedlý, Dějiny husitského zpěvu : sebrané spisy [sv. 40, 41, 42, 43, 44] [Histoire du chant hussite : recueil], Praha, NČSAV, 1954-1955 (5 vol.).
52 Věra Schifferová, Idea harmonie v díle Jana Amose Komenského [L’Idée d’harmonie dans l’oeuvre de Jan Amos Comenius], Červený Kostelec, Pavel Mervart, 2014.
53 Vittorio Coletti, Parole dal pulpito, Casale Monferrato, Marietti, 1983.
54 Jaroslav Boubín, « Peter Chelčický und seine Ausführungen zur Gesellschaft », in: Die hussitische Revolution: religiöse, politische und regionale Aspekte, hrsg. Franz Machilek, Köln, Böhlau, 2012. Jaroslav Boubín, « Na okraj arcibiskupského sborníku prací Petra Chelčického » [Dans les marges du recueil des travaux de Petr Chelčický], in: Husitství – Reformace – Renesance: sborník k 60. narozeninám Františka Šmahela [Hussitisme – Réforme – Renaissance : mélanges à l’occasion du 60e anniversaire de František Šmahel], Praha, Historický ústav AV ČR 1994, p. 585-599. Robert Kalivoda, Petr Chelčický, in: La Chiesa invisible : riforme politico-religiose nel basso Medioevo, eds. Mariateresa Beonio _ Brocchieri Fumagalli, Milano, Feltrinelli, 1978, p. 272-275.
55 Giovanni Gonnet, L’internationale Valdo-Hussite, Heresis, n°13-14, 1989, p. 235-253. Amedeo Molnár, Die Waldenser: Geschichte und europäisches Ausmaß einer Ketzerbewegung, Berlin, Union, 1973.
56 František M. Bartoš, Chelčický a Rokycana [Petr Chelčický et Jan Rokycana], LF 48 (1921), p. 30-40 _ 118-135.
57 Renata Fučiková, Hus a Chelčický příběh jekích doby [Hus et Chelčický à leur époque], Praha, Práh, 2014.
58 Eduard Petrů, Soupis díla Petra Chelčického a literatury o něm [Catalogue des œuvres de Petr Chelčický et des travaux le concernant], Praha, SPN, 1957.
59 Antonín Lenz, Petra Chelčického učení o sedmere svátosti a poměr tohoto k Janu Wiklifovi [De l’enseignement des sept sacrements de Petr Chelčický et en fonction de cela sur John Wyclif], Praha, 1889.
60 Eduard Petrů, K metodě myšlení Petra Chelčického [Sur la manière de réfléchir de Petr Chelčický], LF 93 (1970), p. 120-127.
61 Ferdinand Hrejsa, Dějiny křesťanství v Československu – 2 [Histoire du christianisme en Tchécoslovaquie – 2], Praha, Husova Čs. evangelická fakulta bohoslovencká, 1947, p. 160-168.
62 Wojciech Iwańczak, Między pacyfizme i anarchią: nauka o społeczeństwie Piotra Chelčickiego [Entre le pacifisme et l’anarchie : l’enseignement sur la société de Petr Chelčický], Studia Historyczne, n°34, 1991, p. 3-20.
63 Aneta Mladějovská, Petr Chelčický humanistou i komunistou, Česká literature vol. 65 N°2, 2014, p. 801-807.
64 František M. Bartoš, Chelčický a velký učitel táborského komunismu [Chelčický et le grand instituteur du communisme taborite], JSH 19 (1950), p. 33-37.
65 Petr Chelčický, Postilla, ed. Felix Steuer, Praha, Comenia, 1900 et 1903 (2 vol.).
66 J. Boublín, Potrhaná síť apoštola Petra: k počátkům alegorického výkladu jednoho motivu novozákonní exegeze [Le filet déchiré de l’apôtre Pierre : du début de l’explication allégorique d’un motif de l’exégèse néotestamentaire], Mediaevalia Historica Bohemica, n°3, 1993, p. 91-96.
67 František Šmahel, Zur politischen Präsentation und Allegorie im 14. und 15. Jahrhundert, München, Oldenbourg, 1994.
68 Petr Chelčický, O Trojem lidu řeč [Des trois états], 74b, ed. Rudolf Holinka, Praha, Melantrich, 1940, p. 42.
69 Kamil Krofta, Petr Chelčický, in: Duchovní odkaz husitství [L’Héritage spirituel de l’hussitisme], Praha, Svoboda, 1946, p. 167-168.
70 Felix Steuer, Eigentümlichkeiten in der Ueberlieferung der Sprache Chelčický’s, Breslau, Fleischmann, 1918. Václav Hylmar, O některých strankach mluvy Petra Chelčického [Sur quelques pages d’un discours de Petr Chelčický], Praha, 1877.
71 Jan Cizek, « Peter Chelčický und Johann Amos Comenius: vom Gedanken der Gewaltfreiheit zum Konzept einer universalen Toleranz », Acta Comeniana n°53, 2015, p. 41-60.
72 Karel Řehák, Sedlák Petr Chelčický, Praotec “českých bratřů” [Le Paysan Petr Chelčický, patriarche des “Frères tchèques”], Praha, Vlasť, 1907.
73 František Ř. Benovský, 1523-1923 Jan Blahoslav, Opava, Nový Život, 1923. František Malinský, Život Jana Blahoslava [La Vie de Jan Blahoslav], Praha, Spolek Komenského, 1923. Emanuel Havelka, Blahoslav přechůdcem Komenského [Blahoslav, précurseur de Comenius], Praha, 1925. Anton Škarka, Jan Blahoslav, « Literárně historický portrét, přípravná studie k Dějinám české literatury » [Jan Blahoslav : portrait historique littéraire, préparé pour l’étude de l’histoire de la littérature tchèque], Česká literatura, n°6, 1958, p. 150-176. Josef Janacek, Jan Blahoslav, Praha, Melantrich, 1966.
74 Amedeo Molnár, « Motivy Blahoslavova pohledu na dějiny » [Les motifs du point de vue de Blahoslav sur l’histoire], in Jan Blahoslav přechůdce J.A. Komenského 1571-1971 [Jan Blahoslav précurseur de J.A. Comenius 1571-1971], eds. Svatopluk Bímka _ Pavel Floss, Uherský Brod, Muzeum Jana Amose Komenského, 1971, p. 15-23.
75 Jaroslav Bidlo, Bratr Jan Blahoslav jako archivář a knihovník Jednoty bratrské [Le frère Jan Blahoslav comme archiviste et bibliothécaire de l’Unité des Frères], in: Sborník Blahoslavův (1523-1923) k čtyřstému výročí jeho narozenin [Recueil sur Blahoslav (1523-1923), à l’occasion du 400e anniversaire de sa naissance], eds. Václav Novotný _ Rudolf Urbánek, Přerov, Obzor, 1923, p. 34-37.
76 Mirjam Bohatcvá, Ästhetische Konzeptionen der Drucke der Böhmischen Brüder zur Zeit Jan Blahoslavs, in: Gutenberg-Jahrbuch, 1971, p. 189-199.
77 Beneš Optát/Petr Gzel/Václav Philomathes, Gramatika česká [Grammaire tchèque], ed. Ondřej Koupil, Praha, Akropolis, 2019.
78 Ioannes Amos Comenius est le nom latinisé de Jan Amos Komenský.
79 Lenka Řezníková/Marta Bečková-Ringesová/Zdeněk Hojda/Barbara Day/Tomáš Rataj, Figurace paměti: J.A. Komenský v kulturách vzpomínání 19. a 20. Století [Figures de la mémoire : J.A. Comenius dans la mémoire culturelle des XIXe et XXe siècles], Praha, Scriptorium, 2014. Pierre-Olivier Léchot, Du nationalisme tchèque à l'universalisme pédagogique : un regard sur la vie et l'œuvre de Jan Amos Komenský (1592-1670), Foi _ Vie, n°1, 2014, p. 26-40.
80 Jaroslav Pleskot, Fulnecké intermezzo Jana Amosa Komenského [Intermezzo de Comenius à Fulnek], Ostrava, Profil, 1970 et Jan Amos Komensky’s Years in Fulnek, Praha, SPN, 1972.
81 I.A. Comenius, « Janua lingvarum », in: DJAK [15i], Praha, Academia, 1986.
82 Jan Rohls, Comenius, Light Metaphysics and Educational Reform, in: Platonism and the Origins of Modernity: studies on Platonism and early modern philosophy, eds. D. Hedley _ S. Hutton, La Haye, Springer, 2007, p. 63-74. Antonella Cagnolati, Il Circolo di Hartlib: riforme educative e diffusione del sapere (Inghilterra 1630-1660), Bologna, Clue B/Heuresis, 2001, p. 36-45.
83 Marie-Agnès Manry, De Bacon à Comenius : science, religion et langage au XVIIe siècle en Angleterre (1606-1660), Lille, Septentrion, 1998.
84 Jan Amos Komenský, « Pansophiae diatyposis », in: DJAK [14], Praha, Academia, 1974.
85 Jószef Bakos, Comenius és a nyelvi nevelés néhany kérdése [Comenius et la question de la didactique des langues], Budapest, Pedag. Foiskola, 1958 et Fejezet a magyar Comenius kutates történetéböl [Un chapitre d’histoire sur la période hongroise de Comenius], Budapest, Orsz. Pedag. Kõnyvt. és Múzeum, 1971.
86 Jean Amos Comenius, La Grande didactique, traité de l’art universel d’enseigner tout à tous, trad. J.-B. Piobetta, Paris, Puf, 1952 et La Grande didactique ou l’art universel de tout enseigner à tous, trad. Marie-Françoise Bosquet-Frigout, Dominique Saget et Bernard Jolibert, Paris, Klincksieck, 1992.
87 Jan Amos Comenius, La Typographie vivante, trad. Catherine Commiot et Pierre Billouet, Paris, Honoré Champion, 2014.
88 Ian Amos Comenius, De primario ingenia colendi instrumento, sollerter versando, libris (1650), Praha, SPN, 1970, p. 9.
89 Ian Amos Comenius, De rerum humanarum emendatione consultatio catholica, Praha, Akademia vĕd, 1966.
90 Daniel S. Larangé, De la rhétorique à la prédication : présentation de l’homilétique de Jean Amos Coménius, Acta Comeniana, n°15-16, 2002, p. 9-38.
91 Jan Amos Comenius, Art et Enseignement de la prédication : manuel d’homilétique de l’Unité des Frères tchèques et moraves, trad. Daniel S. Larangé, Paris, L’Harmattan, 2006.
92 Ian Amos Comenius, De rerum humanarum emendatione consultatio catholica – tomus 1, col. 829, op. cit.
93 Olivier Millet, Réforme protestante et rhétorique, in: Histoire de la rhétorique dans l’Europe moderne 1450-1950, éd. Marc Fumaroli, Paris, Puf, 1999, p. 259-312.
94 Gerhard Menk, Die Hohe Schule Herborn in ihrer Frühzeit (1584-1660): ein Beitrag zum Hochschulwesen des deutschen Kalvinismus im Zeitalter der Gegenreformation, Wiesbaden, Selbstverlag der Historischen Kommission für Nassau, 1981. Daniel S. Larangé, « L’École supérieure de Herborn : fédéralisme ramiste et millénarisme encyclopédique », in: La Naissance des académies protestantes (Lausanne, 1537 et Strasbourg, 1538 – Genève, 1559) et la diffusion du modèle, éds. Monique Vénuat/Roxandra Vulcan, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2017, p. 203-228.
95 Johannes Amos Comenius, Informatorium maternum, der Mutterschuhl (1636), éd. Stanislav Králík, in: DJAK [11], Praha, Academia, 1973, p. 314.
96 Johannes Amos Comenius, ibid., p. 314.
97 I.A. Comenius, De rerum humanarum emendatione consultatio catholica, tomus 1, col. 829.
98 I.A. Comenius, ibid., col. 824.
99 Milan Kopecký, Komenského teorie literatury [La théorie littéraire de Comenius], in Komenský jako umělec slova [Comenius, artiste de la parole], Brno, Masarykova Univerzita, 1992, p. 110.
100 Marie-Elisabeth Ducreux, Hymnologia Bohemica : cantionnaires tchèques de la Contre-Réforme, 1588-1764, thèse de doctorat, Paris 3 Sorbonne-nouvelle, 1982 ; « L’hymnologie catholique tchèque de la Contre-Réforme », Jahrbuch für Liturgik und Hymnologie, n°29, 1985, p. 169-179.
101 Daniel S. Larangé, Éléments de traductologie dans l’herméneutique de Jean Amos Comenius, in Théories et Pratiques de la traduction aux XVIIe et XVIIIe siècles, éd. Michel Wiedermann, Tübingen, Narr Francke, 2009, p. 165-177.
102 I.A. Comenius, « Triertium catholicum », in DJAK [18], p. 252-258.
103 I.A. Comenius, ibid.
104 Étienne Krotký, Former l’homme : l’éducation selon Comenius (1592-1670), Paris, La Sorbonne, 1996.
105 I.A. Comenius, Triertium catholicum, op. cit., p. 241-242.
106 Daniel S. Larangé, « Kazatelské umění jako odkaz Jednoty bratrské » [Les arts de la prédication comme héritage des l’Unité des Frères], in Unitas Fratrum 1457-2007: Jednota bratrská jako kulturní a duchovní fenomén, ed. Martin Wernisch, Praha, Mlýn, 2010, p. 109-121 et « Parole de Dieu et art de la prédication dans l’Unité des Frères : la tradition homilétique et rhétorique (XVe -XVIIe siècles) », in L’Éloquence ecclésiastique de la pré-Réforme aux Lumières, éds. Christian Jérémie/Monique Vénuat, Paris, Honoré Champion, 2015, p. 31-48.
107 Daniel S. Larangé, « Du cultus dei de Jan Hus à la cultura universalis de Jan Amos Comenius : modernité de la théologie sociale de l’Unité des Frères », in L’Europe centrale au seuil de la modernité : Mutations sociales, religieuses et culturelles : Autriche, Bohême, Hongrie et Pologne, fin du XIVe siècle – milieu du XVIe siècle, éd. Marie-Madeleine Cevins, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2010, p. 179-200.
Pour citer ce document
Quelques mots à propos de : Daniel Larangé
Daniel S. Larangé, théologien protestant spécialiste de la prédication en Bohème et Moravie de Jan Hus à Jan Amos Comenius (Martin Luthers Bund d’Erlangen et université Charles de Prague) et du christianisme oriental, docteur en Langue et Civilisation françaises XIXe-XXe siècles (Paris 3 Sorbonne Nouvelle), qualifié Maître de Conférence à la 9e section du CNU, traducteur du tchèque et du latin, a enseigné dans de nombreuses universités, à Paris, Montréal et Turku. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles universitaires et notamment de La Parole de Dieu en Bohême et Moravie : la tradition de la prédication dans l’Unité des Frères de Jan Hus à Jan Amos Comenius, Paris, L’Harmattan, 2008.