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Classification animale

Naturaliste de renom, Georges Cuvier pose les bases de l’anatomie comparée et propose une nouvelle classification du règne animal après avoir examiné les espèces afin de savoir à quel genre elles appartiennent. Il participe à la connaissance générale des animaux, de leur structure et des fonctions des organismes. Nous présentons ici une exposition d’illustrations issues d’ouvrages du dix-neuvième siècle coordonnés par Georges Cuvier et faisant partie de la Bibliothèque historique du ministère de l’Agriculture, ayant trait aux mammifères, aux oiseaux, et aux poissons1.

Un peu d’histoire de la classification animale…

Les principes de la classification ont été élaborés aux XVIIe et XVIIIe siècles, avec diverses nomenclatures basées sur des caractères variés. L’illustre suédois Linné (1707-1778) a établi une nomenclature binaire, après avoir distingué des caractères anatomiques, et codifié le langage descriptif des sciences naturelles.
La classification dite naturelle visait à reproduire l’ordre de la nature, en prenant en considération les ressemblances entre les êtres (ou individus), leurs dispositions anatomiques. Les progrès réalisés en termes de botanique ont été plus précoces que ceux afférents à la zoologie. La conservation d’herbiers a précédé celle des animaux. Le cabinet du Jardin du roi contenant des collections zoologiques n’a été créé qu’au dix-huitième siècle, et a été concomitant à l’introduction de l’usage de l’alcool pour la conservation des animaux.
En ce qui concerne l’appréhension de la zoologie en France, divers auteurs ont traité de cette question (Buffon, Etienne-Louis Geoffroy, Gouan avec son Histoire des poissons parue en 1770…). « Au fur et à mesure qu’on avance dans le dix-huitième siècle, le nombre de naturalistes et de leurs ouvrages augmente, sous la triple influence du progrès général et des connaissances, de la méthode de Linné et de l’action exercée par Buffon… Les matériaux s’accumulaient progressivement, sur lesquels, avec le début du dix-neuvième siècle, allait se produire l’essor de la zoologie et de la morphologie2. » Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788), intendant du Jardin du roi entre 1739 et 1788, se consacre à l’étude des sciences de la nature en étant plus philosophe et anthropocentriste que naturaliste. Buffon rejette la classification de Linné, avec sa nomenclature binomiale et il choisit de retenir un ordre, dans son œuvre intitulée Histoire naturelle, qui ne s’inscrit pas dans la classification des êtres vivants par les similitudes entre leurs organes. Buffon s’entoure de collaborateurs compétents à l’instar de Daubenton chargé des descriptions anatomiques, qui s’emploie avec passion à l’extension et au classement des collections du Cabinet du roi rapportées du monde entier par des voyageurs. Certains voyageurs sont spécialement envoyés dans ces régions afin d’y collecter des productions naturelles. Sous l’intendance de Buffon, le Jardin du roi devient une institution remarquable en Europe, dotée d’un riche musée comprenant des collections zoologiques. En outre, la forme littéraire de l’œuvre de Buffon contribue à la diffusion de la science au sein de la société, à rendre plus populaire l’étude de l’histoire naturelle, réservée auparavant aux savants.


Contribution de Georges Cuvier

Trois hommes exerçant leurs activités au Museum d’histoire naturelle vont jouer un rôle considérable dans l’évolution de l’histoire naturelle dans la première moitié du XIXe siècle. Il s’agit de Lamarck, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire et Georges Cuvier. L’abbé Tessier, membre de l’Académie des sciences et réfugié à Fécamp en 1793, met en relation Étienne Geoffroy Saint-Hilaire et Georges Cuvier, alors précepteur dans la famille d’Héricy possédant un château à Fiquainville (non loin de Fécamp). À la fin de 1794, Georges Cuvier vient travailler au Museum d’histoire naturelle grâce à Étienne Geoffroy Saint-Hilaire : il se lie d’amitié avec cet homme qui le loge chez lui à son arrivée à Paris. À eux deux, ils vont créer une nouvelle branche de l’histoire naturelle, l’anatomie comparée. Certes, au seizième siècle, Belon avait comparé le squelette de l’homme à celui de l’oiseau, et à la fin du XVIIIe siècle Félix Vicq D’Azyr avait traité du plan de composition des organismes ; mais l’idée de définir des ressemblances entre les animaux d’après l’étude comparée de leurs organes revient à ces deux hommes.
Ils publient en 1795 un mémoire relatif à la classification des mammifères, en proposant d’établir une classification naturelle en hiérarchisant les caractères distinctifs. Puis des années plus tard, leurs conceptions scientifiques s’opposent et ils s’affrontent en 1830 lors d’une discussion à l’Académie des sciences. Georges Cuvier en sort vainqueur aux yeux du public et sa conception va dominer au sein de la zoologie française. La doctrine qu’il a établie, va servir de guide pendant de longues années. Peu de temps après son arrivée au Museum d’histoire naturelle, Georges Cuvier parvient à s’imposer face à ses pairs, français, voire européens. Ses mémoires qu’il lit à la société philomatique, nouveau centre de la vie scientifique parisienne depuis la suppression de l’Académie des sciences, lui procurent un grand succès.

L’étude des poissons a occupé Georges Cuvier pendant une partie de sa vie. Il complète sa description des poissons de la Manche, effectuée pendant son séjour en Normandie, avec celle des poissons de Méditerranée (grâce à des voyages dans le midi de la France et en Italie3). En outre, il utilise des poissons rapportés au Museum d’histoire naturelle. Cuvier, avec Valenciennes comme collaborateur, fait débuter en 1828 la publication d’une monographie en vingt-deux volumes sur les poissons, dont seulement les huit premiers paraissent de son vivant.

Georges Cuvier coordonne de nombreux ouvrages afférents au règne animal, dont certains font partie de la Bibliothèque historique du ministère de l’Agriculture. Cette exposition vise à faire découvrir la classification animale retenue par Georges Cuvier, par le biais d’illustrations de mammifères, d’oiseaux et de poissons, accompagnées d’extraits de ses propos. Georges Cuvier hiérarchise les organes en donnant à certains d’entre eux une valeur supérieure. Il définit sur cette base plusieurs « embranchements » et des « subdivisions» : un nom d’ordre, de famille et de genre pour chaque espèce observée. La classification qu’il élabore, va évoluer au fil du temps.

 

[1] Georges Cuvier, Le règne animal distribué d’après son organisation, pour servir de base à l’histoire naturelle des animaux et d’introduction à l’anatomie comparée..., Les oiseaux, Les mammifères, Texte et Atlas, Fortin, Masson et Cie, Paris, [1828],
Et Cuvier et Valenciennes, Histoire naturelle des poissons, Paris, Strasbourg, F.-G. Levrault, 1828-49.
[2] Gabriel Hanotaux, Histoire de la nation française, tome XV, Histoire des sciences en France, deuxième volume, Histoire des sciences biologiques, Paris, Société de l’histoire nationale, Librairie Plon, p. 91-92.
[3] Taquet Philippe, Georges Cuvier. Naissance d’un génie, Paris, Odile Jacob, 2006.

Submitted by Anonyme (non vérifié) on jeu, 11/26/2020 - 10:39