DARCHY Romain, André

DARCHY Romain, André // Naissance : 26-7-1895 à Sancerre (Cher) ; Domicile : L'Aigle Orne () ; Repression : Interné le 9-6-1944 à Alençon (Orne) ; Décédé

Romain est le fils de Pierre, Fréderic Darchy, maçon, et de Marie, Emma Berneaux, épicière à Sancerre. Après ses études, Romain Darchy s’oriente vers le notariat mais le déclenchement de la Grande Guerre pousse le jeune homme de 19 ans à s’engager comme volontaire. Refusé dans l'aviation en raison d’une insuffisance visuelle, il sert dans l’infanterie. Lors de la bataille de Verdun, porteur d’un pli destiné à son capitaine, il est pris sous le feu de l’artillerie et enterré vivant mais il parvient à se dégager et arrive épuisé au P.C du capitaine. Après une blessure reçue au fort de Vaux, il part en stage à l'Ecole Militaire de Joinville-le-Pont (Seine) d'où il sort aspirant. Il se bat ensuite dans l'Oise, l'Aisne et la Somme. Le 15 juillet 1918, il est fait prisonnier et subit une dure captivité aux camps de Rastatt, Giessen et Meschede. Il est rapatrié sanitaire après l’armistice et séjourne quelques temps à l'hôpital de Sancerre après son retour et conservera des séquelles des intoxications aux gaz de combat. La guerre terminée, il travaille d’abord au service contentieux du Bon Marché et poursuit sa formation à l’école notariale. Le 23 août 1920, il épouse Alice, Jeanne, Florentine Méchin qui lui donne trois enfants : Solange née en 1921, Monique en 1924 et Jean-Claude en 1933. Cette même année, la famille s’installe à L'Aigle au 22 rue des Tanneurs et Romain Darchy y exerce le métier d’huissier et entre au conseil municipal de la ville en 1935.

En 1939, il est mobilisé comme lieutenant et part, pour la frontière belge. Sur sa demande, il va commander un groupe franc, en janvier 1940 sur la ligne Maginot. Là, il organise des reconnaissances, multiplie des patrouilles à la frontière et fait face aux coups de main ennemis. Le 13 avril 1940, à Flastroff (Moselle), sa compagnie subit un violent assaut très meurtrier qui est repoussé ce qui lui vaut d’être promu capitaine. Suite à une appendicite aiguë, il est opéré à l'hôpital Bégin à Paris et en sort avant l’arrivée des Allemands puis rejoint sa famille dans le Cher.

Le 18 juin 1940, ayant entendu l’appel du Général De Gaulle, Romain Darchy envisage de partir pour l'Angleterre mais son épouse l’en dissuade. Refusant l’occupation allemande, il forme un embryon de résistance à L'Aigle, avec Louis Lethiec , Louis Cavelier  et Marcel Grosse et intègre le réseau Hector. Ce groupe s'étoffe et, en 1941, il est rattaché au réseau Cohors-Asturies.

En octobre 1942, après avoir rencontré Édouard Paysant , entrepreneur à Sées (Orne) chargé par Robert Aubin  de diriger l’ensemble des opérations de parachutages dans l’Orne et le nord de la Sarthe, Romain Darchy adhère à l'OCM puis au BOA en mars 1943. Désormais responsable de l’OCM dans le secteur de L'Aigle, Romain Darchy prend le pseudo de " Noël " et met sur pied des groupes armés prêts à agir le moment venu. Il assure aussi la distribution de faux papiers aux réfractaires du STO et la diffusion des journaux clandestins Résistance et La Flamme.

Censé succéder à Daniel Desmeulles , chef départemental de l'OCM recherché par la Gestapo contraint de quitter l’Orne, Romain Darchy est arrêté sur dénonciation à son domicile le 5 février 1944 avant de prendre ses nouvelles fonctions. Il est interné à la caserne Bonnet puis au château des Ducs à Alençon où il est torturé à plusieurs reprises. Ces tortures répétées entraînent sa mort dans sa cellule le 9 juin 1944 ou il est exécuté d’une balle dans la tête le 10 juin selon les sources. Son corps n’a jamais été retrouvé.

Une plaque à la mémoire de Romain Darchy a été apposée dans la salle des délibérations de la mairie de L'Aigle et une autre sur la façade de sa maison natale à Sancerre. Son nom figure aussi sur le monument aux morts de L’Aigle et sur une plaque située sur la maison familiale au 22 rue des Tanneurs à L’Aigle. Une rue de la ville a été rebaptisée en son nom.

Sources : SHD-Caen : 21P112557 ; AD 18 : 3E 5695 ; F. Roland-Jacquelin, Biographies des victimes de l'occupation allemande de 1939 à 1944 ; Le Réveil Normand, « Trois Martyrs de la Résistance dans l'Orne », 1948 ; AERI, La Résistance dans l’Orne, cédérom ; memorialgenweb.org 

Yves Duprez