GRUNBERG Marc, Pierre

GRUNBERG Marc, Pierre // Naissance : 5-3-1928 à Berlin (Allemagne) ; Domicile : Saint-Sauveur-le-Vicomte Manche () ; Repression : Déporté le 4-11-1942 à  ;  ; Assassiné

Fils de Wladimir  et Maria Grunberg , Marc vit avec ses parents et sa jeune sœur Claire, rue du Vieux Château à Saint-Sauveur-le-Vicomte lorsque la guerre éclate. Scolarisé à l’école des garçons, il est reçu au certificat d’études en juin 1940, puis suit des cours à l’Abbaye grâce aux sœurs qui lui consacrent quelques heures, ses parents préférant le garder auprès d’eux.

Son père est arrêté par les Allemands dès juin 1941. L’année suivante, sa mère est à son tour arrêtée, une première fois le 13 juillet 1942, mais relâchée le lendemain. Craignant pour son fils, elle écrit le 25 septembre 1942 à un frère de sa belle-sœur (son frère ayant épousé une voisine saint-sauveuraise), professeur à Argentan dans l’espoir qu’il puisse être gardé en pension dans son école car, explique-t-elle, son fils « va avoir 15 ans au mois de mars prochain. Donc obligation d’avoir une carte d’identité et tous ses inconvénients. [Elle a] aussi très peur qu’à ce moment-là il soit lui aussi déporté. »

Hélas, deux semaines après cette lettre, lorsque les gendarmes viennent les arrêter, lui et sa mère, le 10 ou 11 octobre 1942, il n’a pas pris le chemin d’Argentan. Marc et sa mère sont gardés à leur domicile par des gendarmes, le temps de procéder à d’autres arrestations à Néhou et Valognes. Sa sœur, Claire, neuf ans, est immédiatement prise en charge par des voisins qui la dissimuleront à Nantes jusqu’à la Libération. Comme ses parents, mais à la différence de sa sœur, Marc n’a pas obtenu la nationalité française, il est signalé « Russe » sur un document établi par la SD de Cherbourg le 15 octobre.

Marc et sa mère sont écroués à la prison de Cherbourg le 11 octobre. Ils en sortent le 17 octobre pour être convoyés vers Drancy, par des gendarmes français, avec quatre autres détenus juifs : Alfred Lévi  de Montebourg, Jacob Siskine  de Tourlaville, Surica Chetreanu  et son fils Jean. Le 3 novembre, Maria et Marc sont conduits en gare du Bourget pour être déportés à Auschwitz. Ils passent la nuit entassés dans les wagons d’un train immobile, le convoi 40 ne quittant les quais que le lendemain matin, 4 novembre. À l'arrivée à Auschwitz le 6 novembre, sur les 1 000 déportés seuls 269 hommes sont sélectionnés pour les travaux forcés, les autres sont gazés. Jean Chetreanu écrit en août 1946 au frère de Maria Grunberg : « D’après un camarade déporté à Auschwitz, il paraît que les vieillards on les séparait en arrivant et on les faisait soi-disant passer à la douche et c’était les gaz à la place. Et je pense que ma mère étant âgée et souffrant a dû être parmi ces malheureuses. Je n’aurais pas pensé que Mme Grunberg qui était jeune et Marc qui était jeune et costaud ne puissent revenir un jour. »

Marc Grunberg figure sur le Mur des noms au Mémorial de la Shoah à Paris (4e), sur le monument des victimes du nazisme de la Manche de Saint-Lô, ainsi que sur le Mémorial départemental de la Shoah à Cherbourg.

Sources : SHD-Caen : 21P459281 ; AD50 : 2 Y 2/30, 2 Z 240 ; Témoignages de Simone Popper-Magneron, 5 septembre 2012 et 23 septembre 2021 ; Témoignage de Jean Maignan, 21 septembre 2020 ; archives privées ; La famille GRUNBERG. De Saint Sauveur le Vicomte… à Auschwitz, Collège Barbey d’Aurevilly, Saint-Sauveur-le-Vicomte ; memorialdelashoah.org ; stevemorse.org ; memorialgenweb.org

Olivier Jouault