OGER Bernard

OGER Bernard // Naissance : 25-5-1924 à Saint-Pierre-la-Garenne (Eure) ; Domicile : Gaillon Eure () ; Repression : Déporté le 18-11-1943 à  ;  ; Rescapé NA NA

En 1943, Bernard Oger étudie au lycée d’Évreux en tant qu’élève-instituteur. En effet, depuis la rentrée 1941, Vichy a supprimé les écoles normales et regroupé leurs élèves au sein des lycées et collèges. C’est là que le jeune homme fait la rencontre de Robert Lachapelle , surveillant, fondateur d’un petit groupe de résistance affilié au mouvement Vengeance. En mars 1943, Bernard le rejoint. Il est composé d’élèves du lycée, avec lesquels il distribue des tracts, fabrique de faux papiers d’identité et cache des armes, jusqu’à ce qu’un traître infiltré dans le groupe, Gilbert Souchereau, mène les Allemands jusqu’à eux.

Le 9 juin 1943, deux officiers de la Sicherheitzpolizei se présentent au lycée à la recherche de Robert Lachapelle. Ce dernier a le temps de s’enfuir mais Bernard et trois de ses camarades (René Boucher , Alfred Koeniguer  ; Robert Cardot  et Jean Chenaux) sont arrêtés. Robert Lachapelle se rend le lendemain, espérant ainsi adoucir leur sort. Dans les jours qui suivent, deux autres membres du groupe, Claude Blot  et Jean-Pierre Pétel  seront également interpellés.

Ils sont incarcérés à la prison d’Évreux et jugés une première fois le 22 juillet, puis, une seconde en appel, le 9 septembre, devant le tribunal militaire de Rouen venu siéger à Évreux. Seul Jean Chenaux, acquitté à deux reprises, est libéré. Bernard Oger voit sa peine lourdement modifiée, d’un an de GEF, il est condamné à deux ans de réclusion accusé de « détention d’armes ». Au matin du 2 novembre 1943, on les transfère à la prison de Fresnes d’où ils sont déportés le 18 novembre pour la prison de Karlsruhe où ils restent quelques jours avant de repartir pour Frankfurt am Main. Quelques jours plus tard, ils sont séparés. Bernard est envoyé à Rheinbach par Koblenz puis interné au bagne de Siegburg du 30 novembre 1943 au 19 septembre 1944 (avec un intermède au camp de Wesseling du 13 août 1944 au 15 septembre 1944). On l’envoie ensuite à Kassel-Wehlheiden du 22 septembre 1944 au 29 mars 1945 puis à la prison de Straubing à compter du 2 avril.

Le 26, face à l’avancée des Alliées, les SS donnent l’ordre d’évacuer. Bernard prend ainsi la route en direction de Dachau avec 3 000 autres prisonniers. Le 28 avril, ils sont libérés par l’avancée américaine et Bernard est rapatrié en France le 19 mai 1945 par le centre d’accueil de Mézières, dans les Ardennes.

Après-guerre, le traître qui avait vendu le groupe Lachapelle est jugé et exécuté à Rouen. Bernard reprend ses études et devient instituteur. Il aura l’occasion de revoir ses camarades du groupe Lachapelle le 16 juin 1993, près de la salle d’études où il se trouvaient lorsque les Allemands sont arrivés. Deux ans plus tard, il écrit son témoignage sur son expérience des camps de concentration.

Il décède en 2002, le 25 mai à l’âge de 78 ans à Venables (Eure).

Sources : SHD-Caen : 21P653140 ; liste MALLEZ ; SHD-Vincennes : GR28P82621 ; AN : AJ40 134 ; SHD-Vincennes : GR28P82621 ; B. Oger, Au-delà de l’espoir, 1995, 194 p.

Ludivine Ponte