Histoire culturelle de l'Europe

Muriel Marchal

La représentation du voisin-ennemi scandinave dans la propagande nationale de guerre en Suède et au Danemark pendant les guerres modernes dano-suédoises1

Article

Résumé

L'ambassadeur suédois Coyet, représentant du roi de Suède à la cour du roi de France, écrivit en 1658 à propos des relations dano-suédoises : « Les autres [les Danois] n'avaient jamais eu besoin qu'on jette de l'huile dans un feu, qui ne brûle que trop de lui-même par cette haine qu'ils portent avec eux dedans le monde ». Après la fin de l'Union de Kalmar en 1523, la Suède et le Danemark se séparèrent en deux royaumes ennemis, qui se firent la guerre à sept reprises entre 1563-1720. Un esprit de rivalité, existant déjà entre les deux royaumes, se transforma alors en rivalité guerrière sur la scène européenne et influença fortement les identités nationales danoise et suédoise, notamment à travers la propagande nationale de guerre de ces deux royaumes. Cette propagande de guerre scandinave se constitua autour de trois thématiques principales : l'explication de la guerre, la construction de l'image d'un souverain, qui ne souhaitait que la paix pour son royaume, et la représentation du voisin-ennemi scandinave. Le processus d'élaboration de l'identité nationale passa par l'unification de la population autour de la figure du souverain pour participer à l'effort de guerre et à la protection du royaume à travers la diabolisation de l'image du voisin-ennemi scandinave. Il induisit également une réinterprétation de l'histoire commune dano-suédoise, ainsi que la mise en scène des actes et des décisions politiques du voisin-ennemi scandinave, afin de le décrédibiliser diplomatiquement et l'affaiblir intellectuellement. Cette propagande s'était développée à travers une série de manifestes diffamatoires. L’une des particularités de la propagande scandinave fut le fait qu'il n'y ait aucune attaque contre le physique de l'ennemi, mais qu'elle se concentra sur sa morale et sa culture, ainsi que sur ses actes historiques. Dans les manifestes de propagande, dont nous disposons, nous pouvons remarquer une véritable réécriture des événements historiques afin de les présenter de la meilleure manière pour servir les desseins militaires et diplomatiques du souverain concerné.

Abstract

Swedish ambassador Coyet, representative of the King of Sweden at the French court wrote in 1658 concerning the Danish-Swedish relationship : «  The others [the Danes] never needed someone to add fuel to the flames, as the fire burns by itself because of the hatred they bear with them in the world. » After the end of the Kalmar Union in 1523, Sweden and Denmark separated into two hostile kingdoms that fought seven times from 1563 to 1720. A spirit of rivalry that existed between the two kingdoms evolved into a warlike rivalry on the European scene and strongly influenced the Danish and Swedish national identities in particular through the national propaganda of the two kingdoms. It was built around three main themes : the explanation of the war, the construction of the image of the ruler, who only wished peace for his kingdom, and the representation of the « fiend-neighbour ». This process of creating a national identity happened through the unification of the population around its sovereign in order to take part in the war effort and to protect the kingdom through the diabolization of the « neighbour-enemy ». It further led to a reinterpretation of the common shared history as well as to a staging of the political acts and decisions of the other country in order to discredit it on a diplomatic level and weaken it on an intellectual one. This created a national sentiment that could bear all the shortcomings of this warlike rivalry. One particularity of the Scandinavian propaganda was the fact that none of the attacks concerned the physical appearance of the enemy, but concentrated on his moral and culture as well as on his historical actions. In the propaganda manifestoes we possess, one can discern a proper rewriting of the historical events in order to present them in the best possible light to serve the military and diplomatic purposes of each sovereign.

Texte intégral

1Dans la représentation spécifique attachée à un rival que l’on considère comme son ennemi principal, il est fréquent de rencontrer une diabolisation réalisée à travers des descriptions négatives de l'aspect physique de cet ennemi, de ses mœurs et de ses ancêtres, souvent décrits comme des « sauvages »2. Ce n'est pas le cas dans la propagande nationale des pays scandinaves, du fait de la proximité géographique et historique entre le Danemark et la Suède, des prétentions territoriales de chaque souverain chez son voisin-ennemi et de la volonté d'assimiler ensuite ces populations dans son propre royaume3. La propagande nationale sert d'outil politique au pouvoir royal dans l'élaboration de l'identité de son état, à travers la création de représentations de l’ennemi destinées à la population et aux grandes cours européennes, et permettant de consolider la puissance du royaume concerné et de son souverain en cas de conflit contre cet ennemi. Cette problématique de l'identité nationale est d’autant plus centrale dans les débats politiques qu’elle représente un atout essentiel pour le maintien et la légitimation du pouvoir en place.

2L'identité nationale des pays scandinaves subit les évolutions des époques et des préoccupations. Dans sa conférence à la Sorbonne du 11 mars 1882, Ernest Renan estimait que « l'essence d'une nation est que tous les individus aient beaucoup de choses en commun et aussi que tous aient oublié bien des choses »4. Du point de vue sociologique, il s'agit d'une intériorisation de repères identitaires, résultant de la visibilité permanente des points communs de la nation, qui peuvent prendre la forme de symboles. Cette visibilité est, en général, organisée par le pouvoir central afin d'en imprégner les individus dès leur plus tendre enfance. L'identité nationale est avant tout l'identité d'une grande communauté de personnes qui se reconnaît dans des repères identitaires partagés – on peut aussi parler à une autre échelle d'identité régionale ou d'identité locale, qui présentent des caractéristiques similaires. Bien qu'il s'agisse d'un concept immatériel, l'identité nationale représente une stabilité et une base pour l'élaboration et la légitimation du pouvoir politique. Elle constitue un vecteur permettant de transmettre à la population les grands principes dans lesquels on veut qu'elle se reconnaisse5.

3Le processus d'élaboration de l'identité nationale, dans le cas qui nous occupe, passe par l'unification de la population autour de la figure du souverain, pour participer à l'effort de guerre et à la protection du royaume, à travers la diabolisation de l'image du voisin-ennemi scandinave, en mettant en avant ses actes, son comportement et ses intentions, qu'ils soient réels ou non, et la menace qu'il peut représenter. Ce processus repose principalement sur la réinterprétation de l'histoire commune dano-suédoise ainsi que sur la mise en scène des actes et des décisions politiques du voisin-ennemi afin de lui ôter toute crédibilité diplomatique et de l'affaiblir moralement. Ainsi se crée un sentiment national permettant d’attribuer à l’autre tous les torts dans cette rivalité belliqueuse. Cette dernière se développe parallèlement à leur montée en puissance respective et à la menace qu’elle représente à travers des manifestes de propagande diffamatoires. Une des particularités de la propagande scandinave est le fait qu’elle ne comporte aucune attaque contre l'aspect physique de l'ennemi, mais se concentre sur sa morale et sa culture ainsi que sur ses actes historiques :

Mais les liens du sang n'estant pas toujours un moyen infaillible d'assurer la bonne intelligence, _ la concorde entre les particuliers, ces liens n'ont pas suffis non plus pour cimenter l'union entre ces peuples du Nord. Ceux-cy aprés avoir oublié qu'ils etoient d'une même tige, ont avec le têms renoncé aux sentiments de la Nature, _ se sont animéz les uns contre les autres par tout ce que l'envie, la defiance _ la guerre peuvent inspirer de funeste. L'interest y a selon les apparences donné occasion, _ l'ambition a sçu si bien s'en prevaloir, que d'une etincelle elle a fait naistre un embrasement.6

4Dans les manifestes de propagande dont nous disposons, nous pouvons remarquer une véritable réécriture des événements historiques, afin de les présenter de la meilleure manière pour servir les desseins militaires et diplomatiques du souverain concerné. L'ambassadeur suédois à la cour du roi de France, Coyet, écrit en 1658, à propos des relations dano-suédoises : « Les autres [les Danois] n'avaient jamais eu besoin qu'on jette de l'huile dans un feu, qui ne brûle que trop de lui-même par cette haine qu'ils portent avec eux dedans le monde »7. Après la fin de l'Union de Kalmar en 1523, la Suède et le Danemark se séparent en deux royaumes ennemis, en guerre l'un contre l'autre à sept reprises pendant la période 1563-1720. Un esprit hostile existait déjà entre les deux royaumes, qui se transforme alors en rivalité militaire sur la scène européenne, ce qui influença fortement l'élaboration de leurs identités nationales respectives, à travers la propagande nationale de guerre. Malgré la volonté de rétablir une paix durable entre les deux couronnes scandinaves, nous pouvons observer que les différents traités de paix dano-suédois sont, à chaque fois, porteurs des germes d'un futur conflit, quel que soit le bénéficiaire du traité8. Cette propagande s’articule autour de trois thématiques principales : l'explication de la guerre, la construction de l'image d'un souverain qui ne souhaite que la paix pour son royaume et la représentation du voisin-ennemi.

Contexte historique de la Scandinavie

5La Scandinavie n'a pas toujours été un ensemble pacifique, comme celui que nous connaissons aujourd'hui. Les royaumes scandinaves sont unifiés en 1397 sous l'autorité du souverain danois au sein de l'entité politique de l'Union de Kalmar. La reine Margrethe de Danemark, qui est à l'origine de cette initiative politique, considère les trois royaumes scandinaves, à savoir la Norvège, le Danemark et la Suède, égaux en droit dans tous les domaines. Mais cette situation change complètement avec les souverains suivants qui décident de donner un statut prédominant au royaume du Danemark et de faire des deux autres royaumes scandinaves de simples régions sous domination danoise9. Toutefois, les différences nationales semblent n’avoir jamais totalement disparu au profit de l'identité danoise. Cette situation politique de domination entraîne des révoltes suédoises contre les autorités danoises en place et aboutit finalement à l'indépendance de la Suède10. Dès lors, la forte hostilité interne entre ces deux royaumes se transforme en rivalité militaire sur la scène européenne et oriente la politique étrangère des deux royaumes. La priorité du Danemark est précisément de reconquérir toute la Suède afin de restaurer son autorité, alors que la Suède veut s'affirmer sur la scène européenne dans tous les domaines, de préférence aux dépens du Danemark, considéré et présenté comme son ennemi héréditaire11. Ce nouveau contexte politique et diplomatique scandinave favorise le développement de la propagande de guerre dans les deux pays.

6Cette propagande de guerre a deux objectifs principaux : convaincre la population locale de la légitimité de la guerre en cours, afin de l’inciter à participer à l'effort de guerre, et en même temps persuader les grandes cours européennes du bien fondé des actions entreprises contre le voisin-ennemi. Pendant la période 1560-1720, la propagande nationale des deux pays s'est construite sur cette rivalité et sur les nombreux sujets de discorde entre les deux couronnes. Les sept guerres dano-suédoises ont influencé de manière significative la diplomatie et la politique nationale respectives des deux royaumes. Même s’ils ont également été en guerre contre d'autres puissances européennes à la même époque, nous estimons que ce sont véritablement les guerres entre le Danemark et la Suède qui ont eu un impact décisif sur le développement de leurs identités nationales respectives et sur l'élaboration de leur propagande nationale de guerre.

7Cette dernière répond à des caractéristiques similaires et durables malgré les grands changements historiques : les principes primordiaux étaient de faire croire qu'un camp ne souhaitait pas la guerre contrairement à l'autre, mais que l'adversaire en était entièrement responsable et de ce fait moralement condamnable. La propagande de guerre servit aussi à mettre en avant les nobles buts de la guerre, tandis que l'ennemi commettait des atrocités délibérées, même s’il pouvait subir de grandes pertes. De plus, ceux qui mettaient en doute ces principes, étaient considérés soit comme des traîtres, soit comme des victimes des mensonges adverses, du fait que l'ennemi faisait de la propagande au lieu de produire de l’information.

Cadre conceptuel de la propagande

8A priori la notion de « propagande » est attachée dans l’historiographie contemporaine aux caractéristiques des régimes dictatoriaux du XXe siècle. Ce terme a pris en effet une connotation péjorative à la suite de la première guerre mondiale, au cours de laquelle les états, qui étaient engagés dans le conflit, abusèrent du contrôle de l'information et de sa diffusion12, et de manière plus définitive et généralisée après la seconde guerre mondiale et la défaite des états totalitaires. Pourtant, l'histoire de la propagande est aussi ancienne que celle des civilisations. En latin médiéval, propaganda est l'adjectif verbal de propagare, qui signifie littéralement « ce qui doit être propagé », alors que, pendant le XIXe siècle, le mot est utilisé avec la signification de « mesures pour propager certaines idées »13. Le mot propagande est apparu dans l'histoire avec la Congrégation de propaganda fide, créée en 1622 par le pape Grégoire XV, pendant la guerre de Trente Ans, pour légitimer le pouvoir du Saint-Siège. Dans son ouvrage Histoire de la propagande, Jacques Ellul démontre que la forme de celle-ci évolue constamment en fonction des époques et des priorités qui y sont associées14. Nous ne devons pas lier la propagande moderne à la propagande antique ou contemporaine : chacune utilise des techniques différentes, et répond aux priorités politiques, militaires et diplomatiques du contexte dans lequel elle s’élabore. Jacques Ellul caractérise l'histoire moderne comme une période de transition dans l'élaboration de la propagande, en particulier du fait de l'introduction de l'imprimerie, vecteur important de cette propagande nationale, et du développement des langues nationales. Dans son ouvrage The Printing Press as an Agent of Change : Communication and Cultural Transformations in Early-Modern Europe, Elisabeth Elsenstein démontre la manière dont l'imprimerie transforme, de manière durable, la société, les pratiques religieuses et les sciences. L'imprimerie ne réussit pas à percer partout de la même manière, ni au même moment, mais elle tient un rôle essentiel dans la diffusion des idées politiques, diplomatiques et religieuses à destination d'une élite désignée15.

9Il existe plusieurs définitions différentes du terme propagande, mais nous nous accorderons sur la définition que proposent Garth S. Jowell et Victoria O'Donnell :

La propagande est la tentative consciente et systématique de façonner la perception de personnes, de manipuler les attitudes et de guider leur conduite pour atteindre une réaction favorable et promouvoir les desseins souhaités par les propagandistes16.

10Cette définition insiste sur les intentions de l’émetteur, qui veut imposer un certain message et déterminer certaines actions. Il s'agit d'une conception qui montre la manière dont la propagande, par nécessité, peut être considérée comme fausse, voire mensongère. Toutefois, les spécialistes sont d'accord sur le fait que le contenu du message peut aussi bien être véridique que faux. Ils estiment que la propagande peut également être inconsciente même si les intentions représentent une part très importante de sa pratique. Une des premières études sur la propagande, rédigée par Walter Lippmann en 1922, explique comment les différents gouvernements s’assurent du consentement de la population et diabolisent les ennemis grâce à des stéréotypes et par l’emploi de ce qui peut être qualifié d’« histoires atroces ». Lors d'une guerre ou d'un conflit, la propagande est utilisée pour déshumaniser l'ennemi et susciter la haine envers lui à travers le contrôle de la représentation qui en est faite. La propagande poursuit des objectifs variés, qui peuvent être politiques, économiques, religieux ou militaires. Elle cherche à orienter les attentes et espérances de l'opinion publique et à modifier les actions des personnes ciblées17.

11Dans Kriegslegitimation in Alteuropa : Entwurf einer historischen Typologie, Konrap Repgen considère que les manifestes de guerre doivent être en lien direct avec les propres priorités du souverain18. Ils représentent des vecteurs de l'information qui est gérée par le pouvoir en place afin de diffuser le message souhaité et élaboré par ce dernier. Dans sa thèse de doctorat, Att hålla folket på gott humör. Informationsspridning, krigspropaganda och mobilisering i Sverige 1655-1680, Anna Maria Forssberg explique que la propagande de guerre est établie afin d'expliquer les guerres au peuple et de les justifier. Dans ce but précis, le pouvoir royal utilise délibérément la dissémination de l'information comme un outil de contrôle politique afin de maintenir le moral de la population19. Cet aspect est considéré comme une condition vitale dans l'effort de guerre et la construction de l'identité nationale du royaume. Comme le rappelle une « réponse » datée de 1710 :

Au reste, tous les sujets de sa Majesté [suédoise] sont prêts à sacrifier leurs biens et leurs vies pour venger avec leur valeur et leur fidélité ordinaire l'injuste violence qu'on nous fait. Et nous promettons de la bonté divine, que cette guerre aura pour les Danois, une issue aussi honteuse que tant d'autres qu'ils ont commencées avec aussi peu de raison et autant d'espérance.20

12Dans cet article, nous nous intéressons à la manière dont les propagandes nationales de guerre danoises et suédoises mettent en scène la représentation du voisin-ennemi en temps de guerre, afin d'encourager et maintenir l’effort de guerre au sein de la population et pour obtenir un soutien diplomatique et militaire de la part des grandes cours européennes. La représentation du voisin-ennemi subit les évolutions des relations entre le Danemark et la Suède, en rapport direct avec les conséquences de ces guerres modernes. Elles sont l'illustration de la rivalité entre les deux couronnes scandinaves, qui a grandement marqué l'histoire moderne du nord de l’Europe. Les différents événements, dus à ces guerres, accentuent l'esprit hostile qui existe déjà entre les deux couronnes. La haine suédoise pour le Danois ainsi que la haine danoise pour le Suédois représentent un argument diplomatique et militaire très important utilisé par les deux royaumes. Pourtant, la population dans les deux royaumes présente toujours le risque de se lasser de ces nombreuses guerres, ce qui pourrait provoquer un sentiment de rejet du souverain, comme lors de la fin de l'Union de Kalmar. Il est donc nécessaire que le souverain en place s'efforce de garder la population dans une attitude d'acceptation complète de l'effort de guerre, en contrôlant le système d'information. Nous n'allons pas nous intéresser à la propagande indirecte gérée par les autorités religieuses au moyen des messes21. Dans cet article, nous nous concentrerons uniquement sur la propagande de guerre directe mise en place et gérée par les autorités politiques publiques profanes.

La perception de la puissance du voisin-ennemi

13La propagande nationale danoise et suédoise consiste principalement à fabriquer une image extrêmement négative de son voisin-ennemi et de tout ce qui le concerne directement ou indirectement, afin de reporter tout le capital sympathie tant de la population que des grandes cours européennes sur son propre royaume, afin d’obtenir un soutien en cas de conflit. Le pouvoir royal utilise différentes stratégies dans l'élaboration de sa propre propagande nationale, notamment en diabolisant, dans notre cas, la figure du Danois pour les Suédois, et celle du Suédois pour les Danois. Le pouvoir se sert aussi de la mise en avant du prestige du souverain et du royaume à travers leurs valeurs communes et en utilisant l'histoire nationale commune soit à son profit soit au désavantage de son voisin-ennemi, par exemple :

Le Manifeste [danois] paroit, mais il excite autant de pitié que de surprise dans l'esprit de ceux qui le lisent. Ce n'est qu'un tissu de calomnies grossieres, d'accusations mal fondées, _ d'expressions injurieuses au Roi _ à toute la Nation Suedoise22.

14La propagande nationale permet de mettre en place les bases sur lesquelles l'identité nationale du royaume concerné peut, après une guerre ou une crise majeure, se construire et se consolider. La propagande nationale de guerre permet au pouvoir royal d'imposer sa propre conception de son royaume auprès de la population. Pendant les guerres de l’époque moderne, les souverains des deux royaumes ont publié de nombreux manifestes pour expliquer et justifier le conflit en cours, en faisant porter tous les torts sur le voisin-ennemi. Ainsi le 13 mai 1644, la reine Christine de Suède écrit des lettres patentes à son peuple afin de justifier l'attaque surprise de ses troupes dans le sud du Danemark lors de la guerre dano-suédoise de Torstensson en 1643-1645 :

Nous [les Suédois] avons mieux aime souffrir de cette injustice _ violence, que d'avoir guerre contre le roi de Danemark. […] L'année derniere le roi de Danemark alloit toujours de mal en pis contre le voisinage, contre l'amitie et bien seance, contre notre esperance et la coutume de tout temps observee entre nos ancêtres, contre le naturel _ légitime cours du commerce, contre les clauses expresses des traites et alliances des deux royaumes [scandinaves].23

15A travers la propagande de guerre, les actions militaires et diplomatiques des souverains précédents sont expliquées de telle sorte qu'elles correspondent parfaitement aux prétentions militaires et territoriales du souverain. Nous pouvons caractériser ce phénomène comme « une dénonciation de la fraude que le voisin-ennemi incarne par rapport à l'autre ». Les décisions prises par l'un des deux royaumes sont le reflet de l'évolution de son voisin, et malgré leur volonté mutuelle de se différencier l’un de l’autre, ces deux royaumes maintiennent des contacts directs et indirects très étroits qui les influencent mutuellement.

Sçavoir faisons, comme aussi bien tout l'univers en est temoin, qve par l'animosité extraordinaire du Roy de Suede, _ par sa conduite surprenante _ prejudiciable à tous ses voisins, le repos du Nort _ des Provinces voisines a depuis qvelqves années eté troublé, tout y aiant eté rempli de desordres _ cruautés infinies, _ le sang Chretien y versé d'une maniere efroiable, jusques à la destruction _ ruine totale de tous les habitans.24

16La propagande nationale suédoise attribue la grandeur danoise à l'héritage diplomatique de l'Union de Kalmar et à la récupération naturelle du statut de première puissance scandinave malgré la nouvelle puissance émergente qu’est la Suède. Dans ce contexte, ces deux aspects sont essentiels dans l'affirmation de la Suède sur la scène diplomatique européenne parce qu’ils constituent la base de l'identité nationale suédoise. Le royaume de Suède connaît une renaissance à partir de la fin de l'Union de Kalmar, après avoir été obligé de subir ce que l'histoire suédoise qualifie de période de sommeil durant la domination danoise25. Ce royaume se construit un nouveau prestige malgré la menace permanente du Danemark.

Nous aurions crû faire injure à la sincérité du Roi de Dannemarc de soupçonner seulement qu'il fût capable de faire la moindre démarche, qui pût alterer l'amitié _ la bonne intelligence qui avoit été si solemnellement établie entre les deux Nations. Mais nous ne fûmes pas long-tems à nous apercevoir que nous avions fait de la Cour de Dannemarc un jugement trop favorable.26

17Les premières guerres dano-suédoises ont marqué l'apogée de la puissance danoise aux dépens de la Suède, même si les troupes danoises n'ont jamais été capables de reconquérir militairement le territoire du royaume de Suède. La couronne danoise déclencha les deux premières à cause de cette rivalité entre les deux couronnes scandinaves27. La guerre entre ces deux royaumes semblait inévitable parce que cette rivalité prenait le dessus dans tous les domaines :

L'experience a aussi fait voir, que la Svede, toutes les fois, qve le sort des armes luy a eté contraire, en sorte qu'Elle n'a pu venir a bout de ses vastes _ ambitieux desseins, a de tout tems cherché à s'en dedommager aux depens de ses voisins, _, foulant aux pieds l'eqvité, la bonne foi des Traités, _ tout ce qu'il y a de plus sacré _ inviolable dans le droit des Gens, a selon sa fantaisie sous des pretextes specieux porté la guerre partout, tantôt en nos Etats, _ tantôt autrepart ; de quoy on a bien d'exemples dans ce siecle, aussi bien, que dans le precedent.28

18Par contre, la propagande nationale danoise réfuta l'argument selon lequel la grandeur de la Suède serait due à la valeur de son royaume et de ses souverains, en diminuant le prestige et l'importance des victoires des troupes suédoises pendant la guerre de Trente Ans. Pendant cette guerre, la puissance suédoise s'affirma militairement, puis diplomatiquement, tant au niveau national qu'au niveau européen. La guerre de Trente Ans, menée en grande partie par le roi Gustave II Adolphe, est le symbole le plus fort de la nouvelle puissance suédoise, qui remplace la puissance danoise fortement affaiblie pendant cette même guerre29. L'humiliation danoise vint du fait d'avoir été complètement supplantée avec succès et prestige par son ancien vassal dans cette guerre européenne. Il devint alors nécessaire pour la couronne danoise de démontrer que ces victoires suédoises n’étaient pas le seul résultat des troupes suédoises, mais qu'elles avaient été possibles grâce à un important soutien militaire extérieur de la part de grandes puissances, notamment la France.

19Bien que la Suède remplaçât officiellement le Danemark comme la puissance de référence en Europe du Nord en 1660, la couronne danoise continua de revendiquer ce statut. Son prestige, selon elle, restait plus fort du fait qu’il s'appuyait notamment sur des ancêtres illustres.

Nous avons toute la veneration possible pour la memoire de Gustave Adolphe, dont nous admirons les vertus heroiques : mais nous ne hesitons nullement de luy comparer nôtre Christian IV. donc la prudence et la vaillance nous authorisent à le donner pour le modele d'un monarque parfait, quoyque moins favorisé par la fortune, que son Concurrent.30

20Cet exemple nous montre la manière dont la couronne danoise développa sa propagande nationale contre la Suède, à l'intention des grandes cours européennes31. En effet, même si l'auteur danois multiplie les compliments envers le roi Gustave II Adolphe de Suède, considéré comme le plus grand souverain de l'histoire nationale suédoise, en donnant au pays son statut de grande puissance scandinave, la comparaison avec le plus grand souverain de l'histoire danoise, Christian IV, est destinée à rabaisser les mérites suédois en affirmant la supériorité absolue de la couronne danoise. Nous devons aussi prendre en compte le fait que ce document fut rédigé en 1715 et que Charles XII n’était pas un descendant de Gustave II Adolphe, alors que le souverain danois Frédéric IV descendait en ligne directe de Christian IV. La supériorité danoise passait également par les liens du sang et la solidité de la lignée royale, ce qui augmentait le prestige danois par rapport à son voisin-ennemi. Cette propagande servit à mettre en avant le vrai mérite de la nation danoise à travers la stabilité du pouvoir royal et ses grandes actions héroïques.

La réinterprétation de l'histoire scandinave

Si l'on parloit de quelques faits historiques, pour l'éclaircissement desquels il fallust remonter jusqu'aux siecles passés, _ dont une longue suite d'années eust efacé la memoire, cet air de confiance que l'auteur se donne, pourroit imposer à des personnes mal instruites. Mais de pretendre que l'on ajoute foi à un discours contraire aux choses, que nous avons, pour ainsi dire ; vûës de nos yeux, c'est une temerité qu'on ne sauroit excuser.32

21Les manifestes de propagande les plus significatifs quant à la manière de diaboliser la représentation du voisin-ennemi et qui utilisent la réécriture de l'histoire commune scandinave datent de la grande guerre du Nord (1700-1721). Même si celle-ci ne fut pas une guerre typiquement dano-suédoise, elle vit l'émergence d'une très forte idéologie anti-suédoise au Danemark et anti-danoise en Suède, à travers la réécriture complète de leur histoire commune. Même si cette pratique avait déjà eu cours lors des guerres dano-suédoises entre 1563 et 1675, elle gagna en intensité pendant cette guerre. La propagande de guerre scandinave se concentra principalement sur cette réécriture de l'histoire commune pour légitimer les différentes guerres fratricides et construire cette image si particulière de leur voisin-ennemi. Un manifeste de propagande danois, publié en 1715 par un Danois anonyme, reflète bien l'ambiance de cette époque :

Le Zele des bons sujets pour la gloire de leur Patrie _ pour celle de leur Prince ne pouvant jamais estre justement censuré, je ne me sens nulle obligation, de faire mon Apologie par rapport au traité, que je donne icy. Ce zele m'y a si bien conduit, qu'il n'y a qu'à jeter la vûë pour s'en apercevoir. Mais je me flatte qu'un aveu si sincere sera d'autant moins capable, de donner atteinte à la foy, duë aux veritez, que j'y avance, qu'étant établies sur des fondements inébranlables, elles se sont nullement alterées par le motif, [...] pour trouver mauvais, tout ce qui ne sens pas le suédois, qui en puissent disconvenir.33

22La représentation du voisin-ennemi scandinave se concentre sur les événements de leur histoire commune. Nous considérerons en particulier la réinterprétation des deux événements historiques les plus significatifs des relations entre le Danemark et la Suède : la chute de l'Union de Kalmar en 152334 et le Bain de sang de Stockholm en novembre 152035. L’histoire commune n'est pas perçue de la même manière dans chacun des deux royaumes, en particulier les événements qui provoquèrent l'effondrement complet de cette entité politique. Deux visions d'une même histoire, d'un même événement s’établissent selon deux buts différents.

Les Suedois, qui veilloient avec plus de soin à leur interêts, voyant que les Danois cherchoient à les fouler aux pieds, chasserent avec beaucoup de courage _ de valeur ces Tirans, qui avant leur retraitte laisserent des marques d'une cruauté horrible, _ d'une inhumanité sans exemple, dont l'Histoire à leur honte conservera une Memoire éternelle.36

23Alors que la propagande nationale suédoise présente la fin de l'Union de Kalmar comme la plus grande victoire suédoise sur le Danemark et l'illustration de sa puissance grandissante, la propagande nationale danoise fait de cet événement le symbole de la folie des Suédois. Elle mentionne que « la conformité des langues et de mœurs, qu'il y a même aujourd'hui entre les Danois, les Suédois et les Norvégiens, prouve encore, que ces trois Nations du Nord ne viennent que d'une même source [danoise], qu'elles sont destinées par la nature à ne former qu'un peuple [danois] »37. L'Union de Kalmar est présentée comme l'unique moyen à la disposition de la Scandinavie pour pouvoir survivre et s'affirmer dans les domaines politique, militaire, diplomatique et culturel sur la scène européenne. L'ancienne force scandinave commune de cette époque est mise en avant afin d'accentuer le fait que les Suédois ont mis en danger le royaume de Danemark avec la destruction de cette force militaire et diplomatique, mais que, malgré cela, le Danemark reste la première puissance de référence en Europe du Nord. La couronne danoise explique ainsi que la puissance scandinave de l'Union de Kalmar dépende uniquement du Danemark.

24Quand il n'est pas possible de réinterpréter ces événements traumatisants, ils disparaissent complètement de l'histoire nationale, comme dans le cas du Bain de sang de Stockholm. Cet événement est le plus grand traumatisme de l'histoire nationale suédoise que la propagande nationale présente comme la justification de toutes les guerres, comme l'explication et l'illustration la plus significative de cette haine historique entre le Danemark et la Suède. Par contre, il n'est pas possible pour la propagande nationale danoise de justifier cet événement, et aucune mention n'en est faite dans les manifestes danois. La propagande danoise affirme que la Suède ne possède aucune raison historique pour justifier sa haine envers le Danemark, en mettant en avant le fait que les Danois se sont toujours bien comportés envers les populations suédoises pendant la période de l'Union de Kalmar38. Cette propagande de guerre scandinave peut être considérée comme l'art de présenter son voisin-ennemi, en réinterprétant ou en faisant disparaître certains événements historiques considérés comme traumatisants et le priver ainsi de toute justification possible pour ses actes contre l'autre royaume.

25Le but de cette propagande nationale danoise et suédoise est clairement de se fabriquer un bon-mauvais voisin-ennemi, afin de justifier toutes les actions militaires et diplomatiques du souverain, quelle que soit la situation, afin de mettre tous les reproches au compte de son voisin. Pour résumer la manière dont le Danemark et la Suède ont élaboré leur propagande nationale de guerre respective, nous pouvons dire que tout événement relève de la faute historique du voisin qui ne possède aucune raison légitime ou valable pour justifier ses propres actions, alors que son propre royaume est considéré comme une victime de cette haine. Dans le cas du Danemark et de la Suède, il s'agit d'une hostilité, que nous pouvons qualifier d'historique. « Cet orgueil, _ l'avidité insatiable de cette nation [la Suède], sont les deux sources de toutes les guerres arrivées depuis 100 ans, entre elle _ le Dannemarc »39. Cette hostilité dano-suédoise trouve son explication dans leur histoire commune, bien qu'elle se soit officiellement terminée avec la fin de l'Union de Kalmar et la séparation des deux royaumes scandinaves en 1523. Cette histoire sert de justification principale aux guerres dano-suédoises, parce qu'il est possible de la réinterpréter de la manière la plus favorable à son royaume.

26Dans l'élaboration d’une propagande nationale, le souverain concerné a toujours besoin de s'appuyer sur un élément historique solide que la population locale peut facilement identifier comme un traumatisme national historique. Dans le processus d'élaboration, puis dans la défense de l'identité nationale, en particulier en temps de guerre, il reste indispensable de présenter l'image la plus prestigieuse possible de son propre royaume et du souverain, ainsi qu'une image de son voisin la plus négative possible en le diabolisant. Le souverain doit mettre en place ce processus auprès de la population afin d'obtenir son soutien dans l'effort de guerre ainsi qu'auprès des grandes puissances européennes pour pouvoir compter sur un appui militaire et diplomatique contre l'autre royaume scandinave, légitimant ainsi toutes ses actions contre lui. Pourtant, malgré leur forte volonté de vouloir se distinguer l'un de l'autre, les deux royaumes restent très proches dans tous les domaines et continuent de s'influencer mutuellement. Au regard de cette propagande typiquement scandinave, nous pouvons presque nous demander quel meilleur ennemi pouvait-il y avoir que le Suédois pour les Danois à cette époque et réciproquement pour les Suédois.

Notes

1 Cet article se base sur la communication la construction de l'identité nationale du Danemark et de la Suède à travers la représentation du voisin-ennemi scandinave pendant les guerres modernes dano-suédoises, faite au premier congrès des études nordiques à l'université Lille 3, les 5 et 6 juin 2015.

2 Marcel Detienne, L'identité nationale, une énigme ?, Paris, Gallimard, 2010.

3 Muriel Marchal, « La frontière comme perte d'identité, à travers l'exemple du Skåneland, entre Danemark et Suède en 1658-1660 », in Anne-Marie David, Judith Sribnai _ Bernabé Wesley (éd.), la frontière en soi. Vivre et écrire entre les lignes, revue @nalyses, université d'Ottawa, volume 10, numéro 2, printemps-été 2015.

4 Ernest Renan, Qu'est-ce-qu'une nation ?, Paris, Mille et une nuits, Arthème-Fayard, 1997.

5 Régis Meyran, Le mythe de l'identité nationale, Paris, Berg International, 2009.

6 Examen des Raisons, qui ont, depuis un Siecle, causés les guerres, qu'il y a eu entre les Royaumes de Dannemarc _ de Suede, Fait sur l'histoire _ sur le raisonnement ; Avec les Motifs, qui ont donné naissance à la guerre, Qui dure encore âujourdhuy, Produite d'une part, _ combattus de l'autre, Lesquels un Danois soumet à la discussion de ceux, Qui voudront juger sans passion, en 1715, in Samtida skrifter rörande Sveriges Förhållanden till Fremmande Magter, Stockholm, 1881-1883, archives de la bibliothèque royale de Stockholm, Sv. förh. 2557.

7 Lettre D'un Particvlier A son Amy, touchant les causes des nouveaux differens entre les Svedois _ Danois. Tiré de L'Edition Latine de Hambourg, le 11. d'Aoust 1658. Horat. L15 I. Carminum Ode XXVI. Suecis amicus, tristituam _ metus Tradat protervis in mare Balthicum Portare ventis ; quis sub Arcto Rex gelidæ metuartur oræ. Quid Fridericum terrat, unicè Securus. O quæ fontibus integris Gaudes, apricos necte flores, Necte meo Carolo coronam. Pimplea dulciss, nil sine te mei Possunt honores ; hunc sidibus novis. Hund, Lesbio sacrare plectro Tégue, tuásque decet sorores, in Samtida skrifter rörande Sveriges Förhållanden till Fremmande Magter, Stockholm, 1881-1883, archives de la bibliothèque royale de Stockholm, Sv. förh. 1273.

8 Ulf Sundberg, Svenska freder och stillestånd 1249-1814, Hargshamn, Arete, 1997 _ Svenska krig 1521-1814, Stockholm, Hjalmarson _ Högberg, 1998.

9 Lucien Musset, Les Peuples scandinaves au Moyen-Âge, Paris, Presses Universitaires de France, 1951.

10 Harald Gustafsson, Gamla riken, nya stater. Statsbildning, politisk kultur och identiteter under Kalmarunions upplösningsskede 1512-1541, Stockholm, Atlantis, 2000.

11 Jean-Francois Battail, Régis Boyer, Vincent Fournier, Les sociétés scandinaves, de la Reforme à nos jours, Paris, Presses Universitaires de France, 1992.

12 Edward Bernays, Propaganda : Comment manipuler l'opinion en démocratie, Collection « Zones », la découverte, 2007 (1928).

13 Alain Rey (éd.), Dictionnaire historique de la langue française, Dictionnaires le Roberg, 1998.

14 Jacques Ellul, Histoire de la propagande, Paris, Presses Universitaires de France, 1976.

15 Elisabeth Elsenstein, The Printing Press as an Agent of Change : Communication and Cultural Transformations in Early-Modern Europe, Cambridge, Cambridge University Press, 1979.

16 Garth S. Jowell _ Victoria O'Donnell, Propaganda and persuation, Thousand Oaks, Californie, 1999, p6.

17 Walter Lippmann, Public Opinion, Londres, Free Press, 1965 (1922).

18 Konrad Repgen, « Kriegslegitimation in Alteuropa : Entwurf einer historischen Typologie » in Historische Zeitschrift, 241 (1985).

19 Anna Maria Forssberg, Att hålla folket på gott humör. Informationsspridning, krigspropaganda och mobilisering i Sverige 1655-1680, thèse de doctorat, Stockholm, Almqvist och Wiksell International, Stockholms Universitet, 2005.

20 Réponse au Manifeste que le Dannemarc a fait publier, Pour justifier la Guerre qu'il fait à la Suede, en 1710, in Samtida skrifter rörande Sveriges Förhållanden till Fremmande Magter, Stockholm, 1881-1883, archives de la bibliothèque royale de Stockholm, Sv. förh. 2382.

21 Anna Maria Forssberg, « Informer, célébrer et expliquer la guerre. Te Deum en France et en Suède pendant la guerre de Trente Ans », in Revue d'Histoire Nordique, Toulouse, Presses Universitaires du Midi, actes du colloque Peuple(s) et Pouvoir(s) en représentation dans les espaces nordique et germanique, 6-8 novembre 2014, université Paris-Sorbonne (à paraître).

22 Réponse au Manifeste que le Dannemarc a fait publier, Pour justifier la Guerre qu'il fait à la Suede, en 1710, in Samtida skrifter rörande Sveriges Förhållanden till Fremmande Magter, Stockholm, 1881-1883, archives de la bibliothèque royale de Stockholm, Sv. förh. 2382.

23 Lettres patentes de la Reine de Suède à ses peuples, pour justifier ses armes contre les Danois, du 13 mai 1644, in Samtida skrifter rörande Sveriges Förhållanden till Fremmande Magter, Stockholm, 1881-1883, archives de la bibliothèque royale de Stockholm, Sv. förh. 385.

24 Manifeste ou Declaration ; des justes _ puissantes raisons, qui ont obligé sa Majeste le Roi de Dannemarc, Norvegue, _c. _c. à pourvoir avec l'assistance du bon Dieu à la seureté de ses Etats en y emploiant les moiens permis _ autorisés par le Droit des gens, contre les insultes _ atentats continuels de la Suède, imprimé à Copenhague en 1709, in Samtida skrifter rörande Sveriges Förhållanden till Fremmande Magter, Stockholm, 1881-1883, archives de la bibliothèque royale de Stockholm, Sv. förh. 2342/2343.

25 Harald Gustafsson, « A state that failed ? On the Union of Kalmar, Especially its Dissolution » in Scandinavian Journal of History, volume 31, numéro 3-4, septembre 2006.

26 Réponse au Manifeste que le Dannemarc a fait publier, Pour justifier la Guerre qu'il fait à la Suede, en 1710, in Samtida skrifter rörande Sveriges Förhållanden till Fremmande Magter, Stockholm, 1881-1883, archives de la bibliothèque royale de Stockholm, Sv. förh. 2382.

27 Ole Feldbæk (éd.), Dansk Identitetshistorie, Fædreland og modersmål 1536-1789, volumes 1 à 4, Copenhague, C.A. Reitzels Forlag, 1991.

28 Manifeste ou Declaration ; des justes _ puissantes raisons, qui ont obligé sa Majeste le Roi de Dannemarc, Norvegue, _c. _c. à pourvoir avec l'assistance du bon Dieu à la seureté de ses Etats en y emploiant les moiens permis _ autorisés par le Droit des gens, contre les insultes _ atentats continuels de la Suède, imprimé à Copenhague en 1709, in Samtida skrifter rörande Sveriges Förhållanden till Fremmande Magter, Stockholm, 1881-1883, archives de la bibliothèque royale de Stockholm, Sv. förh. 2342/2343.

29 Lars Ericson Wolke (éd.), Vägen till Westphaliska freden : Sverige och trettioåriga kriget, Lund, Historiska media, 1998.

30 Examen des raisons, qui ont, depuis un siècle, causé les guerres qu'il y a eu entre les royaumes de Danemark et de Suède, fait sur l'histoire et le raisonnement ; avec les motifs qui ont donné naissance à la guerre, qui dure encore aujourd'hui, produit d'une part et combattus de l'autre ; lesquels un Danois soumet à discussion de ceux qui voudront juger sans passion, en 1715, in Samtida skrifter rörande Sveriges Förhållanden till Fremmande Magter, Stockholm, 1881-1883, archives de la bibliothèque royale de Stockholm, Sv. förh. 2557.

31 Anna Maria Forssberg, « Arguments of War. Norm and information systems in Sweden and France during the Thirty Years War », in Anna Maria Forssberg, Mats Hallenberg, Orsi Husz _ Jonas Nordin (éd.), Organizing Historiy. Studies in Honour of Jan Glete, Lund, Nordic Academic Press, 2011.

32 Réponse au Manifeste que le Dannemarc a fait publier, Pour justifier la Guerre qu'il fait à la Suede, en 1710, in Samtida skrifter rörande Sveriges Förhållanden till Fremmande Magter, Stockholm, 1881-1883, archives de la bibliothèque royale de Stockholm, Sv. förh. 2382.

33 Examen des raisons, qui ont, depuis un siècle, causé les guerres qu'il y a eu entre les royaumes de Danemark et de Suède, fait sur l'histoire et le raisonnement ; avec les motifs qui ont donné naissance à la guerre, qui dure encore aujourd'hui, produit d'une part et combattus de l'autre ; lesquels un Danois soumet à discussion de ceux qui voudront juger sans passion, en 1715, in Samtida skrifter rörande Sveriges Förhållanden till Fremmande Magter, Stockholm, 1881-1883, archives de la bibliothèque royale de Stockholm, Sv. förh. 2557.

34 Après la reprise de la Suède par les troupes danoises, qui est marquée par le Bain de sang de Stockholm en novembre 1520, les Suédois se révoltent à nouveau et les Danois quittent la Suède en 1521. Les Suédois obtiennnent leur indépendance lors de l'éléction de Gustave Ier Vasa le 6 juin 1523, ce qui marque la fin officielle de l'Union de Kalmar.

35 Le Bain de sang de Stockholm est un massacre qui a suivi l'invasion de la Suède par les forces danoises visant à reprendre le contrôle du royaume. Il s'agit de la série d'événements qui se sont produits entre les 4 et 10 novembre 1520 et ont marqué le début de la fin de l'Union de Kalmar, qui se concrétise en 1523.

36 Réponse au Manifeste que le Dannemarc a fait publier, Pour justifier la Guerre qu'il fait à la Suede, en 1710, in Samtida skrifter rörande Sveriges Förhållanden till Fremmande Magter, Stockholm, 1881-1883, archives de la bibliothèque royale de Stockholm, Sv. förh. 2382.

37 Manifeste ou Declaration ; des justes _ puissantes raisons, qui ont obligé sa Majeste le Roi de Dannemarc, Norvegue, _c. _c. à pourvoir avec l'assistance du bon Dieu à la seureté de ses Etats en y emploiant les moiens permis _ autorisés par le Droit des gens, contre les insultes _ atentats continuels de la Suède, imprimé à Copenhague en 1709, in Samtida skrifter rörande Sveriges Förhållanden till Fremmande Magter, Stockholm, 1881-1883, archives de la bibliothèque royale de Stockholm, Sv. förh. 2342/2343.

38 Lars-Olof Larsson, Kalmarunionens tid. Från drottning Margareta till Kristian II, Stockholm, Rabén Prisma, 1997.

39 Examen des raisons, qui ont, depuis un siècle, causé les guerres qu'il y a eu entre les royaumes de Danemark et de Suède, fait sur l'histoire et le raisonnement ; avec les motifs qui ont donné naissance à la guerre, qui dure encore aujourd'hui, produit d'une part et combattus de l'autre ; lesquels un Danois soumet à discussion de ceux qui voudront juger sans passion, en 1715, in Samtida skrifter rörande Sveriges Förhållanden till Fremmande Magter, Stockholm, 1881-1883, archives de la bibliothèque royale de Stockholm, Sv. förh. 2557.

Pour citer ce document

Muriel Marchal, «La représentation du voisin-ennemi scandinave dans la propagande nationale de guerre en Suède et au Danemark pendant les guerres modernes dano-suédoises1», Histoire culturelle de l'Europe [En ligne], Revue d'histoire culturelle de l'Europe, Légendes noires et identités nationales en Europe, Légendes noires et identités collectives : construction, déconstruction, réfutation,mis à jour le : 30/06/2016,URL : http://www.unicaen.fr/mrsh/hce/index.php?id=240

Quelques mots à propos de : Muriel Marchal

Université Paris-Sorbonne, REIGENN EA 3556

Doctorante en études nordiques, université Paris-Sorbonne, spécialiste en histoire moderne politique. A publié « Jammersminde ou souvenirs de misère de la comtesse danoise emprisonnée Léonore Christine Ulfeldt », in François LEGUENNEC (éd.), Savantes femmes et citoyennes de Tendre en Europe, Paris, L'harmattan, 2014, p. 135-162.