Aspects du programme régénérationniste en Estrémadoure au tournant du xxe siècle ou comment lutter contre la légende noire
Résumé
Cet article, s’inscrivant dans la thématique des réactions espagnoles à la conscience du mépris extérieur, évoque une tentative de restauration de la réputation de l’Estrémadure, région particulièrement sinistrée, à la fin du XIXe siècle. C’est l’œuvre des « régénérationnistes », qui partagent les constats les plus durs des détracteurs de l’Espagne, les accentuant même, tout en rappelant la grandeur du passé – le temps des Rois Catholiques fait figure, comme déjà au siècle précédent, d’âge d’or – et en érigeant en modèles quelques illustres enfants du pays.
Abstract
This articles deals with the attempt at the end of the 19th century to restore Extremadura’s reputation, a particularly depressed area in the context of Spanish reactions to a supposed foreign contempt. This is the work of the « Regerationists », who shared the most virulent reports with the detractors of Spain, but also reminded their contemporaries of the glorious past – the time of the Catholic Monarchs appeared as a Golden Age (already the case in the 18th century) – and turned some illustrious sons of the soil into role-models.
Extremadura, regerationism, Revista de Extremadura
Texte intégral
11898 sonne le glas de l’empire colonial espagnol. Le territoire espagnol ne se limite guère plus qu’à ses frontières terrestres. Pour l’historiographie, cet épisode est l’exemple même d’une nation en proie à une crise générale et il contribue à donner d’elle, à l’échelle internationale, une image fort négative. C’est ce qui a conduit la comtesse et femme de lettres Emilia Pardo Bazán à prononcer à Paris en 1899 une conférence intitulée « L’Espagne d’hier et celle d’aujourd’hui : la mort d’une légende ». Elle y prend fermement la défense de l’Espagne vilipendée et raillée partout dans le monde : ici et là, on parle de la barbarie1 des Espagnols, de leur cruauté, et le général Weyler2 a été surnommé « le boucher ». Elle termine son discours en ces termes :
« Ainsi, je crois avoir le droit d’affirmer que l’autre légende espagnole, la légende noire, colportée par cette hideuse presse jaune qui est une des tares de la civilisation des États-Unis, est mille fois plus mensongère que la légende dorée. Elle [...] fausse notre caractère, ignore notre psychologie, et met à la place de l’histoire contemporaine un roman genre Ponson du Terrail à mines et contre-mines, qui ne mérite pas qu’on s’arrête à l’analyser. Il nous a fait du tort, ce roman, car la calomnie ne saurait jamais être trop absurde, il y aura toujours des gens qui l’accepteront sans difficulté3. »
2On voit bien là à quel point l’expression « légende noire » est synonyme de discours calomnieux, diffamatoire, par opposition aux propos apologétiques de « l’autre légende » : la « légende dorée ». Aussi, alors que l’histoire se nourrit de dates, de hauts faits, de héros, la légende noire semble s’alimenter de rumeurs, autrement dit de faits non vérifiés, non confirmés.
3Tout porte à croire, donc, que c’est avec la perte des dernières colonies d’Outre-Mer que s’est consolidé4 et diffusé le profond mal-être qui pèse sur la société espagnole et qui affecte tous les secteurs. Pourtant dans le même discours, Emilia Pardo Bazán évoque le mouvement intellectuel, le régénérationnisme, bien antérieur à la date fatidique qu’est 1898 :
« La secousse a réveillé les dormeurs, a délié la langue des muets ; on songe à la régénération ; et voilà qu’il pleut des articles, des discours, des brochures, des volumes, balayant impitoyablement les oripeaux de la légende5. »
4En effet, déjà en 1890, Lucas Mallada publiait Los males de la patria y la futura revolución española et l’homme politique Francisco Silvela écrivait en 1897 pour le journal El Tiempo un article au titre évocateur, La España sin pulso. S’il est vrai que le régénérationnisme et la légende noire ont en partage un discours éminemment critique, les points communs s’arrêtent là. En effet, alors que la légende noire dénonce, le discours régénérationniste, en revanche, aspire à guérir les membres atrophiés de la nation. En effet, les régénérationnistes vont avoir recours à la métaphore organique du corps malade, voire moribond, de la nation et en faire une constante dans leurs discours, essais et ouvrages. Tous – et nous nous limiterons à ne citer que quelques expressions significatives tant la liste en est longue – parlent de maladie, de diagnostic, de remèdes, de dégénération, de traitement thérapeutique. Agir comme « le chirurgien de fer6 » est préconisé par Joaquín Costa pour sauver cette « Espagne sans vertèbres7 », décrite en 1921 par José Ortega y Gasset. Pardo Bazán pense qu’il est urgent « de réfléchir aux infirmités8 ». Ce corps malade nécessite de toute urgence d’être soigné avant qu’une guérison ne soit envisagée, une guérison qui lui permettra de se mesurer aux grandes nations européennes, pour ne pas dire mondiales.
Pour bien comprendre les facteurs sur lesquels se fondent les discours critiques qui nourrissent aussi bien la légende noire que le programme régénérationniste, l’étude de la Revista de Extremadura est intéressante à plus d’un titre. Publication culturelle dont le premier numéro voit le jour en février 1899, elle incarne parfaitement les tenants et les aboutissants de tout programme digne de ce nom. En effet, les collaborateurs de la revue vont soumettre tous les secteurs à la plus précise des radiographies dans l’unique but de parvenir, d’abord, à la guérison de leur Patria Chica, l’Estrémadoure – vers laquelle convergent et où se décuplent tous les maux –, pour ensuite contribuer au salut de la Patria Grande, l’Espagne. N’est-ce pas en soignant les membres atrophiés que l’on peut aspirer à une guérison totale de l’organisme dans son entier ?
5Le choix de l’Estrémadoure s’est imposé telle une évidence. Elle symbolise à elle seule la décadence. Œuvrant telle une métonymie, l’Estrémadoure illustre cette Espagne rurale, analphabète, où le peuple se meurt victime du despotisme du cacique. Incarnation de l’Espagne de la Restauration, celui-là agit en véritable petit chef local. Il distribue les faveurs, manipule les élections, prête de l’argent aux plus humbles – à des taux usuraires – ce qui lui vaut la reconnaissance de ces petites gens qui ne font rien sans le consulter. Faits contrôlés, actes dictés : le caciquisme représente une sorte de régime féodal, comme on peut le voir dans la Revista de Extremadura :
« Aucune autre loi n’entre en vigueur tant que le cacique n’en décide pas ainsi ; aussi l’Espagnol vit-il à la merci du hasard, soumis à l’arbitraire d’une minorité vile et corrompue, sans honneur, sans christianisme, sans humanité, bien pire qu’à la pire époque de la Rome païenne9. »
6Et comme on peut le lire dans la conférence de Pardo Bazán :
« Tout le monde est d’accord pour médire de cette politique étouffante, personne ne sait comment on s’y prendrait pour s’en délivrer. C’est une mécanique vaste et compliquée qui nous a pris dans ses rouages ; elle reçoit le branle à Madrid dans le cabinet du ministre, et elle fait danser sans merci jusqu’au plus infime des sujets espagnols, forcé de voter et d’agir selon le bon plaisir du très puissant cacique, c’est le nom familièrement donné aux tyranneaux de la politique [...]. Le paysan, l’ouvrier, le petit bourgeois auraient beau faire, ils n’arriveraient pas à se délivrer du cacique, du petit tyran local, du fisc, de l’État, des puissances mystérieuses et malfaisantes qui l’enveloppent. Alors, il obéit, il paiera les impôts onéreux et distribués inégalement, sans équité, il donnera son enfant ou il se dépouillera de son bien pour le racheter10. »
7Si le cacique est bien le principal fléau politique à combattre, il n’en demeure pas moins que dans la totalité de la Revista de Extremadura, à aucun moment il n’est fait allusion au moyen d’enrayer ce mal. Lutter contre lui, c’est s’attaquer directement au gouvernement de la Restauration, que l’écrivaine galicienne qualifie de « funeste, mesquin et égoïste11 ». Elle l’accuse d’exercer une influence désastreuse12. C’est ce même gouvernement qui cautionne les agissements des caciques qui appliquent toujours la justice, pour ne pas dire leur justice, et cela de façon arbitraire. Et les injustices sont d’autant plus grandes que le fossé entre classes sociales est profond. En effet, rappelons que le secteur primaire est en 1900 le premier secteur d’activité économique en Espagne13 et a fortiori en Estrémadoure où 80 % de la population active travaille dans des conditions plus que déplorables. Le matériel rudimentaire utilisé et les techniques obsolètes qui y ont cours accroissent la pénibilité du travail et justifient un faible rendement :
« L’agriculture a si peu progressé dans notre pays, qu’en dehors de quelques rares régions, comme Valence, Murcie et quelques autres, on laboure partout ailleurs, en règle générale, de la même façon routinière que lors des siècles passés [...]. Rien de ce que la science agronomique moderne conseille ne se fait14. »
8Apparemment, cette situation s’explique, d’après l’auteur de ces lignes, par le fait que non seulement les faibles moyens ne permettent pas d’acquérir du matériel moderne mais, qui plus est, à l’heure où certains pays et certaines régions espagnoles ont acquis, ont assimilé et emploient de nouvelles techniques de production pour accroître le rendement, l’agriculteur extrémègne privilégie un rendement à moindre coût, l’achat de semailles bon marché et de mauvaise qualité et tout cela par ignorance. En effet, comme le fait remarquer Joaquín Castel, « le paysan ignorant et routinier […] accuse la terre d’être stérile, quand ce qui est réellement stérile, s’avère être l’intelligence de celui qui s’entête à entreprendre ce qui est impossible15 ».
9Pardo Bazán arrive au même constat que le collaborateur extrémègne. En effet, selon elle, « une nation ne saurait définitivement tourner le dos à la vie moderne car, à caresser, comme le fait l’Espagne, le rêve de l’immobilité, on arrive à mépriser la science16 ».
10Mais comment accéder à la modernité dans une région où le taux d’analphabétisme atteint les 80 %17 ? Pour les communautés rurales, la scolarisation représente une perte de revenu. À quoi sert de lire et écrire lorsque le pouvoir d’achat est très bas ? Un livre coûte, au tournant du xxe siècle, de 2 à 10 pesètes18, ce qui représente deux journées de travail pour l’ouvrier agricole.
11On voit bien que le salut non seulement du secteur agricole mais du pays dans sa totalité relève d’une véritable réflexion concernant l’éducation. De fait, les régénérationnistes en feront leur principal cheval de bataille. Pour Juan Ortiz del Barco, « une des causes de notre dégénération, de nos désastres, n’est autre que la très mauvaise instruction19 ». Pour Pardo Bazán, « l’instruction publique est négligée et les méthodes d’enseignement sont instables, défectueuses et arriérées20 ». Elle attire également l’attention de tous sur le fait que :
« Il faudrait voir l’état de ces malheureuses écoles, et encore, c’est l’habitude d’oublier de payer les maîtres, et la presse satirique et les auteurs de saynètes trouvent un sujet inépuisable dans la faim chronique de ces malheureux, qu’on a vus tendre la main dans les carrefours21. »
12Ainsi, journaux, Chambres Agricoles et de commerce, parlement, ministres, tous ceux qui, par devoir, vocation ou métier s’interrogent sur la reconstruction de la patrie, placent en tête des grands changements qu’ils préconisent l’amélioration de l’instruction publique. La Revista de Extremadura se fait, par exemple, l’écho de l’inauguration à Badajoz en 1908 d’une école destinée à former les futurs agriculteurs aux nouvelles techniques. On peut lire dans le numéro 99 de la publication :
« À la fin du mois d’octobre sera inaugurée l’École Pratique d’Agriculture de Badajoz. On attend beaucoup d’elle, aussi des Mairies comme celle de Cáceres et Monseigneur l’Évêque de Plasencia, se proposent-ils d’y envoyer des jeunes gens afin qu'ils reçoivent l’instruction agricole dont notre région a tant besoin22. »
13Nous pourrions, par ailleurs, faire allusion aux structures à l’initiative de projets pédagogiques telles que les Casas de Pueblo, les Centros Obreros, où après leur journée de travail les ouvriers pouvaient se rendre pour consulter un ouvrage, lire individuellement ou collectivement un journal, pour y obtenir des conseils. Si les initiatives à visée pédagogique se sont multipliées, toutes nous invitent à un même constat d’échec. Leur existence n’a duré que le temps d’un feu de paille. De par leur caractère novateur, dès leur ouverture, les ouvriers s’y rendirent. Mais la conjoncture économique a vite repris le dessus. Après une dure journée de labeur, comment consacrer un moment à la culture même si celle-là pourrait soulager le quotidien ?
14Et plus que soulager, nous pourrions même dire sauver le quotidien. En effet, c’est dans un souci de santé publique que des ouvrages et des périodiques vont diffuser les principes eugénistes qui devraient permettre de voir baisser le taux de mortalité, principalement celui qui affecte les enfants en bas âge23. Des conseils sont prodigués aux mères, notamment en matière d’hygiène et d’alimentation24. Mais compte tenu du taux d’analphabétisme féminin qui dépasse les 90 % dans certaines contrées25 où, par ailleurs, les voies de communication sont en très mauvais état voire inexistantes, comment ces principes et conseils salutaires peuvent-ils être connus ou appliqués ? Comment intervenir sur les esprits les plus réfractaires aux changements ? Comment convaincre une mère que sa façon de langer, de nourrir, de soigner son enfant est nuisible ?
15En effet, s’il est un domaine que les régénérationnistes doivent analyser, c’est bien celui qui permet de comprendre le fonctionnement du caractère de l’Espagnol, autrement dit toutes les manifestations en faveur de la définition de l’identité de l’individu au service de l’identité nationale. Et c’est en scrutant les Espagnols au plus près que les régénératonnistes trouveront des réponses à leurs questionnements. Ainsi, désireux de participer au débat de l’époque sur la quête d'une identité nationale – rappelons que Unamuno a écrit, en 1895, En Torno al Casticismo (L’essence de l’Espagne), et que Rafael Altamira, en 1902, publiera Psicología del pueblo español (Psychologie du peuple Espagnol) –, les collaborateurs de la Revista de Extremadura vont questionner les fondements sur lesquels repose la problématique identitaire.
16Le territoire est, ainsi, découvert ou re-découvert. Parallèlement à la beauté du paysage, à la richesse de sa faune et de sa flore, ce sont les infrastructures en piteux état qui sont pointées du doigt comme en témoignage l’article de Miguel de Unamuno qui dit que « les chemins pour arriver à Yuste sont mauvais, escarpés et rocailleux26 ». D’ailleurs, cette observation l’amène aussi à s’interroger sur la raison qui a conduit l’Empereur Charles Quint à se retirer au Monastère de Yuste :
« Comment un tel homme est-il allé s’enterrer dans ces solitudes montagnardes ? Là-bas, on vous montre la chambre nue et pauvre où il mourut ; là une autre chambre où dit-on, Philippe II dormit un jour, et à Cuacos une humble maison où l’on vous assure que Don Juan d’Autriche vécut un certain temps. Et tout cela est d’une extrême pauvreté27. »
17Tout comme le territoire a été découvert physiquement grâce aux excursions, ces mêmes activités entreprises par des médecins, des historiens ou des hommes de lettres vont rendre possible l’examen du caractère de l’Extrémègne, de ses pratiques et croyances. La lecture des articles décrivant le tempérament des Extrémègnes dresse un tableau qui est loin d’être élogieux, corroborant de fait la mauvaise réputation dont ils sont victimes. D’après les discours de certains collaborateurs, il semblerait qu’ils soient partisans du moindre effort, préférant l’oisiveté au travail. En effet, on peut lire en 1904 :
« L’indolence de ces gens est chose étrange. Nous croisâmes sur le chemin un homme qui portait des fromages. Nous voulûmes lui en acheter un. Il arrêta sa bête et pensa qu’il devait ouvrir et fermer un sac, chose sans doute, tellement ennuyeuse pour lui, qu’il nous laissa avec notre faim en méprisant notre argent28. »
18C’est le Hurdano, habitant de Las Hurdes – contrée au nord du territoire régional –, qui va faire l’objet de véritables examens cliniques, au point de stigmatiser l’Extrémègne et d’être tenu pour l’un des responsables de la mauvaise réputation dont la région est victime. Totalement isolé géographiquement, le Hurdano vit à des années-lumière du reste du pays :
« Les Jurdes qui se trouvent au centre, ont dépéri au même rythme que leurs voisins progressaient, rétrogradant chaque fois un peu plus dans leur misère, l’indolence, le dénuement, l’attachement parasitaire au terroir, d’autant plus entier qu’il était stérile, la peur de l’étranger qui leur fait éviter sa compagnie, l’apathie indigène, la silencieuse tristesse et le goût pour la mendicité vagabonde, tout cela assorti au crétinisme physique et à l’inculture morale qui les a fait revenir plusieurs siècles en arrière sur le chemin de la civilisation29. »
19Tous ceux qui se sont aventurés dans cette contrée ont pu observer des êtres rachitiques, hydrocéphales (« C’est une race inférieure par rapport à celles que l’on connaît de l’espèce humaine. On peut, à juste titre, les classer parmi les humains à l’intelligence très limitée, frôlant la microcéphalie30 »), solitaires.
20Par ailleurs, les travaux publiés dans la Revista de Extremadura relatifs au caractère de l’Extrémègne renvoient l’image d’une conception de la vie, chez ces populations sans écriture, qui répond à des sentiments collectifs, à des préoccupations communes. Ces populations dépourvues de culture écrite se rattacheraient ainsi à leur quotidien, à leurs fêtes, à la religion, par le biais de formules mémorisées et transmises oralement de génération en génération, mais, aussi, par des pratiques censées les délivrer de leurs maux. N’ayant pas accès à la lecture, elles ne se fieraient qu’à ces types d’encadrement que sont les superstitions et les proverbes.
21Au terme de la radiographie du caractère de l’Extrémègne, il s’avère que tous les témoignages relevés concordent pour voir chez lui des manifestations d’individualisme, d’indolence, de propension à la débauche, de rejet du progrès du fait de son extrême enracinement dans la tradition. Or à la lecture des principales œuvres que nous pourrions qualifier de générationnistes, il s’avère que l’Espagnol est « grossier, informe31 ». Le mal diagnostiqué est l’aboulie collective, le manque de volonté, l’absence d’initiatives. Pour Unamuno, l’Espagnol est oisif et méprise le travail (« l’aboulie existe à l’égard du travail modeste32 »). Aux yeux de Joaquín Costa, les Espagnols sont l’archétype de « la race arriérée, rêveuse et présomptueuse, paresseuse et imprévoyante, bonne à rien33 ». Pardo Bazán arrive également au même constat :
« Je dirai seulement que les Espagnols ne méprisent pas l’argent, mais dédaignent les moyens de gagner cet argent, s’ils demandent un effort assidu. Toujours l’improvisation, le coup de théâtre ; c’est pourquoi la loterie a tant de succès34. »
22Ou encore :
« On se demande ce que deviendra l’Espagne, cette Espagne si différente de l’Espagne légendaire, cette Espagne au sang appauvri, aux nerfs épuisés, à l’intelligence en friche ; on songe à ce que nous deviendrons, nous chez qui seuls les morts étaient vivants, à présent que nous sommes forcés d’enterrer aussi ces glorieux morts35. »
23Il semble donc que les « glorieux morts » auxquels Pardo Bazán fait allusion, ceux qui ont contribué à écrire en lettres d’or les pages de l’Histoire de la nation espagnole, participent aussi de la construction de l’identité nationale et du programme régénérationniste du fait de leur dimension exemplaire. Lieux de mémoire ou élevés au rang de héros, ils sont au service de l’exaltation du sentiment patriotique (qui fait tant défaut aux Espagnols selon Pardo Bazán36), participent de la quête identitaire et du programme régénérationniste puisque se replonger dans les couloirs du temps permettra aussi de comprendre ce qui a conduit à l’état désastreux dans lequel se trouve le pays ; et par delà, ce sera le moyen de déconstruire les discours de propagande anti-espagnole sur lesquels se fonde la légende noire et surtout d’appréhender la reconstruction future.
24Idéalisé et cité en exemple au fil des siècles pour illustrer la grandeur d’antan, exemplaire à plus d’un titre, le règne des Rois Catholiques incarne dans le discours de Pardo Bazán une étape charnière dans l’Histoire du pays :
« Nous avions une industrie, une agriculture admirable, nos systèmes d’irrigation actuels sont encore ceux que les Maures apportèrent à nos contrées du Sud. Deux siècles après les Rois Catholiques, l’Espagne était dépeuplée, affamée, épuisée ; quatre siècles après, aujourd’hui, rien ne nous reste des conquêtes et des grandeurs d’antan37. »
25Et il en est de même dans les milliers de pages de la Revista de Extremadura, qui au fil de ses onze années de publication, n’a jamais formulé la moindre critique contre l’œuvre des Rois Catholiques ou de Charles Quint, bien au contraire. En novembre 1904, l’Espagne commémore le 500e anniversaire de la mort de la reine Isabelle la Catholique, à laquelle la nation doit l’unification territoriale. À cet effet, la publication extrémègne lui consacre un numéro spécial, dont tous les documents retracent, en prose ou en vers, sa vie38, ses séjours en terre extrémègne39, son action politique40. Tous les hommages s’accordent : le règne de cette souveraine, à l’origine de la fin de la Reconquête et de la découverte du Nouveau Monde, est placé sous le sceau de la grandeur et de l’exaltation nationale. Ainsi :
« Quelle différence entre les Espagnols du xve siècle et les Espagnols du début du xxe siècle ! Nous étions alors un peuple jeune, fougueux, héroïque, habité par le sentiment patriotique, d’un grand pouvoir créateur, qui était à la tête des peuples d’Europe et leur imposait ses règles. Aujourd’hui nous sommes un peuple décrépit, indifférent, dépourvu de sentiment national, de principes moraux, à la traîne de l’Europe et qui n’est même pas capable d’imiter les progrès des autres41. »
26De fait, alors que l’une des œuvres majeures de la propagande anti-espagnole reste le pamphlet, publié en 1552, du père Bartolomé de Las Casas sur la destruction des Indes, à aucun moment dans la publication périodique la conquête espagnole du Nouveau Monde n’est traitée sur un ton critique. D’ailleurs, même si Francisco Pizarro – conquistador de l’empire Inca – et Hernán Cortés – conquistador de l’empire Aztèque – sont tous les deux extrémègnes, il est intéressant de constater qu’aucun des 929 articles publiés ne fait allusion à eux. En revanche, il est question de la présence d’Extrémègnes restés dans l’ombre et dont les actions sont à saluer. Tel est le cas de Pablo Pérez42, fils d’un agriculteur de Hoyos, qui a rejoint les troupes de Pizarro lors de la conquête de l’empire Inca. Il s’est enrichi et, une fois revenu chez lui, il a mis son argent à la disposition d’œuvres caritatives. Hoyos lui doit, en particulier, la fondation d’un hôpital et d’un couvent. Notons qu’à aucun moment, Daniel Berjano ne précise de quelle façon il a fait fortune.
27L’action des ecclésiastiques en Amérique est, quant à elle, mise en valeur par des articles qui rappellent leur mission évangélisatrice et leur prise de position en faveur de la défense des Indiens :
« L’Estrémadoure a envoyé ses guerriers et ses prêtres. Si les premiers ont étonné le monde par leurs prouesses, celles des seconds furent tout aussi admirables et dignes de louanges. Dans le sillage des nobles pensées d’Isabelle la Catholique, nos prêtres apportèrent aux colonies les grands principes de la civilisation chrétienne et tirèrent ainsi les pauvres Indiens de l’ignorance et de l’abjection dans lesquelles ils vivaient43. »
28Outre les monarques et ces héros nationaux, plus ou moins connus, la revue célèbre des moments clefs dans l’historiographie nationale, au cours desquels l’action et la prise de position de l’Estrémadoure et des Extrémègnes sont à saluer. En 1908, la publication prend part aux diverses commémorations et initiatives qui fleurissent un peu partout en Espagne pour célébrer le premier centenaire du conflit qui opposa le peuple espagnol à l’armée napoléonienne. Ainsi, l’accent est mis sur l’héroïsme des Extrémègnes, reflet de la bravoure du peuple espagnol, qui ne s’est jamais avoué vaincu et qui a résisté six années durant jusqu’à regagner son indépendance. Comme le rappelait déjà, dix ans auparavant, le Marquis de Torres Cabrera, l’Estrémadoure est « cette terre qui fut arrosée par le sang de 8 000 cadavres44 ».
29Aucun des exemples choisis par la revue et relatifs à l’Histoire, qu’elle soit considérée comme science, thérapie ou principe identitaire, n’est jamais traité sur le ton de la critique. Les 206 articles consacrés à l’Histoire ont contribué à montrer que la région a, de tous temps, uni son sort à celui de la Nation et que, de fait, la mise à l’écart qui lui est infligée ainsi que la mauvaise réputation dont elle est victime sont totalement injustifiées. C’est ainsi que l’on peut lire en 1899 :
« On peut affirmer qu’il est impossible de citer dans l’histoire de la péninsule Ibérique, une entreprise périlleuse ou un événement important où ne figurent pas comme principaux protagonistes des fils de Cáceres ou de Badajoz, de ces villes elles-mêmes ou des villages de leurs provinces respectives : conquêtes, faits d’armes, découvertes, œuvres et travaux importants touchant aux sciences, aux arts, à la littérature, à la politique et à l’administration, dans l’Antiquité, au Moyen Âge et même à l’époque moderne45. »
30Tous ces articles relatifs à la matière historique auxquels nous venons de faire allusion se veulent la preuve que l’Estrémadoure est le berceau d’hommes illustres, témoins de leur temps, que l’Estrémadoure et ses hommes ont participé, en permanence, aux grandes entreprises et aux plus importantes décisions nationales. De fait, les propos véhiculés par la légende noire sont infondés. Tous ces travaux ont pour objet d’éveiller un sentiment de fierté, de patriotisme et servent à convaincre que sans la participation de tous, des plus humbles qui écrivirent l’ « Intrahistoire »46 jusqu'aux véritables héros nationaux, ni l’Histoire de l’Estrémadoure n’aurait été ce qu’elle est ni, par conséquent, celle de l’Espagne.
31Au terme de cette réflexion, une évidence s’impose : la mise en regard des articles publiés dans la Revista de Extremadura avec la conférence d’Emilia Pardo Bazán ou encore avec les écrits régénérationnistes de l’époque a montré que, s’il est vrai que l’Espagne au tournant du siècle sort affaiblie du conflit qui l’a opposée aux États-Unis non seulement parce qu’au terme d’une guerre qui dura dix semaines elle a à déplorer la perte de ses dernières colonies d’Outre-Mer mais aussi une perte humaine qui s’élève à environ 60000 hommes, les conséquences morales furent plus importantes encore. Discréditée à l’échelle internationale, sa décadence est analysée par les grandes puissances comme la conséquence logique du fanatisme religieux, de l’Inquisition, tandis qu’aux yeux des régénérationnistes c’est la politique de la Restauration qui est tenue pour principale responsable du « Désastre ». Malgré de multiples initiatives, qui n’aboutirent pas toutes il est vrai, force est de reconnaître qu’il a fallu la proclamation de la Seconde République et, avec elle, le plan de réformes défendu par le « bienio republicano-socialista » (1931-1933) pour caresser l’espoir de voir appliquer des mesures permettant de contester cette légende noire : la laïcisation de l’État, pour en finir avec l’omniprésence de l’Église dans les affaires nationales ; la réforme agraire, afin d’éradiquer une cause structurelle de misère et d’analphabétisme.
32En d’autres termes, la Restauration n’a fait que nourrir la mauvaise réputation dont était victime l’Espagne. Et les régions pauvres et orphelines de tout sont rapidement devenues la plus parfaite illustration de la légende noire. En effet, lorsque le documentaire de las Hurdes sort en 1933, trop tôt pour que les mesures républicaines aient pu porter des fruits significatifs, le cinéaste Buñuel qualifie l’Estrémadoure de terre « sèche, oubliée, où il n’y a presque rien et où on ne peut pas vivre47 ». 80 ans plus tard, en janvier 2012, à l’occasion de Fitur48, on pouvait lire dans la presse régionale :
« L’Estrémadoure cherchera à se défaire de la « Légende Noire » de Buñuel pour que les Espagnols tombent amoureux d’elle à l’occasion de Fitur 2012. L’Estrémadoure est une grande inconnue pour la plupart des Espagnols, pour ne pas dire du reste de l’Europe, peut-être parce que ce mythe, cette légende noire qui a commencé à s’écrire là-bas avec Buñuel est toujours là49. »
33C’est sans doute là la preuve ultime de l’échec de la Revista de Extremadura dans sa lutte contre la mauvaise réputation. Loin de se débarrasser du poids de la légende noire à une époque où celle-ci entachait le territoire espagnol dans son ensemble, l’Estrémadoure allait devenir le paradigme, l’unique incarnation, aux yeux de ses compatriotes, d’une nouvelle légende noire, faite de sous-développement et d’une misère tellement extrême qu'elle confinerait à l’infrahumain.
Notes
1 Notamment dans le New York World de Joseph Pulitzer ou dans le New York Journal de William Randolph Hearst.
2 Le général Valerià Weyler fut nommé commandant de l’armée coloniale en 1896 lors de la guerre d’Indépendance de Cuba.
3 Emilia Pardo Bazán, « L’Espagne d’hier et celle d’aujourd’hui : la mort d’une légende », Revue Bleue. Revue politique et littéraire, n° 16, 22 avril 1899, p. 499.
4 Force est de constater la filiation entre les arbitristes du xvie et xviie siècle, les esprits éclairés du xviiie siècle et les régénérationnistes de la fin du xixe. Un discours patriotique, critique, qui dresse non seulement la liste des maux responsables du déclin du pays mais qui expose aussi dans le détail les solutions qui paraissent les plus opportunes sont autant de points que ces trois courants ont en partage.
5 Ibid., p. 492.
6 « El cirujano de hierro ».
7 « España invertebrada ».
8 E. Pardo Bazán, art. cit., p. 492.
9 « No rige ninguna [ley] sino en tanto que el cacique quiere que rija ; con que el español vive a merced del acaso, pendiente de la arbitrariedad de una minoría corrompida y corrupta, sin honor, sin cristianismo, sin humanidad, infinitamente peor que en los peores tiempos de la Roma pagana », Joaquín Costa, Oligarquía y caciquismo. Colectivismo agrario y otros escritos, Madrid, Alianza Editorial, 1993, p. 21.
10 Emilia Pardo Bazán, art. cit., p. 498.
11 Ibid., p. 498.
12 Ibid., p. 498.
13 Fernando Sánchez Marroyo (dir.), Extremadura : La historia, Cáceres, HOY, 1997, p. 507.
14 « La agricultura ha progresado tan poco entre nosotros que, fuera de excepcionales comarcas, como Valencia, Murcia y alguna otra, se labra en las restantes, por regla general, de la misma manera rutinaria que se ha venido labrando durante muchos siglos [...], sin que se haga, en fin, nada de cuanto aconseja la ciencia agronómica moderna », Juan G. Ocampo y Becerra, « Algo del Campo », Revista de Extremadura, n° 9, marzo de 1900, p. 121.
15 « El labriego ignorante y rutinario […] acusa de esterilidad a la tierra, cuando lo que es realmente estéril, es la inteligencia de quien se empeña en imposibles », Joaquín Castel, « Apuntes sobre la repoblación de la Alta Extremadura », Revista de Extremadura, n° 1, enero de 1899, p. 51.
16 E. Pardo Bazán, art. cit., p. 498.
17 Manuel Tuñón de Lara, La España del Siglo xix, vol. II, Madrid, Akal, 2000, p. 95.
18 Rafael Rodríguez Marín, Realismo y Naturalismo : La novela del siglo xix, Anaya, p. 88.
19 « Una de las causas de nuestra degeneración, de nuestros desastres, no es otra que la malísima enseñanza que se nos ha dado », Juan Ortiz del Barco, « Lecturas », Revista de Extremadura, n° 40, octubre de 1902, p. 463.
20 E. Pardo Bazán, art. cit., p. 498.
21 Ibid., p. 498.
22 « A fines de Octubre se inaugurará la Escuela Práctica de Agricultura de Badajoz. Mucho se espera de ella, por lo que Ayuntamientos como el de Cáceres y el Sr. Obispo de Plasencia, se proponen enviar a jóvenes que reciban allí la instrucción agrícola de que tan necesitada está nuestra región », Un Cacerense, « Crónica Regional », Revista de Extremadura, n° 99, septiembre de 1907, p. 427.
23 De 1886 à 1892, l’Espagne reste de loin le pays européen où le pourcentage d’enfants morts lors des cinq premières années est le plus élevé avec un taux de 42,9 % contre 31,6 % en Prusse, 24,9 % en France et 23,8 % en Angleterre. En Estrémadoure le taux de mortalité infantile atteint les 37,17 %. Voir Juan Pan-Montojo, « El atraso económico y la regeneración », Más se perdió en Cuba. España, 1898 y la crisis de fin de siglo, Madrid, Alianza Editorial, 1998, p. 280.
24 Mario Roso de Luna, « Sobre higiene, el niño de pecho », Revista de Extremadura, n° 63, septiembre de 1904, p. 426-428.
25 Daniel Berjano, « Palingenesia jurdana », Revista de Extremadura, n° 110, agosto de 1908, p. 366.
26 Miguel de Unamuno, « Guadalupe y Yuste », Revista de Extremadura, n° 139-140, enero-febrero de 1911, p. 82.
27 « ¿Cómo fue aquel hombre a enterrarse en aquellas soledades serranas ? Allí os muestran el desnudo y pobre cuarto donde murió ; allí otro cuarto donde dicen que durmió alguna vez Felipe II, y en Cuacos una humilde casa en que os aseguran vivió algún tiempo D. Juan de Austria. Y todo ello pobrísimo », M. de Unamuno, art. cit., p. 82.
28 « En cuanto a la indolencia de aquella gente, es singular. Nos cruzamos en el camino con un hombre que llevaba quesos. Quisimos comprarle alguno. Paró la bestia y reflexionó que tenía que desatar y volver a atar un talego, cosas, sin duda, sumamente enojosas para él, y nos dejó con el apetito despreciando nuestro dinero », Un Cacerense, « Crónica Regional », Revista de Extremadura, n° 49, julio de 1903, p. 331.
29 « Las Jurdes que se encuentran en el centro, han ido decayendo al compás del progreso de sus vecinos, retrogradando cada vez más en su miseria, la indolencia, la sobriedad, el apego parasitario al terruño, más acendrado cuanto más estéril, el temor a los extraños que les hace evitar su compañía, la indígena apatía, la tristeza silenciosa y el amor a la mendicidad vagabunda difuminado todo por el cretinismo físico y la incultura moral los ha hecho retroceder varias centurias en el camino de la civilización », D. Berjano, « Palingenesia jurdana », art. cit, p. 308-310.
30 « Es de raza inferior a las conocidas de la especie humana, bien puede clasificárselos entre los humanos de inteligencia limitadísima, llegando a los lindos de la microcefalia », Crotontilo, « Las Jurdes », Revista de Extremadura, n° 29, noviembre de 1901, p. 508.
31 « Tosco, informe », Angel Ganivet, Idearium Español, Madrid, Biblioteca Nueva, 1996, p. 38.
32 « Hay abulia para el trabajo modesto », Miguel de Unamuno, En torno al casticismo, Madrid, Biblioteca Nueva, p. 164.
33 « Raza atrasada, imaginativa y presuntuosa, perezosa e improvisadora, incapaz para todo », Carmen del Moral Ruiz, El 98, Madrid, Acento, 1998, p. 50.
34 E. Pardo Bazán, art. cit, p. 496.
35 Ibid., p. 499.
36 « Le patriotisme, en Espagne, est à présent endormi », ibid., p. 493.
37 Ibid., p. 493.
38 D. Berjano, « Generación y semblanza de Doña Isabel Ira », Revista de Extremadura, n° 65, noviembre de 1904, p. 562-575.
39 Eugenio Escobar Prieto, « Los Reyes Católicos en Trujillo », Revista de Extremadura, n° 65, XI, 1904, p. 483-499. Vicente Paredes, « Itinerarios extremeños de los Reyes Católicos », Revista de Extremadura, n° 65, noviembre de 1904, p. 576-586.
40 Marcelino Gutiérrez del Caño, « Indice de los documentos que, referentes al reinado de Isabel la Católica, se custodian en el Archivo Municipal de Cáceres », Revista de Extremadura, n° 65, noviembre de 1904, p. 500-516.
41 « ¡Qué diferencia entre los españoles del siglo xv y los españoles de principios del siglo xx ! Entonces éramos un pueblo joven, brioso, heroico, penetrado del sentimiento de la patria, de gran poder inventivo, que marchaba a la cabeza de los pueblos de Europa y daba a estos la norma. Hoy somos un pueblo decrépito, indiferente, huérfano de sentimiento nacional, huérfano de principios morales que vamos a la zaga de Europa y que en vez de inventar ni siquiera servimos para imitar los adelantos de afuera », Manuel S. Asencio, « La riqueza pecuaria y Extremadura », Revista de Extremadura, n° 65, noviembre de 1904, p. 525.
42 D. Berjano, « [Extremeños de antaño] Pedro Pérez (soldado y fundador) », Revista de Extremadura, n° 6, noviembre de 1899, p. 344-355.
43 « Extremadura envió sus guerreros y sus frailes y si asombraron al mundo los primeros con sus hazañas, las de los segundos no fueron menos admirables y dignas de loa. Secundando los altos pensamientos de Isabel la Católica llevaron a las colonias nuestros frailes los grandes principios de la civilización cristiana y sacaron con ellos a los pobres indios de la ignorancia y abyección en que vivían », E. Escobar Prieto, « Los Frailes Extremeños en América y Filipina », Revista de Extremadura, n° 11, mayo de 1900, p. 203.
44 « Aquella tierra regada por la sangre de los 8 000 cadáveres », Marqués de Torres Cabrera, « Una página de la historia de la Independencia, contada por el que ayudó a escribirla con su sangre », Revista de Extremadura, n° 2, marzo de 1899, p. 94.
45 « Bien puede asegurarse no se enumera en la historia de la península ibérica, empresa arriesgada, ni hecho importante, en el que no figuren como principales protagonistas hijos de Cáceres o de Badajoz, ya de estas capitales o de los pueblos de sus respectivas provincias : conquistas, hechos de armas, descubrimientos, trabajos y obras importantes de ciencias, artes, literatura, política y administración, en la antigüedad, en la Edad Media y aun en los tiempos modernos », Luis R. Miguel, « Los Extremeños de la Universidad de Salamanca », Revista de Extremadura, n° 9, marzo de 1900, p. 97.
46 Selon Miguel de Unamuno l’essence d’une Nation se cristallise dans la figure du peuple, de son travail, de ses pratiques et de ses croyances. C’est ce qu’il définit en 1895, dans son œuvre En torno al casticismo, par le terme de Intrahistoria. Il écrit : « C’est là, dans le monde des silencieux, au fond de la mer, plus bas que l’histoire, que vit la vraie, l’éternelle tradition, dans le présent et non dans le passé mort à jamais et enterré avec les choses mortes. » (Madrid, Biblioteca Nueva, p. 64).
47 « Seca, olvidada, donde casi no hay nada y no se puede vivir ».
48 Feria Internacional de Turismo.
49 « Extremadura buscará desprenderse de la "leyenda negra" iniciada por el cineasta Luis Buñuel que cataloga a la comarca como "seca, olvidada, donde casi no hay nada y no se puede vivir" y buscarán enamorar a los españoles en Fitur 2012. Extremadura es una gran desconocida para la mayoría de españoles por no decir del resto de Europa, quizás, porque ese mito, esa leyenda negra que quizá con Buñuel se empezó a escribir sobre Extremadura sigue allí », Hoy, enero de 2012.
Pour citer ce document
Quelques mots à propos de : Nadia Aït Bachir
Normandie Université, Unicaen, ERLIS
Nadia Ait Bachir, Maître de conférences à l'Université de Caen, auteure d'une thèse de doctorat portant sur la période contemporaine de l'Histoire de l'Espagne, consacre l'essentiel de ses recherches à la presse régionale au tournant du XX è siècle, aux problématiques identitaires, à la situation politique de l'Espagne de la Restauration entre caciquisme et questionnements régénérationnistes.