Histoire culturelle de l'Europe

Dirk Weissmann

« La traduction de ce paragraphe due à l’auteur a été intentionnellement un peu plus développée que le reste » : la contribution de Goethe à la traduction de sa Métamorphose des plantes (1831)

Article

Résumé

L’intérêt de Goethe pour la traduction, sa théorie et sa pratique, y compris son intérêt pour la circulation transnationale de ses propres œuvres, sont des faits bien connus. Ce qui l’est moins, c’est la manière dont l’écrivain allemand participait à la traduction de certains de ses textes. Goethe s’est en effet activement impliqué dans la traduction de plusieurs de ses écrits scientifiques. Dans certains cas, cette implication du poète et homme de sciences va jusqu’à la pratique de l’auto-traduction. Dans le cadre cette contribution, nous allons examiner la genèse de la traduction française de son Essai sur la métamorphose des plantes (1831) signée par Frédéric Soret. À partir d’un examen des manuscrits, il s’agit d’illustrer la nature et l’étendue de cette collaboration, où la frontière entre l’original et la traduction, entre l’auteur et le traducteur, tend à se brouiller. »

Abstract

Goethe’s interest in translation, its theory and practice, including his interest in the transnational circulation of his own works, is a well-established fact. What is perhaps not so widely known is the extent to which the German poet was involved in the translation of some of his own texts. Goethe was actively involved in the translation of several of his scientific writings. In some cases, the strong involvement of this poet and scientist led to self-translation. In this article, I will look at the genesis of the French version of his Essay on the Metamorphosis of Plants (1831) translated by Frédéric Soret. Examining the manuscripts, I shall demonstrate the nature and extent of this collaboration, in which the boundary between the original and the translation, between author and translator, tends to blur. »

Texte intégral

Goethe et la traduction

L’intérêt de Goethe pour la traduction1, sa théorie et sa pratique, y compris son intérêt pour la circulation transnationale de ses propres œuvres, sont des faits bien connus. Il semble néanmoins utile de rappeler ici les principaux aspects du rapport de Goethe à la traduction. Cette activité représente en effet une constante dans la vie et l’œuvre de l’écrivain qui a traduit dès son plus jeune âge sans jamais cesser de s’y adonner, pour accompagner, compléter, nourrir sa création littéraire. À cet égard, la traduction se conçoit chez lui en premier lieu comme un processus d’« importation » de textes étrangers en allemand, également désignée par le terme d’intraduction.

À l’image de la riche formation linguistique du poète, l’éventail des langues sources concernées est large, incluant principalement le latin, le grec ancien, le français, l’anglais, l’italien. Les choix opérés en matière de textes sources sont éclectiques, allant de l’Antiquité gréco-romaine à la littérature la plus récente de son époque, d’Homère et Térence à Byron et Manzoni, en passant par Corneille, Shakespeare, Voltaire, entre autres, sans oublier la Bible. Quant aux genres traduits, ils sont tout aussi variés, incluant l’épopée, la tragédie, la poésie, le roman ainsi que d’autres formes de prose, comme l’essai2.

Parmi les traductions goethéennes les plus connues et influentes, il faut mentionner avant tout celle du Neveu de Rameau de Diderot. Datant de 1805, cette traduction a connu un destin bien singulier, devenant, suite à la perte du manuscrit original (écrit entre 1762 et 1773), la base d’une rétrotraduction en français, avant que l’original de Diderot soit finalement publié en 18913. De cette manière, la version allemande de Goethe a pu, passagèrement, jouer le rôle d’une sorte d’original bis.

Dans les « notes et essais » destinés à une « meilleure compréhension » de son Divan occidental-oriental (1819), l’écrivain a en outre consigné quelques précieux développements théoriques au sujet de la traduction, développements qui ont souvent été cités et commentés4. Partie intégrante de l’histoire de la pensée traductologique, ces réflexions ont notamment le mérite d’éclairer les rapports entre traduction et plurilinguisme chez Goethe. Dernièrement, les conceptions goethéennes en matière de traduction ont surtout été analysées dans le contexte de ses remarques sur la « littérature mondiale », remarques qui ont connu un spectaculaire regain d’attention depuis les années 2000, notamment dans le monde anglo-saxon5.

Pour le Goethe de la dernière période, celui des années 1820, la traduction est en premier lieu le support central des échanges littéraires internationaux. À ses yeux, la circulation active des œuvres en traduction représente un correctif indispensable à la nationalisation galopante des espaces littéraires. C’est ce processus même qu’il qualifie de Weltliteratur, littérature mondiale. Après avoir activement participé à ces échanges tout au long de sa vie – comme traducteur, critique et épistolier –, il a essayé de conceptualiser ce qu’il considérait comme le fondement de la littérature à venir.

Traduire et être-traduit

L’un des aspects les plus passionnants du rapport de Goethe à la traduction est assurément la grande importance qu’il accorde à la découverte de ses propres textes en langue étrangère. À partir du milieu des années 1770, la gloire grandissante de l’écrivain à l’échelle internationale avait en effet entraîné un flot de traductions auxquelles il s’intéressait de près. Comme le montre notamment sa correspondance tout au long des différentes époques de sa vie, le poète prenait grand soin de lire les différentes traductions de ses œuvres qui lui étaient adressées des quatre coins de l’Europe.

Dans une lettre datant de 1818, il décrit cette expérience en recourant à l’image du miroir dans lequel il peut apercevoir le reflet d’un texte qui est le même et pourtant différent : « C’est un miroir d’une nature particulière quand on se redécouvre soi-même dans une autre langue6 ». À ce sujet, il faut souligner que l’idée du reflet est une idée éminemment positive chez Goethe, comme le montrent nombre d’occurrences, à commencer par les fameux « reflets colorés » du Faust II7. De la même manière, le miroir (grossissant) de la traduction n’est pas perçu comme une défiguration. Au contraire, le poète aimait à explorer la « réflexion » de son œuvre dans les langues du monde.

Dès 1801, Goethe avait projeté d’entreprendre une étude comparative de plusieurs traductions d’Hermann et Dorothée, son poème épique d’inspiration antique paru en 1797. Il disposait à cet effet de quatre traductions de ce grand succès de librairie : deux anglaises, une française ainsi qu’une danoise8. Hélas, le projet ne semble jamais avoir été réalisé. Lorsque Goethe recevra plus tard une version latine (publiée en 1822) de cette même œuvre, il ira jusqu’à exprimer sa prédilection pour cette version du texte : « J’aime particulièrement sa traduction latine ; il me semble que [le poème] y apparaît plus distingué, comme s’il était revenu, sur le plan de la forme, à son origine9 ». Grâce à sa version latine, le poème épique, écrit en mètres antiques, retournerait à ses origines, comme pour suggérer que l’original allemand avait déjà été une traduction. Il s’agit là d’une facette particulièrement fascinante de son imaginaire plurilingue.

Cette préférence accordée à la lecture de ses propres œuvres en traduction semble s’accentuer avec l’âge, notamment quand l’écrivain de quatre-vingts ans évoque la première partie de son Faust, dont on sait que la genèse remonte à sa jeunesse. En 1830, il dit placer la traduction en prose de Gérard de Nerval (publiée en 1827) au-dessus de la version originale de son drame : « Je n’aime plus lire Faust en allemand ; dans cette traduction française cependant, tout me semble redevenir frais, nouveau et plein d’esprit10 ». Non seulement la traduction opère comme un miroir « magique » où contempler sa propre métamorphose, mais elle insuffle une nouvelle vie à l’original permettant à l’auteur de redécouvrir des textes qui lui semblaient devenus étrangers.

Nous assistons à une sorte de renversement hiérarchique entre l’original et la traduction, cette dernière n’étant plus considérée comme une pâle copie mais comme un précieux reflet permettant de mieux apercevoir l’original grâce à l’action de ce miroir grossissant qu’est l’acte traductif. De cette manière, Goethe semble anticiper des idées proposées par la traductologie moderne. Certains travaux actuels issus de cette discipline considèrent en effet que les traductions recèlent de riches enseignements pouvant contribuer à une meilleure compréhension de l’œuvre originale11.

Dans le même ordre d’idées, Goethe affirme, dans une lettre à Thomas Carlyle (1795-1881) – l’un de ses traducteurs en anglais et son principal intercesseur dans le monde britannique –, que « le traducteur ne travaille pas seulement pour sa propre nation, mais aussi pour celle de la langue d’origine de l’œuvre traduite12 ». L’altérité linguistique provoque un rajeunissement, une revigoration de l’original qui profite à la langue-culture d’origine tout entière. De manière réciproque, la plus-value produite par la traduction se répercute sur la nation qui « exporte ». L’acte de traduire aurait donc finalement une sorte d’effet rétroactif sur la langue source et sur l’œuvre originale.

La traduction comme vitalité

Dans l’ensemble, on dispose de nombreux témoignages, tout au long de la vie de l’écrivain, qui illustrent le plaisir que Goethe prenait à se redécouvrir lui-même au prisme de ses traductions en d’autres langues. Les langues étrangères apparaissent ainsi comme le vecteur d’une régénération, d’une nouvelle vitalité13. C’est un plaisir d’autant plus grand que le sentiment qui a prévalu chez le poète paraît plutôt être une sorte d’aliénation progressive à ses propres œuvres. En ce sens, la traduction semble apporter un remède, revivifiant, rajeunissant, à ce sentiment de distanciation aliénante.

En 1828, Goethe a même consacré un poème de nature programmatique à cet « effet de miroir », probablement inspiré par la lecture des Poésies de Goethe dans la traduction en prose d’Ernestine Panckoucke (1825). Mais le poème a également été joint, en juillet 1829, à une lettre adressée à Thomas Carlyle, qui venait de traduire des extraits du troisième acte du Faust II14. Le « poème » (c’est-à-dire le texte source), évoqué à la fin du texte, peut donc renvoyer à plusieurs traductions, voire à l’expérience de se voir traduit en général.

Intitulé « Parabole », le poème de Goethe compare l’enchantement que suscite la traduction à la régénération d’une plante arrachée à son sol d’origine :

Parabole
Je cueillis naguère des fleurs des champs,
Les ramenai à la maison, perdu dans mes pensées ;
Sous l’effet de la chaleur de ma main,
Les corolles s’étaient inclinées vers le bas.
Je les mis dans de l’eau fraîche,
Et quelle merveille ce fut pour moi !
Les têtes se redressèrent,
Tiges et feuilles redevinrent d’un vert éclatant,
Et le bouquet entier s’épanouit,
Comme s’il fût encore dans son sol d’origine.
Tel fut mon sentiment quand, émerveillé,
J’entendis mon poème dans la langue étrangère
15.

La « parabole » de ce texte se résume dans le miracle de voir refleurir, ressusciter une nature que l’on croyait déjà morte, miracle comparé précisément à l’acte traductif. Le poète s’émerveille de voir renaître son poème transporté dans l’autre langue, « hors-sol », dans un nouveau réceptacle.

Alors qu’on pourrait croire que la traduction arrache l’œuvre à sa langue maternelle, en la condamnant à dépérir, s’étioler, l’original revit dans la langue étrangère. À l’instar de ses idées sur la métamorphose des plantes, Goethe place l’acte de traduire, cette métamorphose linguistique, sous le signe de la vitalité16. À travers son texte traduit, l’auteur vit, par substitution, une deuxième vie, une renaissance : « Meurs et deviens ! », pour citer l’une des formules les plus célèbres du poète, issue de l’un des poèmes du Divan occidental-oriental17.

On aurait tort de croire que cette attitude de Goethe envers les traductions de ses propres œuvres se réduirait à un plaisir tout personnel, à une satisfaction égocentrique. En réalité, elle ne découle nullement de quelque trouble narcissique d’un vieux poète célèbre, dans la mesure où elle transcende largement son cas individuel. En effet, Goethe a pu faire des remarques très similaires sur des traductions d’autres écrivains, comme notamment celle du Wallenstein de Schiller en anglais par Coleridge18. Il ne faut pas non plus oublier que le titre du poème « Parabole » implique d’emblée la perspective d’une généralisation (de type allégorique) de son expérience personnelle.

On peut ainsi retenir que, loin de se réduire à une sorte de vaine coquetterie, les prises de position de Goethe en faveur de l’être-traduit en disent long sur son goût de l’altérité langagière en général. Elles illustrent à quel point son œuvre allemande naît et (re)vit au contact de la diversité des langues. De cette manière, on voit enfin que le rôle de la traduction dans son œuvre ne se résume nullement à la création d’un grand marché mondial des œuvres littéraires, mais qu’il participe pleinement, activement de son imaginaire plurilingue.

Le projet de l’édition bilingue de la Métamorphose des plantes (1831)

L’un des aspects méconnus du rapport de Goethe à la traduction est la manière dont l’écrivain allemand contribuait à la traduction de certains de ses textes. Prenant plaisir à voir ses propres textes passer d’une langue à l’autre, Goethe est allé jusqu’à préférer la traduction à l’original, comme on a pu le voir. Qui plus est, sa fascination pour l’altérité linguistique l’a amené à s’impliquer activement dans la traduction de plusieurs de ses écrits scientifiques. Dans certains cas, cette implication du poète et homme de sciences va jusqu’à la pratique de l’autotraduction. Le poète fut décidément un « fort en thème », allant jusqu’à pratiquer, par endroits, des formes d’autotraduction.

L’exemple le plus important de cette participation à la traduction de ses écrits scientifiques de Goethe concerne son célèbre Essai sur la métamorphose des plantes, publiée initialement en 1790. Pièce maîtresse de ses études morphologiques, ce texte a fait l’objet, une quarantaine d’années après sa première publication, d’une nouvelle version révisée et augmentée, en version bilingue français-allemand, publiée chez Cotta, l’éditeur de Goethe à Stuttgart19. Signée par Frédéric Soret (1795-1865), savant et naturaliste suisse d’origine genevoise, elle a bénéficié de la collaboration de Goethe, qui y contribue de manière très substantielle jusqu’à autotraduire plusieurs passages.

En même temps qu’il dédie un poème « botanique » aux vertus de la traduction, Goethe participe donc à la traduction de sa plus importante contribution à l’histoire de la botanique, associant la théorie à la pratique, pour ainsi dire. L’objectif de cette réédition en version bilingue consistait à permettre une meilleure diffusion internationale de sa doctrine de la métamorphose, en particulier en France. Depuis la première publication de son essai, les sciences naturelles y avaient connu un essor spectaculaire attaché aux noms de Cuvier, Geoffroy Saint-Hilaire, Jussieu, Lamarck, sans oublier Candolle en Suisse. En traduisant son texte dans l’une des grandes langues scientifiques du moment, Goethe entendait contribuer activement au discours scientifique international, en s’y assurant une place certaine comme précurseur des théories les plus modernes. En 1784, la décision de traduire en latin son essai sur l’os intermaxillaire, pour l’envoyer au grand anatomiste hollandais Petrus Camper, constitue un intéressant précédent à cet égard20.

La première mention du projet remonte à l’année 1824, mais le travail de traduction et d’édition à proprement parler s’étend de juin 1828 à juillet 1831. À l’occasion de sa traduction, la nouvelle édition de l’essai est augmentée par plusieurs annexes et appendices qui avaient pour but d’inscrire son approche dans l’histoire récente de la science, des années 1790 à 1820, en particulier dans le domaine de la botanique : « L’auteur expose l’histoire de ses études de botanique » ; « L’influence de cet écrit et développement ultérieur de l’idée qui s’y trouve exposée » ; « Sur la tendance spirale » (qui représente un prolongement de ses recherches passées). Il s’agissait de marquer le caractère historique de son texte, dépassé par les avancées les plus récentes dans son domaine, tout en affirmant la contribution qu’il a pu y apporter à son époque. Les échos positifs que sa réédition a pu susciter, notamment à Paris, lui ont procuré une joie immense, comme le relate Soret21. C’était probablement aussi pour le poète l’occasion de rehausser sa réputation de scientifique après le mauvais accueil qui avait été réservé à sa Theorie des couleurs22.

Pour marquer la distance qui sépare son texte de l’état actuel de la science, Goethe avait demandé à son traducteur de ne pas utiliser le français scientifique moderne, mais d’imiter la langue d’avant 1800, à commencer par l’orthographe qui, par exemple, utilise systématiquement « avoit » au lieu d’« avait ». Si la réforme de l’orthographe de 1835 allait acter la disparition des anciennes formes, celles-ci avaient déjà été modernisées auparavant, notamment dans les publications scientifiques. Face aux difficultés lexicales et conceptuelles posées par le texte source, Soret aurait souhaité s’inspirer des publications les plus actuelles, dont la récente Organographie végétale de Candolle23, mais l’auteur craignait que cela modernise trop son texte, en effaçant son historicité. C’est le reproche qu’il faisait d’ailleurs à la traduction française (d’après la version non augmentée de 1790) que Frédéric de Gingins-Lassaraz avait publiée en 1829, en adaptant le texte de Goethe à la terminologie nouvelle24. Le travail de Soret a également été compliqué par le fait que Goethe pouvait modifier les textes allemands des nouvelles parties pendant que le traducteur était déjà en train de les traduire en français. La genèse de l’édition bilingue est donc un processus complexe qui consiste en un travail croisé sur deux versions linguistiques à la fois, l’auteur intervenant sur les deux versants linguistiques et à tous les niveaux.

La collaboration entre Goethe et Soret

Nourri d’abord par l’enthousiasme partagé de l’auteur et de son traducteur, le projet allait connaître d’importants retards, si bien que Goethe a dû revoir ses ambitions initiales en renonçant à une partie des textes qu’il entendait inclure dans la nouvelle édition. Malgré tout, les ajouts mentionnés doublent le volume de l’essai d’origine, si bien que la version augmentée représente une bonne centaine de pages dans les éditions allemandes actuelles25. Il s’agissait d’un travail d’envergure qui a absorbé une bonne partie de l’énergie à la fois du traducteur et de l’auteur, tous deux fort occupés par d’autres tâches et activités (éducatives, administratives, littéraires, etc.). Somme toute, les acteurs avaient sous-estimé l’ampleur de la tâche. Cette traduction n’était pas censée occuper le centre de leurs préoccupations ; or, de fait, cela semble avoir été le cas, au moins, à certains moments de leur collaboration, qui a été marquée par de fréquents moments de crise.

Étant donné que Soret – arrivé à Weimar en 1822 comme précepteur du très jeune Prince Charles-Alexandre – fréquentait la maison de l’auteur, dont il était devenu proche au fil des années, les échanges épistolaires sont limités. La collaboration se déroulait principalement sous forme d’échanges directs et de séances de travail chez l’auteur. Les traces écrites laissées par leur collaboration au sujet de la Métamorphose des plantes prennent la forme de lettres, de manuscrits et d’écrits mémoriels. Comme montrent ces échanges, il s’agit d’un travail minutieux, de longue haleine, supervisé d’un bout à l’autre par l’auteur. Selon Goethe, les deux hommes auraient travaillé main dans la main lors de l’élaboration de cette traduction qui a été réalisée entre 1828 et 183126. Dans un document daté d’octobre 1829, l’auteur va jusqu’à affirmer que c’est lui qui a élaboré cette traduction « en compagnie de Soret27 ». Si cette dernière déclaration est sans doute très exagérée, les propos rapportés par Johann Peter Eckermann montrent que Goethe prenait une part active à cette entreprise. « Après l’achèvement des Années de voyage, je vais à nouveau me consacrer à la botanique, pour faire avancer la traduction avec Soret28 », dit-il à Eckermann, au début de l’année 1829.

Les manuscrits conservés illustrent d’emblée le caractère collaboratif de la traduction, dans la mesure où Goethe a fait établir une copie au propre de la première version établie par Soret, en demandant à son scribe Johann Christian Schuchardt d’organiser les feuillets en deux colonnes : à droite la traduction de Soret, à gauche les annotations de Goethe. En relisant le texte de son traducteur, l’auteur y a noté, d’abord au crayon, ses remarques, propositions, corrections29. D’après les mémoires de Soret, une première révision commune du travail a eu lieu dès le mois de mars 1829, précisant qu’à cette occasion l’auteur a indiqué « en marge les mots douteux ou fautifs sur lesquels nous avons discuté30 ». Sur cette base, les deux hommes ont établi une version amendée du texte qui intègre une bonne partie des annotations de Goethe. Pendant ce processus, une partie des annotations au crayon ont sans doute été effacées, à moins que ce ne soit le travail du temps qui ait rendu illisible l’écriture. Certaines de ces annotations n’ont ainsi pas pu être intégrées dans l’édition philologique du texte établi par l’Académie nationale des sciences31.

Les conflits entre le traducteur, l’auteur et d’autres collaborateurs

L’une de ces annotations au crayon que les éditeurs allemands n’ont pas pu déchiffrer, mais qui pose moins de problèmes à l’œil averti d’un francophone, est tout à fait révélatrice de la part importante que Goethe prenait dans ce travail. Soret y note, en effet, en bas d’un feuillet : « La traduction de ce paragraphe due à l’auteur a été intentionnellement un peu plus développée que le reste32 ». Il faut savoir que le traducteur n’a guère apprécié la manière dont Goethe abordait la traduction de son propre texte. Soret était beaucoup plus attaché à la lettre du texte, supportant mal la tendance à la paraphrase qui était celle de Goethe. En outre, il se plaignait du fait que l’auteur s’entêtait parfois, en se croyant plus compétent que son traducteur, pour imposer ses propres traductions. Certes, comme il le constate, Goethe « sait fort bien le français », mais seulement en théorie, car dans la pratique il pèche par des « expressions erronées » et par une trop grande « infidélité33 ».

Dans une lettre à sa famille datant du 17 janvier 1831, il s’émeut des difficultés de sa collaboration :

pour comble de malheur Goethe avoit en plusieurs endroits substitué des phrases entières aux miennes ; je ne veux point lui contester le droit de se mieux comprendre que je ne puis le faire, mais en deux ou trois endroits c’étoit plutôt une paraphrase qu’une traduction et il y avoit des tournures ou des expressions tout à fait insolites34...

Les témoignages laissés par Soret regorgent de ce genre de remarques, voire de plaintes. Non content d’intervenir lui-même dans la traduction, Goethe charge également d’autres germanophones de réviser la traduction de Soret, ce qui s’avère souvent contreproductif, en introduisant force germanismes dans la traduction. C’est le cas notamment des interventions de son secrétaire Friedrich Wilhelm Riemer, dont on voit effectivement qu’elles altèrent la qualité de la traduction initialement proposée35.

Soret avait accepté avec joie la proposition de Goethe de traduire sa Métamorphose des plantes, d’autant plus que, naturaliste, il s’intéressait vivement à ses activités scientifiques. Son travail avec Goethe lui a d’ailleurs inspiré des réflexions personnelles en matière de botanique dont on trouve des traces dans les manuscrits de la traduction36. Au bout du compte, Soret reste toutefois très insatisfait du travail de traduction, dont il a du mal à accepter la publication en l’état, le jugeant perfectible, inachevé, comme il le dit dans plusieurs lettres à sa famille. En marge de différents manuscrits, on trouve en effet un nombre important de remarques où il insiste pour recevoir de nouvelles épreuves afin d’amender le texte retravaillé par Goethe et Riemer. L’auteur, pour sa part, craignait que le projet s’enlise et insistait pour parachever rapidement l’ouvrage.

Malgré tous ces problèmes, Soret était néanmoins heureux de fréquenter le grand homme et d’associer son nom au sien. Par endroits, on aperçoit même des signes d’une complicité, voire d’une amitié entre l’auteur et son traducteur. En plus, Soret avait aussi besoin de Goethe pour comprendre toutes les finesses d’un texte allemand exigeant, difficile. Le plus grand nombre des remarques et corrections de l’auteur s’avèrent être tout à fait pertinentes. Fréquemment, le traducteur a été mis devant les limites de ses compétences. C’est alors que l’auteur a pu intervenir pour l’aider, en apportant son aide.

Exemples d’auto-traduction

En dehors du rapport de force, inévitable, entre, d’une part, Goethe, le grand auteur, légende vivante au faîte de sa gloire, et, d’autre part, le petit précepteur suisse, ayant accepté de s’improviser traducteur d’un texte scientifique en allemand qui le confrontait à ses limites, leur collaboration peut être considérée très fructueuse. Si certaines interventions de personnes tierces, comme celles de Riemer, ont été malheureuses, l’apport de Goethe a le plus souvent été constructif. Les documents conservés témoignent d’une recherche de compromis entre l’auteur et son traducteur. Ces échanges ont été d’autant plus précieux que Soret ne pouvait se passer de l’expertise de Goethe. En témoignent plusieurs endroits dans les manuscrits où le traducteur avait sauté un paragraphe, en laissant un blanc, pour demander de l’aide à Goethe, voire pour lui réclamer sa propre traduction. Dans une lettre à sa famille, datant du 17 janvier 1831, le traducteur donne un exemple de cette pratique collaborative :

j’ai conservé comme un monument remarquable tout un paragraphe que j’avois laissé blanc et que Goethe a rempli, je me suis borné à corriger une ou deux fautes d’orthographe et à remplacer un mot par un autre plus généralement usité37.

La lettre de Goethe à Soret, datant du 6 janvier 1831, où l’auteur annonce l’envoi d’un passage traduit de sa propre main, confirme le procédé :

Ci-joint, ad pag. 31, une tentative pour vous montrer comment je crois pouvoir exprimer mes idées en langue étrangère. Reste évidemment la question de savoir si vous acceptez de faire passer mon français pour le vôtre38.

Le contenu de la lettre précédente, datée de la veille, porte à penser que Soret avait demandé de l’aide à l’auteur pour rendre un passage qui présentait des difficultés. Goethe s’essaie alors lui-même à la traduction de son texte, sans être sûr que la qualité de son français soit suffisante pour que cette version soit utilisée telle quelle. En effet, les tentatives d’autotraduction de l’auteur n’ont pas toujours été concluantes. Cependant, Soret n’a pas toujours pu (ou voulu) imposer son propre point de vue face non seulement à l’autorité de Goethe, mais aussi compte tenu de ses évidentes compétences. En l’occurrence, la version proposée par l’auteur a trouvé l’approbation de Soret, qui n’y aura corrigé qu’une seule expression.

Voici le texte français envoyé au traducteur, conservé comme note de la main de l’auteur collée derrière la couverture de l’un des exemplaires du livre, conservé dans la bibliothèque de Goethe à Weimar :

Observant donc une telle suite de phénomènes, je me persuadois de plus en plus qu’il n’y avoit pas une détermination originaire de formes végétales absolument décidées, mais que les plantes, malgré une tenacité générique et spécifique, étoient en même temps douées d’une heureuse mobilité, d’une souplesse particulière, pour se conformer à toutes les conditions auxquelles leur développement pourroit être assujetti sur la surface de ce globe terraqué39.

Ce passage est identique à la traduction publiée hormis le changement de l’expression vieillie « globe terraqué » en « globe » (« sur la surface du globe ») que Goethe avait initialement choisi pour « Erdkreis » (la terre).

Une comparaison avec le texte original confirme les libertés prises par Goethe avec le texte allemand, une certaine tendance à la paraphrase qui était la sienne dans ce travail, comme le montre notamment le début du paragraphe :

Das Wechselhafte der Pflanzengestalten, dem ich längst auf seinem eigenthümlichen Gange gefolgt, erweckte nun bey mir immermehr die Vorstellung: die uns umgebenden Pflanzenformen seyen nicht ursprünglich determinirt und festgestellt, ihnen sey vielmehr, bey einer eigensinigen, generischen und specifischen Hartnäckigkeit, eine glückliche Mobilität und Biegsamkeit verliehen, um in so viele Bedingungen, die über dem Erdkreis auf sie einwirken, sich zu fügen und darnach bilden und umbilden zu können40.

En même temps, le sens global du passage semble avoir été restitué avec soin, dans un français correct, ce qui confère à la version française le statut certes d’une réécriture, mais d’une réécriture qui s’avère, en fin de compte, fidèle à l’original.

En l’absence d’une correspondance plus fournie à ce sujet, on peut supposer que ce genre d’échanges linguistiques était la règle lors des séances de travail entre Goethe et Soret. Dans une lettre à Sulpiz Boisserée, l’auteur évoque ainsi un certain nombre de « passages centraux » où il aurait proposé (sinon imposé) sa propre version française à son traducteur, lequel aurait ensuite amendé et intégré ses propositions. En effet, les manuscrits permettent d’identifier toute une série de passages où l’auteur semble avoir autotraduit des paragraphes entiers41. S’y ajoutent ses très nombreuses interventions, parfois très ponctuelles, en marge pour ce qui concerne l’intégralité des textes publiés dans cette nouvelle édition.

Conclusion

Ces témoignages et exemples attestent clairement que Goethe a pris une part importante à l’élaboration de la version française de la Métamorphose des plantes. S’il est difficile d’évaluer quantitativement son apport, sa collaboration très active tout au long du processus traductif et éditorial semble patente. Lorsque sa participation se transforme en autotraduction, tendant à supplanter Soret, qui signe officiellement la traduction, ce fait illustre avant tout sa motivation pour voir renaître son texte allemand dans l’autre langue, qui plus est dans une langue qu’il admirait beaucoup et qui était l’une des langues scientifiques les plus importantes de son époque. Ainsi, cette version franco-allemande avait comme principal but de donner une nouvelle vie à un texte qu’il rêvait de voir reconnu, à l’échelle internationale, comme une contribution majeure à l’histoire de la botanique. Dans sa lettre à Sulpiz Boisserée, citée plus haut, Goethe conclut son compte rendu en déclarant que les échanges linguistiques dans le cadre de cette traduction collaborative auront permis d’aboutir à une version française qui sera probablement plus « compréhensible » que l’original, ce qui fournit un beau résumé des vertus du plurilinguisme selon Goethe !

Notes

1La citation en accroche du titre du présent article est une annotation manuscrite située sur une copie au propre du manuscrit de la traduction française de la Métamorphose des plantes par Frédéric Soret, Goethe und Schiller-Archiv Weimar, GSA 26/LIV, 7, 63e, p. 68.

2Pour un premier aperçu sous forme de tableau synthétique, on peut consulter (en allemand seulement) : <https://de.wikipedia.org/wiki/ Liste_der_Übersetzungen_von_Goethe>. Il s’agit du seul tableau aisément accessible qui présente ainsi les traductions du poète.

3Voir la présentation des éditeurs dans Diderot/Goethe, Le neveu de Rameau/Rameaus Neffe/Satire seconde, éd. Jacques Berchtold et Michel Delon, Paris, Fayard, 2017.

4Goethe, West-östlicher Divan, Noten und Abhandlungen, Hamburger Ausgabe: Werke, éd. Erich Trunz, Munich, Beck, 1948-1981, vol. 2, p. 255-258 (partie « traductions »). Cité ci-après par HA suivi du numéro de volume et de la pagination.

5Cf. Jérôme David, Spectres de Goethe, Les métamorphoses de la « littérature mondiale », Paris, Les Belles Lettres, 2012.

6Goethe, Lettre à Zelter, 19 mars 1818 (ma traduction). Version originale : « Dieß ist ein ganz eigener Spiegel wenn man sich in einer fremden Sprache wieder erblickt. ». In : Goethe, Weimarer Ausgabe, quatrième section : correspondance, Weimar, Böhlau, 1887-1919, vol. IV.29, p. 91. Cité ci-après par WA suivi du numéro de volume et de la pagination.

7Goethe, Faust II, v. 4727, trad. Jean Malaplate (Paris, GF-Flammarion, 1984). Version originale : « Am farbigen Abglanz haben wir das Leben », HA 3, p. 149.

8Goethe, Lettre à Thomas Holcroft, 29 mai 1801, WA IV.15, p. 234.

9Eckermann, op. cit., 18 janvier 1825 (ma traduction). Version originale : « Besonders lieb ist es mir in der lateinischen Übersetzung; es kommt mir da vornehmer vor, als wäre es, der Form nach, zu seinem Ursprunge zurückgekehrt. », FA II.12 (39), p. 141.

10Ibid., 3 janvier 1830 (ma traduction). Version originale : « Im Deutschen, sagte er, mag ich den Faust nicht mehr lesen; aber in dieser französischen Übersetzung wirkt alles wieder durchaus frisch, neu und geistreich. », FA II.12 (39), p. 373.

11Cf. Peter Utz, Anders gesagt – autrement dit – in other words, Munich, Hanser, 2007.

12Goethe, Lettre à Carlyle, 15 juin 1828 (ma traduction). Version originale : « daß der Übersetzer nicht nur für seine Nation allein arbeitet, sondern auch für die aus deren Sprache er das Werk herüber genommen. », WA IV.44, p. 140.

13Voir aussi à ce sujet mon essai Les langues de Goethe, Essai sur l’imaginaire plurilingue d’un poète national, Paris, Kimé, 2021.

14Goethe, Lettre à Carlyle, 6 juillet 1829, WA IV.46, p. 12

15Ma traduction. Version originale : « Ein Gleichnis / Jüngst pflückt’ ich einen Wiesenstrauß, / Trug ihn gedankenvoll nach Haus; / Da hatten, von der warmen Hand, / Die Kronen sich alle zur Erde gewandt. / Ich setzte sie in frisches Glas, / Und welch ein Wunder war mir Das! / Die Köpfchen hoben sich empor, / Die Blätterstengel im grünen Flor; / Und allzusammen so gesund, / Als ständen sie noch auf Muttergrund. / So war mir’s, als ich wundersam / Mein Lied in fremder Sprache vernahm. », FA 1.2, p. 862.

16Voir aussi Antoins Berman, L’épreuve de l’étranger. Culture et traduction dans l’Allemagne romantique, Paris, Gallimard, 1984, p. 88-89.

17« Bienheureux désir » / « Selige Sehnsucht », In : Goethe, Le Divan [occidental-oriental], « Livre du chanteur », trad. Henri Lichtenberger, Paris, Gallimard, 1984 [1950], p. 44 ; original : « Stirb und werde! », HA 2, p. 18,

18Voir sa lettre à Carlyle, op. cit.

19Goethe, Versuch über die Metamorphose der Pflanzen, übersetzt von Friedrich Soret nebst geschichtlichen Nachträgen [Essai sur la métamorphose des plantes, traduit par Frédéric Soret et suivi de notes historiques], Stuttgart, Cotta, 1831.

20Goethe, « Versuch aus der vergleichenden Knochenlehre », HA 13, 184-196. La traduction latine, intitulée Os intermaxillare / Homini / cum reliquis animalibus commune / Specimen / osteologiae comparatae / latine versum, est conservée aux Archives Goethe et Schiller de Weimar (GSA 26/LXIII, 10, 1) et éditée dans Goethe, Die Schriften zur Naturwissenschaft, éd. Dorothea Kuhn et alii, Weimar, Böhlau, 1947 sq., Zur Morphologie. Von den Anfängen bis 1795, II 9 A,  M 2  8-14. Cité ci-après par LA suivi du n° de volume et de la pagination.

21Soret, lettre à sa famille, 12 août 1831, citée d’après Ernst Gallati, Frédéric Soret und Goethe. Nach Sorets unveröffentlichter Korrespondenz mit seinen Angehörigen in Genf, Berne et Munich, Francke, 1980, p. 78.

22Voir notamment Jean Lacoste, Goethe, Science et philosophie, Paris, PUF, 1997, p. 91 sq.

23Augustin-Pyramus de Candolle, Organographie végétale ; ou description raisonnée des organes des plantes, pour servir de suite et de développement à la théorie élémentaire de la botanique, et d’introduction à la physiologie végétale et à la description des familles, Paris, Deterville, 1827

24Goethe, Essai sur la métamorphose des plantes, trad. Frédéric de Gingins-Lassaraz, Genève, Barbezat, 1829. Cf. LA II, 10B, p. 874.

25Cf. HA 13, 64-168.

26Eckermann, op. cit., notamment l’entrée du 24 février 1831, FA II.12 (39), p. 450.

27Goethe, annexe à une lettre à Johann Friedrich Cotta, 25 octobre 1829, WA IV.46, p. 123.

28Eckermann, op. cit., entrée du 13 février 1829, FA II.12 (39), p. 306.

29GSA 26/LIV, 7, 63e.

30Soret, Conversations avec Goethe, éd. A. Robinet de Cléry, Paris, Montaigne, 1931, p. 67.

31Voir LA II, 10B, p. 899.

32Frédéric Soret, annotation manuscrite sur une copie au propre du manuscrit de la traduction française de la Métamorphose des plantes. Goethe und Schiller-Archiv Weimar, GSA 26/LIV, 7, 63e, p. 68.

33Soret, lettre à sa famille, 20 mai 1831, citée d’après Ernst Gallati, op. cit., p. 77.

34Soret, lettre à sa famille, 17 janvier 1831, citée d’après Ernst Gallati, op. cit., p. 75.

35Cf. Gallati, op. cit., p. 73 sq. Voir ses corrections dans l’un des exemplaires des épreuves : GSA 30/432,1, notamment p. 153, 157 et 169.

36Voir notamment ses annotations dans le « Oktavband » de la Metamorphose der Pflanzen, GSA Bibliothek Goethe.

37Soret, lettre à sa famille, 17 janvier 1831, op. cit.

38Goethe, Lettre à Soret, 6 janvier 1831 (ma traduction). Version originale : « Hierbey ad pag. 31 ein Versuch, wie ich meine Gedanken in einer fremden Sprache auszudrücken glaubte. Es fragt sich freylich, ob Sie mein Französisch für das Ihrige gelten wollen », WA IV.48, p. 74.

39GSA Bibliothek Goethe, Oktavband Metamorphose der Pflanzen.

40Goethe, Versuch über die Metamorphose der Pflanzen, op. cit., p. 150-151.

41Voici un relevé, sans doute incomplet, des passages qui semblent avoir été traduits intégralement ou en majeure partie par Goethe : §81, p. 64-65 ; §94, p. 74-75 ; §99, p. 78-79 ; p. 150-151, § « Observant donc… » ; p. 192-193, § « C’est maintenant la mode … » ; p. 196-197, § « Dans cette série, nous pouvons aussi… » ; p. 200-201, § « P. J. F. Turpin. » ; p. 214-215, § « Les personnes versées… » ; p. 230-231, § « Maître de son exposition… » ; p. 238-239, § « Quant à nous… ».

Pour citer ce document

Dirk Weissmann , « "La traduction de ce paragraphe due à l’auteur a été intentionnellement un peu plus développée que le reste" : la contribution de Goethe à la traduction de sa Métamorphose des plantes (1831) », Histoire culturelle de l'Europe [En ligne], n° 5, « Les hommes, les espaces, la nature : enjeux traductologiques », 2023, URL : http://www.unicaen.fr/mrsh/hce/index.php_id_2444.html

Quelques mots à propos de : Dirk Weissmann

Dirk Weissmann est professeur de littérature de langue allemande à l’Université Toulouse Jean-Jaurès, directeur-adjoint du Centre de Recherches et d’Études Germaniques (CREG) et chercheur associé à l’Institut des textes et manuscrits modernes (ITEM, équipe Multilinguisme, Traduction, Création). Il est l’auteur de nombreuses publications consacrées à la littérature allemande et autrichienne, du XVIIIe siècle à nos jours, étudiée en particulier sous l’angle de ses aspects interculturels et plurilingues. En outre, ses recherches portent sur l’histoire et la théorie de la traduction, ainsi que sur les liens croisés entre traduction et écriture littéraires. Parmi ses publications récentes : Les langues de Goethe, Essai sur l’imaginaire plurilingue d’un poète national, Paris, Kimé, 2021 ; Métamorphoses interculturelles, Les Voix de Marrakech d’Elias Canetti, Paris, Orizons, 2016 ; Sound/Writing : traduire-écrire entre le son et le sens, Homophonic translation – traducson – Oberflächenübersetzung, Paris, EAC, 2019 (avec Vincent Broqua).