Harald, Ragnar et les autres : des popularités contrastées
Résumé
Dans la matière du Nord, qui ne cesse de fasciner, certaines figures, comme celle du roi Harald à la Dent bleue restent peu exploitées par les productions contemporaines, des séries aux jeux vidéo, en passant par les mangas, contrairement à d’autres personnages devenus emblématiques, comme Ragnar Lothbrok ou Harald à la Belle Chevelure, à la réalité historique pourtant plus ténue. Pas de récit épique d’une grande bataille, pas de mort héroïque pour Harald à la Dent bleue, qui ne correspond pas vraiment à l’image que la culture populaire a dessiné du Viking au fil des générations. La présence d’importants vestiges archéologiques associés à son règne ne semble pas non plus être une source d’inspiration majeure, d’autant que Harald est très (trop ?) danois et étroitement associé à la christianisation de son royaume. C’est tout le paradoxe de ce roi dont le surnom, devenu symbole de connexion avec la technologie Bluetooth, a franchi les frontières, mais dont l’histoire même reste très méconnue hors du Danemark.
Abstract
The North is still fascinating, but some figures, like king Harald Bluetooth, have been little used in contemporary productions (television series, video games, manga…), unlike other emblematic figures, like Ragnar Lothbrok or Harald Fairhair, whose historical reality is more tenuous. There is no epic tale of some great battle, no heroic death for Harald Bluetooth, who doesn't really fit into the image of the Viking in popular culture over the generations. The important archaeological remains associated with his reign don't seem to be much of a source of inspiration either, especially as Harald was very (too?) Danish and closely, especially as Harald was very (too?) Danish and closely associated with the Christianisation of his kingdom. This is the paradox of this king whose nickname, which has become synonymous with the Bluetooth technology, has crossed borders, but whose story remains largely unknown outside Denmark.
Table des matières
Texte intégral
Harald à la Belle Chevelure a sa bataille du Hafrsfjord (au tournant des xe et xie siècles), Olaf Ier Tryggvason sa bataille (navale) de Svold (vers 999), Olaf II Haraldsson celle de Stiklestad (1030), toutes chantées par les scaldes, ensuite repris par le poète Snorri Sturluson dans sa Heimskringla1. Autant de figures et d’épisodes porteurs, qui ont notamment inspiré les scénaristes de la série Vikings (diffusée de 2013 à 2020 sur la chaîne History), dans laquelle on retrouve par exemple Harald à la Belle Chevelure (v. 870-931) et un Olaf, probablement Olaf II, surnommé « le saint » (1016-1028). Cette série est par ailleurs construite autour d’un autre personnage emblématique – et désormais mondialement célèbre – des temps vikings, Ragnar Loðbrok (ou « aux braies velues » en français, traduction qui a disparu avec le succès des productions anglophones récentes2, probablement car ce surnom ne correspondait pas à l’image qu’on se fait du viking).
L’argumentaire de la journée à l’origine de cette publication se terminait en s’interrogeant sur les raisons pour lesquelles la matière du Nord continue de tant fasciner aujourd’hui et en se demandant comment les figures historiques et mythiques issues du Moyen Âge scandinave sont sans cesse réactualisées ; des questions qui se posent pour des rois comme Harald à la Belle Chevelure, Olaf Ier ou Olaf II. Mais on pourrait également se demander pourquoi, dans cette même matière, on s’empare plus ou moins de certaines figures. Pourquoi par exemple le personnage de Harald Gormsson, dit « à la Dent bleue » (Bluetooth en anglais), roi des Danois dans la seconde moitié du xe siècle3, au surnom se prêtant pourtant à tous les fantasmes – sans parler de sa récupération pour la technologie Bluetooth –, est si peu exploitée par les productions contemporaines, contrairement à d’autres figures comme Ragnar Loðbrok ou Harald à la Belle Chevelure, à la réalité historique pourtant peut-être plus ténue ?
Cet article tente d’apporter quelques éléments de réponse, en s’appuyant notamment sur les épisodes-clés (au plan narratif et scénaristique) de la vie des personnages : généralement le début du règne, les grandes conquêtes et victoires, la mort. Pour ce faire, après un rapide bilan des rares apparitions de Harald à la Dent bleue dans les productions contemporaines, il s’agira de retourner aux sources pour essayer de voir s’il n’y aurait pas déjà dans les textes médiévaux un certain nombre de biais. Seront ensuite abordées les grandes thématiques auxquelles Harald est généralement associé, pour tenter de voir si elles peuvent être considérées comme porteuses ou emblématiques des vikings. Enfin, nous terminerons sur la dimension très, trop peut-être même, danoise de Harald.
Harald à la Dent bleue dans la culture populaire
La liste des réappropriations contemporaines du roi Harald à la Dent bleue dans la culture populaire n’est en réalité pas bien longue, se limitant essentiellement à quelques apparitions que l’on peut qualifier d’anecdotiques : rien de marquant ni d’emblématique comme a pu l’être la reprise d’un Ragnar dans la série Vikings. Harald apparaît dans le roman suédois de Frans Gunnar Bengtsson, Orm le Rouge (Röde Orm pour le titre original paru en 1941), d’ailleurs à l’origine indirectement du Bluetooth, puisque c’est à la lecture de cet ouvrage qu’un des ingénieurs d’Intel aurait eu l’idée de ce nom dans les années 1990 pour la technologie sur laquelle son équipe était en train de travailler4. Le règne de Harald constitue la toile de fond de l’histoire relatée par F. G. Bengtsson, centrée sur un groupe de vikings parcourant le monde sous son règne, et quelques scènes se déroulent à sa cour de Jelling5. Le portrait du souverain, alors vieillissant, n’est pas vraiment à son avantage : présenté comme un homme âgé, bedonnant, amateur de bières et de femmes, il souffre, lorsque le héros, Orm, le rencontre pour la première fois, d’une terrible rage de dents. L’« héroïsme modéré », pour reprendre l’expression de Caroline Olsson, du récit de F. G. Bengtsson ne correspond pas exactement à l’image fantasmée du viking tel qu’il est exalté dans la culture populaire6.
Beaucoup plus récemment, parmi les dix-huit civilisations que le joueur à Civilization V (2010) peut incarner à l’écran, se trouvent les Danois, avec à la leur tête le roi Harald à la Dent bleue, qui a pour capitale Copenhague – une aberration d’un point de vue historique – et s’exprime en danois moderne – et non en norrois, la langue des anciens Scandinaves –, tout en navigant à bord d’un navire à la proue en forme de tête de dragon et en jurant « par le marteau de Thor » : le viking archétypal sans grande originalité en somme. Au sein du cycle de bandes dessinées intitulé La jeunesse de Thorgal, Harald est représenté, sur fond historique (avec par exemple une scène se déroulant dans le grand port danois du xe siècle, Haithabu/Hedeby), sous les traits d’un personnage violent, la bouche toute peinturlurée de bleue7 : une image assez peu flatteuse, qui renvoie là encore à une image très stéréotypée du viking. Le reste des apparitions contemporaines de Harald se cantonne à des productions danoises restées confidentielles, comme le film de Mogens H. Christiansen, Vølvens forbandelse (2009), « la malédiction de la völva », dans lequel des adolescents voyageant dans le temps rencontrent le roi Harald. Ce dernier n’apparaît ainsi jamais dans les super-productions.
Autre gros succès des années 2010-2020, le manga Vinland Saga voit son histoire se dérouler sous le règne du propre fils de Harald, Sven, dit « à la Barbe fourchue »8. On y retrouve les Jómsvikings, une confrérie de guerriers redoutables, et la forteresse les abritant, associée en partie à Harald, et même fondée par ce roi selon certaines sources9. Pour autant, ce motif n’a pas été repris pour mettre en avant cette figure historique. Pour quelles raisons Harald passe-t-il à ce point sous les radars des scénaristes contemporains ?
Harald à la Dent bleue à travers les sources médiévales
Dès lors que l’on retourne aux textes médiévaux, il faut rappeler un premier effet de source essentiel : Harald est un roi danois. Or les territoires danois sont nettement moins bien couverts par les sagas islandaises, davantage centrées sur la Norvège, si bien qu’il n’existe pas de saga qui lui soit consacrée, contrairement à nombre de rois norvégiens. Harald apparaît bien dans plusieurs d’entre elles, notamment la Saga d’Olaf Tryggvason par Snorri Sturluson10 ou la Saga des Jómsvikings11, mais son portrait, et surtout sa mort, n’y sont généralement pas à son avantage, quand la fin de ce souverain n’est tout simplement pas sans le moindre intérêt scénaristique. Dans la Fagrskinna, qui retrace l’histoire des rois des Norvégiens, l’auteur se contente ainsi de résumer cette fin de règne : « le roi Harald tomba malade et mourut […] Et Sven Haraldson fut reconnu roi au Danemark »12. Difficile de monter un scénario haletant à partir de cela…
Harald est donc bien éloigné des héros grandioses mis en scène dans les sagas. Dans celle consacrée à Olaf Tryggvason, il n’apparaît par exemple que comme un personnage secondaire, qui semble faire le jeu du manipulateur Håkon Sigurdsson, un jarl norvégien. C’est ce dernier qui a le beau rôle, quand Harald paraît très passif, attendant ses conseils lorsque son neveu, Harald le Doré (ou Gull-Harald) revendique une part du royaume des Danois. Le roi fait alors part à celui qui est encore son grand ami, Håkon, de sa frustration et le jarl est clairement celui qui tire les ficelles dans cette affaire13. Il finit par suggérer au roi d’attribuer un royaume en Norvège à Harald le Doré, au détriment d’un autre personnage, Harald à la Pelisse grise. Au terme d’une bataille du côté du Limfjord vers 970, Harald à la Pelisse grise est tué. Les manigances de Håkon ne s’arrêtent pour autant pas là. Après une entrevue avec Harald le Doré, le jarl met en doute sa fidélité envers Harald à la Dent bleue :
Crois-tu qu’il te restera fidèle quand tu lui auras donné un si grand pouvoir ? L’hiver dernier, il m’a confié qu’il te tuerait si l’occasion s’en présentait. À présent, je veux conquérir pour toi la Norvège et tuer Gull-Harald, à condition que tu me promettes qu’il me sera facile de me réconcilier avec toi après avoir accompli cet acte14.
Håkon, à l’issue d’une bataille qui l’oppose à Harald le Doré, le fait pendre et s’empare de la Norvège, officiellement pour le compte de Harald à la Dent bleue, avant de finalement se retourner contre lui peu de temps après. En quelques années, Håkon s’est donc débarrassé habilement de ses principaux rivaux pour s’imposer en Norvège, se jouant au passage du roi danois.
Quant à la mort de Harald à la Dent bleue, elle est soit passée sous silence, soit assez pitoyable, en particulier dans la Saga des Jómsvikings :
Entre-temps, le roi Harald mit pied à terre, accompagné de ses hommes. Ils s'enfoncent dans les bois, y font un feu et y trinquent. […] Pálnatóki se rend dans la forêt, en face de l’endroit où le roi trinque […] près du feu et se réchauffe le torse et les vêtements. […] Il se tient sur les coudes et les genoux et se penche vers le bas […] Pálnatóki les a entendus parler […] Il pose une flèche sur la corde et tire sur le roi ; la flèche s’enfonce dans les fesses du roi, le traverse de part en part et ressort par sa bouche ; le roi tombe immédiatement sans vie sur le sol, comme on pouvait s’y attendre15.
Le contraste est saisissant avec la mort héroïque de figures mythiques comme Ragnar Loðbrok, jeté par le roi de Northumbrie Ælle dans une fosse remplie de serpents16, ou même de rois comme Olaf Tryggvason, qui saute par-dessus bord et disparaît dans les flots après sa défaite lors de la bataille de Svold17. Même la mort, trop paisible pour un héros, de Harald à la Belle Chevelure, emporté par la maladie, est en quelque sorte compensée par le poète lorsqu’il s’attarde sur la description de la tombe grandiose du roi, sous une imposante pierre, elle-même sous un tertre : Snorri fait ainsi entrer malgré tout Harald dans la légende.
Hormis ces rares apparitions au détour de quelques sagas, un des principaux auteurs qui évoque Harald à la Dent bleue est l’archevêque de Hambourg-Brême, Adam18. Ce dernier n’est toutefois pas intéressé par le passé viking du souverain : son objectif est d’en faire un saint. Pour ce faire, il insiste avant tout sur son parcours religieux et sa fin en martyr, dans un récit aux accents hagiographiques :
Quant à notre cher Harald, qui a le premier proposé au peuple danois d’adopter la foi chrétienne et a empli tout le Nord de missionnaires et d’églises, lui qui, en dépit de son innocence, a été blessé et a souffert l’exil pour le Christ, j’espère bien que la couronne du martyre ne lui sera pas refusée19.
Sous la plume de Saxo Grammaticus aussi la figure de Harald est très largement reconstruite pour les besoins de son récit : il en fait un personnage charnière, entre période païenne et entrée dans le christianisme. Ce roi de transition incarne encore la démesure des derniers temps païens. Sa politique exagérée de grands travaux, teintée de penchants tyranniques sur ses vieux jours, aurait ainsi causée sa perte, du moins à en croire Saxo, qui relate comment, après avoir finalement abandonné le lourd projet qu’il avait de marquer la tombe de sa mère d’un énorme bloc de pierre, Harald se reconcentre sur ses objectifs militaires. Il se heurte alors au mécontentement de ses guerriers :
L’armée en effet, exaspérée par l’injure que constituait une tâche si infamante, refusa de prendre les armes pour celui qui lui avait imposé le joug. Et aucun ordre royal ni supplique ne put l’inciter à garantir l’intégrité de la tête de celui qui avait condamné leur nuque à tous par cet ordre honteux20.
Finalement, Harald apparaît donc dans ces textes comme un roi chrétien aux penchants tyranniques à la fin soit pitoyable soit sans intérêt, quand sa jeunesse reste un grand mystère : les récits chrétiens occultent les raids auxquels il a probablement pris part, avec toute la gloire qui les accompagne dans le système de valeurs des anciens Scandinaves, celui des temps encore païens. Autrement dit, les producteurs contemporains n’ont vraiment pas grand-chose à quoi se raccrocher, tandis que les sagas ont en quelque sorte tissé un pré-scénario autour d’autres figures, facilitant le travail des auteurs et scénaristes. Le grand public rêve de grandes batailles et de victoires comme à Hafrsfjord, d’expéditions maritimes et de découvertes comme celles de Ragnar en Angleterre, ou encore des morts héroïques. Aucun récit de ce genre n’existe pour Harald à la Dent bleue : ses expéditions maritimes demeurent mal connues, aucune grande bataille ne lui est associée, sa fuite et sa mort sont au mieux mal connues, au pire pitoyables ; bref, rien qui puisse correspondre à l’image que la culture populaire a dessiné du viking.
Les principales sources du règne de Harald sont en fait matérielles. Ce sont elles qui permettent, malgré toutes les incertitudes qui l’entourent, d’être sûrs que ce roi a bel et bien existé, laissant son empreinte dans le paysage, en particulier à Jelling, un site monumental au cœur du Jutland qui associe deux tertres païens, une église, deux pierres runiques, un alignement naviforme et une immense palissade enserrant le tout21. S’y ajoutent, en différents points du Danemark, plusieurs forteresses circulaires, caractéristiques du règne de Harald22. Or, les figures plus populaires, telles que Ragnar Loðbrok ou Harald à la Belle Chevelure n’ont pas laissé d’empreinte équivalente. Peut-être peut-on voir dans ce contraste entre données textuelles, très limitées pour Harald à la Dent bleue, et traces matérielles, inexistantes pour Ragnar et Harald à la Belle Chevelure, un premier élément d’explication : il est plus difficile de fantasmer sur des vestiges archéologiques parfois à peine visibles qu’à partir de récits épiques comme ceux des sagas, qui ont une dimension narrative que les données matérielles n’ont pas. On pourrait toutefois nuancer quelque peu : parmi les traces archéologiques, les scénaristes auraient pu rapprocher les forteresses circulaires de celle de Jómsborg décrite dans les sagas23, ce qui n’est pas le cas. S’il n’existe aucun lien évident entre les deux d’un point vue historique, en termes de scénario il y avait probablement du potentiel. L’aspect le plus populaire de Harald à la Dent bleue reste son surnom en anglais, Bluetooth, mais sans lien évident avec la figure archétypale du Viking, si bien que la majeure partie du grand public ne fait pas le lien entre cette technologie devenue courante et ce roi des Danois.
Une figure (trop ?) étroitement associée au thème de la christianisation
Qu’il s’agisse de Ragnar Loðbrok ou de Harald à la Belle Chevelure, nous manquons cruellement de représentation visuelle. Un de ceux pour lequel il en existe quelques-unes est pourtant Harald à la Dent bleue, bien qu’elles soient assez tardives. Les plaques retrouvées dans l’église jutlandaise de Tamdrup (qui servaient peut-être à orner le bas de l’autel ou un reliquaire) mettent en images le récit du baptême du roi tel que le rapporte le moine Widukind dans son Histoire des Saxons24. On peut y voir le missionnaire Poppon tenter de convaincre Harald de se convertir, avant de se soumettre à l’épreuve du feu pour montrer la puissance du Dieu des chrétiens, puis de montrer sa main intacte au roi, emportant l’adhésion de ce dernier, qui reçoit alors le baptême (fig. 1). Harald apparaît également sur une fresque du xvie siècle représentée sur un des piliers de la cathédrale de Roskilde. C’est l’image que l’on retrouve généralement associée à ce souverain – à commencer par la page française de Wikipédia25, quand les pages danoise et anglaise privilégient une plaque de Tamdrup –, alors même que l’apparence exacte de la peinture originelle du xvie siècle reste inconnue, en raison des nombreuses rénovations. Le dessin actuellement visible résulte des reprises de l’archéologue Jacob Kornerup dans les années 1870. S’y ajoute le tableau de Claes Corneliszoon Moeyaert, qui a peint, à la demande du roi du Danemark Christian IV (1588-1648), désireux d’agrémenter son château de Kronborg de peintures historiques centrées sur la royauté, Harald à la mode du xviie siècle : dans une église, au pied de l’autel, avec une tenue et tous les symboles modernes du pouvoir26.
Fig. 1.
Plaques de Tamdrup (Jutland, Danemark, vers 1100) représentant Poppon tentant de convaincre Harald à la Dent bleue de se convertir, avant de se soumettre à l’épreuve du feu, et qui remporte l’adhésion du roi, finalement baptisé
(Photo : Lennart Larsen, Nationalmuseet, Danemark).
L’imaginaire collectif ne s’est toutefois pas raccroché non plus à ces éléments visuels, bien que tardifs, très vraisemblablement parce qu’ils ne correspondent pas à image populaire que l’on se fait du viking, bien loin du gentilhomme des xvie-xviie siècles aux bas rouges et à la cuirasse dorée peint sur le pilier de la cathédrale de Roskilde. La plupart de ces représentations sont par ailleurs associées à la thématique du baptême de Harald et de la christianisation des Danois, qui ne sont pas vraiment des thèmes que l’on a coutume d’associer aux vikings qui restent, dans l’imaginaire collectif, des païens armés de haches. Harald à la Dent bleue n’était donc vraiment pas le personnage le plus pertinent pour incarner le Viking archétypal, contrairement à un Harald à la Belle Chevelure ou à un Ragnar Loðbrok, qui demeurent, jusqu’à leur dernier souffle, païens. La conversion du roi des Danois au christianisme prive au contraire les scénaristes contemporains de toutes les thématiques emblématiques et attendues : le Valhalla, le Ragnarök… bref tout l’imaginaire convoqué par le mot « viking ».
Si on en revient aux xviiie et xixe siècles, ce sont d’ailleurs plutôt les parents de Harald qui sont représentés, en récréant bien souvent le couple attendu du païen et de la chrétienne – alors même qu’on ignore tout de la religion de Thyra, la mère de Harald. L’huile sur toile peinte par Johan Julius Exner en 1849 met par exemple en scène la reine calmant la colère de son époux : avec ses airs de Vierge Marie, drapée dans sa robe bleue et la tête couverte d’un long voile blanc, Thyra fait face à son mari, qui reprend tous les codes attendus pour représenter le guerrier païen (la longue barbe, l’épée et le casque). La figure de Harald, roi devenu chrétien et dont on ignore quasiment tout des épouses, ne permet pas une telle mise en scène. Les représentations des xviiie et xixe siècles s’appuient notamment sur les textes du danois Sven Aggesen qui, à la fin du xiie siècle, loue dans sa Brève histoire des rois des Danois la beauté, la sagesse et l’énergie de la reine Thyra et en fait, comme son contemporain Saxo Grammaticus peu après lui, celle qui aurait construit le Danevirke et défendu le royaume danois contre l’empereur germanique27. Une telle présentation en faisait la figure idéale dans le contexte de la défaite danoise face à la Prusse en 1864. Alors qu’une grande partie du Jutland est perdue, la mère de Harald sert d’idéal féminin : à la fois mère et reine, courageuse défenseuse du royaume et de la foi chrétienne, elle est bien plus mobilisée que la figure de son fils. La gravure réalisée par Lorenz Frølich en 1856 est ainsi largement reprise et utilisée durant toute la seconde moitié du xixe siècle et le début du xxe. Là encore, Thyra est représentée sous les traits d’une chrétienne, un crucifix dans les mains (fig. 2).
Fig. 2.
La reine Thyra supervisant la construction du Danevirke, gravure par Lorenz Frølich (1856).
(https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Thyra_Danebod.gif)
Le xxie siècle débutant, pourtant toujours en quête de figures féminines fortes, n’a toutefois pas repris celle-ci, probablement parce que la thématique de la construction du Danevirke ne parle plus beaucoup : le grand public ne sait généralement pas de quoi il s’agit et la notion de frontière fortifiée en plein cœur du continent européen a perdu tout sens depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et la construction de l’Union européenne. Dans un contexte européen de paix retrouvée et de disparition des frontières internes de l’Europe, Thyra ne cadrait plus. On aurait alors pu en revenir à son fils, mais il n’en fut rien et ce, en dépit du regain d’intérêt, au tournant des xxe et xxie siècles, pour le complexe royal de Jelling, ravivé par de nouvelles découvertes, à commencer par la gigantesque palissade et le tracé naviforme au sol en 2006. Les nombreux titres publiés depuis les années 2000 autour du site confirment que l’attention portée à Jelling – avec toujours une coloration nettement archéologique – est loin de se tarir au Danemark28. Avant même ces nouvelles découvertes se dégageait déjà des travaux sur l’histoire danoise, dans le dernier quart du xxe siècle, un vif intérêt pour Jelling et la dynastie qui a pris son nom, celle de Harald. Le site est ainsi à l’honneur sur la couverture de plusieurs ouvrages ayant fait date et mettant en avant des motifs renvoyant dans notre imaginaire au viking, en particulier le serpent ou dragon. C’est le choix fait en particulier pour les synthèses marquantes de Klavs Randsborg et d’Else Roesdahl en 1980 et 1982, dont la couverture reprenait la face de la grande pierre runique commanditée par Harald qui mêle un serpent à une autre bête quadrupède (face B), alors préférée à celle qui met en scène un Christ triomphant (face C)29 (fig. 3, 4 et 5). Cette décision n’est pas anodine : l’accent n’est pas tellement mis sur la conversion ni donc sur la figure de Harald, qui l’incarne, mais plutôt sur les spécificités du royaume des Danois, en convoquant ce qui évoque les temps vikings, à travers ce serpent (ou dragon) si caractéristique du style ornemental auquel on a d’ailleurs donné le nom de « style de Jelling ». Dans les années 1980, la face B paraissait de toute évidence plus emblématique du Danemark des temps viking, ainsi réduit à une image unique tirée d’une seule pierre se trouvant sur un site bien spécifique.
Fig. 3.
Couverture du livre de Klavs Randsborg (1980).
Fig. 4.
Couverture du livre d’Else Roesdahl (1982).
Fig. 5.
Face C de la grande pierre de Jelling (reproduction colorisée de 2013)
Mais une vingtaine d’années plus tard, force est de constater que le serpent s’efface largement au profit du Christ. La face C est désormais la plus reproduite. En 1997, le choix de la faire figurer sur la deuxième page des passeports danois fait officiellement de la pierre un symbole national, à travers cette fois la face qui rappelle la conversion au christianisme, et non plus celle rappelant le passé viking ; un choix lourd de sens, trois ans seulement après l’entrée du site de Jelling au patrimoine mondial de l’Unesco30.
Une figure du roman national danois vs l’Internationale viking
Cette présence du Christ de Jelling sur les passeports danois – quelque chose d’inimaginable du reste dans une France marquée par une laïcité stricte – souligne un autre aspect essentiel du complexe royal et de Harald : leur dimension très nationale. Centraux au Danemark (aussi bien dans les passeports que dans les programmes scolaires31), ces thèmes et figures parlent toutefois très peu en dehors, comme en témoignent la diffusion restreinte des quelques productions danoises contemporaines évoquant Harald évoquées en introduction. On pourrait également citer le tome 8 de L’Histoire illustrée du Danemark (Illustreret Danmarkshistorie), qui porte sur les règnes de Harald à la Dent bleue et de son fils Sven à la Barbe fourchue32. La version retenue et mise en images dans cette bande dessinée de 1995 – à la couverture mêlant en scène une sorte de Bécassine casquée de cornes – pour la mort de Harald reprend celle de la Saga des Jómsvikings, peu à son avantage, choisissant de faire ressortir le grotesque de la situation : Harald, en train de se soulager, reçoit une flèche dans les fesses qui le transperce de part en part, ressortant par la bouche.
Fig. 6.
Couverture du tome 8 de l’Histoire illustrée du Danemark (Illustreret Danmarkshistorie) par Claus Deleuran.
Pourquoi la figure de Harald, très présente dans l’histoire danoise, parle-t-elle si peu en dehors du Danemark ? L’intrigue du manga Vinland Saga débute par exemple sous le règne de Sven à la Barbe fourchue (v. 986-1014), avant de s’intéresser à l’ascension de son fils Cnut, en d’autres termes à la période immédiatement postérieure à Harald, père du premier et grand-père du second. Dans ce manga, Sven est présenté entouré de sa garde redoutable, les Jómsvikings, dont certains textes, comme la Saga des rois de Danemark (Knýtlinga saga), attribuent pourtant plutôt la fondation à Harald33, ce qui aurait pu fournir de la matière pour tisser la légende autour de Harald. Les redoutables Jómsvikings et leur forteresse offrent un cocktail qui pourrait sembler prometteur. D’ailleurs, pour donner une dimension visuelle à Jómsborg, Makoto Yukimura s’est clairement inspiré des imposantes forteresses circulaires construites par Harald au Danemark, désormais bien connues des archéologues, tout en faisant le choix d’associer Jómsborg et les Jómsvikings à Sven, non à son père, ce qui pose la question des raisons d’un tel report. S’agit-il purement d’un souci de chronologie, le scénariste éprouvant le besoin d’enchaîner rapidement sur la découverte du Vinland, qui correspond plutôt au règne de Sven ? Peut-être, mais force est de constater que Sven possède un atout supplémentaire : il a conquis l’Angleterre, ce qui est particulièrement évocateur pour le public contemporain, notamment anglo-saxon mais peut-être aussi japonais, tandis que Harald est en quelque sorte resté cantonné au monde scandinave. Il est d’ailleurs frappant de noter que nombre de grosses productions récentes portent sur le phénomène viking dans cet espace : la série Vikings de Michael Hirst (2013-2020), le jeu vidéo Assassin’s Creed Valhalla d’Ubisoft (2020) ou encore le roman de Ken Follett, Le crépuscule et l’aube (avec pour titre original The Evening and the Morning et également paru en 2020). Dans un tel cadre géographique, Harald reste pour sa part trop danois. Un texte rédigé une cinquantaine d’années après sa mort, vers 1041, l’Éloge de la reine Emma (Encomium Emmae reginae), tout à la gloire de Sven, brosse un portrait très négatif de son père, en prenant bien garde de ne jamais le nommer34. Ce récit, au point de vue résolument anglais, a peut-être également contribué à influencer la réception du personnage de Harald dans le monde anglophone35.
Le Viking tel que le conçoit le xxie siècle n’a pas vraiment de frontières : c’est avant tout un grand voyageur, dont la notoriété dépasse même les frontières du monde exploré par les vikings ayant vécu au ixe ou au xe siècle pour gagner le Japon ou encore le Brésil et le Mexique (où on trouve par exemple des groupes de Viking Metal, comme Pagan Legacy). Plus que jamais, c’est l’explorateur au long cours qui fait fantasmer chez le Viking, dans un xxie siècle marqué par une mondialisation accrue. La mode viking a déferlé partout, jusqu’en Asie et en Amérique du Sud. Dans ce contexte, il faut donc des images et des figures qui parlent partout et à tous les publics, ce qui n’est pas le cas de Harald à la Dent bleue. On n’a en effet pas de grand voyage, de découverte spectaculaire ou de raids particulièrement dévastateur à lui attribuer : les probables attaques menées dans sa jeunesse sont trop méconnues pour être vraiment exploitables ; et ses expéditions en Norvège et sur rives méridionales de la Baltique ne sont en rien équivalentes aux attaques vikings traumatisantes sur le monde occidental ou à la « découverte de l’Amérique » (dans les faits, l’installation temporaire de Scandinaves sur l’île de Terre-Neuve aux environs de l’an 1000). Si on veut être honnête, les épisodes les mieux connus du règne de Harald se situent en terre danoise, grâce en particulier à ses réalisations matérielles, qui ont laissé, aujourd’hui encore, des traces dans le paysage : Jelling, Aggersborg, Trelleborg ou Nonnebakken sont autant de noms qui ne résonnent pas en dehors du Danemark.
Conclusion
Harald à la Dent bleue est une figure centrale dans la construction de l’identité danoise, associée à la fois aux racines vikings et à la christianisation du pays, raison pour laquelle elle n’est précisément pas la plus pratique, la plus malléable ni celle se prêtant le mieux au fantasme parmi les figures vikings en dehors du Danemark. Comme pour les auteurs islandais chrétiens du Moyen Âge, les Danois actuels perçoivent avec ambivalence leurs « ancêtres vikings » – dans le même sens que l’on évoque « nos ancêtres les Gaulois » –, certes barbares et païens, mais aussi chrétiens à partir de Harald, dont le roman national danois s’est donc emparé. Toutefois, ces problématiques identitaires sont bien loin des préoccupations du grand public actuel hors du Danemark, plutôt demandeur de figures transnationales comme Ragnar Loðbrok ou encore Éric le Rouge et ses enfants (associés à la traversée de l’Atlantique). Inversement, Harald, ni bon chrétien ni bon païen, reste un personnage équivoque. C’est finalement là tout le paradoxe de ce roi, perçu avant tout comme danois et pourtant devenu un symbole de connexion mondialement connu à travers le système du Bluetooth, dont il a inspiré le nom, mais cela on l’ignore bien souvent… Le Bluetooth, désormais déconnecté de Harald et des vikings, ne suffit pas à sortir ce souverain de l’ombre, une ombre élaborée au fil des siècles, les productions contemporaines n’étant que la dernière couche du mille-feuille mémoriel (ou plutôt a-mémoriel) qui s’est tissé autour de lui depuis sa mort à la fin du xe siècle.
Notes
1Snorri Sturluson, Heimskringla, vol. I-III, éd. par Bjarni Aðalbjarnarson, Reykjavík, Hið íslenzka fornritafélag, 1941, 1945, 1951 ; trad. fr. François-Xavier Dillmann, Histoire des rois de Norvège, t. 1 et 2, Paris, Gallimard (L’Aube des peuples), 2000 et 2022.Je remercie les deux experts anonymes qui, par leurs suggestions, ont contribué à enrichir ce texte.
2En témoigne la réédition de la traduction de la saga par Jean Renaud : La Saga de Ragnarr aux Braies Velues parue en 2005 chez Anacharsis est ainsi devenue La Saga de Ragnarr loðbrók en 2017.
3Pour une étude de la figure de ce roi et de son règne, on se permettra de renvoyer à Lucie Malbos, Harald à la Dent bleue. Viking, roi, chrétien, Paris, Passés composés, 2022.
4Jim Kardach, « Bluetooth: the naming of a technology », en ligne sur son blog : https://www.kardach.com/bluetooth/naming-bluetooth (consulté le 7 décembre 2023).
5Frans Gunnar Bengtsson, Orm le Rouge, tomes I et II, traduits du suédois par Philippe Bouquet, Larbey, Gaïa Éditions, 1997 et 1998 (seul le premier tome se déroule sous le règne de Harald, le second se situant sous celui de son fils, Sven dit « à la Barbe fourchue »).
6Caroline Olsson, « Le Mythe du Viking entre réalité et fantasme », in Élodie Burle-Errecade et Valérie Naudet (dir.), Fantasmagories du Moyen Âge : Entre médiéval et moyen-âgeux, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2010, p. 191-199.
7Roman Surzhenzo et Yann, La Dent bleue (Les Mondes de Thorgal – La Jeunesse, t. 7), Bruxelles, Le Lombard, 2019, p. 20, 27, 35 et 38‑40.
8Makoto Yukimura, Vinland Saga, Tokyo, Kōdansha, depuis 2005.
9Saga des rois de Danemark, trad. fr. Simon Lebouteiller, Paris, Anacharsis, 2021, c. 1, p. 47.Jakub Morawiec, en étudiant différentes traditions littéraires évoquant la fondation de la forteresse de Jómsborg souligne que la situation politique du Danemark du xiie siècle influence par ailleurs fortement les représentations littéraires de ces guerriers de l’âge viking (Vikings among the Slavs ─ Jombsborg and the Jomsvikings in Old Norse Tradition, Vienne, Fassbaender, 2009).
10Snorri Sturluson, Histoire du roi Olaf Fils Tryggvi, trad. fr. François-Xavier Dillmann, op. cit., p. 224-352.
11The Saga of the Jómsvikings, éd. et trad. du ms. Holm. perg. 7 4to par Norman Francis Blake, Londres, Nelson, 1962 ; The Saga of the Jómsvikings : A Translation with Full Introduction, éd. et trad. du ms. AM 291 4to par Alison Finlay et Þórdís Edda Jóhannesdóttir, The Saga of the Jómsvikings: A Translation with Full Introduction, Kalamazoo, Medieval Institute Publications, 2018 ; « Saga des Vikings de Jómsborg », éd. par Régis Boyer et Jean Renaud, in Sagas légendaires islandaises, Toulouse, Anacharsis, 2012 p. 245-347.
12D’après la traduction anglaise d’Alison Finlay, in Fagrskinna, a catalogue of the Kings of Norway, Leiden, Boston, Brill, 2004, chap. 19, p. 95.
13Snorri Sturluson, Histoire du roi Olaf Fils Tryggvi, trad. fr. François-Xavier Dillmann, op. cit., chap. 10, p. 232-233.
14Ibid., chap. 13, p. 236.
15D’après la traduction anglaise d’Alison Finlay et Þórdís Edda Jóhannesdóttir, op. cit., chap. 11, p. 104.
16La Saga de Ragnarr loðbrók, op. cit., p. 60-61.
17Snorri Sturluson, Histoire du roi Olaf Fils Tryggvi, op. cit., chap. 111, p. 347-348.
18Adam de Brême, Gesta Hammaburgensis ecclesiae pontificum, in Monumenta Germaniae Historica, SS rer. Germ., t. II, éd. Bernhard Schmeidler Hanovre/Leipzig, Hahn, 1917 ; Histoire des archevêques de Hambourg, trad. fr. Jean-Baptiste Brunet-Jailly, Paris, Gallimard, 1998.
19Ibid., II, 28, p. 86.
20Saxo Grammaticus, Gesta Danorum [Histoire des Danois], vol. I, éd. et trad. angl. Karsten Friis-Jensen et Peter Fisher, Oxford, Clarendon Press, 2015, X, 8.3, p. 702 : Exercitus namque tam probrosi officii contumelia lacessitus, pro quo iugum tulerat, arma capere recusauit. Neque enim maiestatis imperio aut prece adduci potuit, ut eius capiti incolumitatem quereret, qui omnium ceruices erubescenda iussione damnasset (traduction française de l’auteur).
21Anne Pedersen, « The Jelling monuments – Ancient royal memorial and world heritage site », in Marie Stoklund et al. (dir.), Runes and their Secrets: Studies in Runology, Copenhague, Tusculanum Press, 2006, p. 283‑313 ; Lucie Malbos, op. cit., p. 59-84.
22Else Roesdahl, « Trelleborg fortresses », in Crabtree Pam J. (dir.), Medieval Archaeology : An Encyclopedia, New York/Londres, Garland, 2001, p. 344‑347.
23Éd. et trad. Alison Finlay et Þórdís Edda Jóhannesdóttir, op. cit., c. 13, p. 110.
24Widukind de Corvey, Rerum Gestarum Saxonicarum libri tres [Histoire des Saxons en trois livres], in MGH, SS rer. Germ., t. LX, éd. Paul Hirsch et H.-E. Lohmann, Hanovre, Hahn, 1935, III, 65 ; trad. fr. Cédric Giraud, in Rois, reines et évêques. L’Allemagne aux xe et xie siecles. Recueil de textes traduits, Turnhout, Brepols, 2009, p. 19‑81, ici p. 74.
25https://fr.wikipedia.org/wiki/Harald_Ier_(roi_de_Danemark (consulté le 19 décembre 2023).
26On pourra retrouver une reproduction de cette peinture dans Lucie Malbos, op. cit., p. IV du cahier couleurs central.
27Sven Aggesen, Brevis Historia Regum Dacie, in Scriptores Minores Historiae Danicae Medii Aevi, vol. 1, éd. Martin C. Gertz, Copenhague, G. E. C. Gad, 1917, chap. VI, p. 112‑113 ; Saxo Grammaticus, op. cit., X, 3.1, p. 688.
28Pour n’en citer que quelques-uns : Anne Pedersen, « The Jelling monuments – Ancient royal memorial and world heritage site », in Marie Stoklund et al. (dir.), Runes and their Secrets : Studies in Runology, Copenhague, Tusculanum Press, 2006, p. 283‑313 ; Klavs Randsborg, « King’s Jelling: Gorm & Thyra’s palace. Harald’s monument – Svend’s cathedral », Acta Archaelogica, vol. 79, 2008, p. 1‑23 ; Mads K. Holst et al., « The late Viking-Age royal constructions at Jelling, Central Jutland, Denmark : recent investigations and a suggestion for an interpretative revision », Praehistorische Zeitschrift, vol. 87, n° 2, 2013, p. 474‑504 ; Else Roesdahl, « King Harald’s rune-stone in Jelling : methods and messages », in Andrew Reynolds et Leslie E Webster. (dir.), Early Medieval Art and Archaeology in the Northern World: Studies in Honour of James Graham-Campbell, Leyde, Brill, 2013, p. 859‑875. ; Mads D. Jessen et al., « A palisade fit for a king : ideal architecture in king Harald Bluetooth’s Jelling », Norwegian Archaeological Review, vol. 47, n° 1, 2014, p. 42‑64 ; Steen Hvass, « Kings’ Jelling. Monuments with outstanding biographies in the heart of Denmark », in Marta Díaz-Guardamino, Leonardo García Sanjuán et David Wheatley (dir.), The Lives of Prehistoric Monuments in Iron Age, Roman and Medieval Europe, Oxford, Oxford University Press, 2015, p. 35‑54.
29Klavs Randsborg, The Viking Age in Denmark: the formation of a state, Londres: Duckworth, 1980 ; Else Roesdahl, Viking age Denmark, Londres, British Museum Publications, 1982.
30https://whc.unesco.org/fr/list/697/ (consulté le 5 janvier 2024).
31La grande pierre de Jelling fait partie depuis 2009 des trente « points canoniques » (kanonpunkter) enseignés à l’école primaire : des personnages ou des événements considérés comme majeurs, parmi lesquels on trouve aussi bien Toutânkhamon, que Christophe Colomb, la prise de Bastille ou l’Union de Kalmar (https://emu.dk/grundskole/historie/kanon/historiekanon) (consulté le 5 janvier 2024).
32Claus Deleuran, Illustreret Danmarkshistorie 8 (Harald Blåtands Og Svend Tveskægs Tid), Wsoy, Ekstrabladets Forlag, 1995.
33Saga des rois de Danemark, op. cit., chap. 1, p. 47.
34Encomium Emmae Reginae : Éloge de la reine Emma par un clerc de Flandre, éd. et trad. F. Orange, Caen, Presses universitaires de Caen, 2022.
35Je remercie vivement l’expert qui m’a suggéré cette source, que je n’avais pas pensé à mobiliser, et cette hypothèse, que je lui emprunte donc.
Pour citer ce document
Quelques mots à propos de : Lucie Malbos
Les recherches de Lucie Malbos, maîtresse de conférences en histoire médiévale à l’Université de Poitiers, portent sur les mondes du Nord au haut Moyen Âge (le commerce, les ports et communautés maritimes, la christianisation, la place des femmes, etc.) et sur les réappropriations contemporaines d’éléments tirés du Moyen Âge (le médiévalisme). Ses publications récentes sont les suivantes : Martin Aurell, Florian Besson, Justine Breton et Lucie Malbos (dir.), Les médiévistes face aux médiévalismes, Rennes, PUR, 2023 ; Lucie Malbos, Le monde viking. Portraits de femmes et d’hommes de l’ancienne Scandinavie, Paris, Tallandier, 2022 et Lucie Malbos, Harald à la Dent bleue. Viking, roi, chrétien, Paris, Passés composés, 2022.