Nanoq et Inukshuk : deux figures mythiques Inuit dans la littérature de jeunesse française et francophone : entre transmission culturelle et réappropriation écologique
Résumé
En réponse aux bouleversements écologiques qui interrogent le mode de fonctionnement de nos sociétés et notre rapport au monde, la littérature de jeunesse propose une multitude d’albums et de romans mettant en scène le Grand Nord. Parmi les motifs qu’elle privilégie figurent l’ours polaire, seigneur de l’Arctique, et la culture animiste des Inuit qui développent un lien particulier avec la nature. Or, dans la culture Inuit, l’ours n’est pas simplement un animal. Il est un frère et nombreuses sont les légendes d’un ours se faisant homme ou d’un homme devenant un ours. À côté de cet homme-ours figure l’homme de pierre ou Inukshuk. Ces constructions Inuit sont aussi porteuses de légendes. Cet article entend étudier la réappropriation de ces figures mythiques Inuit par la littérature de jeunesse contemporaine qui tissent des liens entre les mythes ancestraux du Nord et l’avenir écologique du monde.
Abstract
Children's fiction about ecology often has the Far North as a backdrop. The polar bear is a character that allows us to reflect on the relationship between man and nature. In Inuit legends, the polar bear can metamorphose into a man and man can metamorphose into a polar bear. Other Inuit myths feature the Inukshuk (the stone man). This article studies French fictions for young people that take up these mythical figures of Inuit culture to make its reader think about ecology.
Table des matières
Texte intégral
Profondément nourrie par la conviction qu’elle est investie d’une mission didactique, la littérature de jeunesse n’a de cesse d’insérer des éléments dans ses fictions qui, tout en proposant des aventures distrayantes au jeune lecteur, lui permettent d’enrichir ses connaissances et ses représentations du monde. Dans cette perspective, l’un des axes privilégiés par la littérature de jeunesse est l’ouverture vers l’autre. Nombreuses sont les œuvres qui ambitionnent de faire découvrir à leurs lecteurs les caractéristiques d’un pays et de ses habitants, usant ainsi de l’histoire racontée pour dispenser à l’enfant ou à l’adolescent des informations sur la géographie d’un lieu plus ou moins lointain et exotique, pour lui présenter sa faune et sa flore et pour lui narrer les coutumes, l’histoire et les mythes autochtones. Dans les productions françaises et francophones pour la jeunesse, une zone géographique semble cependant échapper à cette ambition de découverte du monde : le Grand Nord. Certes, de nombreux albums et bandes dessinées mettent en scène l’Arctique et érigent souvent l’ours polaire en héros de ces terres gelées (où il côtoie parfois des manchots, au mépris de la vérité). On peut par exemple citer les séries consacrées à Plume1 et Waluk2 ou encore les albums L’Ours Pompon et la baleine gobe-tout (2019) de Cécile Alix et Antoine Guillopé et Le Voyage du grand ours (2020) de Nadine Brun-Cosme et Sébastien Pelon. Mais si ces œuvres font la part belle à la « nordicité3 » paysagère du Grand Nord, elles ne se réapproprient pas les mythes des cultures autochtones.
De fait, on remarque qu’en ce qui concerne les mythes du Nord, les œuvres multimodales à destination de la jeunesse (qu’il s’agisse de la littérature, du cinéma, des dessins animés ou des jeux divers) tendent surtout à mettre en avant les mythes scandinaves et les figures héroïques qui y sont associées. On pense notamment aux vikings dont les drakkars, les armes, les vêtements et les légendes dragonesques sont par exemple mis à l’honneur dans le dessin animé How to train your dragon (Dragons en français) de Chris Sanders et Dean DeBlois (2010) ; on pense également aux dieux de la mythologie nordique comme Thor, Odin ou Freya, devenus des héros des bandes dessinées Marvel et portés ensuite à l’écran sous forme de dessins animés et de films ; on pense enfin aux trolls, figures emblématiques du folklore scandinave, que la littérature de jeunesse s’est maintes fois appropriées4. En revanche, la cosmologie et la culture chamaniste inuit, transmises par les contes et légendes au Groenland et au Nunavut, ne trouvent pas d’échos majeurs dans les fictions francophones pour la jeunesse5. Comme le remarque Daniel Chartier dans Qu’est-ce que l’imaginaire du Nord ? « la réception [des cultures scandinaves] en Europe bénéficie d’un préjugé nettement mélioratif, ce qui ne s’applique cependant pas aux cultures autochtones, qu’on a longtemps minorées, parfois avec l’objectif rhétorique d’un Arctique inhabité et inhabitable6 ».
Les figures mythiques du Grand Nord et de la culture Inuit tendent donc à être peu connues, contrairement aux figures mythiques issues des cultures scandinaves. Pourtant, certains écrivains contemporains de langue française essaient d’initier leurs lecteurs aux mythes Inuit. Cette nouveauté dans la littérature de jeunesse qui apparaît depuis deux petites décennies semble concomitante à l’essor des « écofictions7 » dans l’espace éditorial destiné au jeune lecteur. L’intérêt que la société porte aux problématiques écologiques liées au bouleversement climatique a contribué à tourner les regards vers les pôles qui sont les premiers témoins et les premières victimes du réchauffement climatique. La littérature de jeunesse s’est emparée de ce sujet et certains auteurs ont alors fait de l’arctique un espace fictionnel où aventures et réflexions sur la préservation de l’environnement se développent de concert. De fait, la mise en scène des figures mythiques Inuit dans la littérature de jeunesse est intrinsèquement liée à un discours écologique. Aussi est-il essentiel de comprendre comment les auteurs réinvestissent des figures totémiques de la mythologie Inuit pour les mettre au service d’une réflexion écologique. Pour ce faire, nous proposons de nous intéresser à deux figures mythiques Inuit : Nanoq (l’ours polaire) et l’Inukshuk (l’homme de pierre) que des écrivains français et francophones se sont approprié dans leurs fictions.
Nanoq et Inukshuk : des figures totémiques de la mythologie Inuit
Fig. 1
Nadège Langbour, L’Arche des Inukshuk – roman écologique en terres arctiques (p. 50)
© 2021, L’Harmattan, Paris
Les Inukshuk sont des constructions de pierre anthropomorphes que les Inuit érigent sur les terres en hauteur pour repérer leur chemin en hiver. En effet, lorsque la neige et la banquise couvrent le paysage de blanc et masquent les repères, ces sortes de cairns géants deviennent indispensables pour retrouver les voies que les Inuit peuvent emprunter. Cette forme de guide et leur allure humanoïde ont contribué à donner aux Inukshuk une place essentielle dans les mythes. Toutefois, cette figure totémique de la mythologie Inuit, digne cousin du Golem, est peu connue de la culture francophone.
Dans un album publié chez Milan Jeunesse en 2005, Gérard Moncomble a tenté de faire découvrir cette figure mythique au jeune lecteur. Destinée aux enfants à partir de huit ans, cette fiction écrite et scénarisée par Gérard Moncomble et illustrée par Thomas Ehretsmann a pour titre Inukshuk le garçon de pierre.
L’histoire commence avec la venue au monde d’Inukshuk, un garçon premier né profondément désiré par ses parents. À sa naissance, le chaman du village a été visité par un rêve prophétique dans lequel il a vu l’enfant : « Il était très grand. Il ressemblait à un homme, mais son corps était de pierre8 », explique-t-il aux futurs parents qui, tout à leur joie de voir leur famille s’agrandir, ne comprennent pas la nature inquiétante de cette vision. Pour eux, cela signifie simplement que leur « enfant sera grand et fort comme un rocher9 ». Pendant dix ans, Inukshuk fait la joie de ses parents et des habitants du village. Il apprend avec son père à chasser le phoque en kayak ou sur la banquise, il chante les légendes avec les anciens du village et surtout, il rit tout le temps. Mais la naissance de sa petite sœur change profondément Inukshuk. Il devient jaloux et a la sensation que la cadette prend sa place. D’abord, il se venge en détruisant les jouets de sa sœur puis il tente de la noyer. Surpris par ses parents qui sauvent Kusanara in extremis, Inukshuk s’enfuit dans les montagnes. C’est là qu’il croise un vieux sorcier originaire de son village, mais qui en a été chassé autrefois par le chaman. Sous prétexte d’aider le jeune garçon à se venger de sa sœur et de ses parents, le sorcier exilé apprend à Inukshuk à commander aux esprits de la nature. Grâce à leur aide, il fait fuir les troupeaux et les oiseaux vers le nord tandis qu’il éloigne les poissons et les phoques des côtes. N’ayant plus les moyens de se nourrir, les habitants de l’ancien village d’Inukshuk sont contraints de suivre la piste des animaux. Du haut de la montagne, Inukshuk surveille la migration des siens et, quand il voit qu’ils n’ont plus de position de repli, il déchaîne sur eux « Neqqajaq, le vent de nord-est10 ». Toutefois, lorsqu’il réalise que sa famille va mourir, Inukshuk veut arrêter l’esprit du vent. Mais celui-ci refuse d’obéir et le jeune homme est contraint de se battre pour sauver les siens :
Inukshuk dévale la montagne à la rencontre de Neqqajaq qui déjà fait trembler la vallée. Il lui ordonne de cesser de souffler, de repartir vers le nord. Il commande à la neige de fondre. Mais Neqqajaq s’en moque. Qui pourrait l’arrêter ? Cet enfant aussi frêle que la banquise au printemps ? D’un coup terrible de ses poings glacés, il fend la terre en deux afin qu’Inukshuk soit englouti.
Inukshuk ne tombe pas. Au contraire, il lance contre Neqqajaq une poignée de terre qui se transforme en mille harpons d’os. Mille picotements sur la peau épaisse de Neqqajaq qui ricane11 !
L’affrontement entre l’enfant et l’esprit du vent tourne en faveur de ce dernier, la reprise anaphorique du présentatif conclusif « voilà » annonçant la fin prochaine du combat :
Mais voilà que Neqqajaq gonfle ses deux joues d’un froid puissant. Voilà qu’il crache sur Inukshuk son souffle, de furie et de glace mêlées. Inukshuk est transpercé. Son corps se remplit de pierre.
Enfin Neqqajaq quitte la vallée et rebrousse chemin vers le nord. La victoire lui suffit. La neige et le froid s’en vont avec lui. L’été revient aussi vite qu’il était parti12.
Pour sauver les siens, Inukshuk a donc dû se sacrifier et réaliser la prophétie du chaman en devenant un « homme de pierre ». La clausule montre Kusanara qui gravit la montagne pour saluer une dernière fois son frère. Alors qu’elle lui dit qu’elle ne l’oubliera jamais, « une larme de pierre tombe sur le sol13 ». La fillette la ramasse et, « dans son poing fermé, la petite pierre ronde est devenue chaude comme un cœur battant14 ».
L’album de Gérard Moncomble se clôt ainsi sur une sorte de morale : Inukshuk, l’enfant au cœur de pierre, est devenu un homme de pierre pour défendre les siens et c’est sous cette forme minérale que son cœur se remet à battre. Cette francisation de la légende Inuit, qui reprend la structure du conte que l’on trouve par exemple chez Perrault, témoigne de la volonté de l’auteur de mettre le folklore Inuit à la portée de la compréhension du jeune lecteur français. Si, au seuil de l’album, Gérard Moncomble annonce que l’on va lire une légende Inuit15, il prend soin de rendre ce mythe compréhensible pour un enfant dont la culture de référence est la culture occidentale. Pour ce faire, il réinvestit non seulement la structure du conte qui est familière au jeune lecteur, mais il va aussi établir un dialogue intertextuel avec d’autres figures mythiques du Nord plus connues des jeunes français. Ainsi la transformation d’Inukshuk en homme de pierre survient au moment où le soleil revient, ce qui n’est pas sans rappeler les légendes qui entourent les trolls, lesquels fuient les rayons du soleil qui peuvent les transformer en pierre. On retrouve également dans l’album de Gérard Moncomble des similitudes entre l’histoire d’Inukshuk et le conte La Reine des neiges d’Andersen.
Dans le conte de l’écrivain danois, Kay, un gentil garçon, est soudain devenu dur avec les autres parce qu’il a été frappé par mégarde par un objet diabolique. Ceci n’est pas sans faire écho aux explications avancées par le chaman pour justifier le comportement hostile d’Inukshuk à l’égard de sa sœur. Selon le sorcier, l’enfant est sous le contrôle d’un esprit, plus précisément d’« un agiwequit, un squelette à grosse tête16 ». Sous ces influences malignes, le cœur d’Inukshuk s’est solidifié en pierre comme celui de Kay s’est gelé dans La Reine des neiges et, pour les deux garçons, seules les larmes versées permettent de libérer leurs cœurs.
Avec cet album, Gérard Moncomble entreprend donc de faire découvrir au jeune lecteur français la figure totémique de l’Inukshuk, qui est une figure centrale de la mythologie Inuit. Toutefois cette figure mythique nordique reste très étrangère à l’univers de référence du jeune lecteur français, ce qui explique qu’elle soit rarement sollicitée et réinvestie dans les fictions exogènes à destination du jeune lecteur. Il n’en est pas de même pour Nanoq, l’ours polaire, qui est, lui, une figure totémique Inuit bien connue des enfants.
Bien avant d’être le triste emblème des victimes du réchauffement climatique et de la fonte des glaces des pôles, l’ours polaire a été érigé en symbole du Grand Nord, au point d’incarner à lui seul l’ensemble de la faune arctique. Son pelage blanc comme la banquise, sa force, son caractère solitaire et énigmatique en font une sorte d’incarnation animale métonymique des territoires nordiques. Dès le milieu du XXe siècle, C. S. Lewis s’approprie cette figure du Nord pour plonger ses héros du Monde de Narnia dans un univers étrange qui emprunte certains traits aux représentations stéréotypées des régions polaires. Ainsi découvre-t-on dans le premier tome de la série la sorcière blanche qui se déplace sur son royal traineau tiré par des ours blancs. En 2022, Johan Heliot publie le premier tome d’une série intitulée Ours, sorte de réécriture de La Planète des singes de Pierre Boulle où l’espèce dominante n’est plus simiesque mais ursine. Ce premier roman raconte l’histoire de la Terre, abandonnée par les hommes car devenue inhospitalière, et sur laquelle reviennent les descendants de l’espèce humaine. Ces éclaireurs humains découvrent alors que les ours ont évolué, s’organisant en sociétés dans laquelle les ours blancs occupent la place des dominants. À ce titre, ce sont eux qui mènent les actions guerrières au cours desquelles les ours revêtent une armure. Ce motif de l’ours blanc en armure n’est pas nouveau. À l’aube du XXIe siècle, Philipp Pullman a réinvesti la figure mythique de l’ours polaire dans le premier tome de sa trilogie À la croisée des mondes. Lyra, l’héroïne, va se lier d’amitié avec Iorek Byrnison, un ours en armure originaire du Svalbard. Si, dans sa saga destinée au jeune lecteur, Philipp Pullman a le mérite d’affranchir l’ours polaire de cette étiquette de « peluche » ou de « doudou » pour enfants qui est monnaie courante dans les fictions pour la jeunesse, il en propose cependant une représentation inventée loin de la figure totémique qu’honore la mythologie Inuit.
En revanche, d’autres romans pour adolescents vont avoir à cœur de renouer avec les origines du seigneur de l’Arctique. C’est par exemple le cas de Charlotte Bousquet qui, dans Le Dernier ours, reprend une légende rapportée par Jean Malaurie dans Les Derniers rois de Thulé17. Dans le roman, la légende serait une histoire que la grand-mère Inuit de Karen, l’héroïne, lui racontait alors qu’elle était enfant :
Un jour, Nanoq s’éprit d’une humaine, épouse d’un chasseur d’ours irritable et violent. Comme la jeune Inuk l’appréciait, ils devinrent vite amants. Tous deux profitaient des absences répétées de l’homme pour passer ensemble de longues heures pleines de tendresse. L’ours, de plus en plus amoureux, souhaitait l’avoir pour toujours à ses côtés. Il lui confia l’emplacement de sa tanière, dans le Nord lointain. "Viens m’y rejoindre quand tu te sentiras prête, lui dit-il. Je t’y attendrai. Près de moi, tu ne manqueras jamais de rien." Le mari, pendant ce temps, traquait jour et nuit des proies qui lui échappaient toujours : Nanoq et les siens devenaient trop malins pour lui. Enragé, aigri par ses échecs, il battait sa femme plus brutalement encore qu’auparavant, la rendant responsable de son malheur. Apeurée, le corps brisé, la pauvre finit par lui révéler la cachette de Nanoq. S’il le trouve, se disait-elle, il me laissera enfin en paix. Aussitôt, l’homme prit ses armes et se rua sur sa piste. Le grand ours blanc l’entendit venir de loin et quitta son antre, le cœur gros. Il devinait, en effet, que sa belle amante l’avait vendu. Furieux, il décida de se venger. Mais à mi-chemin, sa colère l’avait quitté. Alors, il s’éloigna, solitaire et malheureux, sur la banquise.
L’ours, plus sincère et plus sage que l’homme.
L’homme, face sombre de l’ours18.
Si la romancière choisit ce mythe Inuit de l’ours amoureux en paraphrasant le récit qu’en donne jean Malaurie19, c’est parce qu’il lui permet de mettre en perspective cette légende et l’histoire de science-fiction qu’elle propose à son lecteur, dans laquelle Karen entretient des liens affectifs forts avec Anuri, le dernier ours polaire.
Dans ce roman dont l’histoire se déroule en 2037 et qui dénonce la surexploitation des ressources naturelles du Grand Nord par des industriels au comportement colonial, Karen travaille au zoo de New Copenhague, la capitale du Groenland. Elle est la soigneuse attitrée d’Anuri, le dernier ours polaire qui a été arraché à sa mère alors qu’il n’était qu’un ourson. À cette époque, Karen était une enfant et elle a servi de cobaye pour des expériences génétiques sur « le métissage eugénique20 », ces recherches étant menées en secret dans les laboratoires du zoo. Les ADN d’Anuri et de Karen ont été mélangés, transformant la jeune femme en femme-ours, qui est en symbiose avec l’animal, étant « à la fois sa sœur, sa mère et son amie21 ». Avec le personnage de Karen, Charlotte Bousquet féminise le motif de l’homme-ours, réécrivant le mythe à travers la question moderne du genre, peut-être pour mieux répondre aux attentes de son lectorat majoritairement féminin. L’auteure reprend néanmoins ce thème de la parenté entre l’homme et l’ours polaire qui est au cœur des mythes qui entourent la figure de Nanoq dans les légendes Inuit. Le fait que l’ours soit le seul animal capable de se tenir debout sur ses pattes arrière, adoptant ainsi la posture dressée propre à l’homme, a nourri le folklore Inuit dans lequel l’ours se transforme en homme ou l’homme se transforme en ours. Dans son ouvrage intitulé L’Ours, le grand esprit du Nord, Marie-Laure Le Foulon se fait l’écho de ces mythes autour de l’ours, soulignant les similitudes entre les imaginaires Inuit, Sami et sibérien :
Il est […] considéré, dans de nombreuses mythologies, comme l’ancêtre des communautés humaines, le père fondateur. […] Bien souvent, la fragilité de la frontière qui sépare l’ours de l’homme autorise toutes les métamorphoses, et les récits évoquent ce changement de nature qui peut s’effectuer dans les deux sens, l’homme vers l’animal comme de l’animal vers l’homme22.
Dans la culture animiste Inuit, l’ours est souvent désigné comme le frère, le père ou le grand-père. Aussi n’est-il pas surprenant que, dans le roman de Charlotte Bousquet, Anuri considère Karen comme « sa naja23 », terme qui signifie « sœur » en Inuktitut. Dans une ingénieuse combinaison des thèmes propres à la science-fiction et des mythes ancestraux des Inuit, l’auteure du Derniers ours a donc su actualiser la figure totémique de Nanoq tout en en rendant les caractéristiques accessibles au jeune lecteur. Les mythes Inuit qui lient intimement la figure de Nanoq à celle de l’homme permettent alors à la romancière de développer une fiction engagée où la figure mythique de Nanoq devient le support d’une réflexion écologique qui interroge non seulement les rapports entre l’homme et les animaux mais aussi entre l’homme et la préservation des espaces polaires dont l’ours blanc est le symbole.
Cette démarche n’est pas propre à Charlotte Bousquet : plusieurs romanciers français contemporains se consacrant à la littérature de jeunesse mettent la figure totémique de Nanoq et celle de l’Inukshuk au service d’un discours sur l’urgence écologique liée aux menaces que le réchauffement climatique fait peser sur le Nord. Il y a indéniablement une réappropriation écologique des figures mythiques nordiques par les fictions pour adolescents dont il est intéressant d’étudier les modalités et les enjeux.
La réappropriation écologique des figures mythiques nordiques
Dans l’introduction de l’ouvrage collectif intitulé De la nordicité au boréalisme, Alessandra Ballotti, Claire McKeown, Frédérique Toudoire-Surlapierre et Sylvain Briens remarquent que « l’une des propriétés du Grand Nord tient au fait que les animaux, les plantes, le froid prennent des formes anthropomorphiques24 ». C’est pourquoi, ajoutent-ils, aux figures de l’Inuk, du chasseur, de l’explorateur et aux figures mythiques héritées des légendes, « on pourrait ajouter d’autres figures emblématiques de la nordicité, comme les animaux du grand froid25 ». Ils citent en premier lieu l’ours polaire, à la fois héros de légendes et seigneur de l’Arctique mais aussi image antihéroïque et tragique de l’animal menacé par les dérèglements climatiques. Le fait est que l’ours polaire est aujourd’hui devenu le symbole de l’urgence écologique. Il suffit, pour s’en convaincre, d’observer les campagnes publicitaires de WWF26 et autres ONG27. Qui n’a pas en tête une de ces affiches montrant un ours amaigri déambulant sur la banquise qui se dissout, ou un ours en équilibre au sommet d’un petit iceberg qui fond, ou même un ours SDF perdu dans les rues d’une ville – une image qui n’est malheureusement pas si éloignée que cela de la réalité puisqu’on sait que, depuis plusieurs années, la diminution de leur territoire de chasse et l’arrivée de plus en plus tardive de la banquise obligent par exemple les ours du Grand Nord canadien à fouiller les poubelles des villes comme Churchill. C’est d’ailleurs un thème qu’on trouve dans l’incipit du Derniers ours de Charlotte Bousquet. Si Anuri est devenu « le dernier ours », c’est parce que, alors qu’il n’était qu’un ourson, sa mère s’est aventurée près d’une ville en quête de nourriture et c’est de cette façon qu’elle a été abattue28.
Dans sa représentation de la figure mythique de l’ours polaire, Charlotte Bousquet réinvestit donc cette représentation exogène de l’ours comme symbole des victimes du dérèglement climatique causé par l’homme. Mais elle double ce discours occidental sur l’effondrement des écosystèmes polaires d’un discours mythologique emprunté aux légendes animistes Inuit. Or, dans la culture Inuit, tout est lié. L’homme, les animaux, la terre, la glace, tous partagent la même énergie vitale et participent à un grand ensemble que les Inuit appellent « l’Uumajuit ». Un homologue de Charlotte Bousquet, Lilian Bathelot, évoque d’ailleurs cette énergie dans son roman pour adolescents intitulé C’est l’Inuit qui gardera le Souvenir du Blanc. Son héroïne, l’Inuk Kisimii, vit justement en symbiose avec son environnement :
Uumajuit, ceux qui sont vivants. […] Pour Kisimiipunga, c’était […] la chose la plus naturelle, la plus évidente. Comment, sans l’énergie de l’Uumajuit, le monde pourrait-il être monde ? Et c’est bien de cette énergie dont elle participait elle-même, comme la musaraigne des neiges et l’aigle polaire, l’ours blanc, le narval ou le phoque. Elle constituait chaque molécule de son être29.
Si Charlotte Bousquet ne nomme pas explicitement l’Uumajuit, elle prend soin de montrer que le lien entre l’ours et son environnement dépasse la simple prise en compte des besoins vitaux. Dans son roman Le Derniers ours comme dans les légendes Inuit, l’ours apparaît comme le double métonymique du monde polaire, ce que souligne d’ailleurs l’autre nom du Grand Nord, puisque « Arctique » vient du grec actos qui signifie « ours »30.
Pour ériger l’ours en figure mythique de la terre du Nord dont il est l’incarnation, Charlotte Bousquet établit des parallèles entre les descriptions d’Anuri et les descriptions du paysage groenlandais futuriste. Karen, qui a grandi à New Copenhague, découvre la physionomie meurtrie de son île quand elle tente de fuir vers le nord de l’île afin de sauver Anuri dont l’euthanasie a été programmée par les dirigeants du zoo. Les descriptions paysagères mettent alors en exergue les affinités entre la terre du Nord et son animal emblématique, notamment par le choix des couleurs que la romancière utilise pour décrire l’ours et le Groenland.
Dans les stéréotypes associés à l’imaginaire du Nord dont Daniel Chartier fait l’inventaire dans Qu’est-ce que l’imaginaire du Nord ? le banc et le bleu pâle sont traditionnellement associés au Grand Nord et à l’ours polaire31. Or, dans le roman Le Dernier ours, ces deux couleurs sont remplacées par d’autres, d’abord par le jaune, qui n’est pas un jaune vif et joyeux mais un jaune sale et vitreux. Dès les premiers chapitres, il est question de la « fourrure jaunie32 » d’Anuri ainsi que de « son regard vitreux, […] triste et résigné33 ». En cela, Anuri semble arborer les stigmates qui défigurent le paysage groenlandais que Karen découvre quand elle fuit New Copenhague :
L’aube brumeuse a laissé place à un ciel lourd chargé de pluie. Des vapeurs jaunâtres, à l’horizon, trahissent la présence d’industries. De part et d’autre de la route fleurissent entrepôts et magasins d’usine, boursouflures de tôles peintes sur une terre rendue malade par les hommes34.
L’ours comme la terre du Nord sont ainsi atteints du même mal qui ternit leur éclat, substituant un jaune sale au blanc immaculé qui les caractérise dans l’imaginaire collectif. À la fin du roman, ce jaune maladif est remplacé par le rouge : « les flambeaux rouge sale des derricks et les fumerolles noires des raffineries35 » de pétrole annoncent les « flancs souillés de sang36 » d’Anuri, tué par balles par des mercenaires. En faisant ainsi se répondre les descriptions du paysage groenlandais et celles de l’ours polaire, Charlotte Bousquet fait bien de l’ours l’incarnation du territoire nordique. L’épilogue du roman vient confirmer cette équation mythique puisque la romancière évoque presque simultanément les fantomatiques lumières des aurores boréales37 et l’apparition tout aussi fantomatique de la silhouette d’un ours à l’extrême nord du Groenland38.
Ainsi Charlotte Bousquet réinvestit les mythes animistes Inuit qui font de l’ours l’incarnation du Nord tout en insufflant dans cette figure mythique ancestrale des représentations nouvelles empruntées aux mythes post-modernes de la fin du monde. La force du message écologique de la romancière tient justement dans cette façon de construire la figure mythique de Nanoq : si l’ours polaire est une figure mythique du Nord que toutes les cultures se sont appropriée, c’est justement parce qu’il pourrait bientôt disparaître et n’est plus qu’un mythe.
Dans le roman de Charlotte Bousquet, la réappropriation écologique des figures mythiques nordiques se fait donc avec une certaine gravité, voire même un certain pessimisme. À l’inverse, d’autres fictions écologiques pour la jeunesse réinvestissant les figures mythiques Inuit essaient de délivrer une vision de l’avenir du monde moins sombre. Sans nier les problèmes qui menacent les régions polaires dans un avenir proche, Lilian Bathelot tente ainsi de proposer une représentation moins désespérante du monde dans C’est l’Inuit qui gardera le Souvenir du Blanc.
Même si la problématique de ce roman projette le lecteur dans le futur, elle est foncièrement actuelle, ce dont attestent par exemple les négociations que la Chine a engagées avec le Danemark pour tenter d’acheter le Groenland. L’histoire narre comment les territoires hyper connectés, qui correspondent aux États-Unis d’aujourd’hui et aux pays européens, tentent de mettre la main sur les territoires Inuit pour les contrôler et les exploiter. Ils s’opposent évidemment à la résistance des autochtones du Grand Nord qui entendent préserver leur terre et leur culture. Or c’est précisément cette culture Inuit ancestrale et mythique qui vient au secours de Kisimii et de son peuple lors d’une tentative d’invasion du Groenland. En effet, la pilote qui est aux commandes de l’appareil transportant le commando d’intervention est soudain assaillie par d’étranges visions :
Mais le caribou n’est pas la seule vision étrange. Tout un maquis diffus grouillait aux frontières de sa conscience, et des images en émergeaient de temps à autre, à l’improviste, comme les fantômes d’un songe aux contours flous. […]
Il y avait aussi cet amas de pierres dont les images traversaient son esprit comme des météores. Des empilements de pierres qui prenaient des formes vaguement humaines, un tronc, deux bras, une esquisse de tête, qui se découpaient sur un paysage de lande désolée39.
Cette vision de l’Inukshuk perturbe les capacités de concentration et de pilotage de la capitaine avant de la faire accéder à une sorte de clairvoyance : elle réalise l’illégitimité de l’invasion du Groenland à laquelle elle est en train de participer et décide d’y mettre fin de façon radicale en provoquant sa propre mort et celle du commando qui l’accompagne.
Sous la plume de Lilian Bathelot, l’Inukshuk, figure totémique de la culture Inuit, est ainsi érigé en gardien et protecteur du monde arctique. Par là même cette figure ancestrale trouve sa place dans les éco-mythes postmodernes imaginés par la littérature et le cinéma. C’est d’ailleurs pour cette raison que, dans le roman L’Arche des Inukshuk, le groupe de résistants clandestins, qui tentent de contrer les actions destructrices des multinationales qui pillent les ressources des régions polaires, s’appelle les « Inukshuk »40.
Comme Nanoq, l’Inukshuk est donc une figure mythique du Nord que les fictions contemporaines ont réinvesties et enrichies en combinant les mythes ancestraux des Inuit et les éco-mythes postmodernes. À cela s’ajoute le fait que l’Inukshuk est aussi une figure métaréflexive de ces fictions polaires. En effet, face à la menace de dissolution de la banquise et à la disparition des terres du Nord, les écrivains essaient, dans leurs récits, de figer la beauté de ces lieux. Par l’écriture, ils tentent de consolider les contours du Grand Nord qui s’estompent à vue d’œil. L’Inukshuk ou « l’homme de pierre » apparaît en cela comme l’emblème de cette écriture qui essaie de figer ce monde menacé ou qui, du moins, entreprend d’en garder une trace même si sa disparition probable en fera bientôt un mythe au même titre que les légendaires terres de Thulé. Comme les Inuit de Lilian Bathelot, les romanciers se font eux aussi gardiens du « souvenir du blanc ».
Conclusion
Nourrie par les images de la nordicité elle que la définit Daniel Chartier, la littérature de jeunesse française s’approprie les « mythèmes du Nord41 » comme la glace, le froid, le blanc et les figures mythiques comme l’ours et l’Inukshuk. Elle en use pour dire son inquiétude face aux bouleversements écologiques et climatiques en reprenant des figures totémiques Inuit qui sont réinvesties d’une nouvelle charge symbolique : aux mythes animistes ancestraux des Inuit s’ajoutent les mythes postmodernes liées à la fin du monde. Autrement dit, même si cette littérature tente d’enrichir la culture de son lecteur en mettant à sa portée des figures mythiques du Grand Nord, elle ne propose en définitive qu’une version partielle des mythes Inuit puisqu’elle les réécrit à la lumière des préoccupations écologiques contemporaines. On observe autour des figures mythiques de Nanoq et de l’Inukshuk le même processus de transfert culturel que celui analysé par Régis Boyer à propos des Vikings dans son livre Le Mythe Viking dans les Lettres françaises :
Le résultat est que l’on n’a jamais parlé d’eux, mais toujours de soi. Étudier le mythe viking dans les lettres françaises, ce n’est certes pas analyser ce que nous avons su et dit des Vikings pendant mille ans, mais recenser ce que nous nous sommes appliqués à mettre de nous-mêmes sur une notion aussi imprécise que possible, en lui infusant nos rêves42.
Le fait que l’ours polaire soit devenu aujourd’hui l’incarnation iconique de l’urgence climatique confirme cette réappropriation des figures mythiques et totémiques des Inuit. Nanoq, Inukshuk, mais aussi Qilaluqaq gernertaq43 (le narval ou « licorne de mer ») font à présent partie du répertoire des « écomotifs44 » parce qu’ils sont porteurs de nouveaux mythes que construit la société contemporaine pour dire les catastrophes écologiques qui la guettent : réchauffement climatique, montée des océans, perturbation du Gulf Stream…
Notes
1Personnage imaginé par Hans de Beer.
2Personnage imaginé par Emilio Ruiz et Ana Mirallès.
3Louis Edmond Hamelin, Nordicité canadienne, Québec, Hurtubise, 1980.
4À ces figures mythiques nordiques que les fictions pour la jeunesse ont réinvesties (en en proposant parfois des visions très éloignées de leurs représentations originelles) s’ajoute une figure mythique fabriquée de toutes pièces par une célèbre marque de soda : la figure du Père Noël qui, aux yeux des enfants, est bien une figure mythique du Nord. Il vit au pôle nord, sur la banquise, dans une usine de jouets qui a parfois l’apparence d’un immense igloo, et il voyage sur son traineau qui est tiré par des rennes. Il est intéressant de remarquer que pour la construction de la figure mythique du Père Noël, le regard exogène des américains puis des européens a réinvesti des éléments propres à la culture Inuit
5Il existe cependant des exceptions comme le dessin animé franco-danois, L’Enfant qui voulait être un ours (Drenger der ville gøre det umulige) sorti en 2001.
6Daniel Chartier, Qu’est-ce que l’imaginaire du Nord ? Principes éthiques, Québec, Artic Arts Summit Imaginaire/Nord, 2018, p. 10.
7Christian Chelebourg, Les écofictions. Mythologies de la fin du monde, Bruxelles, Impressions Nouvelles, 2012.
8Gérard Moncomble et Thomas Ehretsmann, Inukshuk – Le garçon de pierre, Toulouse, Milan Jeunesse, 2005, p. 7.
9Ibid., p. 7.
10Ibid., p. 34.
11Ibid., p. 37.
12Ibid., p. 39.
13Ibid., p. 42.
14Ibid., p. 42.
15Ibid., p. 3 : « Au pays des Êtres Humains, les Inuits, on rencontre parfois des inukshuk. Ce sont des empilements de pierres, dont la forme évoque l’homme. Inukshuk signifie Qui-ressemble-à-un-homme. Autrefois, les Inuits les construisaient afin d’effrayer les animaux et de les diriger vers des lieux propices à la chasse. Cette histoire raconte un des mille légendes qui courent à leur sujet. »
16Ibid., p. 19.
17Voir Jean Malaurie, Les Derniers rois de Thulé, Paris, Club France Loisirs, 1976, p. 448-449.
18Charlotte Bousquet, Le Dernier ours, Paris, Rageot, [1ère édition : 2012] 2017, p. 35.
19Bien qu’elle ne cite pas ses sources, la romancière propose une réécriture quasi littérale de la légende que l’ethnologue a consignée dans son ouvrage sur « les derniers rois de Thulé ».
20Charlotte Bousquet, op. cit., p. 141.
21Ibid., p. 99.
22Marie-Laure Le Foulon, L’Ours, le grand esprit du Nord, Paris, Larousse, 2010, p. 25.
23Charlotte Bousquet, op. cit., p. 224.
24Alessandra Ballotti, Claire McKeown, Frédérique Toudoire-Surlapierre (dir.), De la nordicité au boréalisme, Reins, Épure, 2020, p. 34.
25Ibid., p. 34.
26Voir par exemple les affiches de la campagne de 2011 du WWF. Consultable sur : https://www.buzzecolo.com/2000/petit-best-of-des-campagnes-wwf/.
27Voir par exemple les affiches de Greenpeace. Consultables sur : https://www.pinterest.fr/pin/769411917565202771/ et https://www.pinterest.pt/pin/481744491362102898/.
28Charlotte Bousquet, op. cit., p. 13-17.
29Lilian Bathelot, C’est l’Inuit qui gardera le Souvenir du Blanc, Mercuès, Le Navire en pleine ville, 2006, p. 178.
30D’autres fictions font également de l’ours la représentation métonymique de l’arctique, qu’elles soient destinées à la jeunesse (Hannah Gold, April et le dernier ours paru en 2021 ou Alex Bell, Le Club de l’ours polaire publié en 2018) ou au lectorat adulte (James Raffan, Nanuq, 2022 ; Morgan Audic, Personne ne meurt à Longyearbyen, 2023).
31Daniel Chartier, op. cit., p. 9.
32Charlotte Bousquet, op. cit., p. 21.
33Ibid., p. 34.
34Ibid., p. 94.
35Ibid., p. 223.
36Ibid., p. 232.
37Ibid., p. 245.
38Ibid., p. 246.
39Lilian Bathelot, op. cit., p. 161-162.
40Nadège Langbour, L’Arche des Inukshuk, roman écologique en terres arctiques, Paris, L’Harmattan, 2021.
41Thomas Mohnike, « Narrating the North – Towards a theory of mythemes of social knowledge in cultural circulation », Presses Universitaires de Strasbourg, Deshima n° 14, 2020, p. 12.
42Régis Boyer, Le Mythe Viking dans les Lettres françaises, Paris, Éditions du Porte-Glaive, 1986, p. 213.
43Lilian Bathelot, op. cit.
44Nathalie Prince et Sébastien Thiltges, Éco-graphies – écologie et littérature pour la jeunesse, Rennes, PUR, 2018.
Pour citer ce document
Quelques mots à propos de : Nadège Langbour
Professeur dans le secondaire, formatrice, chargée de cours à l’université du Mans et membre associé du C.E.R.E.d.I. (Univ. de Rouen) et du labo 3LAM (Univ. du Mans), Nadège Langbour a soutenu une thèse sur Diderot écrivain critique d’art (2007) et deux mémoires de littérature de jeunesse. L’un d’eux a été primé au Prix de Recherches Scientifiques 2019 et est publié chez L’Harmattan : Littérature de jeunesse : la construction du lecteur (2020). Ses recherches portent surtout aujourd’hui sur la littérature de jeunesse dont elle étudie d’une part la dimension réflexive, métaréflexive, intertextuelle et intermodale et d’autre part les implications didactiques qui sont au cœur de ses derniers essais : Modèles et contre-modèles de l’enseignant dans la littérature de jeunesse (L’Harmattan, 2022), La littérature de jeunesse contre le harcèlement scolaire (L’Harmattan, 2024). Elle est également auteure de romans : L’arche des Inukshuk – roman écologique en terres arctiques (L’Harmattan, 2021) ; 2189, l’armada des exilés climatiques (L’Harmattan, 2022). Elle a également publié : Littérature de jeunesse : la construction du lecteur, Paris, L’Harmattan, 2020 ; « Les dragons dans Harry Potter : entre réinvestissement des archétypes et réflexion éthico-écologique sur le rapport de l’homme et de l’animal », dans Iris n°42, 2022 ; « La parole animale dans les fictions écologiques contemporaines de littérature de jeunesse – L’avènement "du temps où les bêtes parlaient" », dans L’Animal en littérature, entre fantaisie et fantastique, dir. Marius Popa et Andreea Bugiac, Cluj-Napoca, Casa Cartii de Stiinta, 2022 ; « L’éco-motif du devenir des mondes polaires : la littérature de jeunesse comme laboratoire d’une pensée paysagère », article co-écrit avec Christophe Charpiot, dans Diplômées n°280-281, « Futurs possibles », Paris, La Route de la Soie – Éditions, 2022 ; « Réécriture et réinterprétation écologiques des contes de fées : Trois petits cochons de Colin Thibert », Acta Iassyensia Comparationis n° 26, Université Iasi, Roumanie, 2021 ; « Les îles polaires aux confins de l’espace navigable : une représentation entre réalité et fiction des îles arctiques dans les écrits des XVIIe et XVIIIe siècles », dans Îles réelles, îles fictionnelles, études réunies par Vanezia Parlea, Presses universitaires Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, 2019.