
Photo : ONaCVG
LEMOINE Thérèse, Lucienne, Geneviève
Née le 24 mars 1902 à Saint-Valery-en-Caux (Seine-Inférieure) ; domiciliée à Saint-Valery-en-Caux ; déportée le 13 octobre 1941 à Karlsruhe ; rescapée.
LEMOINE Thérèse, Lucienne, Geneviève // Naissance : 24-3-1902 à Saint-Valery-en-Caux (Seine-Inférieure) ; Domicile : Saint-Valery-en-Caux Seine-Inférieure () ; Repression : Déportée le 13-10-1941 à ; ; Rescapée
Célibataire, Thérèse Lemoine tient avec sa sœur Germaine la librairie de Saint-Valery-en-Caux
située au n°9, place de l’Hôtel de ville. En juin 1940, après le rembarquement des
troupes britanniques à Dunkerque, les combats font rage sur les côtes de Saint-Valery-en-Caux
et de Veules-les-Roses (Seine-Inférieure). Un centre de regroupement de prisonniers
français et anglais est installé à Saint-Valery. À Veules-les-Roses, Marcelle Bochet recueille ainsi six soldats anglais qui tentaient d’échapper à la nasse tendue par
les Allemands. Autour d’elle se constitue un groupe d’aide. Thérèse Lemoine y est
associée. Déjà, elle a déjà participé en 1940 au sauvetage d’un soldat évadé qu’elle
a conduit à Doudeville (Seine-Inférieure), chez son beau-frère militaire. Concernant
les soldats anglais, elle relève leurs mensurations pour leur procurer des habits
civils et elle met aussi son appartement à la disposition de Renée Guitton, liée au
réseau naissant Pat O’Leary à Paris, pour rencontrer Marcelle Bochet. Finalement, les soldats sont exfiltrés
par le réseau Évasion de Rouen dirigé par Jean-Constant Bourgeois
. Convoyé par Lucienne Guisier
et Jeanne Poulain
, le groupe est arrêté le 3 mars 1941 à Montpon (Dordogne) près de la ligne de démarcation.
Intrigués par la logistique mise en œuvre, les Allemands mènent l’enquête et remontent
la filière. Ils s’avèrent particulièrement efficaces. Ainsi Thérèse Lemoine est interpellée
le 19 mars dans sa librairie par la Gestapo. Entre le 19 mars et le 13 octobre 1941, elle est incarcérée à la prison de la Santé
où elle subit des interrogatoires, puis à celle du Cherche-Midi et enfin à Fresnes.
Elle est jugée avec tous les protagonistes de « l’affaire de Veules-les-Roses », soit
23 détenus, par le Tribunal militaire du Grand Paris. Les sentences sont lourdes :
pas moins de quinze condamnations à mort et de nombreuses déportations en Allemagne.
C’est le cas pour Thérèse Lemoine. Accusée de complicité d’aide à l’ennemi, elle est
condamnée le 31 juillet 1941 à 4 ans de réclusion, exécutable sur le territoire du
Reich.
« Thésou », comme la surnomme ses camarades, est déportée le 13 octobre 1941, depuis
la gare de l’Est à Paris à Karlsruhe. Puis elle est envoyée à la prison d’Anrath comme
Geneviève Billard , Marcelle Bochet, Lucienne Guisier, Jeanne Poulain et Marie-Thérèse Péron
. Arrivée le 28 octobre, elle est affectée en janvier 1942 au Kommando de Krefeld pour travailler dans une usine de soie artificielle, la Rheika. Le travail est épuisant. Geneviève Billard n’y survit pas. La seule revanche possible…
est le sabotage de la production. Après le bombardement de l’usine, la résistante
est envoyée le 19 octobre 1943 à Hövelhof pour travailler dans une usine de munitions
où elle doit clouer des caisses. Le 21 août 1944, elle est transférée au camp de Schwelm
et affectée à l’usine Rondo. Puis elle profite de l’évacuation au camp d’Allendorf pour s’évader, le 20 février
1945. Elle est reprise mais libérée le 14 avril 1945 par l’armée américaine et rapatriée
le 11 mai par le centre d’accueil de l’hôtel Lutetia à Paris.
Comme tous les protagonistes de « l’affaire de Veules-les-Roses », Thérèse Lemoine est homologuée au réseau Pat O’Leary. Elle est décédée le 31 décembre 1967 à Saint-Valery-en-Caux. Son nom est inscrit sur le Mémorial de la prison du Cherche-Midi à Créteil (Val-de-Marne).
Sources : Arolsen; SHD-Vincennes : 16P361573 ; SHD-Caen : 21P561301 ; AD76 : 51W416, 3868W62 ; EC (Saint-Valery) ; C. von List, Résistantes, 2012, p. 244-245 ; M. Lemoine, Thérèse Lemoine Une résistante valériquaise de la première heure,2009, p. 17-47
Chantal Cormont
Mots-clés :
- 24-3-1902
- Saint-Valery-en-Caux, Seine-Inférieure
- Saint-Valery-en-Caux, Seine-Inférieure
- 19-3-1941
- Saint-Valery-en-Caux, Seine-Inférieure
- Paris, Prison du Cherche-Midi, Seine
- Paris, Prison de la Santé, Seine
- Fresnes, Seine
- Karlsruhe
- Anrath
- Krefeld
- Hövelhof
- Schwelm