RENASEC
les REfus de la NAture. Sociétés et Extrêmes Climatiques
(XVIe siècle-début XXe
siècle)
Le projet RENASEC prend la suite du projet OPHELIE dans le cadre du
programme du GIS Climat,
Environnement, Société. La dimension humaine de l’étude liée aux impacts
socio-économiques des extrêmes climatiques réintroduit la notion de «
risque », au sens de variable définie en relation avec la vulnérabilité
(manière dont la société est exposée au risque), elle-même variant en
fonction de la période et de l’aléa (probabilité pour un phénomène climatique
de se produire). Ainsi défini, le risque serait le produit de l’aléa par
la vulnérabilité et c’est par ce prisme que seraient étudiées les sociétés
rurales et urbaines d’autrefois. Les recherches envisagées consisteraient
donc à mettre en parallèle les évolutions climatiques et les risques naturels
ayant débouché sur des événements catastrophiques entre le XVIe siècle
et le début du XXe siècle. Le sujet engloberait plusieurs domaines de
l’histoire : politique, social et économique. À travers le comportement
des populations avant et après l’événement extrême, l’attitude des différents
pouvoirs, le sujet s’avère être un révélateur privilégié d’une société
dans sa globalité. Plus concrètement, quelles incidences peuvent avoir
ces accidents climatiques sur les sociétés anciennes et valent-elles toujours
pour nos sociétés contemporaines ? Car de la vulnérabilité perçue ou construite,
découle une volonté sociale de protection contre l’aléa qui, en fonction
des époques ou des régions, engendre des rapports de pouvoirs et des tensions
fluctuants entre les Eglises, les élus locaux et le pouvoir central. Le
passage d’une perception divine des extrêmes climatiques à une explication
rationaliste retient tout particulièrement l’attention. De facto, avec
la disparition du fatalisme religieux se développe une volonté de prise
en compte du risque climatique débouchant sur des formes de prévention
et d’aides apportées aux populations. Autre question, le rôle de l’Etat
face aux crises environnementales majeures qui risquaient à tout moment
de remettre en cause l’équilibre économique et démographique d’une province
et au-delà parfois celui du pays. Les inondations catastrophiques ou encore
les sécheresses en Normandie et en Champagne eurent des répercussions
directes sur le marché parisien, largement tributaire des productions
de l’Ouest et de l’Est, en y provoquant une pénurie alimentaire et énergétique
(flottage du bois), facteur de troubles sociaux. Ces scénarii se sont
révélés d’une brûlante actualité ces dernières années, qu’il s’agisse
de pays en voie de développement ou de pays riches comme les Etats-Unis
après le passage de Katrina à la Nouvelle-Orléans. Dans un contexte de
changement climatique, où une augmentation de la fréquence et de l’amplitude
de ces phénomènes est attendue, la connaissance de l’évolution et des
impacts matériels, économiques et sociaux des extrêmes climatiques dans
le passé présente un intérêt potentiel pour les choix futurs en matière
d’adaptation. Le projet RENASEC a été réfléchi dans cet objectif : l’inventaire
et la caractérisation des événements extrêmes ayant eu lieu dans plusieurs
régions vulnérables françaises depuis 1500, seront exploités pour :
- déterminer si les phénomènes extrêmes ont évolué en amplitude et en fréquence avec le changement climatique actuel, comme le prévoient les modèles;
- évaluer les impacts écologiques, matériels, économiques et sociaux de ces extrêmes climatiques, et analyser comment ils ont motivé l’adoption de politiques de prévention et d’assistance à posteriori ;
- créer un modèle du coût des grands événements extrêmes, dont l’utilisation pourrait permettre d’améliorer l’évaluation des dommages futurs, dans l’hypothèse d’un renforcement de leur fréquence et de leur amplitude.
Coordinateur: Emmanuel Garnier (LSCE-CRHQ)
Equipe: V. Daux, P. Yiou, N. Viovy (LSCE, Gif-sur-Yvette); S. Hallegate
(CIRED); J. Desarthe (LSCE-CRHQ) ; E. Le Roy Ladurie (Collège de France,
Paris)
Laboratoires impliqués: Laboratoire des Sciences du Climat
et de l'Environnement, Centre de Recherche d'Histoire Quantitative, Centre
International de Recherche sur l’Environnement et le Développement.
Financement : Groupement d’Intérêt Scientifique Climat,
Environnement, Société ; Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de
l’Energie (ADEME)
Durée du projet: 36 mois (2008-2011)
Lien: http://www.gisclimat.fr/projet/renasec
Travaux universitaires :
DESARTHE J., Les caprices du bon vieux temps. Climat et sociétés
dans l’Ouest de la France (XVIe – XIXe
siècle), Mémoire de thèse de doctorat sous la direction de Emmanuel
Garnier et de Vincent Milliot, Université de Caen Basse-Normandie, 2011,
439 p.
GARNIER E., Le renversement des saisons. Climats et sociétés en France
(vers 1500 – vers 18050), Mémoire d’habilitation à diriger les recherches,
Université de Besançon, 2009, 356 p.
PITEL W., La ville à l’épreuve des temps. Climat et milieu urbain
dans le Nord de la France (XVIe – XIXe
siècle), Mémoire de Master 2 sous la direction de Emmanuel Garnier
et de Vincent Milliot, Université de Caen Basse-Normandie, 2009, 227 p.