Si, après avoir visité ces belles et riantes contrées, leurs forêts, qui se distinguent par la beauté des troncs et le feuillage noir des essences résineuses qui les composent, leurs pâturages montueux et les chalets ou les granges dans lesquels on fabrique le fromage de Gruyère, le fromage bleu, le fromage vacherin et le fromage de Septmoncel ; après avoir admiré la riche vallée du Grés,ivaudan et ses belles cultures de chanvre, les plantes qu’on cultive dans l’ancien marais de Bourgoin, la fabrication du fromage de Sassenage, les beaux noyers que possèdent le Dauphiné et la Savoie, le jardin de la Tarantaise ou le territoire d’Aigueblanche, les prairies fertilisées par les eaux de l’Albanne, la belle race bovine tarantaise, les vignes en hautains des environs d’Aix et de Chambéry, les beaux vignobles de la Chautagne et de Montmélian, les travaux entrepris dans le but d’assainir la Dombe et de la transformer en un pays salubre et productif ; enfin si, après avoir parcouru les coteaux qui fournissent le vin blanc de Château-Châlon et les vins pétillants d’Arbois et de Poligny, la riante vallée de Fougerolles, si connue par l’excellent kisch-wasser qu’on y récolte chaque année, et les vallées verdoyantes de la Saône et de l’Oignon, rivières sur les bords desquelles vivent deux races bovines comtoises importantes, la femeline et la tourache, on contemple les vignobles qui occupent les étages moyens et inférieurs de la Côte~d’Or, on se rappelle aisément que ces vignes produisent le Moulin-à-vent, le Thorin, la Romanèche, le Musigny, la Romanée-Conti, le Chambertin, le Clos-Vougeot, le Saint-Georges , le Nuits, le Volnay, le Pomard et les vins blancs de Pouilly et de Meursault. Tous les vignobles qui fournissent ces grands vins de Bourgogne et les vins de Mâcon, et les vins de Beaune" sont échalassés et reposent sur des terrains de bonne qualité, mais plus ou moins pierreux et calcaires.
Ces grands vins sont plus recherchés que les vins de la Côte-Rôtie, dont parlent Pline et Plutarque, et qui étaient autrefois très-estimés à Rome.
Le Lyonnais, qui produit ces derniers vins, est accidenté, surtout dans sa partie occidentale, qui est froide et souvent monotone, bien qu’on y rencontre des parties boisées et qu’elle confine à la vallée arrosée par la Loire. Du sommet du mont d’Or on admire, d’un côté, le cours paisible de la Saône, la Dombe et ses étangs insalubres, la Bresse, si connue par ses poulardes et sa race bovine laitière, la ligne bleuâtre formée par le Rhône, les Alpes Dauphinoises, le mont Pilat avec: ses riants et frais paysages, ses hauts et verts pâturages et leurs suaves parfums, ses belles forêt et les fertiles plaines de Roanne et du Forez ; de l’autre, les riants coteaux du Beaujolais, la Provence lyonnaise, située au confluent du Rhône et de la Saône, les champs qui alimentent les vaches et les chèvres dont le lait sert à fabriquer le fromage du mont d’Or, et les Coirons du Vivarais, qui fournissent les marrons de Lyon.
Le Chalonnais et la Bresse louhannaise sont peu accidentés. Il n’en est pas de même du Charollais, de l’Autunois et du Brionnais. Ces contrées, dans lesquelles existent de hautes collines boisées, de jolis villages sur les pentes vertes ou dorées des coteaux, de verdoyantes prairies dans le fond des vallons, sont très-agricoles; on y élève la belle race bovine charollaise.
La Bourgogne cultive avec succès le maïs et surtout le maïs d’Auxonne, le houblon, le chanvre et le colza ; elle possède dans le Châtillonnais de magnifiques troupeaux mérinos. La Franche-Comté cultive aussi le maïs, et elle produit du kirsch qui est renommé pour sa qualité.