La région du Sud-Ouest ou région du maïs s’étend, d’une part, depuis les confins du Poitou jusqu’aux Pyrénées, et, de l’autre, depuis Bayonne jusqu’aux limites occidentales du département du Tarn ; elle subit dans toute sa partie occidentale l’influence bienfaisante des tièdes vapeurs océaniennes, qui rendent son climat très-tempéré en été comme en hiver. La zone dans laquelle la température est plus froide en hiver et la chaleur moins élevée en été comprend les parties très-accidentées et orientales du Périgord et du Quercy, la partie supérieure des montagnes Noires, les terrains très-mouvementés de l’Albigeois et les étages moyens et supérieurs des montagnes Pyrénéennes, contrées qui .offrent aussi des champs féconds et arides, des tableaux ravissants et tristes.
La Saintonge n’est pas très-accidentée, mais elle est sillonnée par des vallées profondes et pittoresques. La vallée de la Charente est très-verdoyante. L’Aunis renferme de vastes marais assainis ayant un aspect monotone, mais sur lesquels vit un bétail très-nombreux. Ces marais sont limités, sur le bord de l’Océan, soit par des dunes, soit par des falaises. La partie la moins productive dans ces anciennes provinces confine au Périgord et au Bordelais et est connue sous le nom de Confolensais.
La culture des céréales ne se continue pas très en grand jusque vers l’Armagnac ; elle est en partie remplacée, dans la Saintonge, l’Angoumois et le Bordelais, par de nombreux vignobles. C’est dans la partie calcaire appelée grande Champagne qu’on récolte les meilleures eaux-de-vie de Cognac. La petite Champagne est comprise entre les Charentes et la grande Champagne, et elle appartient aussi à l’arrondissement de Cognac. Le pays de bois s’étend jusqu’à la Rochelle ; il produit les eaux-de-vie de bois, qui sont les moins recherchées.
C’est après la Saintonge, contrée dans laquelle se termine au nord-ouest la région du maïs, que commence le vignoble qui jouit, par la qualité des vins qu’il produit, de la plus grande renommée. Le Bordelais mérite, en effet, tous les éloges qu’on se plaît chaque jour à. lui donner, et il n’en n’existe aucun en Europe qu’on puisse lui opposer; à lui seul appartient de fournir les grands vins connus sous les noms de Châtteau-Margaux, Château-Lafitte, Château-Latour, Château-Haut-Brion, Léoville, Gruaud-Larose, Pichon-Longeville, Cos d’Estournel, Château-d’lssan, etc., vins très-remarquables par leur couleur vive et brillante, leur agréable bouquet, leur finesse extrême et leur saveur joyeuse. Ces grands vins rouges sont produits par les vignobles situés sur la rive gauche de la Garonne, dans les contrées silico-graveleuses appelées le Médoc et les Graves. On ne peut les confondre avec les vins de Saint-Émilion ni surtout avec les vins des côtes du Blayais et du Fronsadais, les vins de l’Entre-deux-Mers et les vins de paluds. Les vignes qui fournissent les vins de Médoc sont dirigées en treilles basses.
Les vins blancs sont produits par les vignes échalassées ou en treilles hautes, qu’on cultive au sud de Bordeaux. Le pays de Sauternes comprend d’abord le roi des vins blancs, le Château-Yquem, puis les vins de Sauternes premiers crus, qui sont fins, délicats et parfumés : la Tour-Blanche, Château-Rieussec, etc. Ces riches vignobles confinent au Bazadais, contrée peu accidentée, où les vallées sont arrosées par des ruisseaux et décorées par de vertes prairies et de beaux ombrages ; c’est dans ces jolies vallées qu’on élève la belle race bovine bazadaise.
Le Bordelais n’est pas partout cultivé. Le long des dunes qui bordent la côte océanienne et depuis les marais desséchés appelés polders ou Flandre du bas Médoc, s’étendent des Landes, enveloppant de grands étangs, le bassin d’Arcachon et des forêts de pins maritimes. Cette plaine sablonneuse, remarquable par son étendue et son aspect triste et sauvage, et où les regards ne distinguent souvent que la bruyère et le ciel, se prolonge jusqu’à l’Adour. Dans les grandes Landes, cette vaste plaine est aussi limitée à l’ouest par des dunes ou montagnes sablonneuses, que Brémontier est parvenu à fixer en établissant de nombreux pignadas ou massifs de pins maritimes. C’est dans ces forêts toujours vertes et odorantes que vivent les infatigables chevaux landais, et qu’on extrait des produits divers et nombreux de la séve résineuse qui s’épanche des entailles pratiquées chaque semaine par les résiniers. Ces pins, qui se marient, dans le Maransin, au chêne liége, constituent une véritable richesse forestière. Sans les pignadas les dunes eussent continué leur marche envahissante et compromis inévitablement la capitale de l’ancienne Guienne.
La plaine sablonneuse et aride des Landes, dans laquelle on rencontre encore des bergers landais montés sur des échasses, afin de pouvoir éviter les flaques d’eau qu’on observe çà et là dans les bruyères, et qui ont pour cause l’imperméabilité du sous-sol formé par l’alios, et afin de mieux surveiller les animaux qu’on leur a confiés; où l’on ne cultive souvent que du seigle, du millet, du maïs et des pommes de terre, a pour limites, au sud, la Chalosse et le Béarn et, à l’est, la vallée traversée par la Garonne.
Cette vallée, d’une richesse incomparable, et dans laquelle on cultive le tabac, le sorgho avec lequel on fait des balais blancs, le chanvre, le colza et l’osier, est bordée, du côté du Quercy, par des coteaux couverts d’abricotiers, dont les fruits s’expédient à Paris et en Angleterre, de figuiers, qui produisent la figue de Bordeaux et la figue blanquette, et de pruniers, qui fournissent les prunes qu’on transforme en pruneaux d’Agen, prune d’ente ou prune de Bordeaux. Ces collines agénaises rappellent un peu par leur élévation les versants sur lesquels existent, dans le Quercy, et les gisements de phosphate de chaux du Lot et les vignobles qui produisent les excellents vins noirs et les vins cuits de Cahors. Ils ont aussi un peu de rapport avec les coteaux du département de la Dordogne, où végètent très-bien le noyer, le châtaignier, arbre dont les fruits servent à l’engraissement de la race porcine du Périgord. C’est dans ce département, où la vigne produit quelques vins très-estimés, que l’on a entrepris avec ardeur le desséchement de la contrée appelée la Double, qu’on récolte chaque année les truffes, qui, par leur qualité et leur parfum, ont rendu cette partie de la France très-célèbre. C’est aussi sur des collines qu’on cultive, dans Tarn-et-Garonne, le chasselas de Montauban.