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Description de l’espigadora

Quelles sont les particularités de cette machine ? Le texte que Milhaud a mis en musique, tiré du catalogue d’un constructeur qui n’est pas nommé, en offre un bon résumé :

« La moissonneuse Espigadora est employée dans les pays où la paille n’a pas grande valeur ; c’est une machine qui, grâce à une grande coupe, permet de faire de 12 à 15 hectares par jour. Elle peut être montée soit avec un élévateur qui, au moyen d’une toile, transporte et déverse les épis coupés sur un chariot-camion, dont la marche est réglée sur celle de la machine et parallèlement à elle-même, soit avec un appareil lieur formant la gerbe comme dans les moissonneuses ordinaires. Les deux accessoires, élévateur et appareil lieur, sont généralement achetés par les cultivateurs avec chaque Espigadora5. »

Laissons pour l’instant la question du lieur, car l’espigadora est d’abord une moissonneuse à grand travail qui peut couper juste en dessous des épis et laisser la paille sur place6. Poussée par 6 mules ou mulets placés derrière la barre de coupe et conduits par une seule personne, la machine, en forme de T, n’a que 3 roues : 2 grandes à l’avant, une petite à l’arrière. La barre d’attelage, située à l’arrière, passe sous la plate-forme où se tient le conducteur. De ce fait, si la machine est poussée, les animaux tirent l’extrémité arrière de la flèche. Une fois les épis coupés, un tapis roulant les transporte à gauche vers un élévateur qui verse son contenu dans un chariot, appelé charreton, circulant parallèlement à la machine.

La roue avant gauche (1 m de diamètre sur 30 cm de large), plus large que la droite, est motrice. Elle est munie d’un embrayage à dents que le conducteur actionne de sa plate-forme par une pédale. Grâce à un système de chaînes à gros maillons, cette roue commande la bielle en bois qui fait mouvoir la lame, le rabatteur en forme de dévidoir qui favorise la chute des tiges parfois très courtes, le tapis roulant derrière la barre de coupe et les 2 toiles sans fin de l’élévateur tournant en sens inverse qui serrent la récolte pour la déverser dans le charreton. Pour faire tourner tous ces mécanismes et faire avancer la machine, 6 mulets ne sont pas de trop.

La roue arrière, plus petite que les autres, permet de diriger l’appareil. Le conducteur, qui reste debout légèrement assis sur une sorte de selle en acier parfois recouverte d’une peau de mouton, manœuvre cette roue en exerçant une poussée sur une planche étroite verticale qui passe entre ses cuisses. Il peut aussi régler la hauteur de la coupe de sa place (schémas 1 et 2).

Schéma 1.
Roue motrice avant gauche

Source : Robert HUGONNOT, 2007.

Schéma 2.
L’espigadora

Source : Robert HUGONNOT, 2007.

 

Voir d’autres espigadoras (B1, B2, B3)


5. Darius Milhaud, « La moissonneuse Espigadora », Machines agricoles, 6 Pastorales pour une voix et 7 instruments, 1919. Le compositeur avait observé cette machine au Salon de l’agriculture avant la guerre. Pour moissonner 15 ha/j à raison de 3,6 km/h, il faut au moins 5 m de largeur de coupe compte tenu des angles (Michel Aubineau, communication personnelle du 4-02-2008).
6. C’est sa vocation première de ne couper que la tête des tiges. On va voir plus loin que, lorsque l’on a besoin de la paille (et non seulement du grain), cette moissonneuse permet une coupe basse également.

lien: 
oui
titre de l'exposition: 
machinisme colonial
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