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À qui sont destinées ces céréales ?

À qui est destinée la production céréalière de cette agriculture algérienne de type américain ? D’abord à la consommation de la ferme. Chez Joseph Fuster, l’orge et l’avoine servent à l’alimentation du cheptel (chevaux, vaches, porcs, moutons), tandis que le blé tendre est acheminé par chariots vers les docks-silos de Thiersville, à 18 km du village. De même chez Robert Hugonnot, où l’on cultive du blé dur presque exclusivement – l’orge étant donnée en grain aux animaux de trait (bœufs et mulets) et aussi en farine aux porcs et aux chiens –, la récolte est portée à la coopérative de Khenchela en chariot tiré par les bœufs ou en camion, à 27 km de la ferme.

Voir le développement d’un village colonial (B18, B19-20, B21, B22, B23, B24, B25, B26-27-28-29)

La production de blé dur en Algérie a vite entraîné un développement des semouleries et des fabriques de pâtes alimentaires. Après 1856, la minoterie algérienne suffit à la consommation locale, sauf les années de mauvaises récoltes. Dans les meilleures années, comme dans les années 1920, la production de l’industrie des pâtes alimentaires est supérieure de 60 % aux besoins du pays. En revanche, la production de blé tendre, qui arrive sur le marché fin juillet, ne suffit pas toujours à la consommation locale, et, selon les périodes, l’Algérie est exportatrice, principalement vers la métropole, ou importatrice. Ainsi, de juillet à septembre, les blés algériens peuvent assurer la soudure en France, où ils sont utilisés comme blés de coupage à cause de leur forte teneur en gluten. À d’autres moments, l’Algérie doit importer des blés de différentes provenances (Russie, Roumanie, Canada, Argentine, États-Unis) pour satisfaire ses besoins30. Après la Deuxième Guerre mondiale, il en ira différemment, mais ceci est une autre histoire.

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Cette machine était « la fierté de mon père », dit Joseph Fuster. Les colons qui ont utilisé ou vu l’espigadora dans leur jeunesse ont bien conscience d’avoir été en présence d’une moissonneuse très particulière. Comme ils n’ont le plus souvent rien emporté à leur retour dans la métropole, plusieurs ont été amenés à en confectionner des maquettes, par exemple celles des frères Baudier, tout en plastique de couleur, ou celle de Robert Hugonnot qui ne mesure pas plus de 10 cm sur 10 (photos 5 et 6).

Photo 5. Maquette des frères Baudier
Source : Évelyne JOYAUX, 2007.

Photo 6. Maquette de Robert Hugonnot
Source : Chantal ROBERT-HUGONNOT, 2007.


30. MOLLARD, 1950, p. 111-118.

lien: 
oui
titre de l'exposition: 
machinisme colonial
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