Monnaies d'Hérouvillette, RD 513 |
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Organisme responsable de l’accès intellectuel | Centre Michel de Boüard – CRAHAM –, UMR 6273 |
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Conduite en 2016 sous la direction de Jan Veron (Service archéologique du Conseil Départemental du Calvados), la fouille du site d’ Hérouvillette ( Calvados ), « RD 513 », fait suite à un précédent diagnostic réalisé dans le cadre de l’aménagement de la déviation routière du hameau de « Sainte-Honorine-la-Chardronette » sur la commune d’Hérouvillette. L’opération archéologique s’est organisée en deux secteurs de part et d’autre de la route départementale 513 . Elle a révélé l’existence d’un établissement cultuel édifié à l’Âge du Fer (La Tène). Le mobilier numismatique mis au jour comprend 60 monnaies centrées sur l’Antiquité romaine : 47 monnaies s’y rattachent, soit 78% de l’ensemble. 10 monnaies gauloises ont été également identifiées tandis qu’une monnaie du Moyen Âge est à signaler. Il s'agit de trouvailles isolées .
Six phases d’occupation du site ont été identifiées par les archéologues.
La première se caractérise par le creusement de deux fossés perpendiculaires repérés dans la zone du secteur 1, qui semblent amorcer le tracé d’un enclos. Le mobilier associé à cette occupation est rare et tend à indiquer qu’elle se trouve à l’écart d’un cœur d’habitat. Quoi qu’il en soit, les quelques tessons de céramique piégés dans le remplissage des fossés indiquent un comblement au cours de la période laténienne.
La deuxième phase se signale par le creusement d’un enclos, probablement de forme hexagonale, aux dimensions imposantes (3125 m 2 de surface). Le matériel recueilli dans son comblement tend à indiquer que l’enclos a été occupé de la Tène C à la période pré-augustéenne. Plusieurs structures présentes à l’intérieur de cet enclos ont pu lui être associées, comme des fosses de stockage, des structures de combustion et un ou plusieurs bâtiments sur poteaux dont un porche d’entrée. L’ensemble est desservi par trois chemins. Comme le souligne Jan Veron dans son rapport, ce site possède toutes les composantes de l’établissement rural laténien régional, tant au niveau des structures qu’au niveau du mobilier. Toutefois, l’installation au cours de la période tibéro-claudienne d’un temple maçonné à l’endroit même où se situait l’enclos laténien pose question quant à la fonction de celui-ci.
Quoi qu’il en soit, c’est au cours de la première moitié du I er siècle apr. J.-C. (troisième phase ) qu’est construit un nouveau temple maçonné à plan centré de type fanum qui perdurera jusqu’à la fin du I er siècle. L’état de conservation des maçonneries se résume à quelques éléments de fondation observés au fond de tranchées de récupération. L’installation cultuelle est complétée par la présence d’un puits (Structure 31). Trois bâtiments sur solin et un bâtiment maçonné semblent contemporains de l’édification du sanctuaire ; ils ont été interprétés comme des structures liées à des activités annexes (accueil des fidèles, etc.). Deux chemins d’origine protohistorique sont toujours en activité et l’un des deux semble même renforcé par un pavage de pierres calcaires. L’emplacement de ce sanctuaire, à moins de 3 km des villae de Touffréville « La Saussaye » et de Collombelles « Lazzaro » mais également à moins de 5 km de l’agglomération antique de Bréville-les-Monts, suggère à Jan Veron qu’il s’agit d’un sanctuaire rural collectif destiné aux populations relevant de plusieurs domaines agricoles voir également de populations urbaines.
La quatrième phase d’occupation est celle dite de l’agrandissement du sanctuaire au cours du II e siècle. Le fanum de la phase précédente est alors démonté et presque entièrement récupéré. À son emplacement est érigé un temple à plan centré plus important. Il faut également ajouter l’identification d’un porche d’entrée présent sur la face est du temple composé de deux bases de piliers ou de colonnes. À l’exemple de la troisième phase, les maçonneries ne sont conservées que sous la forme de fondations. En revanche, quelques moellons travaillés ont été vus en contexte secondaire et semblent indiquer une architecture en opus vittatum . L’aire sacrée est également considérablement agrandie puisqu’un nouveau péribole rectangulaire est bâti. Un vaste bâtiment, à cheval sur le péribole, matérialise à présent l’entrée du sanctuaire. Au cours de cette phase un second puits est creusé (Structure 193). Une nouvelle voie dallée et flanquée d’un trottoir est tracée : elle débouche directement sur le bâtiment d’entrée du sanctuaire et apparaît dès lors comme sa voie d’accès principale. Jan Veron note que la villa de Touffréville « La Saussaye » connaît son apogée au cours de la même période. Cette corrélation confirme le lien étroit que le sanctuaire d’Hérouvillette devait avoir avec les domaines ruraux alentours.
La cinquième et dernière phase d’occupation marque la désaffection progressive du site. Comme l’indique le matériel céramique, la fréquentation du lieu diminue drastiquement au-delà du II e siècle. Le matériel numismatique indique, en particulier, une fréquentation jusqu’au cours de la seconde moitié du IV e siècle. Le rythme de la récupération des matériaux du site demeure difficile à appréhender. La présence de monnaies de la dynastie constantinienne dans les tranchées de récupération du second état du fanum fournit un terminus post quem .
Par ailleurs, les différentes unités stratigraphiques enregistrées n’étaient associées à aucune structure ; elles ont été regroupées au sein de sept horizons (A à G). Ces horizons anthropisés sont apparus particulièrement perturbés par les différentes phases d’occupation, d’aménagement ou encore de récupération du site – y compris les travaux agricoles contemporains.
Le mobilier numismatique se rattache aux phases 2 à 5. Il provient essentiellement de contextes de récupération et d’abandon du site ; il a donc été très remanié.