Avocat au Parlement de Bordeaux, Estienne Cleirac fait paraître en 1636, à Paris, un petit volume in-8 de 52 pages consacré aux termes de marine glanés dans les textes juridiques. C’est ainsi que son Explication des termes de Marine employez dans les Edicts, Ordonnances et Reglemens de l’Admirauté constitue le premier répertoire lexical uniquement dédié au vocabulaire maritime. Mais Cleirac est surtout connu pour la publication d’une œuvre majeure, Us et Coustumes de la mer, parue en 1647. Divisé en trois parties I. De la Navigation. II. Du commerce Naval, et contracts Maritimes. III. De la Juridiction de la Marine, l’ouvrage est complété du petit glossaire initialement publié en 1636, constituant ainsi un appendice et annoncé en sous-titre de la manière suivante : Avec un Traicté des termes de Marine, Reglemens de la Navigation des Fleuves et Rivieres. Ce glossaire figure à la fin de toutes les éditions des Us et Coustumes de la mer : dans la seconde édition revue et augmentée publiée en 1660, puis dans sa réimpression en 1661 (avec une table des marées) et, enfin, dans la troisième édition parue à Rouen en 1671. C’est dire le succès des Us et Coustumes de la mer qui constituait à l’époque une référence pour les juristes et qui a été traduit en anglais en 1686. On doit aussi à Cleirac trois traités qu’il rédige pendant la période des troubles qui ont affecté la province de Guyenne entre 1649 et 1653 : l’un porte sur le négoce, le second sur le Droict de Coste et le troisième sur le Royal Ambre-gris. Seul le premier est publié : il paraît à Bordeaux chez l’imprimeur Guillaume Da Court en 1656 sous le titre L’usage du négoce ou commerce de la banque des lettres de changes. Ensemble les Figures des Ducats de Guyenne & des Anciennes Monnoyes Bourgeoises de Bordeaux, pour le menu change.
La vie d’Étienne Cleirac est beaucoup moins connue que son œuvre. On sait qu’il naît à Bordeaux le 22 mai 1583 et qu’il y meurt le 30 octobre 1657. Il est issu d’une famille de juristes, son père ayant exercé comme procureur à la Cour de Bordeaux. Après des études de droit, Cleirac entre à l’amirauté de Guyenne en 1628, où il est procureur du roi pour les naufrages. Il devient ensuite avocat au Parlement de Bordeaux, spécialisé en droit maritime. C’est donc en tant que juriste qu’il a rédigé son petit glossaire des termes de marine, afin de rendre accessible la langue des marins aux professionnels du droit, lors de divers procès. Ce glossaire se présente sous la forme d’un recueil organisé autour de quatre grandes thématiques et qui vise à faire connaître les termes relatifs aux types de navires, à leur construction, à l’artillerie et aux pavillons. Le choix de tels champs sémantiques font clairement allusion aux problèmes rencontrés lors de naufrages, dont Cleirac a eu à s’occuper en tant qu’avocat. Il est en effet indispensable, lors d’un procès, de pouvoir identifier le type de navire naufragé, de reconnaître les pièces échouées, d’évaluer la nature de l’artillerie embarquée (dont le coût était élevé) et d’identifier le pavillon de la nation qui a mis à l’eau le navire en question. Ces choix lexicaux renvoient ainsi directement au métier de Cleirac.
Élisabeth Ridel-Granger
Orientation bibliographique : A. GROS, L’œuvre de Cleirac en droit maritime, Bordeaux, Imprimerie de l’Université Y. Cadoret, 1924, 218 p.