Rien ne prédestinait Honoré-Sébastien Vial du Clairbois, principal auteur des quatre volumes Marine de l’Encyclopédie méthodique, à devenir ingénieur-constructeur de la Marine. Né à Paris le 27 mars 1733 d’un père tailleur et marchand d’habits, il navigue à partir de 1750 après s’être embarqué dans la marine marchande. C’est ainsi qu’il passe quatre années de sa vie en mer et découvre les Antilles, la Grèce et Terre-Neuve. Passé à l’armée de terre en 1754, il sert d’abord au régiment de Joyeuse-Infanterie, puis à celui de Vaubécour en 1756, avant de rejoindre les grenadiers de France. Il quitte le service en 1760. Il s’établit à Brest, où il monte une manufacture de voile et se consacre à l’étude de la construction navale. Il publie en 1776 un Essai géométrique et pratique sur l’architecture navale, dédié au ministre de la marine, Antoine de Sartine. Cet ouvrage savant attire sur lui l’attention de deux grands mathématiciens Etienne Bezout et Jean-Charles de Borda. Grâce à leur recommandation, Vial du Clairbois est nommé sous-ingénieur constructeur à Brest en 1777. Il est nommé ingénieur ordinaire en 1783, puis est élu à l’Académie de marine en 1785. En tant qu’ingénieur, il est chargé, en 1788 de la recherche et du martelage de bois de marine dans les provinces de Bretagne, du Maine et d’Anjou. Il lui est également confié en 1788, la construction d’une frégate de 34 canons, l’Embuscade, qui sera sa seule réalisation. Il est nommé sous-chef d’administration du port de Brest en 1792, directeur des constructions navales de Lorient en 1796, puis chef du 4e arrondissement forestier en 1796. Il occupe de mars 1800 jusqu’à sa retraite, en juillet 1810, le poste de directeur de l’école des ingénieurs constructeurs à Brest. Il meurt à Brest, le 20 décembre 1816 à l’âge de quatre-vingt-trois ans.
Durant sa carrière au sein de la Marine, il publie plusieurs ouvrages. En 1781, paraît une traduction de l’ouvrage de Fredrik Henrik af Chapman, Traité de la construction des vaisseaux, puis en 1787 son Traité élémentaire de la construction des vaisseaux à l’usage des élèves de la marine. En 1781, l’éditeur Panckoucke décide d’éditer l’Encyclopédie méthodique et confie la partie marine à Etienne-Nicolas Blondeau, figure éminente de l’Académie de marine de Brest qui s’adjoint Vial du Clairbois en qualité d’expert reconnu. Blondeau meurt en 1783 à l’âge de soixante ans, alors que le tome I n’est pas achevé. Vial du Clairbois est donc chargé de poursuivre la publication de l’ouvrage en respectant le plan original qu’il avait lui-même dressé. L’Encyclopédie méthodique. Marine est achevée en 1787. Elle comprend trois volumes de texte in-4 et un volume de planches format grand in-4 et a bénéficié de nombreux emprunts, entre autres, dans plusieurs ouvrages de Duhamel du Monceau, tels que l’Art de la corderie publié en 1747, les Éléments de l’architecture navale, publié en 1752, De l’exploitation des bois et Du transport, de la conservation des bois, publiés respectivement en 1764 et 1767. De nombreuses planches ont été extraites de l’ouvrage de Fredrik Henrik af Chapman, Architectura navalis mercatoria, publié en 1768, ainsi que du Dictionnaire historique, théorique et pratique de marine d’Alexandre Saverien, du Manuel des marins de Jacques Bourdé de Villehuet, publiés respectivement en 1758 et 1773, ainsi que de divers mémoires de l’Académie de Marine. Vial du Clairbois s’est également fondé pour la rédaction d’articles sur le gréement sur les ouvrages de Nicolas- Charles Romme, L’art de la mâture et l’art de la voilure, publiés respectivement en 1778 et 1781. L’ensemble de l’Encyclopédie méthodique. Marine constitue une réunion d’informations exceptionnelles sur la marine française de la seconde moitié du XVIIIe siècle et une source essentielle pour les historiens.
Élisabeth Ridel-Granger
Orientation bibliographique : É. TAILLEMITE, Dictionnaire des marins français, Paris, Tallandier, 2002, p. 529 ; J. BOUDRIOT et H. BERTI, « Présentation de l’encyclopédie », Encyclopédie méthodique. Marine, Nice, Éditions Oméga, 1987.