Séance du 17 février 1789

Assemblée du comité tenue le 17 févr 1789. Présidée par M. le mis de Condorcet.

Membres présents : M.M. le marqis de Condorcet, de Petitval, de Blaire, Gallois, de Montcloux, Cuchet, de Bréban, le duc de Charost.

La séance a été ouverte par la lecture de la traduction d’une lettre de M. Franklin, adressée à M. de Clavière avec 4 exemplaires des règlemens de la Société instituée à Philadelphie pour l’abolition de l’esclavage.

M. Gramagnac a lu quelques réflexions sur l’envoi des règlemens aux différentes sociétés de bienfaisances et académies de Paris. Il a fait sentir ensuite la nécessité de former un plan de travail pour le Comité ; et sur la motion qu’il a faite à ce sujet, il a été arrêté que chaque membre du Comité serait invité particulièrement à communiquer ses idées sur cet objet et à donner lui-même un plan de travail relatif au but que se propose la Société.

Il a été fait lecture ensuite d’une lettre qui accompagnait l’envoi de 21 exemplaires d’une réponse à l’ouvrage de M. Malouet1. L’auteur, qui est membre de la Société, ne s’est pas nommé.

M. le président a dit que quelques membres de la Société désiraient et croyaient qu’il était plus convenable que la lettre
qui devait être envoyée aux bailliages et sénéchaussées des provinces, ne fût signée que du président et du secrétaire ; en conséquence il a demandé si l’on pouvait proposer de revenir sur une délibération déjà prise par l’assemblée générale. Les avis ont été très partagés, mais la réflexion faite par M. de Blaire, que peut être quelques membres de l’assemblée avaient, ainsi que lui, signé cette lettre, dans la pensée que les signatures ne seraient pas imprimées, et ne devait servir qu’à rendre plus authentique une pièce destinée à rentrer dans les archives de la Société, a suspendu le jugement du Comité, qui s’est référé à une assemblée générale, convoquée pour le samedi suivant.M. le président s’est chargé d’exposer à cette assemblée la nature de la difficulté qui s’était élevée.

Il a été arrêté qu’on procèderait sur le champs à l’impression de la lettre sur le format in-4°.

Arrêté que l’envoi des règlemens faits aux académies et aux sociétés de bienfaisance, ainsi qu’au Lycée, serait accompagné d’une lettre de la part de la Société. M. de Condorcet s’est chargé de la lettre pour les académies et M. Gramagnac de celles pour les autres sociétés.

Arrêté qu’on procéderait dans l’assemblée générale prochaine à l’élection des membres qui doivent compléter le Comité.

La prochaine convocation du Comité a été remise au 1er jeudi de Carême

de Condorcet

1. Réponse à l’écrit de M. Malouet sur l’esclavage des nègres. Dans lequel est exprimé le voeu formé par les colons d’avoir des représentant aux Etats-généraux. Par un membre de la Société des Amis des Noirs, s.l., 1789. L’ouvrage de Malouet (Pierre-Victor Malouet, Mémoire sur l’esclavage des nègres, dans lequel on discute les motifs proposés pour leur affranchissement, ceux qui s’y opposent, et les moyens praticables pour améliorer leur sort, Neufchâtel, 1788) était lui-même une réponse à l’ouvrage publié par Condorcet sous le pseudonyme du pasteur Schwarz (Condorcet, Réflexions sur l’esclavage des nègres, Neufchâtel, 1781, réédité en 1788).