Séance du 26 février 1789
Assemblée du comité tenue le 26 février 1789, présidée par M. de Condorcet.
Membres présents : M.M. le marquis de Condorcet, de Petitval, de Bourge, de Clavière, de Montcloux, Cuchet, Gallois, de Bréban.
M. le président ayant fait sentir la nécessité de conserver le modèle des lettres de convocation, il a été décidé qu’on en garderait copie dans un registre particulier, et qu’on lirait à chaque comité le procès verbal de la séance précédente.
M. le président a fait lecture d’un modèle de lettre destinée à accompagner l’envoi des lettres aux bailliages et il a été arrêté qu’il en serait tiré le nombre de copies nécessaires.
M. le duc de Charost ne pouvant se rendre ce jour-là au comité, a adressé à M. le président un plan de travail, sur lequel M.M. les membres du comité avaient été invités à envoyer des mémoires. Les 3 points principaux de ce plan sont les renseignemens sur les Noirs en Affrique et sur l’état actuel du pays et sur les effets de l’abolition de la traite ; 2°. Recherches sur l’état de la culture de l’industrie et du commerce dans les colonies en général. Vues sur les moyens d’adoucir le sort des nègres et tableau des succès du nouveau régime ; 3°. Mémoires et traductions relatives aux recherches et au fond de la question.
M. de Montcloux a ensuite communiqué ses idées sur le même objet : il propose de prendre pour plan de travail celui qu’a suivi M. Fossard, dans l’ouvrage qu’il a fait paraître sur l’abolition de la traite des nègres1 , et d’y joindre quelques idées à prendre dans le plan tracé dans la seconde partie de la réponse à M. Malouet par un membre de la Société2 .
M. de Petitval
a lu ensuite un mémoire sur le même objet : il y applaudit au plan
qui forme la seconde partie de la réponse à M. Malouet et
désirerait qu’on le suivit s’il n’était pas un peu long. Il
conclut enfin que son désir serait que, quant à présent, le comité
se bornât à discuter : 1°. les
avantages qui résulteraient pour la France de renoncer à la traite
des Nègres, sans renoncer au commerce d’Afrique ; 2°. à prouver que
le défaut de renouvellement annuel des esclaves ne peut faire tort
à la culture des colonies ; 3°. à l’examen de la législation des
colonies relativement aux Noirs, et où doit se trouver nécessairement le
principe de leur affranchissement.
M. Clavière a été d’avis qu’on prit pour plan de travail celui que trace le membre de notre Société qui a répondu à M. Malouet, comme renfermant tous les points de vue sur lesquels la question doit être considérée.
Enfin, les trois mémoires de M. le duc de Charost, de M. de Montcloux et de M. de Petitval, contenant des vues excellentes, ont été remis par M. le président à M. le secrétaire, en le chargeant de former d’après eux et les autres ouvrages où il pourrait trouver des idées relatives à ce plan de travail, une espèce de table de toutes les questions dont il est nécessaire que la Société se fasse un plan de travail, et où chaque membre pourra choisir l’objet sur lequel il lui sera plus agréable et plus facile de procurer des renseignemens .
M. de Gramagnac a lu les modèlles des lettres qui doivent accompagner les envois des règlemens aux différentes sociétés de bienfaisance et d’instruction établies à Paris. Ces modèlles ont été approuvés, et M. le secrétaire a été prié de faire les envois le plutôt possible.
M. le président s’est chargé de parler aux députés des Philadelphes de St Domingue, actuellement à Paris3 .
|
|
1. | Benjamin-Sigismond FrossardLa cause des esclaves nègres et des habitants de la Guinée portée au tribunal de la justice, de la religion et de la politique, Lyon, A. de La Roche, 1789, tome 1 et 2. |
2. | Réponse à l’écrit de M. Malouet sur l’esclavage des nègres. Dans lequel est exprimé le voeu formé par les colons d’avoir des représentant aux Etats-généraux. Par un membre de la Société des Amis des Noirs, s.l., 1789. |
3. | Barré de Saint-Venant, président ; Moreau de Saint-Méry et Barré de Saint-Leu. Ces députés furent également reçus le 25 février 1789 par un comité de l’Académie des sciences comprenant notamment trois membres de la Société des Amis des Noirs : Condorcet, Jussieu et Leroy (UNESCO, 1998). |