Assemblée générale du 11 décembre 1789


Assemblée Générale tenue le 11 décembre, présidée par M. de Warville en l’absence de M. de Condorcet.

Membres présens du Comité : M.M. de Bréban, Duchesnay, de Brack

de l’assemblée : M.M. Lanthenas, Clarkson, Garlik, Desissarts, de la Feuillade, de Missy, de Pontécoulant, de la Terrière, Pigot, Raymond, l’abbé Grégoire.

Après lecture du procès verbal de la séance précédante, M. de Warville a lu à l’assemblée la traduction faite par M. de Lanthenas, de quelques observations prises dans un journal anglais intitulé Columbian Magazine, sur l’utilité de la culture de l’érable à sucre. Le tableau des avantages à retirer de cet arbre, et les réflexions qu’y a ajouté le traducteur, ont déterminé l’assemblée à prier M. Lanthenas d’en laisser copie au secrétaire pour en envoyer au différens journaux et faire connaître au public le moyen précieux et nouveau de se procurer du sucre1.

M. de Warville a dit qu’il y avait dans le même journal anglais un tableau curieux de la colonie de Domingue.

Le secrétaire, dont une de ses fonctions est de se procurer tous les écrits pour ou contre la Société des Amis des Noirs, a informé l’Assemblée du libelle scandaleux répandu contre elle et où l’on a annexé une liste dont on a soustrait plus de vingt des principaux membres2. Il a été proposé de ne répondre autrement à cette feuille calomnieuse qu’en imprimant la liste exacte des membres de la Société, mais la pluralité des avis a été pour qu’on n’imprimât rien à ce sujet.

On a lu ensuite une adresse de M. les électeurs de Bordeaux à l’Assemblée nationale3, au sujet de la révolte des Noirs à la Martinique, et ayant trait très indirectement à la Société qui demande l’abolition de la traite.


M. de Warville avait commencé la lecture d’un projet de pétition à l’Assemblée nationale lorsque M. l’abbé Grégoire est entré et a fait des remerciemens à la Société et lui a offert l’ de l’ouvrage qu’il a fait sur l’admission des députés de couleur à l’Assemblée nationale4. L’assemblée a voté des remerciemens à M. l’abbé Grégoire en lui témoignant combient elle était flatée d’avoir au nombre de ses membres honoraires, un aussi courageux défenseur de l’humanité. M. de Warville a repris la lecture qu’il avait déjà commencée de l’esquisse de la pétition, qu’on a trouvé parfaitement conçue et qu’on a très applaudie.

M. l’abbé Grégoire a proposé qu’on demandât au président de l’Assemblée nationale la permission de solliciter l’abolition de la traite après que l’affaire des citoyens de couleur serait terminée, mais M. Raymond ayant fait sentir que faire deux demandes à la fois pourrait nuire à l’une et à l’autre et les affaiblir toutes deux, la matière ayant été mise en délibération, il a été arrêté qu’on sonderait seulement les sentimens du président au sujet de la cause de l’abolition de la traite.

Brissot de Warville Gramagnac DM