Séance du 29 janvier 1790

Assemblée du Comité tenue le 29 janvier 1790, présidée par M. de Warville.

Membres présens : M.M. Duchesnay, le mis de Valady, Pigot, Le Page, Lanthenas, Bonnemain, Chauvau, Clarkson, Raymond, et M.M. les députés de couleur

Le président a commencé la séance par la lecture du procès verbal de la dernière séance du Comité.

Le même a fait part au Comité de la communication d’une lettre de M. Wilberforce.

M. Clarkson a aussi communiqué que la question sur la traite des Noirs allait être incessamment présentée au Parlement d’Angleterre.

M. de Warville a fait part à la Société de la traduction offerte par M. Clarkson aux Amis des Noirs, relative à la manière dont les Français font la traite en Affrique, lequel manuscrit, en deux parties sous forme de lettre, est enrichie de gravures et dessins1.

Le même a fait des observations sur la beauté et l’utilité de cet ouvrage, et il a été voté des remerciemens à son estimable auteur.

Lecture de différentes lettres de Domingue, communiquées par M. Raymond, et relatives à la révolution opérée à Domingue2.

Lecture d’une pétition des gens de couleurs et arrêté de leur comité du 12 dernier.

Lecture d’une copie de lettre de M. La Luzerne, écrite pour le service de piquet aux Isles et dans les colonies de Domingue, lequel service se fait par les hommes de couleur.

M. le président a fait la motion qu’il croiait nécessaire et même intéressant pour la cause des Noirs, d’insérer dans les journaux quelques fragmens des lettres communiquées par M. Raymond, même celle de M. La Luzerne. Arrêté unanimement.

Lecture d’un extrait de la Gazette universelle à l’occasion du massacre de M. de Baudrière3

Autre lecture de papiers relatifs à la cause des Noirs.

M. de Warville a fait part à la Société de la réponse qu’il avait
faites aux lettres de M. Monéron et au Comité américain de Bordeaux.

Le même a fait part à la Société de la réponse de M.M. Le Page et Lanthenas sur la prompte expédition des gravures du vaisseau négrier, dont entre autre M. Le Page s’est chargé de la rédaction.

M. de Warville a fait part de l’Adresse des citoyens de couleur4 et a demandé l’agrément de la Société pour seconder leur voeu. Cette adresse est destinée pour l’Assemblée générale des représentants de la commune5.

Arrêté qu’il serait écris à M. Parraud, présenté par M. Lanthenas, que l’Assemblée ou la Société l’agrée au nombre de ses membres honoraires.

Présentation de M.M. Bonnemain et Chauvau, comme membres honoraires, agréés par la Société.

M. de Warville a fait part à la Société, que M. Le Page s’offrait de faire le service du secrétaire gratuitement, et en conséquence il a été fait des remerciemens à M. Le Page, lequel, par suite, est autorisé à signer et opérer en sa nouvelle qualité.

Lecture faite d’un imprimée répandu dans le public contre l’abolition de la traite.

M. Bonnemain a fait lecture de quelques fragmens d’un projet d’ouvrage sur le sort des Noirs, lequel à été fort applaudi6.

M. Clarkson, étant sur son départ pour l’Angleterre, il lui a été de nouveau voté des remerciemens, tant pour son assiduité à assister aux assemblées et séances de la Société, que pour les différens services qu’il a rendu à la cause des Noirs. Les remerciemens ont été unanimes ainsi que les regrets sur son départ

Brissot de Warville
1. Selon M. Dorigny (UNESCO, 1998), il pourrait s’agir d’une copie de la correspondance entre Clarkson et Mirabeau.
2. Selon M. Dorigny (UNESCO, 1998), référence à l’éviction en octobre de l’intendant Barbé-Marbois par les colons qui formèrent des assemblées locales exclusivement blanches et préparaient l’élection d’une Assemblée coloniale.
3. Gazette universelle, ou Papier-nouvelles de tous les pays et de tous les jours, n° 60 du vendredi 29 janvier 1790.
4. Adresse des citoyens de couleur des îles et colonies françaises à l’Assemblée générale des représentants de la commune de Paris, prononcée le premier février 1790, par M. de Joly,... en présentant une députation des citoyens de couleur, Paris, 1790.
5. Après deux tentatives (1er et 6 février 1790)l’adresse fut effectivement présentée le 11 février mais l’assemblée de la commune de Paris refusa de la soutenir (voir le compte rendu de cette présentation dans la séance du 12 février 1790.
6. Bonnemain, Regénération des colonies, ou Moyens de restituer graduellement aux hommes leur état politique, et d’assurer la prospérité des nations ; Moyens pour rétablir promptement l’ordre dans les colonies françaises, Paris, Cercle social et Girod et Tessier, 1792.