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Impact au sol des sabots des chevaux et des roues de tracteur

[…]

Quand la voie sur laquelle se déplace le moteur animé est compressible, le sabot s’enfonce et s’ancre dans le sol, de sorte que la traction possible ne dépend plus uniquement du coefficient de frottement.

Il y a lieu d’observer que, lorsque l’animal enfonce dans le sol, quelle que soit d’ailleurs l’importance de cet enfoncement, le plan de contact am est incliné, comme on le voit sur la figure 72, c étant le sens du déplacement et p la pression exercée sur le plan ab ; sur le sol labouré, ou dans le fond de la raie de charrue, on voit très nettement, aux empreintes, que la pince a du fer s’enfonce plus que les éponges b ; quand le sol est très compressible, on relève même l’empreinte de la sole et de la fourchette du sabot. La dénivellation ax, ou l’enfoncement maximum, dépend de la nature et de l’état du sol.

Même sur une voie résistante (pavé ou empierrement), quand l’animal est obligé d’exercer une forte traction, on le voit nettement incliner le plan ab et n’appuyer que sur la pince a. L’obliquité am du plan d’appui du sabot sur le sol est éminemment favorable pour l’avancement du moteur suivant la flèche c, le sol se trouvant très comprimé dans la zone a en donnant une sorte d’ancrage au pied de l’animal.

Nous trouvons la condition inverse avec une roue R (fig. 73) d’un tracteur roulant sur un sol meuble x, s’enfonçant d’une quantité h et ayant un contact ab qu’on peut représenter par le plan incliné i ; c étant le sens d’avancement de la roue R qui tourne selon la flèche n. Relativement au déplacement, la plan i est ainsi incliné, défavorablement, en sens inverse du plan m de la figure 72, qui permet l’ancrage du sabot du cheval ou du bœuf. Ce plan i ne peut donc pas servir d’ancrage à la roue du tracteur. (Nous nous souvenons avoir vu les dessins d’une roue de locomotive routière, dont la périphérie était garnie de pièces articulées devant s’incliner et s’ancrer dans le sol à la façon de la figure 72 ; nous ne croyons pas que ce système ait été construit.)

On cherche à tourner la difficulté en garnissant la roue motrice de saillies diversement disposées, destinées à s’enfoncer dans le sol, à s’engrener pour ainsi dire avec lui. Mais, comme la vitesse à la circonférence de la roue est toujours plus grande que la vitesse d’avancement, ces saillies déplacent la terre. Dans des conditions favorables d’état du sol, nous avons constaté de semblables déplacements de 3 à 4 cm. […] Dans les conditions défavorables, les saillies sont dangereuses, car elles rabotent le sol à la façon d’une fraise, et la roue s’enfonce sur place. […]

En résumé, il ne faut donc pas trop compter sur les saillies des roues pour assurer l’ancrage afin d’obtenir la traction voulue, mais bien sur la pression exercée sur le sol par la roue motrice.

[…]

Max RINGELMANN

Source : Extrait de M. Ringelmann , «Les animaux d’attelage et les tracteurs», 
Journal d'agriculture pratique, 1913, vol. 1, p. 498-502.

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