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La Compagnie internationale des machines agricoles a exposé un appareil nouveau que nous n’avons vu figurer dans aucun concours. C’est un tracteur une force de 12 H P. Il se compose (fig. 59) d’un châssis monté sur quatre roues à larges bandages portant un moteur qui, par une série de transmissions, commande les roues arrières et assure le déplacement du véhicule.
Les roues avant, de plus petit diamètre, sont fixées sur un avant-train commandé par une chaîne, comme dans beaucoup de locomotives routières. Cette chaîne, après avoir fait plusieurs tours sur un rouleau, est fixée par ses extrémités sur l’essieu avant, tout près des roues. Le rouleau porte à l’un des bouts un pignon denté, que commande le volant de direction par l’intermédiaire d’une vis hélicoïdale. On comprend qu’en tournant le volant dans un sens ou dans l’autre, on peut obliquer l’avant-train dans la direction convenable.
A l’arrière du châssis est placé le moteur horizontal C. I. M. A. de la force de 12 chevaux. Il est muni deux lourds volants fixés sur l’arbre vilbrequin qui porte aussi une première poulie de friction. Celle-ci peut commander une poulie n° 2 de grand diamètre qui, par trois pignons satellites, transmet le mouvement à deux engrenages cône (différentiel) fixés sur des arbres intermédiaires. Chacun de ceux-ci porte un pignon qui engrène avec une couronne dentée de grand diamètre solidaire des roues arrières.
Pour assurer la marche avant, on agit sur un levier qui recule le moteur tout entier ; la poulie n° 1 vient ainsi en contact avec celle que nous avons appelé n° 2 ; elle en assure l’entraînement qui se transmet aux roues par l’intermédiaire du différentiel et des engrenages dont nous venons de parler. La marche arrière est obtenue par un galet de friction qui vient soulever la poulie n° l et, par conséquent, l’avant du moteur. Le mouvement se transmet, par l’intermédiaire de ce galet.
Le moteur est alimenté par une pompe ; il comporte un régulateur disposé de telle façon que lorsque la vitesse dépasse la normale, un levier tient ouverte la soupape d’échappement, ce qui empêche l’admission du mélange carburé et supprime la compression du moteur. L’allumage se fait par étincelle de rupture et la magnéto est actionnée par un galet en contact avec l’un des volants. Le refroidissement du moteur est tout à fait particulier. Le réservoir à eau, qui est ouvert et placé à l’avant, porte une sorte de toit en treillage galvanisé. L’eau, dont la circulation est assurée par une pompe, vient tomber au sommet de ce toit sur lequel elle coule lentement avant d’arriver au réservoir. Il se produit ainsi un refroidissement très énergique. Le tracteur C. I. M. A a remorqué une charrue deux raies et a fait avec cet instrument un travail absolument comparable comme profondeur à celui obtenu avec le tracteur Ivel. Il se déplaçait à une vitesse d’environ un mètre à la seconde.
Dans tous ces essais, il est regrettable qu’aucune constatation n’ait été faite, tant au point de vue de la surface labourée dans un temps donné que de la profondeur du travail et de la consommation d’essence. Ce sont là, cependant, des points de la plus haute importance et sur lesquels les cultivateurs aimeraient à être fixés. Ces renseignements seuls permettent de comparer les tractions animale et mécanique au point de vue du prix de revient. - Tous ces essais ou plus exactement ces démonstrations ont eu lieu à 3,5 km de Bourges, au domaine de la Grange François, appartenant à M. le Dr Demouch.
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H. Pillaud
ingénieur agronome
Source : Extrait de H. Pillaud , «L'exposition de l'automobile agricole à Bourges»,
Journal d'agriculture pratique, 1908, vol. 2, p. 424-474.