On a lu dans le Journal d'agriculture pratique du 3 juin (page 427) les renseignements fournis par notre excellent collaborateur M. Ringelmann sur les petits tracteurs qui ont fait récemment leur apparition aux États-Unis d’Amérique. Il annonçait que M. le comte Frédéric Pillet-Will avait fait venir à grands frais quelques modèles de ces tracteurs qui seraient soumis à des expériences publiques. […]
Les expériences [dirigées par M. Schweitzer, ingénieur] des nouveaux tracteurs, jusqu’ici inconnus en France, ont eu lieu du 12 au 15 juin à Allainville, canton de Dourdan (Seine-et-Oise), sur une ferme appartenant au comte Pillet-Will. […] Six appareils, appartenant à 3 types différents, figuraient à ces essais : 3 tracteurs, dits tracteurs Bull, à 3 roues ; 2 tracteurs à chaîne motrice, dits Caterpillar ou Chenille, et un fort tracteur automobile à 4 roues. Sauf ce dernier modèle, ces tracteurs sont construits pour répondre aux besoins de la moyenne et de la petite culture.
Les tracteurs Bull sont à 3 roues : 2 grandes roues, dont une motrice, supportant le cadre, et une petite roue directrice à l’avant ; le moteur est horizontal et à 2 cylindres. Le plus petit modèle, long de 3,5 m et large de 1,5 m, développe, d’après la déclaration des constructeurs, une force de 10 HP à la poulie et de 5 HP à la barre d’attelage ; il pèse 1 600 kg et coûte 3 000 F au départ de New-York. Un autre modèle, plus fort, est long de 4 m et large de 1,80 m ; sa force est de 15 HP à la poulie et de 7,5 à la barre d’attelage ; il pèse 2 000 kg.
Le travail de ces tracteurs s’est montré excellent à Allainville ; leur souplesse, la simplicité et la facilité de leur conduite ont même profondément étonné la plupart des spectateurs habitués jusqu’ici aux manœuvres assez compliquées des appareils de culture mécaniques qui leur avaient été présentés. Attelés directement, comme un attelage de bœufs ou de chevaux, à une charrue, à un cultivateur, à un polysoc Bajac à contre-poids, ils exécutent un travail tout à fait régulier, plus rapide que celui des animaux, et tournent aux extrémités des raies sans exiger de grandes fourrières.
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Henry SAGNIER
Source : Extrait de H. Sagnier , «Expériences de tracteurs à Allainville»,
Journal d'agriculture pratique, 1914, vol. 1, p. 456-457.
