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Le tracteur à vapeur Case d'Ambroise Rendu (Haute-Garonne)

MM. René Barennes et Henry de Marsay ont communiqué au Journal d’agriculture pratique un long rapport relatif aux réformes réalisées par M. Ambroise Rendu sur son domaine de la Beguere (Haute-Garonne) en vue de résoudre de problème de la main-d’œuvre.

[…]

Cependant, il faut dire que MM. Barennes et de Marsay ont consulté M. Ravon, régisseur de la propriété de M. Rouart, située également aux environs de Toulouse. M. Ravon leur a déclaré ce qui suit :

C’est tout à fait exceptionnellement que nous labourons à 30 cm avec des animaux ; nos labours habituels se font généralement autour de 25 cm et exigent dans nos terres 4 bœufs ou 3 forts chevaux. Pour descendre au-delà, il faut 6 forts bœufs ; un bon bouvier, avec une charrue brabant double, arrive ainsi à faire 20 ares par 7 heures de travail effectif (journée d’hiver).

[…]

Un appareil à vapeur doit se charger de faire rapidement les labours profonds, les attelages n’ayant plus qu’à exécuter des façons superficielles avec des machines légères et à grand travail. M. Rendu fixa son choix sur un tracteur à vapeur de la Compagnie Case de France.

La culture avec tracteur direct à vapeur, disent MM. Barennes et de Marsay, ne peut être pratiquée qu’en terrain plat. Nous ne pouvons dire la pente maximum sur laquelle on peut travailler, mais en terrain plat, la machine patine déjà quand le sol n’est pas suffisamment ressuyé. Il ne faudrait donc labourer qu’en terre saine et, en pratique, cet état du sol en hiver et au printemps est peu fréquent. Nous croyons enfin qu’il faut se placer dans la situation où la main-d’œuvre est lente et rare pour que ce mode de culture soit pratique. Dans les pays où elle est abondante et active, nous pensons qu’une semblable machine n’est pas encore à sa place.

Dans une propriété aménagée en métairie, il est assez délicat d’introduire un tracteur. Ce mode de culture n’est pratique que dans les exploitations directes ; nous devons ajouter : dans les exploitations directes d’une certaine importance. Pour amortir facilement le capital en une dizaine d’années, il faut pouvoir labourer une centaine d’hectares environ. Dans de petites et moyennes propriétés, ce mode de culture n’est pas à recommander, à moins que des entreprises de labourage se forment, ce qui est probable. Dans le Tarn-et-Garonne, 6 propriétaires ont acheté en commun un matériel Case pour labourer et battre.

Une grande propriété ne suffit pas : il faut encore de grands champs. Cette considération, qui à première vue semble de peu de poids, a une importance énorme en pratique ; on ne se rend pas compte du temps perdu dans les contournières.

La machine Case employée actuellement à la Beguere (fig. 63) est une locomotive routière d’une puissance de 45 chevaux-vapeur, dont les caractéristiques sont les suivantes :

Diamètre de la chaudière 0,71 m
Contenance en eau 610 litres
Longueur du foyer 1 m
Largeur du foyer 0,64 m
Hauteur du foyer 0,76 m
Diamètre des 36 tubes 0,05 m
Longueur des tubes 2,15 m
Surface de chauffe 15,3 m2
Pression 9 kg
Alésage du cylindre 0,228 m
Course du piston 0,254 m
Diamètre du volant 1 m
Largeur du volant 0,3 m
Nombre de tours par minute 250
Vitesse normale par heure 5 km
Diamètre des roues avant 1,06 m
Largeur des roues avant 0,25 m
Diamètre des roues arrières 1,52 m
Largeur des roues arrières 0,457 m
Empattement 3,2 m
Longueur extrême 5,63 m
Largeur extrême 2,36 m
Hauteur totale 2,98 m

Le tender peut contenir 610 litres d’eau et 400 kg de charbon. Le poids approximatif est de 8 440 kg. Le prix complet est de 13 950 F. 

Il a été reconnu que l’entretien est peu de chose ; la machine fut confiée à un ancien laboureur devenu forgeron et qui chauffait la locomobile de la ferme lors des battages. On peut donc trouver sans trop de difficulté le mécanicien convenable pour conduire et entretenir ce tracteur.

La consommation de charbon ne dépasse pas 450 kg par hectare, soit 17 F environ. En marche normale, pour une journée de 8 heures, la machine dépense 2 800 litres d’eau par ha ; ayant rempli le tender le matin avant le départ, il suffit de l’approvisionner 4 fois dans la journée, ce qui nécessite un attelage et un homme, à moins qu’il y ait des puits dans les champs, car la machine peut puiser l’eau dont elle a besoin. La dépense en lubrifiant (valvoline et graisse consistante) n’atteint jamais 1,3 F par jour.

R. DESSAISAIX

Source : Extrait de R. Dessaisaix , «Une année de motoculture», 
Journal d'agriculture pratique, 1913, vol. 1, p. 430-432.

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