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Les harnais allemands pour boeufs de MM. Helot et Bouchon, betteraviers près de Cambrai

La chambre syndicale des Fabricants de sucre de France, présidée par M. S. Tétard, toujours préoccupée des améliorations à apporter à la culture de la betterave à sucre, a déjà organisé de nombreux concours d’arracheurs ; cette année, la chambre syndicale nous a conviés à un concours international qui s’est tenu à Noyelles-sur-Escaut, près de Cambrai, le 22 septembre dernier, dans les champs de M. J. Helot, secrétaire général.

Disons de suite que les essais avaient été très bien organisés par M. Helot : des parcelles de 20 et de 25 ares, espacées de 5 mètres, avaient été préparées pour les concurrents. Le jury a fonctionné le 22 septembre, en présence de M. E. Tisserand, directeur de l’Agriculture, représentant, M. le ministre. Malgré la sècheresse, les machines pénétraient dans le sol, qui est en bon état de culture, alors qu’il n’en est pas de même aux environs de Laon, comme à Gonesse, chez M. S. Tétard, où le sol est tellement durci que l’arrachage à la main est rendu impossible ; nous verrons à tirer plus loin, des divers renseignements recueillis, quelques conclusions relatives à la forme des pièces travaillantes suivant la nature du sol, car il est impossible d’admettre (comme l’indique le programme du concours) que le même arracheur puisse fonctionner en tous temps : par la sécheresse, par l’humidité ou par la gelée.

[…]

Après ces deux épreuves, et avec l’autorisation spéciale de M. le ministre de l’Agriculture, j’ai procédé les 23 et 24, avec le matériel et le personnel de la Station d’essais de machines, aux essais dynamométriques des dix arracheurs précités (dans diverses conditions de sol). Dans le présent compte-rendu, nous n'examinerons que les dix machines qui ont fonctionné le 3 septembre, en réservant pour plus tard l’examen de nos recherches dynamométriques, lesquelles sont d’autant plus intéressantes qu’on ne possède actuellement aucune donnée sur le tirage nécessité par les différents systèmes d’arracheurs de betteraves.

Les nombreux attelages, nécessaires aux essais, ont été fournis par M. Helot, qui, en outre de sa sucrerie, exploite une importante étendue de terres ; à propos de ces attelages, nous croyons intéressant de donner dans la figure 49 le croquis des harnais que nous avons relevé aux essais de Cambrai. Le modèle de ces harnais, pris en Allemagne, a été modifié par MM. Helot et Bouchon (M. Helot fait faire ces harnais dans le pays au prix de 25 F par animal).

Les bœufs (charollais-nivernais) sont attelés au joug simple ; le joug frontal J, en bois (fig. 49) est muni d’un coussin à sa partie interne ; extérieurement, il est garni d’une bande de fer, terminée à chaque extrémité par un anneau A dans lequel se prend le crochet de la chaîne de traction AE ; en D, cette chaîne passe dans un anneau fixé à une sous-ventrière S ; un anneau B relie cette chaîne avec une autre plus petite BC, terminée par un crochet C. Lorsqu’il n’y a qu’une paire de bœufs en travail, la petite chaîne BC s’accroche dans une maille du trait AB ; lorsqu’il y a plusieurs paires, la chaîne B’C’ se relie avec les traits A B D E de la paire précédente ; dans le cas d’un attelage de plusieurs paires, les bouviers conduisent les animaux de gauche par un cordeau d d’ relié à un claveçon.

Avec cette disposition, les animaux sont indépendants les uns des autres ; l’attelage ressemble à un attelage de chevaux, et est relié aux machines ou aux véhicules par des palonniers et des balances. Aussi dans l’exploitation de M. Helot, les véhicules sont indistinctement tirés par des chevaux ou des boeufs, sans qu’il soit besoin de leur apporter aucune modification suivant la nature de l’attelage.

D’anciens essais que nous avions fait à Grand-Jouan sur des mêmes bœufs attelés au joug double et au collier (venant des Charentes) étaient à l’avantage du collier, à l’aide duquel l’animal donne plus de travail mécanique avec moins de fatigue ; c’est-à-dire, qu’en définitive, l’unité de travail pratique obtenu nécessitait moins de protéine dont l’excédent pouvait être utilisé par l’animal pour son entretien, ou pour son engraissement. Nous sommes donc fondés à conclure que l’attelage indépendant des bêtes bovines est recommandable, et si le reproche des colliers est d’être d’un prix trop élevé d’achat et d’entretien, la même critique ne peut être faite aux harnais adoptés par M. Helot.

Les animaux sont munis de muselières m sur lesquelles il n’est pas besoin d’insister ; ces muselières sont aussi indispensables aux travaux de binage qu’à ceux de l’arrachage des racines.

[...]

M. RINGELMANN

Source : Extrait de M. Ringelmann , «Concours international d’arracheurs de betteraves à Cambrai», 
Journal d'agriculture pratique, 1895, vol. 2, p. 512-514.

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