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Répartition des machines à vapeur par département vers 1888

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D’après le nombre de machines à vapeur en usage, en agriculture, les départements de Saône-et-Loire et de Seine-et-Marne (512), tiennent la tête ; puis viennent ensuite, par ordre : Seine-et-Oise (493), Cher et Loiret (447), Vendée (431), Oise (430), Hérault (416)... ; la fin de la liste est occupée par les départements suivants : Haute-Marne (9), Lozère (5), Basses-Alpes (4), territoire de Belfort (3), Hautes-Alpes (1), Corse et Vosges (0) (1).

Au point de vue de la puissance, le département qui vient en première ligne est celui de Seine-et-Marne (4,809 chevaux-vapeur), puis ensuite et par ordre ceux de Seine-et-Oise (4595), Loiret (3090), Hérault (2914), Cher (2527), Saône-et-Loire (2331)...

On voit par le nombre relativement grand de moteurs à vapeur qui sont en activité dans certains départements du Midi (exemple Aude, Bouches-du-Rhône, Gironde, Hérault, etc.), le développement qu’a pris l’emploi des locomobiles pour la submersion des vignobles. [...]

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Les localités où l’on rencontre le moins de machines sont : les Ardennes, la Franche-Comté, la Manche, le Finistère, le Plateau central, la Provence, et une partie de la région pyrénéenne ; ce sont les cultures de ces régions qui déterminent cet état de choses.

Enfin, la commission de statistique présentait des documents concernant les accidents arrivés dans l’emploi des appareils à vapeur en 1887. Au total, en 1887, il y eu 36 accidents de travail, 17 personnes tuées, 17 blessées (qui ont eu plus de vingt jours d’incapacité de travail).

Parmi ces accidents, deux seulement ont été occasionnés par des machines agricoles, ce sont les suivants :

Le 9 août.- « Battage de grains à Sardieu (Isère). Chaudière de locomobile, cylindrique verticale, à foyer intérieur en tôle soudée, traversé par vingt-quatre tubes bouilleurs et par une cheminée ; - ce foyer était assemblé à la tôle formant plaque de fondation au moyen d’une collerette relevée à la forge. - Timbre 7 kilogrammes ; - construite en 1883.

Circonstances de l’accident : Un sillon de 50 centimètres de longueur s’était formé à la ligne d’emboutissage de la collerette, ne laissant qu’une épaisseur de 2 à 3 millimètres de tôle intacte. La déchirure, commencée à ce point faible, s’est propagée sur la moitié du pourtour de la base ; - le foyer s

Cause présumée de l’accident. - Dispositions vicieuses du foyer de la chaudière.

Conséquences de l’accident. - Un enfant atteint de brûlures. - Quelques dégâts matériels. »

Le 15 août. « Battage de grains à Pissy-Poville (Seine-Inférieure). - Chaudière cylindrique, horizontale, tubulaire, à foyer intérieur cylindrique vertical, avec boîte à fumée à l’arrière ; 14 tubes en laiton : longueur 2,08 m ; diamètre 0,06m ; épaisseur 2 mm.

Circonstances de l’accident. - Un tube de la rangée supérieure s’est rompu. Jet violent de vapeur pendant une minute ou deux, ayant forcé la porte du cendrier et projeté à 30 mètres les escarbilles et la suie enflammées. Les autres tubes de la rangée supérieure étaient tous déformés ; le ciel du foyer présentait la trace d’un coup de feu.

Cause présumée de l’accident. - Défaut prolongé d’alimentation.

Conséquences de l’accident. - Les escarbilles enflammées ont incendié une meule et une grange. »

Tels sont les deux accidents que l’administration des Mines a relevés en 1887 sur les 13759 machines à vapeur employées en agriculture. Certes, ces accidents sont à déplorer, mais on est étonné qu’il n’en arrive pas plus fréquemment dans nos locomobiles agricoles dont la conduite est trop souvent confiée à des hommes insouciants ou ignorants, lesquels, plus d’une fois, n’hésitent pas à caler les soupapes afin de forcer la machine.

Max RINGELMANN
Professeur à l’École de Grignon, Directeur de la Station d’essais de machines agricoles

Source : Extrait de M. Ringelmann , «Les machines à vapeur agricoles en France», 
Journal d'agriculture pratique, 1890, vol. 1, p. 59-63.

lien: 
oui
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