Un splendide ouvrage vient de faire son apparition dans le monde hippique : Les Races chevalines, avec une étude spéciale sur les chevaux russes, par le Dr L. de Simonoff et J. de Moerder, un beau volume de 316 pages avec 32 planches coloriées et 76 gravures noires. Prix : 32 F, Librairie agricole de la Maison rustique, 26 rue Jacob, à Paris. […]
L’ouvrage de MM. Le Dr de Simonoff et J. de Moerder a été une véritable révélation pour nous. Comment ! il existe un pays qui possède à lui seul 22 millions de chevaux, en moyenne 26 chevaux pour 100 habitants, et encore la statistique n’est pas passée partout, elle n’a pas pénétré sur ces immenses territoires, aux horizons sans fin, que parcourent les nomades, poussant devant eux d’immenses troupeaux de chevaux ! Mais c’est un monde nouveau à étudier, c’est une véritable découverte zoologique. […]
L’ouvrage de MM. Simonoff et de Moerder évalue à 19 millions le nombre de chevaux de type rustique, élevés pour les travaux de l’économie rurale. Les chevaux dits de paysans sont un mélange varié de diverses races ; ils ont cependant un lien commun dans leur origine plus ou moins récente des chevaux de steppes. […]
Les chevaux de paysans ont donc beaucoup de traits communs avec les chevaux de steppes. Ainsi que ces derniers, ils sont petits de taille et remarquables par leur résistance au climat, à la faim et à la fatigue. Leur genre de vie ne diffère pas non plus beaucoup de celui de leurs congénères de steppes. Tant qu’il existe encore quelques restes d’herbe dans les pâturages, la plupart d’entre eux se nourrissent exclusivement d’herbe fraîche. Mais comme les paysans ont beaucoup moins de pâturages, et que la qualité de ces pâturages est bien inférieure à ceux des peuples nomades, la nourriture de leurs chevaux en été est de beaucoup moins abondante et moins bonne que celle des chevaux de steppes.
Il est vrai que les chevaux de paysans ne sont pas obligés de chercher l’herbe sous la neige pendant l’hiver ; mais aussi leur nourriture hivernale ne consiste qu’en paille, quelquefois déjà pourrie. En général, les chevaux de paysans sont habitués, dès l’enfance, à supporter la faim, le froid et toutes sortes de misères.
Quand le paysan devient plus riche, ses chevaux s’embellissent en même temps ; ils engraissent, se développent en largeur et en hauteur sous la seule influence d’une meilleure nourriture et d’un peu plus de soins. Et si, de plus, le paysan profite pour la reproduction des étalons de plus grande taille, pris dans les écuries de monte ou dans les haras privés ou de la Couronne, il produit des chevaux améliorés connus sous le nom des lomoviks. […]
H. VALLÉE DE LONCEY
Source : Extrait de H. Vallée de Loncey , «Les races chevalines»,
Journal d'agriculture pratique, 1894, vol. 1, p. 813-818.