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Les fermes du pays d’Auge

Lorsqu'on quitte les vallées et que par un de ces chemins sinueux, bordés de haies épaisses garnies d’ormes et de chênes séculaires, on monte le long de la colline, on pénètre dans la cour normande, pré planté de pommiers vigoureux ; des vaches au poil bringé y paissent tranquillement une herbe serrée et tendre, des porcs y courent en liberté. Voici, disséminés de tous côtés au milieu de ce verger la maison d’habitation du fermier (fig. 48) avec la laiterie et la fromagerie y attenant, plus loin un bâtiment couvert de chaume qui sert d’écurie et de remise, ici la grange, là le pressoir, la cave et le grenier des pommes à cidre, enfin le four et la bouillerie. Telle est la ferme, la cour normande.

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Telle est, rapidement passée en revue, l’agriculture du pays d’Auge. C’est une des régions privilégiées de la France. Depuis une vingtaine d’années, devant le bas prix des céréales, du blé en particulier, de tous côtés l’on a voulu transformer en herbages des terres de labour. Tous ceux qui ont poursuivi cette transformation n’ont pas réussi ; on répétait : puisque le blé ne se vend plus, faites de la viande ; mais on oubliait qu’il y a des conditions de sol et de climat indispensables pour faire pousser l’herbe. Certains sols ne conviennent nullement aux herbages, d’autres, au contraire, sont naturellement aptes à cette production, et parmi ceux-ci, les sols du pays d’Auge le sont à un degré éminent. Là, l’agriculteur a pour lui le sol et le climat. C’est un précieux avantage sur les autres régions qui voudraient lui faire concurrence.

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H. HITIER

Source : Extrait de H. Hitier , «Les fermes du pays d’Auge»,
Journal d'agriculture pratique, 1897, vol. 2, p. 376-380.

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