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La moisson à la lumière électrique

Nos lecteurs savent que les expériences faites à Mormant et à Petit-Bourg pour le moissonnage et le labourage à vapeur pendant la nuit, au moyen de l’appareil de M. Albaret, ont parfaitement réussi. La lampe électrique suspendue à l’extrémité d’une potence placée à l’avant d’une locomobile projetait sur le chantier une lumière assez vive pour qu’il fût possible d’y travailler comme en plein jour. Le beau dessin que nous publions ci-contre (fig. 13) donne une idée des applications que l’on peut faire de ce mode d’éclairage pour les travaux de la moisson.

Rappelons brièvement, d’après la description donnée par le constructeur, les dispositions principales de l’appareil Albaret. Il se compose : 1° d’une locomobile ordinaire produisant la force motrice ; 2° d’une ou de plusieurs machines électriques système Gramme, ou autre ; 3° d’une potence servant à porter la lanterne et le régulateur, le tout monté sur 4 roues, afin de rendre facile le déplacement de l’appareil.

La machine à vapeur locomobile ne diffère en rien des modèles habituellement employés par les agriculteurs et les industriels. Elle est du système horizontal avec chaudière tubulaire, et la force est de 3 à 4 chevaux ; mais si l’on voulait faire servir cette locomobile à donner le mouvement à une batteuse, en même temps qu’à éclairer le travail, il serait mieux de mettre une machine plus forte.

La machine Gramme est placée sous le corps cylindrique et en avant de la boîte à feu. Elle est fixée sur un patin en fonte, boulonné à la chaudière. Elle est actionnée au moyen d’une courroie par une poulie placée sur l’arbre manivelle de la locomobile. Le mât est à l’avant de l’appareil et en forme certainement la partie la plus importante. Le tout est facilement transportable et ne demande aucune installation préalable pour fonctionner.

Le mât est formé de tubes en fer emmanchés les uns dans les autres et arrêtés par des frettes ; ils sont armés de croisillons et de fils de fer articulés, afin de faciliter le démontage et le transport. Ce mât est ainsi monté sur un axe horizontal lequel articule sur deux tourillons. La potence peut aussi tourner autour de cet axe horizontal afin de la rabattre pour le démontage.

À l’avant de la cheminée est installé un petit treuil à chaîne commandé par des engrenages et une manivelle. La partie inférieure de la cheminée est fixée à la chaudière, elle est faite en tôle épaisse afin de fournir une résistance suffisante pour maintenir le mât. Sur cette partie fixe vient se boulonner une autre partie dont l’extrémité supérieure est maintenue par 2 tirants. Elle porte une poulie à gorge sur laquelle vient passer la chaîne du treuil qui est accrochée au mât. On comprend facilement qu’en faisant tourner le tambour dans un sens ou dans l’autre, on obtiendra l’abaissement ou le relèvement du mât.

La lanterne est placée à l’extrémité de la potence où elle est maintenue par une corde passant sur de petites poulies. On peut, par conséquent, la descendre lorsqu’on veut régler les régulateurs, changer les charbons, ou pour tout autre motif. On la descend aussi lorsqu’on veut changer de place la machine pour éclairer un autre point. Dans ce cas, la lanterne se place sous un bâti du treuil. Pour démonter la potence, quand il faut transporter l’appareil à une distance suffisamment grande ou pour le mettre à l’abri, on commence par descendre la lanterne, puis on abaisse le mât au moyen du treuil et on le démonte aux jonctions des tubes après avoir préalablement enlevé l’armature.

Les ateliers de M. Albaret sont éclairés à la lumière électrique. Ce mode d’éclairage sera bientôt adopté sans nul doute dans un certain nombre d’usines agricoles.

A. DUBOIS

Source : A. Dubois , «La moisson à la lumière électrique», 
Journal d'agriculture pratique, 1878, vol. 2, p. 188-190

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