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Un mode de sevrage applicable aux jeunes bovidés élevés au pâturage

Lors d’un séjour dans la République Argentine, j’ai eu l’occasion d’observer une curieuse méthode employée pour le sevrage des jeunes veaux.

Ces derniers sont élevés en plein air, dans de vastes pâturages (potreros).

En Argentine, où l’on vise spécialement la production de la viande, les vaches-mères tarissent de très bonne heure après le vêlage. Elles sont souvent fatiguées et épuisées par un allaitement trop prolongé alors que leurs jeunes veaux ont atteint un développement suffisant pour se suffire à eux-mêmes.

C’est pour arriver à un sevrage qui se fait pour ainsi dire par la force des choses, que les « estanceros » (éleveurs de bétail) ont recours à un procédé qui, si il est criticable au point de vue de la méthode zootechnique, n’en est pas moins intéressant à connaître.

Voici en quoi il consiste : on introduit dans les fosses nasales du jeune veau que l’on veut sevrer, une planchette (fig. 125) en bois assez dur, mesurant 12 centimètres de long sur 9 de large et de 4 millimètres d’épaisseur. Sur un des côtés, on fait une échancrure ovoïde qui se termine par deux pointes arrondies (a a) écartées de 2 à 3 centimètres, suivant l’épaisseur de la cloison nasale des jeunes veaux.

On place la planchette comme l’indique la figure 126, et elle se maintient dans cette position grâce à la pression que produisent les extrémités a a (fig. 125) sur la cloison nasale. II est facile de comprendre que quand le jeune veau veut têter sa mère, il lève la tête pour atteindre la mamelle, la planchette l’en empêche ; au contraire, s’il veut boire ou brouter la jeune herbe qu’il a sous ses pieds, la planchette, ne l’incommode nullement car en abaissant la tête la planchette n’est plus en contact avec sa bouche, et il peut ainsi boire et brouter à l’aise.

Une fois l’animal sevré complètement, un coup de couteau dans le sens longitudinal de la planchette, suivant la ligne b b (fig.125) l’en débarrasse.

J’ai vu ainsi sur la vaste exploitation de M. Iselin, fondateur de la « La Colonia francesa », (Provincia de Mendoza) plus de 200 veaux métis Durham qui semblaient se conformer parfaitement à ce procédé.

Jean CERESOLE,
Ancien élève des écoles nationales d’agriculture de Grignon et de Montpellier

Source : J. Ceresole , «Un mode de sevrage applicable aux jeunes bovidés élevés au pâturage»,
Journal d'agriculture pratique, 1901, vol. 1, p. 829.

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