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J’ai pensé qu'il serait intéressant de mettre sous les yeux de nos lecteurs un spécimen de la photographie d’un porcelet âgé d’un jour, obtenue à l’Institut de physique de Munich, par le Dr Graetz. La figure 46 est la reproduction au tiers de la photographie faite elle-même au quart de grandeur naturelle. Le porcelet qu’elle représente est donc réduit aux 7/12e, soit d’un peu plus de moitié de ses dimensions.
Cette curieuse épreuve dans laquelle les parties osseuses (squelette) sont seules nettement venues, au travers des parties molles, permet de constater, à la simple inspection, la marche de l’ossification chez les animaux avant leur naissance. Les os longs, en particulier, mettent en évidence le mode de développement du squelette : l’ossification commence sur plusieurs points à la fois et ce n’est qu’au bout d’un temps assez long que les parties ossifiées se rejoignent par l’accumulation progressive de sels minéraux et spécialement de phosphate de chaux dans la trame gélatineuse de l’os.
La soudure des têtes des os longs (nommées épiphyses) à la partie médiane de l’os ne s’effectue qu’après un temps, variable avec les espèces animales. L’inspection de l’image du squelette de ce porcelet fait comprendre, mieux qu’une longue dissertation, la nécessité et l’influence de l’alimentation riche en matière phosphatée sur le développement complet du système osseux.
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La photographie du porcelet fait pour ainsi dire toucher du doigt la nécessité de mettre à la disposition des jeunes animaux les aliments phosphatés : à ce titre, cette application des rayons Rœntgen à l’étude du développement du système osseux m’a paru de nature à intéresser les agriculteurs. C’est, à ma connaissance, la première application de la photographie opaque aux problèmes agronomiques, ce ne sera sans doute pas la dernière.
L. GRANDEAU
Source : Extrait de L. Grandeau , «La photographie à travers les corps opaques : une application intéressante à l’étude des animaux»,
Journal d'agriculture pratique, 1896, vol. 1, p. 382-383.