[…]
L’araire dental, si primitif qu'il paraisse, peut être considéré comme un outil perfectionné, quand on le compare à la charrue représentée par la figure 14 que j’ai vue fonctionner dans le centre et dans le sud de la Tunisie, dans l’oasis de Gabès et jusque sur le plateau des Matmata occupé par les troglodytes, dont je décrirai un autre jour les mœurs agricoles si intéressantes.
Cet instrument, dont j’ai pris le croquis dans l’oasis d’Oudref, constitue la charrue la plus élémentaire qu’on puisse imaginer. Il se compose : 1° d’un plateau AA’, sorte de sep terminé par un soc S qui ne peut pénétrer qu’à une très faible profondeur dans le sol (5 à 7 cm) ; 2° d’une tige T, au sommet de laquelle est cloué un bois rond MM’ qui sert de mancheron. Une autre tige en fer grossièrement forgé B est reliée en C par une corde d’alfa au palonnier P. Deux cordes d’alfa de 3 m de longueur environ vont s’attacher à un collier rustique sur le cou du chameau, qui presque partout sert à la traction de l’instrument.
Deux rênes G de 4 m de long partent du mancheron, s’attachent à la mâchoire au-dessous de la muselière que porte le chameau et servent à diriger les mouvements latéraux de celui-ci. Cette charrue, que le dessinateur a rendue beaucoup plus ouvragée et finie qu’elle ne l’est en réalité, est faite en bois d’olivier brut ; les 2 planchettes, également en bois VV’, représentent les versoirs ! Le tout pèse 3 kg, mesure 0,80 m environ de long et coûte 3 F. L’araire dental, avec son joug, revient à 18 F.
[…]
L. GRANDEAU,
Source : Extrait de L. Grandeau , «L’outillage agricole de l’indigène en Tunisie»,
Journal d'agriculture pratique, 1896, vol. 2, p. 86-92.