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Le procédé de conservation à râfle humide, décrit par Pline, aurait été employé en France pour la première fois, il y a très longtemps, par Rose Charmeux, le célèbre praticien de Thomery [Seine-et-Marne], et porte quelquefois son nom ; il consiste, en principe, à couper une certaine longueur de sarment supportant une ou deux grappes, et à maintenir le pied du sarment dans de l’eau que contient un récipient quelconque, petite fiole, bouteille, etc.
L’eau peut être additionnée d’une forte pincée de sel gris et de poudre de charbon de bois, enfin on peut la changer dès qu’elle présente des signes de putréfaction ; les fioles s’accrochent par le goulot à des échancrures convenables, pratiquées à la scie sur le bord des planches formant râteliers, ou se fixent par un collier en fil de fer.
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Dans les exploitations importantes de Thomery, on garnit les chambres de conservation avec des châssis en bois écartés d’au moins 1 m les uns des autres, afin de réserver des sortes de couloirs ou passages ; les montants de ces châssis, espacés d’1 m à 1,5 m au plus, supportent les traverses auxquelles, de chaque côté, sont attachées les fioles. La figure 40 donne la vue intérieure d’un semblable fruitier, et on voit sur la gauche, posé à terre, un casier contenant de la chaux vive destinée à absorber l’humidité surabondante du local ; il nous semble, qu’à ce point de vue, on a intérêt à employer des fioles à goulot étroit qui, dans les mêmes conditions, doivent perdre moins d’eau par évaporation que les récipients à grande ouverture, mais en tous cas, on ne doit pas mettre une fermeture, tout au plus pourrait-on placer […] un bouchon très échancré n’empêchant pas le passage de l’air et n’exerçant aucune pression sur le sarment.
Max RINGELMANN
Source : Extrait de M. Ringelmann , «Mobilier du fruitier»,
Journal d'agriculture pratique, 1904, vol. 2, p. 309-314.