La population bovine de la Tunisie appartient à la race que M. Sanson a nommée « race ibérique » (Bos taurus ibericus). […] Dans son Traité de zootechnie, M. Sanson décrit ainsi les caractères spécifiques de cette race :
« Ligne du chignon faiblement onduleuse ; chevilles osseuses insérées haut et perpendiculairement au plan médian, un peu arquées horizontalement d’abord, puis obliquement en haut jusqu’à leur pointe un peu dirigée en arrière et très aiguë. Bosses frontales très accusées ; front fortement déprimé entre les orbites au niveau des sutures fronto-nasales. Sus-naseaux courts, larges, unis en voûte surbaissée. Lacrymaux et grands sus-maxillaires peu déprimés au niveau de leurs connexions avec les os propres du nez. Branches du petit sus-maxillaire arquées, à convexité extérieure et formant une arcade incisive petite. Profil de la tête rentrant à la racine du nez ; face courte, large, camuse. »
[…]
L’aptitude à l’engraissement est surtout développée chez ces animaux et c’est à elle que s’adresse la principale exploitation du bétail tunisien. […] [Le bœuf] qui est représenté par la planche coloriée ci-jointe, et qui a été primé au concours général agricole de Paris en 1894, atteignait le poids de 410 kg avec un rendement de 57 %, et n’avait perdu que 11,3 kg après le fatigant trajet qu’il a dû parcourir pour arriver jusqu’à Paris. Il appartenait à la Société franco-tunisienne pour l’engraissement du bétail, qui possède de grands troupeaux aux environs de Mateur.
Cette Société n’est pas la seule qui se livre à l’élevage et à l’engraissement du bétail en Tunisie. C’est une industrie très développée, on peut même dire très prospère. La Statistique de 1892 donne en effet, pour le territoire de la Régence, un total de 232 750 têtes de gros bétail. […]
Le bétail entre pour une large part dans les produits d’exportation de la Régence. Pendant l’année 1892, on a exporté 1 587 têtes de bétail représentant une valeur de 211 360 F. Les pays vers lesquels se font les exportations sont, par ordre d’importance, l’Algérie, Malte, l’Italie et la France.
L. THIRY,
Inspecteur d’agriculture de la Régence
Source : Extrait de L. Thiry , «Le bétail tunisien»,
Journal d'agriculture pratique, 1894, vol. 2, p. 351-352.