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Galerie 3 : le cabinet des curiosités

Les agronomes d’aujourd’hui, dont certains ont encore une conception linéaire du progrès, considèrent parfois que l’histoire des techniques est parsemée d’idées baroques de peu d’intérêt, puisque d’autres solutions ont été mises en œuvre et ont fini par faire oublier tout le foisonnement antérieur. À quoi bon y revenir ? Il est évident que les agronomes de l’époque ne pouvaient penser de la même façon. Ils avaient de multiples problèmes à résoudre face à l’hétérogénéité des structures agricoles et à des chaînes techniques d’une grande complexité. L’agronomie couvre un très vaste domaine. Un gros ouvrage comme le Théâtre d’agriculture d’Olivier de Serres (1600), dans lequel, dit le sous-titre, « est présenté tout ce qui est requis et nécessaire pour bien dresser, gouverner, enrichir et embellir la maison rustique », c’est-à-dire la ferme, en est déjà un bon exemple.

Les savants qui s’expriment dans le Journal d’agriculture pratique ne peuvent faire autrement. Ils traitent de tout ce qui touche à l’agriculture et leur semble digne d’intérêt, faisant appel aussi bien à la science, l’économie, l’étude des techniques, les pratiques agricoles, d’ici ou d’ailleurs, d’hier ou d’aujourd’hui, et du vaste monde en général. Peu de choses échappent à leur esprit exploratoire. Pour eux la curiosité est une valeur positive et il y a du bon à prendre partout, même parfois chez les « indigènes », dont ils admirent les réussites malgré les moyens rudimentaires dont ils disposent, tout en reprenant par ailleurs le cliché de la « paresse » et de la « routine » à leur encontre. Cette curiosité, propre à ce milieu, a été stoppée net après la Seconde Guerre mondiale et la création de l’Institut national de la recherche agronomique.

Jean-Paul Bourdon
MRSH - pôle Société, Environnement et Espaces Ruraux

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n°: 
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