Les ouvriers se font souvent prendre dans les organes de la machine par les vêtements ou les mouchoirs qu’ils se mettent autour du cou pour se préserver des poussières. La protection des engrenages, poulies et courroies de transmission ne présente aucune difficulté technique ; on peut disposer en avant de ces organes des plaques de garde pleines ou perforées, ou mieux, comme dans certaines machines étrangères (fig. 25), des panneaux garnis de toiles métalliques ou de grillages à larges mailles.
Il ne faut pas oublier que les pièces animées de mouvement déplacent de l’air : les roues qui tournent rapidement jouent le rôle de ventilateurs, et, afin de diminuer les résistances passives, il ne faut pas entraver l’écoulement de l’air déplacé ; les appareils de protection formés de grillages sont donc préférables aux appareils formés de plaques pleines. Tout en restant en place, les grillages permettent en outre le passage des tubes des burettes pour le graissage des axes.
Avant d’arrêter mon rapport, j’avais tenu à consulter officieusement les constructeurs de batteuses et ceux qui utilisent les machines (agriculteurs et entrepreneurs de battages). Sur les 58 personnes auxquelles j’ai envoyé des demandes, les 31 qui ont bien voulu répondre résident en différents points de la France : Aude, Bouches-du-Rhône, Cher, Eure, Eure-et-Loir, Finistère, Haute-Saône, Ille-et-Vilaine, Indre, Indre-et-Loire, Jura, Loire-Inférieure, Loiret, Nièvre, Orne, Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Saône-et-Loire, Vienne et Yonne. Nous pouvons donc nous baser, dans une certaine mesure, sur les réponses faites à cette enquête dont le tableau ci-après résume les résultats.
[…]
En vue d’étudier les appareils et procédés préventifs des accidents, un règlement parut en novembre 1887 organisant à Berlin, pour 1889, une exposition nationale. Les appareils et procédés furent répartis en 22 groupes. Ceux spécialement destinés aux machines et travaux agricoles comprenaient le 21e groupe et le rapport spécial, rédigé par M. l’ingénieur F. Schotte, comprend l’examen des appareils appliqués aux machines suivantes :
1. Manèges ;
2. Batteuses ;
3. Machines pour la préparation des aliments du bétail ;
4. Machines d’industrie laitière ;
5. Installations des étables ;
6. Appareils pour les exploitations forestières.
(Les machines à vapeur faisaient partie d’un autre groupe)
Je crois savoir qu’à la suite de cette exposition, un règlement spécial fut mis en vigueur en Allemagne, en ce qui concerne les batteuses, en imposant aux constructeurs et aux agriculteurs des formes et des dispositions spéciales ; c’est du moins ce que j’ai appris en Angleterre, dans un voyage que j’ai fait en 1895 à l’effet d’y étudier la construction, l’emploi et la vente des machines agricoles. Un mécanicien, dont je visitais les usines, me montrait des batteuses spécialement construites pour la vente en Allemagne et comportant des couvercles de protection au batteur (analogues à celui représenté par la figure 24 du précédent numéro).
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Max RINGELMANN,
Professeur à l’Institut agronomique, Directeur de la Station d’essais de machines
Source : Extrait de M. Ringelmann , «Sur les accidents causés par les machines»,
Journal d'agriculture pratique, 1897, vol. 2, p. 162-166.