La planche coloriée jointe à ce numéro représente le distributeur d’engrais à force centrifuge, appelé l’Express, qui a été combiné en 1908 par M. Ch. Séverin, ingénieur agricole, agriculteur au Verguier, par Pontruet (Aisne). Le principe du mécanisme des premiers modèles a été décrit dans le Journal d’Agriculture pratique, n° 38 du 17 septembre 1908, page 364. Ce principe n’a pas été changé, et il n’a été apporté que des modifications dans les détails de la construction et dans quelques dimensions de certaines pièces, de sorte que le modèle actuel se présente comme l’indiquent la planche coloriée et les figures annexées au présent article.
M. Sèverin a été conduit à combiner ce distributeur à force centrifuge par suite de la difficulté qu’il éprouvait à faire répandre, par une opération manuelle, le sulfate de fer destiné à la destruction des sanves. Les essais qui furent effectués avec la machine, qui travaillait très bien avec le sulfate de fer déshydraté, lui ont donné l’idée de la modifier légèrement en vue de l’épandage régulier des divers engrais chimiques, puis des graines.
Comme le représente la figure 1 [non reproduite ici], la machine est montée sur deux grandes roues ; elle est munie de limonières ; et d’un siège pour le conducteur ; elle présente, sous ce rapport, beaucoup d’analogies avec un râteau à cheval, dont l’essieu serait assez court. Les deux roues entraînent, par des cliquets, un arbre horizontal, ou essieu, portant en son milieu une grande roue dentée qui actionne un pignon ; la grande roue et le pignon sont enfermés dans une enveloppe ou carter, qui les soustrait à l’action des poussières. Le pignon est calé sur un petit axe horizontal, lequel, par engrenages, communique un mouvement rapide à deux axes verticaux qui portent chacun un plateau distributeur garni d’ailettes radiales ; ces plateaux tournent ainsi, dans le plan horizontal, en dessous de deux trémies, en tronc de cône. Les différents axes sont pourvus de graisseurs à graisse consistante.
L’axe de chaque plateau traverse le fond de la trémie correspondante, dans laquelle il se termine par un agitateur très bien combiné, destiné à empêcher que les matières à distribuer se prennent sous forme de voûte en cessant de couler à l’orifice de fond de la trémie ; grâce à cet agitateur, on peut semer avec régularité les engrais qui risquent de s’agglomérer, comme le superphosphate, sans avoir besoin de les mélanger préalablement avec des matières sèches : tourteaux moulus ou sang desséché, ainsi que cela se pratique quelquefois ; il en est de même pour les sels hygrométriques, tels que le nitrate de soude, et le sulfate de potasse.
L’orifice de sortie du fond de chaque trémie est modifiable à volonté à l’aide d’un volet, ou vanne, qui détermine ainsi la section d’écoulement et par suite le débit de la matière qu’il s’agit de répandre à la volée. La position des vannes est indiquée par une aiguille coulissant devant une plaque de cuivre de 50 millimètres, graduée de 2 en 2 millimètres. En dessous de ces vannes de réglage, une contre-plaque peut coulisser afin de fermer complètement les orifices d’écoulement.
La matière tombe vers le centre de chaque plateau par des goulottes dont on peut modifier l’inclinaison ; elle est alors entraînée par les ailettes radiales et elle est projetée par la force centrifuge ; les deux disques, qui tournent en sens inverse l’un de l’autre, sont à une assez grande hauteur au-dessus du sol afin que la nappe circulaire soit projetée sur une grande largeur de train. - La machine peut travailler sur des terrains présentant une forte pente, comme on le voit sur la figure 2 [non reproduite ici]. A la place des brancards, on peut adopter une flèche pour l’attelage des bœufs ou de deux petits chevaux, ainsi que cela se pratique en Tunisie (fig. 6 [non reproduite ici]).
Les matières à répandre sont logées dans les deux trémies contenant chacune une soixantaine de litres ; les trémies sont graduées de 5 en 5 litres, afin que dès le premier tour, on puisse se rendre compte du débit de la machine et modifier le réglage en conséquence. L’embrayage de la grande roue dentée avec l’essieu est comme celui des faucheuses ; le levier, qu’on voit sur la figure 1, à la droite du conducteur, sert aux tournées pour ouvrir ou pour fermer les contre-plaques qui glissent en dessous des vannes de réglage de débit.
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