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Perroquet pour le séchage du foin au Tyrol

Les pluies qui s’étendent sur presque toutes les régions de la France rendent fort difficiles les travaux de la fenaison. Nous croyons utile de rappeler succinctement les moyens que l’on peut employer en pareilles circonstances pour faire sécher les foins de prairies artificielles et naturelles. Il y a d’abord le système des petites moyettes ou poupées, que l’on met largement en application en ce moment dans la région du Nord. Nous avons indiqué ce procédé dans le numéro du 3 mai dernier auquel nous renvoyons le lecteur.

Dans les vallées du Tyrol et de la Carinthie, on fait sécher le foin sur des chevalets en bois désignés sous le nom de cavaliers, séchoirs, ou perroquets, que M. Heuzé décrit en ces termes dans son intéressant ouvrage sur les Pâturages, les prairies artificielles et les herbages :

Ces cavaliers (fig. 85 [non reproduite ici]), sont formés par trois poteaux de 3 à 4 mètres de hauteur, et de perches horizontales espacées les unes des autres de 0,3 à 0,4m. Le tout est quelquefois couvert d’un petit toit en bardeaux destiné à abriter l’herbe. Quand l’herbe est restée en andains pendant vingt-quatre heures et qu’elle a perdu une partie de son humidité, on la place sur les traverses horizontales, où elle reste exposée à l’action simultanée de l’air et du soleil ; on l’enlève pour la transporter directement dans les greniers. Ce séchage offre de grands avantages dans les vallées, où l’humidité atmosphérique ne permet pas d’exécuter le fanage d’une manière rapide.

Le chargement des cavaliers porteurs se fait de la manière suivante : l’herbe est placée à l’aide des mains sur les premières traverses, au moyen de la fourche sur celles qui sont hors de la portée de l’homme, et à l’aide d’une échelle sur les dernières. Dans ce dernier cas, une femme monte sur l’échelle, reçoit l’herbe qu’on lui passe avec une fourche, et la place immédiatement sur le cavalier. Cet étendage se fait vite, parce que l’herbe a perdu une partie de son poids.

Outre ces cavaliers, on se sert aussi de chevalets mobiles (fig. 85 [non reproduite ici]), sur lesquels reposent de chaque côté des perches horizontales, mais leur emploi est moins fréquent que celui des cavaliers fixes. L’herbe ainsi séchée blanchit à la surface par suite de son exposition à l’air, mais la masse conserve intérieurement une belle nuance verdâtre, et pas une feuille ne s’en détache. Le séchage de l’herbe sur des cavaliers ou des chevalets occasionne une dépense assez considérable, mais qui, une fois faite, ne se renouvelle plus pendant des années.

M. Félix Villeroy a indiqué, il y a bien longtemps, un autre dispositif (fig. 86 [non reproduite ici]) auquel il donnait la préférence par qu’il le trouvait plus facile à établir, à charger et à décharger, et dont voici la description :

AA deux perches de 0,06 à 0,08 m de diamètre, longues de 1,6 m sont assemblées à leur extrémité supérieure par une cheville ronde qui permet un mouvement d’écartement tel que celui d’un compas. - CC sont des chevilles fixées un peu obliquement vers le milieu des perches AA ; FF sont des perches longues de 3 mètres reposant sur la fourche des perches A et sur les chevilles C.- A un peu moins de 3 mètres de distance du premier compas on en place un second que l’on garnit de perches latérales, puis un troisième et ainsi de suite, jusqu’à ce que l’on ait une armature en bois d’une longueur suffisante pour faire sécher toute l’herbe coupée.

Plus le fourrage est long, mieux il se charge sur ce chevalet. Quand l’herbe est courte, il faut mettre de chaque côté deux ou trois perches horizontales au lieu d’une.

A. C.

Source : A. C. , «La fenaison en temps de pluie», 
Journal d'agriculture pratique, 1894, vol. 1, p. 860-861.

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