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Les semis à la volée : analyse du mouvement

L’ensemencement des terres de France absorbe chaque année plus de 32 millions d’hectolitres de céréales, représentant une valeur un peu supérieure à 400 millions de F. La statistique officielle de 1892 (Ministère de l’agriculture) évalue à 37000 le nombre de semoirs à céréales en usage chez nous ; en fixant, au maximum, à 30 hectares l’étendue moyenne ensemencée par machine, près de 14 millions d’hectares sont encore semés à la main, c’est-à-dire que pour un hectare ensemencé au semoir, il v en a 13 qui reçoivent leur graine par une opération manuelle. Il nous semble donc intéressant d’examiner un instant le travail du semis à la main et d’étudier rapidement les machines simples, capables de remplacer, en partie ou en totalité, cette opération manuelle.

Quand on analyse le mouvement d’un ouvrier semeur A (fig. 23), on constate qu’il peut se décomposer en trois phases :

1° En tenant ses doigts en l’air, le semeur prend une poignée de graines dans le récipient (appelé semoir) en toile (fig. 24[non reproduite ici]), en vannerie (fig. 25 [non reproduite ici]) ou en tôle (fig. 26) attaché à ses épaules ;

2° Il étend le bras afin que la main m, (fig. 23) soit un peu en arrière de la hanche ;

3° Enfin, tout en élevant la main sur un plan incliné, il lui fait décrire une courbe dont la projection est suivant m1, m2... m5, pendant qu’il avance d’un pas a b.

Lors du pas suivant b c, l’ouvrier exécute de nouveau la première période de préhension de la graine (qu’il projettera dans le pas c d) en faisant décrire à sa main la trajectoire m5, p, m’1.

La semence est répandue sur le sol suivant une courbe s s’ s’’ s’’’ dont la corde L constitue le train ou jet de semence. Sans vouloir donner d’autres détails pratiques sur le semis à la main, il nous suffit de rappeler qu’un semeur habile doit pouvoir se servir indistinctement de la main droite ou de la main gauche, et avec la même perfection, en donnant toujours la quantité voulue par unité de surface.

Le jet de semence, qui se fait régulièrement tous les deux pas, a en moyenne 6 mètres de largeur pour les céréales, et 4 mètres pour les petites graines ; selon l’amplitude du jet (variable avec les graines), et celle de son pas (0,65 m en moyenne), l’ouvrier proportionne le poids de la poignée qu’il prélève dans le semoir pour distribuer la quantité voulue par hectare.

[…]

Max RINGELMANN

Source : Extrait de M. Ringelmann , «Des semis à la volée», 
Journal d'agriculture pratique, 1904, vol. 1, p. 154-156.

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oui
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1
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Galerie 1 : une revue généraliste