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La faucheuse canadienne de Massey

Les Américains ont une façon toute particulière de faire ressortir les avantages de leurs produits. Voici, par exemple, un conducteur d’une faucheuse Massey (fig. 44) qui trouve le moyen de conduire un attelage de deux chevaux, les jambes croisées, la pipe à la bouche et le parasol de la main gauche, tandis qu’à côté un malheureux faucheur sue sang et eau pour faire huit à dix fois moins de besogne. Le constructeur a sans doute voulu montrer l’immense progrès réalisé par les nouvelles faucheuses. Il a voulu prouver que la fauchaison est devenue une sorte de passe-temps, sinon agréable, du moins exempt des fatigues d’autrefois. On pourrait en dire autant, des faneuses, des râteaux à cheval et des moissonneuses. Et en effet, le progrès accompli est si considérable qu’on est presque tenté d’admettre, même l’exagération, dans une semblable comparaison.

La faucheuse à deux chevaux, construite par M. Massey, de Toronto (Canada), et dont le dépôt se trouve chez M. Jas Duncan, 13, rue des Charbonniers, à Paris, a été exposée au dernier concours général de Paris. Montée sur roues élevées et largement espacées, afin de donner à l’appareil toute la stabilité désirable, sa vitesse permet de la faire conduire au besoin par les bœufs. Elle est à engrenages rassemblés au milieu, sous un couvercle qui garantit ces organes de la poussière et des débris pouvant gêner son fonctionnement, en même temps qu’il est facile de graisser.

L’aménagement de la barre coupeuse est très heureux par sa disposition, elle suit les sinuosités du terrain et, de son siège, le conducteur peut instantanément la relever pour passer près d’une borne et la rabattre aussitôt. Un levier permet aussi d’incliner ou de relever les doigts à volonté ; l’action est rapide et énergique.

La traction se fait par une barre de tirage fixée au centre de la machine, les palonniers sont placés sous le timon, de sorte que la barre coupeuse est tirée et non poussée.

En somme, M. Massey a réuni dans cette faucheuse les bons procédés employés par les divers constructeurs. Sans nul doute, le dépositaire voudra faire apprécier cette nouvelle machine dans les prochains concours, et là, les cultivateurs seront mis à même de juger impartialement des mérites de la faucheuse Massey, qui vaut 450 F chez M. Jas Duncan, 13, rue des Charbonniers, à Paris.

La maison Massey, fondée à Toranto en 1847 par Daniel Massey, descendant d’une famille normande, a construit les premières faucheuses et les premières moissonneuses qui ont été employées au Canada. Aujourd’hui, sa fabrication dépasse dix mille machines qu’elle livre chaque année au Canada principalement ; le surplus est expédié dans les divers pays d’Europe.

A. LESNE

Source : A. Lesne , «La faucheuse Massey», 
Journal d'agriculture pratique, 1888, vol. 1, p. 531-532.

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